Anthologie poétique PDF

Title Anthologie poétique
Author jehanne tifenn
Course Langsignes française 1
Institution Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis
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Summary

anthologie poétique ...


Description

Anthologie Poétique

des Poèmes de l’imagination & de l’esprit critique

Poèmes de l’imagination et de l’esprit critique

Sélection des poèmes, commentaires et préface par Tifenn Jehanne

Préface Bonjour, cher lecteurs et lectrices. Je m’adresse à vous aujourd’hui pour vous présenter cet ouvrage de ma réalisation. Il s’agit d’une anthologie poétique qui comprend 12 poèmes de 10 poètes différents. Pour ceux qui n’ouvrent pas souvent d’anthologie poétique ou qui ne s’intéressent pas forcement à la poésie, une anthologie poétique est un terme de littérature qui désigne un regroupement de différents poèmes, et souvent ces poèmes partagent un thème, une langue ou un style commun. Cette Anthologie poétique regroupe deux principales catégories de poèmes séparés en deux parties, puis classés par ordre alphabétique des titres. La première catégorie me permet tout d’abord de m’évader de la réalité pour un temps ; puis la deuxième catégorie un peu plus formelle me fait réfléchir sur divers sujets tels que injustices, faisant partie du quotidien ( par exemple le mendiant de Victor Hugo). C’est donc pour cela que j’ai décidé d’intituler cette anthologie : Poèmes de l’imagination et de l’esprit critique. -Et pour accompagner ce titre j’ai concilié deux œuvres en première de couverture représentant d’un côté l’imagination et de l’autre la réflexion. En effet le croquis du penseur de Rodin est un homme assis, les jambes croisées en pleine réflexion, il correspond à la réflexion et à la concentration de l’esprit durant la lecture d’un poème engagé. Tandis que sur la peinture fantastique de Jim Warrer on voit le visage d’une femme sereine, tourné vers le ciel dont les cheveux tombent en cascade et se dispersent en un groupe de chevaux blanc. Cette peinture correspond à la sérénité et l’imagination que peut nous apporter la lecture d’un bon poème. J’ai aussi volontairement mis en opposition ces deux images pour créer un contraste qui met en avant les différentes facettes de la poésie que je trouve intéressantes. A travers cette anthologie poétique je veux vous faire partager mon amour pour la poésie, car je sais qu’en effet nombreux sont ceux qui n’aiment pas la poésie et en ont une mauvaise image, mais j’espère que cette anthologie vous réconciliera avec cet art et avec les grands poètes classiques. C’est donc pour cela que j’ai sélectionner pour vous 12 poèmes de 10 poètes différents que j’affectionne, pour quatre raisons principales. La première est la plus évidente à mes yeux. Certains de ces poèmes me font recasser des souvenirs d’une époque qui m’est immortelle car je les ai appris au cours de mon enfance, comme le petit cheval blanc de Paul Fort et les colchiques de Apollinaire que j’ai pu apprendre en Primaire. Ainsi que soleil couchant de Paul Verlaine et Au cabaret vert de Arthur Rimbaud que j’ai appris lorsque j’étais au collège. La deuxième raison et que les poèmes : L’enfant et Le Mendiant de Victor Hugo et également le poème : comprendre qui voudra de Paul Eluard, me permettent de « voir » un sujet historique, du quotidien ou d’actualité sous un autre point de vue sollicitant ainsi mon esprit critique. La troisième raison est que les poèmes : Dans lLe Sierra de Théophile Gautier et Magie de Pierre Jean Jouve me plaisent puisqu’ils me permettent de rêver et de voyager grâce à l’imagination des poètes. Puis dernièrement j’affectionne particulièrement Le lac de Lamartine et Demain dès l’Aube de Victor Hugo car il me touche émotionnellement parlant et me font imaginer tous deux un fort amour inconditionnel et tragique. En effet puisqu’il s’agit de la réelle histoire des poètes. Lamartine a perdu sa femme qu’il aimait et ressasse des souvenirs passés avec elle. Quant à Victor Hugo, il pleure sur le chemin de la tombe sa fille morte noyée, très jeune.

