comparatisme & néogrammairiens PDF

Title comparatisme & néogrammairiens
Course Théories linguistiques et communication
Institution Université Paul-Valéry-Montpellier
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Cours écrit de théories linguistiques E11SL5...


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Leçon 6 : comparatisme et Néogrammairiens

Les grands points traités seront les suivants : 1. En quoi le comparatisme est-il fondateur et exemplaire ? 2. Quelles sont les grandes figures et les grandes tensions qui ont fait évoluer le domaine ? 3. Un exemple de la méthode comparatiste : loi de Grimm Ce plan tracé « à la hache » permet de faire ressortir les grandes lignes sans entrer dans plus de détail – ce qui serait ingérable sur un thème aussi vaste, dont la littérature est littéralement océanique. Je vais essayer de faire ressortir les lignes de force de la méthode (les lois phonétiques) et l’apport de l’approche phylogénétique (la « parenté » linguistique, qui est une métaphore malheureuse, mais que j’utiliserai ici par défaut) et de son complément, l’approche par contact de langues. Plus que toute autre période de la linguistique moderne, ce courant de pensée est riche en personnalités fortes et en débats véhéments. Nous en verrons quelques traces, et je proposerai diverses lectures aisément accessibles en ligne, afin de glaner davantage d’information. Le roman reste à écrire de cette période des « fondateurs », à la charnières des 19è et 20è siècles.

1. En quoi le comparatisme en linguistique est-il fondateur et exemplaire ? Car le comparatisme en linguistique est bel et bien la pierre de touche de la linguistique moderne. Nous allons voir pourquoi, en cinq sections. En effet, le comparatisme introduit la comparaison systématique des langues, à partir de l’hypothèse des langues-mères (les « proto-langues ») et des familles de langues. L’un de ses grands apports est la problématique de la classification des langues, dans l’esprit d’un courant qui est résolument évolutionniste, calqué 1

sur le modèle des sciences naturelles. L’idée qui prédominait auparavant se limitait à une forme d’ethnocentrisme et d’européeocentrisme, qui plaçait le latin et le grec au centre de la pensée linguistique. On n’était pas loin de penser que toutes les autres langues étaient plus ou moins « barbares », et les théories échafaudées sir l’origine des langues étaient encore préscientifiques, et infondées car elles ne s’appuyaient que su des fragments de faits interprétés de manière très libre, pour ne pas dire fantaisiste. Voici, dans la Figure 1, un arbre généalogique, ou Stammbaum, qui tient compte des langues aussi bien anciennes que modernes, à très grands traits1 :

Figure 1. Le Stambaum indo-européen (sans préjuger des langues communes intermédiaires) Cette disposition de l'arbre, issue des travaux des comparatistes du 19è et du début du 20è siècle, reste quelque peu ethnocentrique : le groupe indopersan réunit plus de dix langues modernes du Moyen-Orient et de l'Inde nord et centrale pour le seul groupe indo-aryen : romani d'Europe, Kashmiri, penjabi/punjabi, hindi, népali, assamais, bengali, oriya, gujarati, marathi,

Il est extrait, comme les suivants (en anglais, mais vous en trouverez d’autres en français dans maints ouvrages disponibles dans la langue de Voltaire), de James Clackson, 2007. Indo-European Linguistics: An Introduction, Cambridge, Cambridge University Press. Sa source est indiquée dans la didascalie en bas à gauche de l’arbre/diagramme. 1

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cingalais (cf. Masica, 1991)2. Mais il n'y a pas de bons arbres : les distances linguistiques sont variables entre les familles et les langues, et il y a de nombreux

isolats

(grec,

albanais,

arménien,

nuristani).

