Prométhée PDF

Title Prométhée
Author Léa Rommelaëre
Course Mythologie antique
Institution Université Toulouse-Jean-Jaurès
Pages 5
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Summary

Cours de mythologie grecque : le mythe de Prométhée, explications ...


Description

Chapitre 7 PROMETHEE Les mythes du sacrifice Il n’y a pas de mythe de création de l’homme mais un mythe de la définition de l’homme. C’est un mythe qui explique pourquoi les animaux sont sacrifiés par les Hommes pour les Dieux, pourquoi les Hommes mangent de la viande et les Dieux de la fumée. Il explique le partage de la nourriture.

1) Le rite du sacrifice dans la religion grecque et romaine : Le mythe explique la première fois, la création du sacrifice. C’est le 1 er sacrifice raconté, qui sert de modèle à tous les autres. Le sacrifice n’est pas la seule manière d’honorer les dieux : prières, fêtes, processions… Sacrifier = rendre sacré. Sacri-ficare. Sacrifier c’est consacrer, donner, offrir aux dieux. On peut donner du vivant, du liquide, du solide, des objets… Cela ne signifie pas forcément « tuer ». Il y a 2 types de sacrifices. 



Les sacrifices non sanglants : les sacrifices liquides (lait, vin…) = les libations que l’on verse par terre ou sur l’autel (table ou colonne) dans lequel il y a un feu. Les sacrifices de nourriture : gâteaux, grains de blé… ce sont des sacrifices faits tous les jours par le père de famille dans les villas. Il verse des gorgées de vin, de lait, de la farine, pour les dieux dans le foyer central. Les sacrifices sanglants : des sacrifices alimentaires. L’animal est tué, mangé par les hommes et la fumée est mangée par les dieux. On ne mange jamais de viande non sacrifiée. C’est le principe du donnant-donnant, de l’échange entre les hommes et les dieux. On fait un cadeau aux dieux puis on s’adresse à eux pour leur demander quelque chose en échange. On appelle les dieux par tous leurs noms pour qu’ils entendent bien qu’on s’adresse à eux. On sacrifie un bel animal, sans défauts. On ne sacrifie jamais d’animaux sauvages. On choisit l’animal en fonction des dieux et de la demande qu’on leur fait (cochon pour Déméter, chèvre pour Artémis, taureau pour Zeus…). Les cités peuvent offrir des hécatombes ( = 100 bœufs).

Le sacrifice est une fête. Le sacrificateur est toujours un homme. C’est le mageiros qui est engagé pour la circonstance. Le prêtre du temple sacrifie les animaux pour son dieu. Le mageiros est ensuite le boucher et le cuisinier, il gère la cuisson. L’animal ne doit se douter de rien, il ne doit pas avoir peur ni s’enfuir. Il doit être consentant à son propre sacrifice. Il est lavé, nettoyé, préparé, les cornes sont décorées, il a des guirlandes. Il est aspergé d’eau lustrale pour le purifier. L’animal secoue alors sa tête pour dégager les gouttes d’eau : c’est interprété comme l’acquiescement. Ensuite, on coupe quelques poils de sa tête et on les jette sur le feu : c’est les prémices. Ensuite, le boutypos, assommeur de bœuf, assomme l’animal avec le manche d’une hache. Le mageiros égorge l’animal. Le sang est versé sur l’autel puis recueilli. Pendant la mort de l’animal, les femmes poussent des cris de désespoir. La viande est découpée et partagée de façon très codifiée : ce qui se mange, la viande, les viscères (foie, rognons, cœur, intestins…). La viande est alors cuite et déconsacrée. Les os et la graisse brûlaient sur l’autel, la fumée montait à l’Olympe et les Dieux la respiraient. La viande est grillée et bouillie. Pourquoi sacrifie-t’on de cette manière-là ? Le mythe de Prométhée explique cela.