Parmi mes lecteurs et lectrices, il y en a sûrement qui n’aiment pas la poésie, ou qui ne lui trouve pas d’intérêt car vous vous dites peut-être que ces poésies ne signifient rien. Qu’elles sont sans importances. Qu’elles sont juste ennuyeuses parce qu’elles ne traitent pas de l’actualité et bien détrompez-vous. Car en effet la poésie est un art d’expression, avec une sonorité qui est propre à chaque poème tout comme une chanson qui a son rythme propre. Cet art exprime des sentiments à travers les mots, grâce à de singulières sonorités, les rimes par exemple. Mais il enrichit avant tout notre culture générale, notre réflexion, nous permet notamment de manier notre langage d’une façon plus élaboré et peut modifié notre vision de voir les choses. La poésie peut être utilisé à bon escient pour éveillé les consciences et soumettre les lecteurs à notre point de vue et pour finir la poésie peut aussi nous transporter dans l’imaginaire et nous faire rêver.

1. Poèmes de l’imagination : 1.1.

Au Cabaret Vert, cinq heures du soir

Depuis huit jours, j’avais déchiré mes bottines Aux cailloux des chemins. J’entrais à Charleroi. – Au Cabaret-Vert : je demandai des tartines De beurre et du jambon qui fût à moitié froid. Bienheureux, j’allongeai les jambes sous la table Verte : je contemplai les sujets très naïfs De la tapisserie. – Et ce fut adorable, Quand la fille aux tétons énormes, aux yeux vifs, – Celle-là, ce n’est pas un baiser qui l’épeure ! – Rieuse, m’apporta des tartines de beurre, Du jambon tiède, dans un plat colorié, Du jambon rose et blanc parfumé d’une gousse D’ail, – et m’emplit la chope immense, avec sa mousse Que dorait un rayon de soleil arriéré. Arthur Rimbaud, « Cahier de Douai » (1870) Remarque : Arthur Rimbaud est un poète français, né le 20 octobre 1854 à Charleville et mort le 10 novembre 1891à Marseille. Bien que brève, la densité de son œuvre poétique fait d'Arthur Rimbaud une des figures premières de la littérature française.

1.2.

Dans La Serria

J’aime d’un fol amour les monts fiers et sublimes ! Les plantes n’osent pas poser leurs pieds frileux Sur le linceul d’argent qui recouvre leurs cimes ; Le soc s’émousserait à leurs pics anguleux ; Ni vigne aux bras lascifs, ni blés dorés, ni seigles ; Rien qui rappelle l’homme et le travail maudit. Dans leur air libre et pur nagent des essaims d’aigles, Et l’écho du rocher siffle l’air du bandit. Ils ne rapportent rien et ne sont pas utiles ; Ils n’ont que leur beauté, je le sais, c’est bien peu ; Mais, moi, je les préfère aux champs gras et fertiles, Qui sont si loin du ciel qu’on n’y voit jamais Dieu ! Sierra Nevada, 1840. Notes : La Sierra Nevada est un massif montagneux rattaché aux cordillères bétiques situées en Andalousie, en Espagne. Et c’est justement que du 5 mai au 7 octobre 1840, Théophile Gautier découvre l’Espagne avec son ami Eugène Piot, qui donne lieu à de nouveaux vers, España, qui paraissent dans le recueil des Poésies complètes en 1845 de Théophile Gautier.

1.3.

Demain, dès l’aube…

Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne, Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends. J’irai par la forêt, j’irai par la montagne. Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps. Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées, Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit, Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées, Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit. Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe, Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur, Et quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombe Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur. Victor Hugo, extrait du recueil «Les Contemplations» En 1843, Victor Hugo est dévasté quand sa fille Léopoldine décède à 19 ans, peu après son mariage. Entraînée par ses lourdes jupes quand son bateau chavire, elle s'est noyée dans la Seine à Villequier. Son jeune mari est mort en essayant de la sauver.

1.4.

