Exercice LM 101 Emile Zola PDF

Title Exercice LM 101 Emile Zola
Course Littérature Française
Institution Université Toulouse-Jean-Jaurès
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Correction du devoir sur Zola...


Description

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LM 101 Groupe 5 Littérature française Mme Lefebvre Corrigé du partiel du 1er décembre 2016 Rappel du sujet : Lors de la parution de Thérèse Raquin en 1868, Emile Zola se défendit devant la critique qui l’accusait d’immoralité, voire d’obscénité, en se comparant d’abord à un artiste peintre représentant un modèle nu dans le seul but de « mettre cette femme sur la toile dans la vérité de ses formes et de ses colorations », puis à un médecin dans un amphithéâtre, pour conclure : « Le reproche d’immoralité en matière de sciences ne prouve absolument rien.(…) j’ai écrit chaque scène avec la curiosité du savant. » Selon vous, est-il légitime de taxer un roman d’immoralité ? Vous répondrez en vous référant à votre culture littéraire, sans oublier les œuvres au programme.

L’ensemble est plutôt mauvais, notes de 1 à 16, mais trop peu de notes supérieures à la moyenne (Barême : introduction notée sur 8, partie rédigée sur 12). Il y a toujours des copies au « français » absolument illisible, incompréhensible et inadmissible à votre niveau ; j’ai accepté des introductions très succinctes car dans l’ensemble la méthode est encore mal assimilée, et les difficultés d’expression, syntaxe et grammaire sont telles que presque personne n’aurait la moyenne… mais c’est reculer pour mieux sauter, cela ne vous dispense pas de travailler la grammaire ! notamment les bases : accords sujet-verbe, participes passés, adjectifs ; conjugaisons ; ponctuation et phrases… Quelques remarques à ce sujet : - Taxer de : doit être suivi d’un NOM, et ABSTRAIT… On ne peut pas « taxer un auteur d’immoral », ce n’est pas français. - Un « roman d’immoralité » n’existe pas ; et encore moins un « roman d’immortalité » ! Vous êtes censés SAVOIR LIRE…. - Ne pas raconter les œuvres, mais s’en servir pour analyser et argumenter. - Corriger avec soin vos devoirs si vous voulez progresser. Analyse du sujet : Elle a été généralement incomplète, donc insuffisante, et ne vous a pas permis d’aborder tous les aspects de la question. Souvent même, ce n’était pas problématisé du tout ou très mal. Il fallait revoir les définitions de : légitime et de : immoralité. La légitimité est le caractère justifié, fondé, car raisonnable, d’une chose ; est légitime ce qui est conforme au bon droit, et qui peut ouvrir sur le légal (c’est la même racine, lex, en latin : la loi). Est légitime tout ce qui est consacré, reconnu conforme à l’usage et à la loi. Légal est plus fort : c’est ce qui est inscrit dans la loi, à la fois conforme à elle et défini par elle. Le légitime a donc des rapports avec le droit : on pouvait dès lors se rappeler les procès célèbres de 1857, faits à Flaubert, Baudelaire et Barbey d’Aurevilly pour, respectivement, Madame Bovary, Les Fleurs du mal et Les Diaboliques, trois œuvres littéraires accusées d’immoralité. L’immoralité désigne tout ce qui est contraire à la morale établie, celle-ci étant définie comme l’ensemble des normes et règles de conduite pratiquées dans une société particulière, reposant sur une définition du bien et du mal et pouvant évoluer en fonction de l’époque et de l’espace. Bien évidemment la morale est très souvent définie ou admise par la religion dominante ; mais il ne fallait