2) Le mythe de Prométhée chez HESIODE : le sacrifice prométhéen

a) Le châtiment Les fils de Japet et Clymène sont punis par Zeus : Atlas doit porter le monde, Ménoithios est envoyé au Tartare, Prométhée est attaché et un aigle lui dévore le foie et Epiméthée est marié à Pandore. On ne connaît pas leurs crimes. On a des indices sur leur caractère mais on ne connaît pas leur faute. Seule la faute de Prométhée est expliquée. HESIODE écrit d’abord la punition pour montrer que Zeus est tout puissant, et juste et qu’il ne faut pas s’y opposer sous peine de connaître une fin lamentable. b) Le partage du bœuf La crise (crisis) est le moment où il faut séparer les Hommes et les Dieux : ils avaient donc même origine et n’étaient pas séparés : c’est l’Age d’Or. Cette séparation se fait à Meconê, mais c’est un lieu qui n’existe pas. Meconion est le suc du pavot, donc l’opium, qui endort. Cette plante pousse à côté des champs de blé, c’est donc lié. Le mythe est lié à la naissance de l’agriculture. Cela permet de dater le mythe. Le pavot est lié à l’endormissement, qui est lui-même associé à la mort. La mort est la caractéristique des mortels. Les mortels sont désignés comme des anthropoi thnetoi, des hommes qui meurent (racine de Thanatos). Les dieux sont des athanatoi, des immortels. Il s’agit donc là de la distinction des dieux et des hommes. Cette distinction se fait par la nourriture. C’est Prométhée qui fait la distinction. Prométhée sacrifie un bœuf. C’est le premier sacrifice , il a une valeur exemplaire. Il le partage. Il fait 2 tas. Il cherchait à tromper Zeus. Il fait un tas avec la viande et les abats qu’il recouvre du ventre du bœuf ( gaster) et un tas avec les os qu’il recouvre de la graisse blanche. La belle viande est cachée par un élément repoussant, les os sont cachés par un élément attirant. Selon l’apparence, il y a donc un bon tas et un mauvais. Ils ont l’air inégaux. Prométhée dit à Zeus de choisir le tas qu’il veut : il prend le tas de graisse qui cache les os. Zeus avait compris la ruse mais il joue le jeu. Prométhée a voulu tromper Zeus, mais Zeus a aussi dupé Prométhée. Mais cette ruse nuit aux hommes eu lieu de les avantager. La viande est une nourriture morte, putrescible, qui se décompose, comme les Hommes. Le pain est fait avec des céréales fermentées, qui pourrissent. Le vin est des grains de raisin écrasés et fermentés. Donc, Prométhée condamne les hommes à manger des aliments corrompus, morts. Les dieux ne mangent jamais de viande mais ils se nourrissent de la fumée odorante qui monte lors de la cuisson, du nectar et de l’ambroisie. Zeus est donc en colère contre Prométhée et va le punir pour sa ruse. Chez les Etrusques, il y a une science pour lire les signes et déterminer les prodiges. Ils sacrifiaient des animaux et examinaient leur foie. Une subdivision du foie était faite, chaque case correspondait à une divinité. Il il y avait un défaut dans une des cases, ils en déduisaient que le dieu associé était en colère et lui faisaient donc des offrandes. Ce sont les haruspices qui lisent le foie. Les grecs faisaient de l’hépatoscopie, l’analyse du foie des animaux sacrifiés. c)

Le vol du feu

Comme l’humanité a été avantagée par Prométhée, Zeus décide de la punir. Il arrête de faire tomber la foudre sur les frênes (ash-tree en anglais = arbre à cendres) donc ils n’ont plus le feu. Ils ne peuvent donc pas faire cuire la viande qu’ils viennent d’obtenir. Une hiérarchie est donc établie :

Dieux sacrifice

Hommes

Animaux

Prométhée va dans la forge d’Héphaïstos pour voler le feu dans une férule (plante avec la tige creuse) et le donne aux Hommes. Zeus le voit dans les foyers allumés. Pour se venger, il créé donc la Femme : Pandore. Elle incarne la flamme des hommes, la flamme amoureuse (femme / fLamme : jeu de mots). Toutes les ruses de Prométhée ont un lien : le décalage entre l’intérieur et l’extérieur : les tas en apparence bons ou mauvais, le fenouil qui cache le feu dans sa tige. Zeus intègre le mécanisme de la pensée de Prométhée et le trompe avec Pandore qui est belle mais mauvaise.