Les colchiques

Le pré est vénéneux mais joli en automne Les vaches y paissant Lentement s'empoisonnent Le colchique couleur de cerne et de lilas Y fleurit tes yeux sont comme cette fleur-la Violatres comme leur cerne et comme cet automne Et ma vie pour tes yeux lentement s'empoisonne Les enfants de l'école viennent avec fracas Vêtus de hoquetons et jouant de l'harmonica Ils cueillent les colchiques qui sont comme des mères Filles de leurs filles et sont couleur de tes paupières Qui battent comme les fleurs battent au vent dément Le gardien du troupeau chante tout doucement Tandis que lentes et meuglant les vaches abandonnent Pour toujours ce grand pré mal fleuri par l'automne Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)

1.5.

Le Lac

Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages, Dans la nuit éternelle emportés sans retour, Ne pourrons-nous jamais sur l’océan des âges Jeter l’ancre un seul jour ? Ô lac ! l’année à peine a fini sa carrière, Et près des flots chéris qu’elle devait revoir, Regarde ! je viens seul m’asseoir sur cette pierre Où tu la vis s’asseoir ! Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes, Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés, Ainsi le vent jetait l’écume de tes ondes Sur ses pieds adorés. Un soir, t’en souvient-il ? nous voguions en silence ; On n’entendait au loin, sur l’onde et sous les cieux, Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence Tes flots harmonieux. Tout à coup des accents inconnus à la terre Du rivage charmé frappèrent les échos ; Le flot fut attentif, et la voix qui m’est chère Laissa tomber ces mots :

Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices ! Suspendez votre cours : Laissez-nous savourer les rapides délices Des plus beaux de nos jours ! Assez de malheureux ici-bas vous implorent, Coulez, coulez pour eux ; Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ; Oubliez les heureux. Mais je demande en vain quelques moments encore, Le temps m’échappe et fuit ; Je dis à cette nuit : Sois plus lente ; et l’aurore Va dissiper la nuit. Aimons donc, aimons donc ! de l’heure fugitive, Hâtons-nous, jouissons ! L’homme n’a point de port, le temps n’a point de rive ; Il coule, et nous passons ! Temps jaloux, se peut-il que ces moments d’ivresse, Où l’amour à longs flots nous verse le bonheur, S’envolent loin de nous de la même vitesse Que les jours de malheur ? Eh quoi ! n’en pourrons-nous fixer au moins la trace ? Quoi ! passés pour jamais ! quoi ! tout entiers perdus ! Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface, Ne nous les rendra plus ! Éternité, néant, passé, sombres abîmes, Que faites-vous des jours que vous engloutissez ? Parlez : nous rendrez-vous ces extases sublimes Que vous nous ravissez ? Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure ! Vous, que le temps épargne ou qu’il peut rajeunir, Gardez de cette nuit, gardez, belle nature, Au moins le souvenir ! Qu’il soit dans ton repos, qu’il soit dans tes orages, Beau lac, et dans l’aspect de tes riants coteaux, Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages Qui pendent sur tes eaux. Qu’il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe, Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,

Dans l’astre au front d’argent qui blanchit ta surface De ses molles clartés. Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire, Que les parfums légers de ton air embaumé, Que tout ce qu’on entend, l’on voit ou l’on respire, Tout dise : Ils ont aimé ! Lamartine (1820) Extrait des méditations poétiques Notes : Julie Charles (l'épouse du célèbre physicien Jacques Charles) était une personne que Lamartine admirait. La muse du poète n'avait pas pu se rendre en août 1817 au Lac du Bourget (lieux de maintes rencontres) où elle devait le revoir. Phtisique, elle mourut en effet peu après. Lamartine revient seul revoir les lieux qu'il a visités autrefois avec elle. Surpris de trouver la nature toujours semblable à elle-même et indifférente, il souhaite qu'elle garde au moins le souvenir de leur bonheur passé. La douceur mélodieuse des vers exprime heureusement le calme voluptueux d'une nuit d'été, et la fuite rapide des heures. L'œuvre, composée de seize quatrains, rencontre un grand succès et propulse son auteur au premier rang de la poésie romantique et du lyrisme.

