Rhinocéros PDF

Title Rhinocéros
Author Lucas VALAIS
Course Littérature
Institution Sorbonne Université
Pages 4
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Summary

Khôlle sur la scène finale de Rhinocéros...


Description

Commentaire du dénouement de Rhinocéros d'Ionesco Intro: Œuvre majeure du théâtre de l’absurde, Rhinocéros d’Eugène Ionesco met en scène une épidémie imaginaire de «rhinocérite» qui transforme les humains en rhinocéros. Cette épidémie doit se lire comme une allégorie : elle symbolise la montée des totalitarismes au XXème siècle. Tous les personnages de la pièce sont peu à peu touchés et finissent par se laisser séduire ou convaincre par l’idée de devenir rhinocéros. Seul Bérenger, un employé de bureau timide et faible, ne se métamorphose pas. On se propose d'étudier la scéne de dénouement de la piéce et en particulier le monologue de Bérenger. On va se poser la question: comment se manifeste le désœuvrement de Bérenger face à la Rhinocérite? Nous étudierons d'abord le premier constat de solitude du personnage résistant, puis nous étudierons l'amorce de la transformation du personnage et enfin, nous nous attarderons sur le paroxisme de la crise identitaire qui laisse place à un brusque sursaut. I)Premier constat de la solitude du personnage «pas si vilain que ça»: litote pour dire que Bérenger reste fidéle à ces convictions, même s'il concéde que lui même n'est pas le «plus beau» Nous assistons à une véritable dislocation du langage, les mots lui échappent, le monologue devient confus. La ponctuation est abusive. On constate beaucoup de points d'exclamation et l'emploi de phrases nominales «Daisy» On constate la présence de plusieurs phrases à l'impératif «Remonte», «reviens», «ne me laisse pas» cela signifie que le personnage au fur et à mesure de l'éloignement de Daisy se rend compte qu'il se retrouvera seul, et que la derniére personne sur qui il pouvait compter, le laisse désespéremment seul. La répétition du prénom est significatif de la prise de conscience du départ de Daisy sur la suite. Le désemparement du personnage se fait sentir par la gestuelle «geste désespéré», et «rentre» dans la chambre «Evidemment»: phrase nominale pour signifier le renoncement et la vision fataliste du personnage Le constat désespéré du ménage de Bérenger accentue l'impuissance de la parole car elle se manifeste dans des phrases nominales laissant sa réflexion sans suite : « un ménage désuni» «plus viable» il se résoud au départ de Daisy Le personnage ne se préoccupe pas dés le début du fat que Daisy ait été attirée par les rhinocéros mais bien plutot par le fait qu'il se retrouve seul à résister «tout à fait seul maintenant» Cette situation le met en «colére» et cela se fait ressentir par son comportement inquiet, soucieux. «on ne m'aura pas moi» employer un pronom indéfini et doubler le pronom personnel rappelle qu'il est le seul à résister face à un ennemi indéfini. «vous ne m'aurez pas moi» en allant à la fenêtre ils semblent s'adresser directement aux rhinocéros, comme une sorte de provocation mais qui révéle tout de même une certaibe peur. «je ne vous suivrai pas, je ne vous comprends pas», parallelisme syntaxique qui signifie le refus du personnage de se faire entraîner par l'appel des rhinocéros. «je reste ce que je suis. Je suis un être humain» anadiplose qui résume son refus de soumission à l'espéce des rhinocéros.