2 pas aller jusque-là dans ce devoir, il n’était pas question de religion. L’obscénité est l’immoralité dans le domaine particulier de la pudeur ; mais le mot est employé aussi comme une sorte de superlatif de : immoral (par exemple : « Cet étalage de richesses est obscène », au sens de : très choquant). La question posée est : a-t-on le droit, ou est-il juste, de taxer un roman, c’est-à-dire une œuvre d’art, d’immoralité ? Affirmer que oui ou que non sans aucun raisonnement n’est pas acce ptable, car ce ne serait pas une dissertation, qui repose justement sur un raisonnement. Il faut donc bien comprendre le sujet, c’est-à-dire la position de Zola sur la question, et pour cela reprendre le texte du sujet : Zola s’est justifié devant les accusations d’immoralité en se comparant à un artiste peindre, évidemment réaliste (ce mot devait apparaître dans la problématique), soucieux de reproduire avec exactitude un corps humain en dehors de toute autre connotation ; et à un médecin dans un amphithéâtre, c’est-à-dire à un légiste autopsiant un corps. Les deux cherchent à établir une vérité ; mais les deux aussi ont pour objet d’étude le corps humain dénudé, qu’il soit vivant ou mort, donc les deux sont confrontés à deux tabous sociaux, le sexe et la mort, choses très connotées, et codifiées, par la morale en vigueur ( ce qui explique l’accusation d’obscénité). Zola s’abrite derrière l’exigence de vérité, tout en sachant pertinemment qu’il avait écrit un roman provocateur et que cette accusation ne pouvait manquer de se produire. Et quand il écrit : « J’ai écrit chaque scène avec la curiosité du savant », cela ne veut pas dire qu’il n’avait pas l’intention de provoquer : le moyen (dans le texte : avec…) n’étant pas le but (pas dans le texte : et pour…). L’un n’empêche pas l’autre… et Zola joue sur ses succès de scandale. A partir de là, on ne pouvait que conclure provisoirement que bien évidemment le « reproche d’immoralité » est intimement associé à l’œuvre d’art réaliste, et particulièrement au roman naturaliste de Zola qui est une sorte de mode superlatif du réalisme, prenant le roman pour un lieu d’expérience où le personnage est placé dans certaines conditions afin que l’expérimentateur – le romancier – l’observe et puisse ainsi comprendre et généraliser les causes de son comportement, selon les lois de l’hérédité (au niveau collectif, la famille et la société) et du tempérament (au niveau individuel). Faire des expériences sur l’humain, qu’il soit fictif ou non, peut à juste titre être considéré comme immoral… et il aurait été intéressant dans ce devoir de se demander si le « roman expérimental » voulu par Zola n’était pas par définition immoral… mais personne n’a poussé l’analyse jusque -là. Il n’en reste pas moins que taxer d’immoralité un roman peut se justifier ainsi, d’autant plus que la représentation, surtout très exacte, de faits immoraux dans le texte peut facilement influencer le lecteur et l’informer de pratiques illégales, voire criminelles, ou même le pousser à commettre des actes immoraux. Mais d’autre part, l’immoralité est une notion éthique à la fois sociale et subjective, tandis que l’art est une pratique esthétique qui n’appelle de jugement qu’esthétique (c’est ce que dit Zola). Philosophiquement, une notion, intellectuelle, s’oppose à une pratique, physique ; et l’éthique, qui concerne le bien et le mal, n’a rien à voir avec l’esthétique, qui concerne le beau. Nous sommes là dans le prolongement de ce que la scolastique médiévale appelait « les trois universaux », le Vrai, le Bien et le Beau. C’est dans cette perspective que se situe l’œuvre de Kant : la Critique de la raison pure concerne le Vrai ; la Critique de la raison pratique concerne le bien ; et la Critique du jugement esthétique concerne le Beau. Kant dit du jugement esthétique qu’il est universel sans concept, c’est-àdire qu’il juge et affirme sans raison logique et dans l’absolu que quelque chose est beau ou non ; en revanche, les deux autres domaines s’appliquent à la raison, qu’elle soit pure ou pratique, donc sont fondés sur une logique acceptable par tous ; ainsi, à un roman, œuvre d’art, ne devrait légitimement pouvoir s’appliquer qu’un jugement esthétique, et pas un jugement moral, qui est du domaine de la raison pratique ; et cela d’autant plus que le roman est une fiction, donc que rien de ce qu’il représente n’existe.

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A ce stade, nous avons atteint le paradoxe, donc la problématique : d’une part il est conceptuellement illégitime de taxer un roman d’immoralité, puisque l’immoralité est du domaine de la raison pratique tandis que le roman est du domaine de l’œuvre esthétique ; mais d’autre part il est pratiquement légitime quand même de le faire dans la mesure où le roman tend à reproduire la réalité, surtout le roman réaliste et « expérimental » de Zola ; que même si c’est la réalité qui est immorale, la représenter peut mal influencer le lecteur et répandre cette immoralité ; et que de toute façon Zola a beau jeu de refuser l’accusation d’immoralité au nom de la vérité une fois que le succès de scandale est obtenu ; et en plus ce n’est pas plus légitime puisque la vérité est du domaine de la raison pure et le roman du domaine de l’esthétique, donc ce n’est pas non plus sur le même plan, et on pourrait très bien lui retourner l’argument ! Pour arriver à une synthèse, il faut dépasser cette opposition et trouver un concept englobant. La dimension humaine semble la seule issue : s’il est à la fois logiquement illégitime, mais humainement non seulement légitime mais presque obligatoire de juger un roman sur le plan moral, les deux sont inséparables, et l’intérêt du roman est justement de faire réagir le lecteur, d’ajouter à sa culture et de lui donner matière à réfléchir sur les actions supposées faites par les personnages : l’esthétique et la narratologie même peuvent en dépendre, puisque des livres existent où le lecteur peut choisir la direction prise par le récit et sa fin, peut s’identifier au héros ou s’interroger sur ce qu’il aurait fait dans les mêmes circonstances. Ainsi même un roman fantastique peut être jugé ou non immoral, d’autant plus que les personnages agissent en fonction des notions éthiques qu’ils possèdent et qui peuvent être très différentes de celles du lecteur. Donc on ne peut logiquement taxer d’immoralité une fiction et des personnages qui n‘existent pas, mais on doit humainement considérer l’enseignement moral forcément véhiculé par le roman, et qui était déjà voulu par Huet dès le XVIIème siècle.