En

outre,

de

nombreuses langues ont disparu (osque, ombrien de la famille italique), ainsi que des groupes entiers, anciens et fortement différenciés comme le groupe anatolien (Palaïque, Hittite, Luvien, lydien, carien, lycien). Cette vision de l'évolution linguistique présente un grave défaut : elle est purement généalogique et met trop le relief sur les rapports de filiation. Dans la réalité, une langue ne "naît" pas d'une autre ou d'un dialecte, ni seulement des facteurs de diffusion et d'isolement des populations qui parlent une langue d'origine. Un des principaux facteurs de changement est le contact linguistique, basé sur la coexistence de communautés. Les indo-européens ne sont pas arrivés dans une Europe vide, et encore moins dans un Moyen-Orient désert : c'est une des plus anciennes régions de peuplement de l'humanité. La « racine » de l’arbre, tout en haut du diagramme, n’est heureusement pas mentionnée (mais on se doute qu’il s’agit du proto-indo-européen reconstruit). Le concept de proto-langue, qu’affineront les Néogrammairiens (voir infra) est avant tout un construit. Il n'y a sans doute jamais eu de protolangue indo-européenne, du moins en tant que norme homogène, ni même en tant que langue unifiée. Partout où les vestiges archéologiques attestent la présence de la culture des kourganes (grande tombes de nobles, retrouvées dans la région du Don et dans le Kouban, en Russie sud-occidentale), typique des indo-européens, et de leurs descendants culturels, ces populations viennent se superposer à d'autres. Notamment en Europe centrale et danubienne où aurait existé une civilisation prestigieuse - une "haute civilisation"3, ce qui implique un certain prestige des langues et des cultures de ces occupants

Masica, Colin, P. 1996. The Indo-Aryan Languages, Cambridge, Cambridge University Press. Ce manuel descriptif est un modèle du genre, sur une sous-famille linguistique. Téléchargeable sur le lien http://citeseerx.ist.psu.edu/viewdoc/download?doi=10.1.1.694.6810&rep=rep1&type=pdf 3 Personnellement, je n’adhère pas à ce genre de qualifications. La prudence est de mise, en termes « civilisationnels ». A la limite, je ne garderais que le point de vue braudélien, sur ce point. En aucun cas les points de vue qui n’ont connu que trop de succès (polémique) à l’entrée de ce millénaire… 2

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indigènes de ce que l'archéologue Marija Gimbutas4 appelle la Vieille Europe. Or, c'est bien sur des questions de prestige et de fonction sociale des langues en contact que se jouent les phénomènes d'interférence entre langues, qui participent aux conditions du changement linguistique. La diversité des langues indo-européennes anciennes et modernes laisse à penser qu'elles sont entrées en contact avec des langues pré-indoeuropéennes qui ont laissé des marques. Elles sont également entrées en contact entre elles, comme le montrent à date très récente l'exemple du latin et du celtique continental (ibéro-celtique), puis du gallo-roman avec le germanique (franc), ou encore plus proche, le dialecte d'Oïl anglo-normand avec le vieil anglais. En effet, contrairement aux essais postmodernistes visant un succès de librairie facile en misant une déconstruction fondée sur une polémique idéologique, comme l’ouvrage récent de J-P. Demoule5, il y a bien un stock commun de lexique et de grammaire, fondé sur des centaines de cognats (ou correspondances) solides, entre langues indo-européennes. Même si le « protoindo-européen commun reste un artefact, un dispositif pour la recherche, une abstraction, il a connu une réalité sociale, sous des formes nécessairement variables, comme toute langue, il y a entre 9000 et 6000 ans de cela. Les faits linguistiques qui attestent de cette « parenté » sont massifs. La Figure 2, tirée de l’ouvrage de James Clackson également, montre le cladogramme des langues indo-européennes, avec des grisés correspondant aux deux principales hypothèses diffusionnistes (celle des kourganes et celle de l’implantation anatolienne).

Cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Marija_Gimbutas, pour plus ample information. Voir Demoule, Jean-Paul. 2014. Mais où sont passés les Indo-Européens ? Le mythe d’origine de l’Occident , Paris, Seuil – livre à succès, mais qui ignore les travaux des linguistes, de manière pour le moins choquante. L’auteur est un archéologue de grand renom, mais il se mêle dans cet ouvrage et dans nombre de publications connexes de linguistique sans avoir lu ni compris les linguistes. Sa méconnaissance de la méthode comparatiste est préoccupante. Lire à ce sujet la riposte par Thoma s Pellard & Laurent Sagart & Guillaume Jacques 2018. « L’indo-européen n’est pas un mythe », accessible en ligne sur le lien https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01871582/document. Le domaine des études ouraliennes a également connu ce genre de débat déconstructiviste, sur lequel j’ai publié l’article en ligne dans la revue Aleph : https://aleph-alger2.edinum.org/248. 4

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Figure 2. Stammbaum indo-européen avec datations hypothétiques et deux hypothèses de bassin originel (Urheimat ) Les Figures 3 et 4 concilient cette vision quelque peu réductrice que donne l’arbre généalogique des langues avec une approche en termes de contact de langues et de cultures, depuis l’époque de l’Indo-européen « commun » (la proto-langue des linguistes) jusqu’à, au moins, la période de la proto-histoire (1500-1000 avant JC). Autrement dit, la linguistique a fait du chemin depuis les premiers comparatistes, et elle a également ouvert la discussion à d’autres explications complémentaires (mais non pas concurrentes) de la parenté phylogénétique de l’ensemble indo-européen.

Figure 3. Contacts plausibles entre le proto-Indo-européen et les langues voisines (J. L. Léonard, inédit) 5

Figure 4. Contacts plausibles entre les sous-familles Indo-européennes et les langues voisines à partir de la proto-histoire (J. L. Léonard, inédit)

2. Quelles sont les grandes figures et les grandes tensions qui ont fait évoluer le domaine ? Au comparatisme classique germanique de Franz Bopp (1791-1867), Rasmus Rask (1787-1832), Jakob Grimm (1785-1863) succède celui des Néogrammairiens, à partir des années 1870, jusqu’aux années 1920/30. Ce mouvement est marqué par les figures de August Leskien (1840-1916), Karl Brugmann (1849-1919), Hermann Paul (1846-1921) auxquels vont succéder les structuralismes suisse (Genève), russo-tchèque (Cercle Linguistique de Prague) et danois (l’école de Hjelmslev), entre les deux Guerres Mondiales, puis le générativisme, ou plutôt, les générativismes en phonologie, en morpho-syntaxe et en sémantique. L’école dites des Néogrammairiens commence dès 1870, par le psychodrame qui opposa le jeune Karl Brugmann (1849 –1919) à son maître Georg Curtius (1820 –1885). On appelle Néogrammairiens les élèves des maîtres tels que Bopp, Grimm et Rask, qui devinrent en quelque sorte plus royalistes que le roi, fascinés par la régularité des changements phonétiques observables dans les langues du monde. L’essor flamboyant de ces “Jeunes Turcs” de la grammaire comparée commence avec le “Coup d’Etat” du jeune Karl Brugmann contre son maître Georg Curtius, dans la revue dirigée par celui6

ci. Alors que Curtius est en vacances, Brugmann publie un long article révolutionnaire, du point de vue de la méthode, sur les sonantes en indoeuropéen – essai qui prefigure le célèbre et genial Mémoire sur le système

primitive des voyelles dans les langues indo-européennes de Ferdinand de Saussure (1879)6. K. Brugmann publiera par la suite un monumental manuel de linguistique indo-européenne, qui fera suite à celui jadis publié par Franz Bopp (il est intéressant de lire et de comparer les deux, tant sur le plan rédactionnel que des données et de la méthode) : Grundriss der vergleichenden Grammatik

der indogermanischen Sprachen en 5 volumes7, ouvrage fondateur, dont l’édition s’étagera entre 1886 et 1893. Les axiomes de la « révolution néogrammairienne » peuvent se résumer ainsi : Axiome 1 : Les lois phonétiques sont inexorables et sans exceptions. Axiome 2 : Les lois phonétiques s’expliquent par des facteurs