3) Le mythe de Sopatros : le sacrifice du bœuf

PORPHYRE rapporte ce mythe. Il est néoplatonicien. Il cite THEOPHRASTE qui raconte l’histoire de Sopatros au 3°s av JC. Les hommes sacrifiaient des produits de leur récolte mais pas d’animaux pour les dieux. Un jour, un bœuf mangea les céréales offertes et piétina le reste : c’est un sacrilège. Sopatros, de colère, le tua. Il se rend compte de son acte, enterre le bœuf et s’exile en Crète  les animaux sont égaux aux hommes, il a donc commis un meurtre. Il s’exile pour ne pas souiller toute la collectivité. Mais il y a une sécheresse et une disette : un dieu est fâché. La Pythie est interrogée. Sopatros décide de tuer un bœuf et demande le droit de cité, de citoyenneté. Tout le monde doit sacrifier le bœuf en même temps, ils sont coresponsables et égaux dans leur citoyenneté. Des jeunes filles apportent de l’eau pour aiguiser les outils, une personne assomme le bœuf, une autre l’égorge, une autre le découpe. Ensuite, on remplit la peau de paille et on met le bœuf dans un champ comme s’il labourait. On fait comme si de rien n’était. On juge ensuite le meurtre. Le couteau est accusé et jugé coupable. Le procès libère de la culpabilité du meurtre du bœuf : on nie le crime, on fait comme si de rien n’était, on désigne un coupable qui ne peut pas se défendre. Le couteau est puni : il est jeté à la mer. Ce mythe définit la cité = les hommes qui sacrifient ensemble, qui jugent et font la justice ensemble, qui mangent ensemble. Les hommes qui ont la même religion. Ce mythe justifie la consommation de viande : les hommes mettent des céréales en offrande, ils disposent des bœufs autour et abattent celui qui mange les offrandes sacrées. Cela distingue les animaux : ils n’ont pas la conscience religieuse. De plus, le bœuf se désigne ainsi lui-même pour être sacrifié. Les hommes peuvent donc manger les animaux puisqu’ils ne respectent pas les dieux. Ce n’est donc pas un meurtre puisque les animaux ne sont pas au même niveau hiérarchique que les hommes. BURKERT, Homo Necans : réflexion sur la mythologie grecque et paléolithique. On peut remonter dans la mentalité Paléolithique en imaginant qu’ils faisaient pareil qu’actuellement. Pour lui, les hommes se nourrissaient d’animaux qu’ils tuaient puis ils le regrettaient ensuite car les animaux appartiennent aux dieux (Bœufs du Soleil, troupeau d’Apollon, biche de Artémis…). Les hommes pensent qu’il faut s’excuser auprès des dieux : ils s’adressent aux dieux et disent qu’il n’a pas tué par méchanceté mais pour sa famille. Il promet de faire réparation : c’est le bœuf empaillé chez les Grecs, animal remis sur pied dans la nature, meurtre nié. Pour BURKERT, le mythe de Sopatros est hérité du Paléolithique. L’homme tue les animaux pour satisfaire son goût du sang et canaliser son agressivité sinon les hommes s’entretueraient. Au Paléolithique, il n’y avait donc pas de hiérarchie Dieux / Hommes / Animaux, comme dans le mythe de Sopatros.

4) Ceux qui refusent le sacrifice prométhéen : les sacrifices divergents a) Le sacrifice dionysiaque Dionysos est honoré par des animaux sauvages sacrifiés pour lui. EURIPIDE le raconte dans Les Bacchantes. C’est un culte féminin à mystères. La pièce raconte que les femmes sont parties honorer Dionysos dans la nature et qu’un espion masculin les a vues : elles allaitent des louveteaux, se jettent sur des animaux et les dépècent et les démembrent à mains nues : c’est le diasparagmos, puis les mangent crus : c’est l’omophagie,

avant de danser en transe et hors d’elles : l’enthousiasme. Ce sacrifice s’oppose alors au sacrifice prométhéen : sacrificateur femme, pas d’outils, de hache ni de couteau, cérémonie de nuit, repas cru, animaux sauvages tués… C’est une abolition des frontières entre les hommes, les animaux et les dieux. Le culte de Bacchus a été interdit à Rome car il était trop anarchique.