Il répéte «être humain» il parle seul, Bérenger a l'air anxieux, presque fou, des symptomes paranoiaques. «situation intenable» il se rend compte qu'il est seul et il repense à Daisy Il se cuplabilise, le personnage semble de moins en moins fort. «Qu'est-ce qu'elle va devenir?» questionnement, sentiment de manque d'ennui. «quelqu'un sur la conscience» il se juge responsable. «j'imagine le pire, le pire est possible» chiasme qui montre l'anxieté du personnage et l'incertitude de la suite des événements. «enfant» et «monstre» marquent le contraste avec cette antithése pour signifier que le personnage se soucie de plus en plus de ce qu'il va advenir de Daisy. «personne ne peut m'aider à la retrouver, personne, car il n'y a plus personne» trois fois le mot «personne» dans les trois temps de la phrase, pour signifier, la solitude effective et psychologique du personnage. Face au retour des animaux, le personnage veut lutter en se mettant du coton dans les oreilles et ne pas les entendre. Le «coton» c'est aussi la douceur, peut-être un moyen de souligner le contraste avec la violence des rhinocéros. II) Amorce de la transformation du personnage Dans la glace, le personnage se parle, moyen de symboliser, son questionnement, la consultation de son intériorité sensible. Pour la premiére fois du monologue, Bérenger est prêt à entrer en contact avec les rhinocéros. «il n'y a pas d'autre solutions que de les convaincre» alors qu'il ne sait pas de quoi , par là, il exprime le fait qu'il est c'est la seule possibilité envisageable. Par «convaincre» il compte faire appel à la raison, il conçoit donc que les rhinocéros est une raison. Le personnage doute, il se pose des questions «sont-elles réversibles?» Il se référe à «hercule» pour montrer l'ampleur du travail qu'il y aurait à accomplir pour entrer en communication avec les rhinocéros, la communication devient impossible. La solution apportée par le personnage est de se soumettre à leur moyen de communication en apprenant «leur langue». S'en suit une suite d'interrogations sur la langue parlée par le personnage.Les doutes du personnage transparaissent également à travers les interrogations comme : «quelle et ma langue ? Est-ce du français ? Ce doit bien être du français ? Mais qu'est-ce que du français ?», le personnage semble perdre ses repéres et perdre la raison. Il s'interroge aussi sur le fait de la possibilité de nommer un langage lorsque plus personne ne semble parler. On peut y voir une question philosophique, ontologique, sur la communication. «me comprends» il y a un dialogue interne il se demande s'il arrive à lui-même à se comprendre, on est vraiment dans du théatre de l'absurde. Il repense à Daisy et se demande si elle a raison, ceci marque le début du basculement de l'esprit du personnage vers les rhinocéros. il s'opère un glissement vers les valeurs des rhinocéros. Il cherche d'abord à s'assurer qu'un «homme n'est pas laid», c'est une tentative d'auto persuasion. Il poursuit ces interrogations esthétiques et derriére cela il y a déjà une volonté de se comparer avec les rhinocéros. La juxtaposition de phrases courtes, interrogatives et exclamatives, c'est symbolique des

questionnements auxquels Bérenger est en proie. En regardant les tableaux il se reconnaît, «c'est moi, c'est moi» c'est un repétition qui signifie qu'il est conscient de sa laideur lorsqu'il se compare aux rhinocéros. On peut imaginer des gestes phrénétiques. A travers les images qu'il a ce n'est pas seulement lui, mais toute l'humanité qu'il juge laide. III) Le paroxisme de la crise et le brusque sursaut Tout d’abord sa pensée est chaotique et confuse. On observe ainsi de nombreuses répétitions : «Je ne suis pas beau, je ne suis pas beau» Le jeu de scène est fondamental dans ce monologue final : le geste remplace la parole qui se déconstruit. En témoigne l’importance des didascalies qui renseignent sur les mouvements du personnage.Bérenger effectue ainsi plusieurs actions : «Il décroche les tableaux, les jette par terre avec fureur» Pour la premiére fois, Bérenger avoue que ce sont les rhinicéros et pas les hommes qui sont beaux. La gestuelle montre que le personnage est totalement désemparé. Les doutes de Bérenger s’expriment dans un registre tragique, ce qui est également traditionnel. En effet, on observe la présence de nombreuses phrases exclamatives et interjections : «J’ai eu tort ! Oh !», il y a un conflit intérieur du personnage. « Je n’ai pas de corne, hélas ! », encore une exclamaition pour souligner l'aspact tragique. «Que c'est laid un front plat» phrase surprenante» Laissé seul face à aux rhinocéros, Bérenger regrette son statut d’humain. Le rapport à son corps change fondamentalement