aérodynamiques (accent, intensité des consonnes, tension des voyelles, syllabicité ou non des sonantes) d’une part, et par des facteurs psychologiques (réfections et alignements analogiques) et sociaux (emprunt) d’autre part. Axiome 3 : Les lois phonétiques s’analysent selon un dispositif

systématique, fondé sur (ce que les structuralistes appelleront plus tard) la distribution complémentaire en morphologie flexionnelle et lexicale. Les alternances morphologiques sont au centre de leur dispositif analytique. L’axiome 3 est au cœur de la filiation des Néogrammairiens avec les structuralistes (dont Ferdinand de Saussure), puis avec les générativistes par l’approche systémique. Le mouvement s’inscrit dans la mouvance du positivisme de la fin du 19è siècle, et succède à un comparatisme davantage descriptiviste, moins systémique, des grands fondateurs que furent Bopp, Rask et Grimm. La régularité avant tout : il y a certes un certain mécanicisme de cette vision des

Accessible sur le lien http://www.revue-texto.net/Saussure/De_Saussure/Memoire/N0072920_PDF_1_306.pdf 7 “Une esquisse comparative de la Grammaire des langues Indo -Germaniques” 6

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langues à travers le changement linguistique, qui devient dès lors en partie prévisible et prédictible. Cette recherche de règles déclarées, hiérarchisées, intriquées, ainsi que ce souci de prédictibilité préfigurent le générativisme. Les Néogrammairiens seront contredits par les dialectologues (Jules Gilliéron 18541926)) et les premiers créolistes (Schuchardt 1842-1927), avec des arguments empiriques issus des langues vivantes, dans une perspective de plus en plus synchroniste (alors qu’ils restaient des diachroniciens avant tout). Ils méritent d’être lus et relus, et réhabilités en tant que fondateurs de la linguistique moderne (outre leur légende de « jeunes rebelles académiques » ☺).

3. Un exemple de la méthode comparatiste : loi de Grimm La mutation consonantique en germanique est un bel exemple de ces lois phonétiques « inexorables », du moins en apparence, qui séduisirent tant les Néogrammairiens, à la fin du siècle passé, alors qu’ils contemplaient les acquis de leurs maîtres, tels que Franz Bopp et Jakob Grimm (qu’on ne reliera jamais assez, encore aujourd’hui). Cette loi, qu’on appellerait aujourd’hui une « chaîne de propulsion et de traction consonantique » (ou « consonant shift, dans la langue de Shakespeare), joue sur un effet domino et sériel, qui fait se décaler les séries de traits distinctifs des consonnes, du proto-germanique, hérité de « l’indo-européen commun », dans un mouvement « boule de neige » (ou « changement en cascade »). Ce petit jeu opère sur une tendance universelle des langues, qui est de moduler les échelles de force ou de sonorité des consonnes, dans les langues du monde. Voyons en quoi consiste, dans les grandes lignes, ladite échelle de force, à l’aide d’une pente (du plus fort au plus faible ou du plus fortis au plus lenis, autrement dit, inversement, du moins sonore et moins vocalique, au plus sonore ou plus vocalique). La pente suit un itinéraire descendant, qui va des segments consonantiques de PH (occlusive labiale aspirée), à U (voyelle postérieure haute arrondie) : Cette échelle de 1 à 10 est toute relative, et on

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peut discuter l'ordre de certains éléments, notamment l'occlusive sonore aspirée

bh : plus ou moins sonore en échelle de sonorité ? Plus ou moins forte ou fortis que l'occlusive voisée non aspirée b ? On pourrait poser cette question, puisque le flux de sonorité est accru par l'aspiration, en coarticulation avec la phase voisée d'occlusion, la phase d'explosion du stop étant nécessairement sonore, et par conséquent plus sonore que la correspondante non aspirée bh. Oui, mais l'obstacle à l'aperture demeure dans la phase de stop (d’occlusive), même s’il est suivi d'une certaine aperture par souffle glottal, etc.