1.6.Complainte du petit blanc Le p’tit cheval dans le mauvais temps, Qu’il avait donc du courage ! C’était un petit cheval blanc, Tous derrière, tous derrière, C’était un petit cheval blanc, Tous derrière et lui devant. Il n’y avait jamais de beau temps Dans ce pauvre paysage. Il n’y avait jamais de printemps Ni derrière ni derrière, Il n’y avait jamais de printemps Ni derrière ni devant. Mais toujours il était content, Menant les gars du village, A travers la pluie noir’ des champs, Tous derrière, tous derrière, A travers la pluie noir’ des champs, Tous derrière et lui devant. Sa voiture allait poursuivant Sa bell’ petit’ queue sauvage. C’est alors qu’il était content Eux derrière, eux derrière, C’est alors qu’il était content Eux derrière et lui devant. Mais un jour, dans le mauvais temps, Un jour qu’il était si sage, Il est mort par un éclair blanc, Tous derrière, tous derrière, Il est mort par un éclair blanc, Tous derrière et lui devant. Il est mort sans voir le beau temps, Qu’il avait donc du courage ! Il est mort sans voir le printemps Ni derrière ni derrière, Il est mort sans voir le printemps, Ni derrière ni devant. Paul Fort, ( 1953)

1.7.MAGI Tu es ma douleur mon effroi mon amour O imagination Tu es mon bourreau ô livre où j'ai traduit La montagne la rivière et l'oiseau Tu es ma misère ô confession. Ainsi parlait le poète déchu Et il déchirait son livre imprimé au milieu des villes humaines. Mais son autre voix tout emplie d'un murmure de saules Répondait Ô livre malgracieux ô poème manqué, Erreur erreur toujours de celui qui n'a pas encor fait, Oh tu es mon dernier lieu ma forteresse Contre l'armée des infidèles Ailleurs n'est plus que ruine et toi tu es l'endroit sacré. Le démon aurait-il vraiment manqué tout ce qu'il voulait ? Et que veut le démon — Un livre Répondait sa voix éclairée par un ancien cyprès solaire. Le tien le mien ou l'autre, Écris sous la dictée. Et tous les oiseaux chantèrent plusieurs fois sur le ciel. Et le poète était encore une fois illuminé Il ramassait les morceaux du livre, il redevenait aveugle et invisible, Il perdait sa famille, il écrivait le mot du premier mot du livre. Pierre Jean Jouve, « Les Noces », 1931

1.8.

Soleil couchant

Les ajoncs éclatants, parure du granit, Dorent l'âpre sommet que le couchant allume ; Au loin, brillante encor par sa barre d'écume, La mer sans fin commence où la terre finit. A mes pieds c'est la nuit, le silence. Le nid Se tait, l'homme est rentré sous le chaume qui fume. Seul, l'Angélus du soir, ébranlé dans la brume, A la vaste rumeur de l'Océan s'unit. Alors, comme du fond d'un abîme, des traînes, Des landes, des ravins, montent des voix lointaines De pâtres attardés ramenant le bétail. L'horizon tout entier s'enveloppe dans l'ombre, Et le soleil mourant, sur un ciel riche et sombre, Ferme les branches d'or de son rouge éventail.

Paul Verlaine, (1953)

2. Poèmes de la réflexion : 2.1.

Comprendre qui voudra Comprenne qui voudra Moi mon remords ce fut La malheureuse qui resta Sur le pavé La victime raisonnable À la robe déchirée Au regard d’enfant perdue Découronnée défigurée Celle qui ressemble aux morts Qui sont morts pour être aimés Une fille faite pour un bouquet Et couverte Du noir crachat des ténèbres Une fille galante Comme une aurore de premier mai La plus aimable bête Souillée et qui n’a pas compris Qu’elle est souillée Une bête prise au piège Des amateurs de beauté Et ma mère la femme Voudrait bien dorloter Cette image idéale De son malheur sur terre. Paul Éluard

2.2.