Il veut leur ressembler et il dédaigne le physique des humains Ce corps est sans cesse dévalorisé et présenté de manière péjorative En effet, la domination des rhinocéros perturbe les valeurs établies. Au départ considérés comme des monstres, ils sont désormais majoritaires et c’est Bérenger, seul représentant de l’humanité, qui devient monstrueux. Ainsi, Bérenger oppose ses défauts aux qualités supposées des rhinocéros à travers plusieurs aspects : ♦ La couleur : « Trop blanc » et mis en contradiction avec « magnifique couleur vert sombre » . ♦ La forme : aux cornes qui donneraient un caractère à son visage s’opposent son « front plat » et ses « traits tombants » . ♦ La texture : Bérenger compare sa peau à celle des animaux à travers plusieurs séries d’oppositions binaires : « moites » et « rugueuse », « flasque » et « dure », « poilu » et « sans poils» . Les canons de beauté sont donc inversés puisque c’est la dureté, le vert de la peau, l’âpreté du langage qui sont désormais considérés comme louables Il tente même d’imiter les animaux, espérant ainsi forcer sa transformation (« Si je pouvais faire comme eux : « Ahh, ahh, brr ! Non, ça n’est pas ça ! Essayons encore, plus fort ! » , « Je n’arrive pas à barrir. Je hurle seulement Son regret de ne pas être devenu rhinocéros transparaît clairement dans l’emploi du conditionnel passé (« Comme j’ai mauvaise conscience, j’aurais dû les suivre à temps » ) et du conditionnel présent (« Je voudrais bien, je voudrais tellement, mais je ne peux pas » ).

C’est dans l’écart entre le souhait de Bérenger (« je voudrais bien » ) et la réalité présente (« mais je ne peux pas » ) que résident les raisons de ce retournement final

L’idée de fatalité est renforcée par la répétition de l’adverbe « jamais » associé au futur de l’indicatif et à l’interjection « Hélas » qui traduit le désarroi de ne pas pouvoir rejoindre les autres personnages : «Hélas, jamais je ne deviendrai un rhinocéros, jamais, jamais«. . Il est en mouvement constant :« Il tourne le dos à la glace. » La théâtralité de cette scène finale, qui compense la déconstruction du langage, est un élément résolument moderne qui traduit une angoisse profonde du personnage. «son originalité» il faut comprendre ce qui le distingue des autres, les régimes totalitaires se définissent justement par un endoctrinement idéologique. Les trois derniéres lignes représentent un sursaut brutal. A la fin de son monologue, Bérenger se montre prêt à combattre les rhinocéros. On observe en effet le champ lexical de la guerre : « défendrai », « carabine », « capitule » avec les termes « défendrai » et « carabine » répétés deux fois chacun. Mais la résolution finale de Bérenger est précédée d’un « Tant pis » qui la dévalorise : « Eh bien tant pis ! Je me défendrai contre tout le monde ! » . Son choix résulte davantage de son échec à rejoindre les rhinocéros que de sa volonté propre. Ces affirmations sont celles d’un héros prêt à sacrifier sa vie pour la cause défendue : « je me défendrai jusqu’au bout » ; « Je ne capitule pas » . Sa détermination est marquée par l’emploi du futur, temps de la certitude (« je me défendrai » ) et l’affirmation de son identité à travers la répétition du pronom personnel sujet « je » . Il réaffirme également son humanité : « je suis le dernier homme » . Sa position est d’autant plus héroïque qu’il affronte ses ennemis de face : « Il se retourne face au mur du fond où sont fixées les têtes des rhinocéros » . Ce revirement brutal et cette résolution très forte placent Bérenger dans une posture de héros tragique, qui se lance dans un impossible combat Conclusion: Le monologue final de Bérenger est donc un monologue original dominé par l’émotion très forte d’un personnage qui traverse une crise identitaire grave. En détournant les codes de la tragédie classique pour les intégrer à une pièce résolument moderne, Ionesco nous interroge sur la notion de héros et d’engagement, mais, et c’est ce qui fait le succès et l’originalité de cette pièce, sans jamais suggérer de réponse tranchée...


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