LENIS

FORTIS -SONORE - syllabique

+ SONORE + syllabique

ph p bh b f



v m w u

stop -voisé aspiré

stop -voisé

stop +voisé aspiré

stop +voisé

fricat. -voisé

fricative +voisée

sonante +/- syll. glide

1

2

3

4

5

6 7 8

noyau syll.

10

9

Figure 5. Echelle de force ou de sonorité dans les langues du monde : Le degré 1 est le moins sonore et le plus "fort", le degré 10 est le plus sonore et le plus "faible". Telle quelle, cette hiérarchie aide à observer des phénomènes de mutation consonantique, c’est-à-dire des restructurations successives de corrélations phonologiques, telles que la corrélation d'aspiration (ph, th, kh ou bh, dh, gh s'opposant à p, t, k / b, d, g) ou celle de sonorité (p, t, k s'opposant à b, d, g comme en français dans les paires minimales paix/baie ; toit/doigt ; coût/goût ). Le changement des rapports d'oppositions en corrélations ASPIRÉES / NON ASPIRÉES, SOURDES/SONORES et STOP/CONTINUES qu'entretenaient les occlusives et les fricatives de la proto-langue indo-européenne sont modifiés par une redistribution progressive des traits d'opposition entre corrélation. Un

9

exemple célèbre est la loi de Grimm (1822), décrite par Grimm à partir des observations de Rask, qui s'applique à des cycles de renforcement et d'affaiblissement de séries consonantiques. Ceci passe évidemment par des processus, qui sont, dans l'exemple classique des deux phases, de l'IE au Germanique

Commun

(GC)

dans

un

premier

temps

(stratégies

de

renforcement), puis du GC au gotique (langue germanique d'Europe centrale éteinte au 4è siècle après JC). Phase 1 : de l'IE au GC (-4000/-3000 av. JC) La corrélation de sonorité de l'indo-européen (IE) *IE : b

p

d t

g k

gw kw

passe à une corrélation d'aspiration en germanique commun : * Germanique :

p p

h

t th

k kh

kw kwh

Ce transfert de propriétés d'une corrélation à l'autre opère comme en A) et B) : A) Désonorisation (on dit aussi dévoisement) des occlusives sonores non aspirées

b>p d>t g>k B) Aspiration des occlusives sourdes non aspirées

p > ph

t > th k > kh

En termes de degré de force articulatoire, selon l'analyse classique, on présente les séries de phénomènes comme suit, de A) à C) dans l'ordre chronologique :

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Phases

A

B

C h

b>p

p>p

d>t

t > th

D

h

g>k k > kh DÉVOIS. ASPIRATION Stratégies de RENFORCEMENT fortis

b >b

ph>f

dh > d

th > 

gh > g kh > x DÉSASPIRAT. SPIRANTISAT. AFFAIBLISSEMENT Lenis

Concluons pour rappeler que cette « loi de Grimm » a été copieusement « amendée » depuis, notamment par la « Loi de Verner », qui tient compte de l’incidence de l’accent d’intensité sur le degré de force des consonnes en question8. Le monde des lois phonétiques est, tout comme celui des sociétés humaines, plein de « jurisprudence » - d’où le déclin de la pensée néogrammairienne,

et son

remplacement

par

le structuralisme et

le

fonctionnalisme, courants de pensée davantage pragmatiques, sur plan empirique. On notera aussi que les étapes A, B, C et D ci-dessus sont typiques de ce qui fonde la notion de « chronologie relative » : comme si les changements phonétiques « prenaient le train » à différents horaires, ce qui explique que certains lexèmes qui surgissent après les différentes phases d’un changement aussi systémique (en cascade) ne sont pas affectés si le changement est passé. Ils ont « raté le train ». Cette dynamique est bien connue des diachroniciens, et je peux vous garantir qu’elle est très amusante, à sa façon, et qu’elle conditionne les argumentations que l’on peut faire sur les changements phonétiques et pour la reconstruction des étymons (les formes premières, ou proto-formes). Car chez les comparatistes, tout comme en droit,

nul n’est censé i...


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