b) Les Orphiques : Ils considéraient que le sacrifice était mal en soi. Ils croient en la métempsychose (réincarnation), que l’on vit plusieurs fois, que l’âme se réincarne et se réincarne possiblement dans des animaux. Il ne faut donc pas manger d’animaux car on peut manger une âme en même temps. Il faut s’abstenir de meurtre. Pour eux, l’éternité idéale est de rester contempler les dieux tout le temps. Ils croient en le mythe de Dionysos : les Titans attirent Dionysos bébé avec des jouets (toupies, crécelles, miroirs, poupées) qui vient. Il se regarde dans le miroir. Quand il est distrait, les Titans le tuent, le découpent et le font bouillir dans un chaudron avant de le manger : parodie de sacrifice. Zeus est contrarié, il foudroie les Titans et il récupère le cœur du bébé qui n’est ni mangé ni bouilli. Il est ressuscité grâce au cœur resté intact par Zeus. Apollon enterre les os de Dionysos proche de son sanctuaire à Delphes. La cendre des Titans tombe sur la Terre : les hommes en naissent. C’est un mythe de création de l’espèce humaine. Il y a plein de conséquences : les Hommes sont fils des Titans qui ne sont pas des personnages positifs. Il y a des allusions de ce mythe dans un texte de Diodore de Sicile (page 8 du livret) : la vigne taillée est Dionysos qui est coupé, le vin est cuit au chaudron comme le dieu lui-même par les Titans. Ici, Dionysos est fils de Zeus et de Déméter, du ciel et de la terre, de la terre et de la pluie.

c)

Les Pythagoriciens

PYTHAGORE était un philosophe et mathématicien qui a créé une école en Sicile. Il avait des disciples qui étaient tenus au secret. Ils ne mangeaient pas de viande. Ils devaient s’abstenir de manger des animaux vivants, des œufs, des fèves. Dionysos a refusé de traverser un champ de fèves donc il est mort mangé par des chiens. La fève a une tige creuse : les âmes remontaient des Enfers par les tiges de fèves car l’eau de fèves qui bouillent devient rouge : c’est du sang des âmes. La fève a la forme d’un rein, c’est donc une plante qui ressemble trop à la nature humaine pour qu’on la mange. Des courants de pythagoriciens faisaient des nuances entre les animaux : certains étaient sacrifiés.

d) Les Cyniques Les chiens : « kuon » ou « kunos ». Cette secte est créée par DIOGENE, un contemporain de Alexandre le Grand. Il vivait dans un tonneau en bois, dans la rue donc comme un chien. Alexandre le Grand a voulu le rencontrer et a voulu l’aider mais DIOGENE lui a répondu « pousse-toi, tu me caches le soleil ». DIOGENE pensait qu’il fallait vivre comme des animaux et ne pas les sacrifier. Il faut manger cru, comme les animaux, vivre à moitié nu, en lambeaux, abolir l’interdit de l’inceste et de l’anthropophagie. Il voulait l’accouplement dans la rue. PLUTARQUE, Gryllos : « le cochon » : histoire des marins d’Ulysse transformés par Circé. L’Age d’Or est un moment où la Terre n’a pas besoin d’être travaillée.

Conclusion : Beaucoup de récits ayant le sacrifice pour centre d’intérêt. Ces mythes cachent une définition de l’humanité et répondent à la question « qu’est-ce que l’homme, quelle est la condition humaine, quand sortons-nous de l’humanité ? ». Il y a des monstres dans les mythes. Mythe de Prométhée qui définit l’homme. Mythe de Sopatros qui définit le citoyen. Pour les Orphiques et Pythagoriciens, l’homme a une naissance difficile et criminelle qu’il doit expier avec une hygiène de vie et une alimentation très stricte : pas de sang, pas de meurtre. Pour les Cyniques, l’homme est un animal, il n’y a pas de dieux ni de lois. Il y a des réponses diverses à une même question. Origine de l’homme ? pas de mythe ! pas de 1er homme. Ils sont déjà là dans les mythes, sans qu’on explique comment. On a un mythe de la naissance de la femme : Pandora. Prométhée est celui qui est lié à l’humanité car il a défini les conditions de la vie de l’homme : feu, nourriture pour survivre. Mais il a fait une erreur. Il est l’artisan de la condition humaine. On ne sait pas s’il est dieu ou homme. Mais il est fils de Titan. En principe, il est dieu mais on peut le considérer comme mortel dans certains mythes : Chiron est un bon centaure, qui est tué par les flèches et le venin de l’hydre de Lerne : il souffre donc échange sa condition avec celle de Prométhée : Chiron devient mortel et Prométhée immortel. Prométhée est enchaîné sur le Caucase avec un aigle qui lui mange le foie car il a aidé l’espèce humaine. Les chrétiens le voient comme une préfiguration du Christ. La mythologie païenne est très présente dans l’ère paléochrétienne. Elle a été récupérée par cette religion. Les 2 religions ne sont pas forcément opposées. Ulysse se fait accrocher au mat du bateau : Christ crucifié....


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