Plan possible : I : Thèse de Zola : Il est illégitime de taxer un roman d’immoralité : - Un roman se situe sur le plan esthétique alors que la morale se situe sur le plan éthique ; ces deux domaines différents ne devraient pas interférer. Flaubert avec Madame Bovary voulait écrire un « roman sur rien, qui se tienne par la seule force de son style », pas une œuvre méritant un procès. - Le romancier réaliste, et surtout « expérimental », cherche une vérité quasi scientifique, et la science porte sur le fait, celui-ci ne pouvant être ni moral ni immoral. Dans La Religieuse, c’est la vie monastique qui est immorale, pas Suzanne, qui est au contraire d’une grande exigence morale dès qu’elle est instruite, et a été enfermée là contre son gré. - Le roman relève de la fiction ; rien de ce qu’il présente n’existe, donc il est illogique de le taxer d’immoralité, celle-ci ne pouvant porter que sur des faits existants. L’amour de Jeanne Le Hardouey pour l’abbé de la Croix-Jugan serait peut-être immoral s’il existait vraiment, et pas du tout si le héros n’était pas abbé. Transition : Si la logique trouve illégitime de taxer un roman d’immoralité, cependant la pratique littéraire ne cesse de le faire, non sans quelque raison. II : Antithèse : On ne peut s’empêcher de juger un roman sur le plan éthique : - Le roman réaliste prétend représenter des faits vrais, et dès qu’on se situe dans le domaine des faits, on se retrouve sur le plan de l’éthique, tout fait pouvant être jugé bon ou mauvais,

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comme l’assassinat de son mari par Thérèse Raquin, fait évidemment extrêmement immoral et illégal. Le lecteur s’identifiant aux personnages est toujours incité à se demander si ceux-ci agissent bien ou mal, et c’est d’ailleurs un but du roman. Suzanne ne devrait pas s’opposer à sa supérieure, ni Jéhoël se suicider… même dans la fiction la plus totale, le conte de fées, les héros agissent selon le bien et le mal, les « méchants » et les « bons » sont très nettement opposés et c’est sur cela que repose la narration, faire triompher le bien. Zola lui-même, en niant la légitimité du jugement d’immoralité sur un roman, joue sur cette immoralité et profite du succès de scandale, sachant bien que le jugement éthique du lecteur décidera de la réussite ou non du roman.

Transition : Esthétique et éthique semblent donc inséparables, même si cela paraît contradictoire. Audelà du raisonnement logique, le lecteur juge et apprend, l’essentiel restant que les fonctions de la littérature soient efficacement remplies. III : Les enjeux réels de l’œuvre littéraire : - Le plaisir : quelle que soit la teneur morale du récit, le lecteur prend plaisir à le découvrir et à s’interroger sur les motivations des héros ou sur les mystères de l’intrigue : L’Ensorcelée ; Un temps de saison.(préciser et expliquer ces exemples) - L’instruction : toute lecture informe le lecteur, et un contenu immoral peut aussi bien éloigner le lecteur du mal en l’instruisant des conséquences désastreuses des mauvaises actions (L’Ensorcelée, et autres…) - L‘esthétique : justement, une œuvre d’art exprime les liens entre la société, les individus et les normes dominantes ; et c’est justement parce qu’il est impossible de ne pas juger une œuvre sur le plan moral qu’elle offre son intérêt : même Un temps de saison présente une dimension contestataire.

Exemple d’introduction rédigée : Vers 1857, trois procès retentissants pour immoralité frappèrent Flaubert, Baudelaire et Barbey d’Aurevilly, le premier pour avoir présenté une héroïne adultère et suicidaire, le second pour la prétendue obscénité de poèmes dont le premier titre envisagé était Les Lesbiennes, et le troisième pour avoir mis en scène un couple d’amants criminels sans remords. Passer au tribunal pour immoralité est donc un fait avéré, ce pourquoi Zola, victime un peu plus tard de la critique à la suite de la parution de Thérèse Raquin en 1868, se défendit en se comparant à un peintre et à un médecin uniquement soucieux de la vérité à reproduire ou à trouver. Il refusait que l’on taxât d’immoralité son œuvre, arguant que le vrai et le beau n’ont rien à voir avec la morale, c’est-à-dire avec le bien. Mais un raisonnement philosophique, même juste, peut-il suffire à déterminer les réactions du public devant une œuvre d’art, surtout réaliste ? Est-il possible d’éviter de porter un jugement moral, même illégitime, sur une œuvre esthétique, et cela d’autant moins que les enjeux de l’œuvre seraient atteints ?...


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