Le mendiant Un pauvre homme passait dans le givre et le vent. Je cognai sur ma vitre ; il s'arrêta devant Ma porte, que j'ouvris d'une façon civile. Les ânes revenaient du marché de la ville, Portant les paysans accroupis sur leurs bâts. C'était le vieux qui vit dans une niche au bas De la montée, et rêve, attendant, solitaire, Un rayon du ciel triste, un liard de la terre, Tendant les mains pour l'homme et les joignant pour Dieu. je lui criai : « Venez-vous réchauffer un peu. Comment vous nommez-vous ? » Il me dit : « Je me nomme Le pauvre. » Je lui pris la main : « Entrez, brave homme. » Et je lui fis donner une jatte de lait. Le vieillard grelottait de froid ; il me parlait, Et je lui répondais, pensif et sans l'entendre. « Vos habits sont mouillés », dis-je, « il faut les étendre, Devant la cheminée. » Il s'approcha du feu. Son manteau, tout mangé des vers, et jadis bleu, Étalé largement sur la chaude fournaise, Piqué de mille trous par la lueur de braise, Couvrait l'âtre, et semblait un ciel noir étoilé. Et, pendant qu'il séchait ce haillon désolé D'où ruisselait la pluie et l'eau des fondrières, Je songeais que cet homme était plein de prières, Et je regardais, sourd à ce que nous disions, Sa bure où je voyais des constellations. Victor Hugo, « les contemplations » (1856) Remarque : Victor Hugo a toujours manifesté un intérêt pour la pauvreté des gens (Les Misérables, roman-fleuve). Le Mendiant tiré des Contemplations (recueil lyrique, 1856) illustre à son tour l'intérêt porté par Hugo aux gens pauvres.

2.3.

L’Enfant

Les turcs ont passé là. Tout est ruine et deuil. Chio, l’île des vins, n’est plus qu’un sombre écueil, Chio, qu’ombrageaient les charmilles, Chio, qui dans les flots reflétait ses grands bois,

Ses coteaux, ses palais, et le soir quelquefois Un chœur dansant de jeunes filles. Tout est désert. Mais non ; seul près des murs noircis, Un enfant aux yeux bleus, un enfant grec, assis, Courbait sa tête humiliée ; Il avait pour asile, il avait pour appui Une blanche aubépine, une fleur, comme lui Dans le grand ravage oubliée. Ah ! pauvre enfant, pieds nus sur les rocs anguleux ! Hélas ! pour essuyer les pleurs de tes yeux bleus Comme le ciel et comme l’onde, Pour que dans leur azur, de larmes orageux, Passe le vif éclair de la joie et des jeux, Pour relever ta tête blonde, Que veux-tu ? Bel enfant, que te faut-il donner Pour rattacher gaîment et gaîment ramener En boucles sur ta blanche épaule Ces cheveux, qui du fer n’ont pas subi l’affront, Et qui pleurent épars autour de ton beau front, Comme les feuilles sur le saule ? Qui pourrait dissiper tes chagrins nébuleux ? Est-ce d’avoir ce lys, bleu comme tes yeux bleus, Qui d’Iran borde le puits sombre ? Ou le fruit du tuba, de cet arbre si grand, Qu’un cheval au galop met, toujours en courant, Cent ans à sortir de son ombre ? Veux-tu, pour me sourire, un bel oiseau des bois, Qui chante avec un chant plus doux que le hautbois, Plus éclatant que les cymbales ? Que veux-tu ? fleur, beau fruit, ou l’oiseau merveilleux ? – Ami, dit l’enfant grec, dit l’enfant aux yeux bleus, Je veux de la poudre et des balles.

Victor Hugo, « Les Orientales » (1828)

Table des matières : Préface...................................................................................................................................................3 1.

2.

Poèmes de l’imagination :...............................................................................................................4 1.1.

Au Cabaret Vert, cinq heures du soir............................................................................................4

1.2.

Dans La Serria.................................................................................................................................5

1.3.

Demain, dès l’aube…......................................................................................................................6

1.4.

Les colchiques..................................................................................................................................7

1.5.

Le Lac...............................................................................................................................................7

1.6.

Complainte du petit blanc............................................................................................................10

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