L’ Enquête PAR Observation Directe Éléments DE Définition PDF

Title L’ Enquête PAR Observation Directe Éléments DE Définition
Course Sociologie
Institution Université Le Havre Normandie
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Summary

Prise de notes des cours magistraux de L1....


Description

L’ENQUÊTE PAR OBSERVATION DIRECTE : ÉLÉMENTS DE DÉFINITION Cette présentation reprend des éléments de définition évoqués dans les cinq 1ères séances du TD. Elle fait référence à des exemples tirés de textes étudiés durant les séances. ! Ces éléments peuvent faire l’objet de questions lors du contrôle qui aura lieu au cours de la séance 10 du TD. ! Il est attendu des étudiants qu’ils connaissent les éléments de définition présentés dans ce document mais aussi qu’ils sachent les illustrer précisément à partir d’exemples tirés des textes étudiés en cours (voir brochure).

I. Définition de l’enquête par observation I.1

L’observation : une immersion

Contrairement à l’entretien qui est une situation inhabituelle pour la plupart des enquêtés et qui est suscitée par le sociologue, l’observation consiste à s’immerger dans une situation sociale déjà existante et à observer des personnes dans leur environnement habituel et à travers leurs activités habituelles. Ex 1 : Nicolas Jounin, dans l’ouvrage Chantier interdit au public (2009), se fait embaucher pendant plusieurs mois en tant qu’ouvrier sur des chantiers pour connaître et comprendre le quotidien des travailleurs du BTP. Il observe la réalité des conditions de travail dans le BTP (comment se déroulent les embauches et les licenciements, la précarité de l’emploi) et participe au quotidien des chantiers (il est ainsi témoin du racisme et des hiérarchies qui en découlent sur les chantier). Ex 2 : dans Street Corner Society, William Foote Whyte (1943) s’installe dans un quartier italien de Boston pendant plusieurs années et observe la vie quotidienne des jeunes hommes du quartier (activités illégales / rackets mais aussi activités politiques, etc) en se mêlant à différents groupes de jeunes. Cela lui permet de faire connaître de l’intérieur ce quartier considéré à l’extérieur, par ceux qui n’y habitent, pas comme dangereux et inquiétant.

I.2

Les avantages de l’observation

L’observation permet de s’informer directement sur les pratiques des enquêtés alors que les enquêtes ne révèlent pas toutes leurs pratiques en

entretien, notamment les pratiques illégales ou illégitimes : Ex : l’observation permet à Nicolas Jounin d’observer directement les tactiques des employeurs pour faire travailler les intérimaires à un rythme soutenu malgré la précarité de leur situation (par exemple en ne les prévenant qu’au dernier moment qu’ils vont être licenciés par ex.). Elle lui permet aussi de comprendre que les intérimaires ont eux aussi des stratégies pour faire durer les chantiers (en ralentissant le rythme de travail sans que cela se voie, ce qu’on appelle le freinage). L’observation permet d’assister à des conversations informelles que les enquêtés ne répéteraient pas forcément telles quelles en entretien : Ex : N. Jounin note la place importante tenue sur les chantiers par les blagues racistes et plus généralement par les catégorisations de type ethno-racial : ainsi, les salariés du chantier se désignent généralement par leur origine migratoire supposée, et ces désignations correspondent à des hiérarchies sur le chantier. Elle permet de découvrir l’existence de règles non officielles (ou de coutumes) dont on ne trouvera pas de trace écrite : Ex : les Pinçon-Charlot découvrent que dans les réunions mondaines de la grande bourgeoisie, l’usage veut qu’on ne passe pas la soirée à discuter avec une seule personne mais qu’on multiplie les présentations et les contacts dans le but d’entretenir et de développer son capital social. ⇒ Tous ces éléments sont plus difficiles à connaître à travers des entretiens.

I.3

Les limites de l’observation

L’objectif de l’observation, on l’a dit, est d’observer des individus dans leur environnement habituel, dans des situations ordinaires, sans perturber leur déroulement. Idéalement, pour cela, l’observateur devrait être invisible… mais évidemment il l’est rarement. C’est ce qu’on appelle le paradoxe de l’observateur : celui-ci souhaite accéder à ce que font et disent les gens dans leur vie habituelle, mais pour pouvoir faire cela, il faut qu’il les observe et donc qu’il prenne le risque de perturber la situation observée. L’observation incognito résout partiellement ce problème mais pas

entièrement, car la présence du sociologue peut induire des perturbations même lorsque les enquêtés ne savent pas qu’il est sociologue. Ex : Nicolas Jounin, sur les chantiers qu’il observe, perturbe la situation et suscite des remarques par sa seule présence alors même qu’il enquête incognito ; en effet, en raison de son apparence et de son nom, il est catégorisé comme un « Français » ou un « Blanc », et ses collègues s’étonnent alors qu’il occupe un poste de manœuvre, car cela va contre les stéréotypes habituels du chantier. Il faut alors faire preuve de réflexivité : l’observateur doit toujours inclure dans ses notes les réactions qu’il suscite puis essayer de les analyser et essayer de comprendre s’il a perturbé la situation et comment. Ex : Nicolas Jounin déduit des remarques qui lui sont faites qu’il perturbe l’ordre social des chantiers et que cet ordre social est fondé sur une vision raciste du monde, puisqu’il assigne à chacun une place spécifique dans la hiérarchie du chantier en fonction de l’origine migratoire qui lui est attribuée.

II. II.1

Les différentes formes d’observation Le statut de l’observateur : éléments de définition

Le statut de l’observateur est la manière dont il se présente et se comporte sur le terrain. Deux éléments essentiels permettent de caractériser le statut d’un observateur : Le degré et les modalités de participation : est-ce que l’observateur reste extérieur à la situation qu’il observe ou au contraire y participe? Le choix d’une observation à découvert (on se présente en tant que sociologue faisant une étude sociologique) ou incognito (on ne révèle pas aux enquêtés qu’on est en train de faire une étude sociologie sur ce terrain).

II.2

Observation participante et non-participante : quelle

différence? Observation participante : l’observateur se mêle aux activités habituelles sur son terrain et adopte un rôle préexistant dans le milieu qu’il observe (Ex : se faire embaucher comme intérimaire dans le BTP comme Nicolas Jounin ; s’intégrer à un groupe de jeunes comme William Foote Whyte à Cornerville et participer à l’ensemble de leurs activités, bowling, campagnes politiques, paris clandestins). Observation non-participante : le sociologue adopte une position de simple observateur extérieur à la situation qu’il étudie (ex : observer une audience au tribunal). L’opposition entre observation « participante » ou « non participante » n’est pas toujours nette : il existe des situations où l’on participe mais à un faible degré, et d’autres situations où la participation est plus intense. Ex. Lorsque les Pinçon-Charlot participent à des réunions mondaines fréquentées par des membres de la grande bourgeoisie, ils se mêlent aux activités habituelles de leurs enquêtés en se fondant dans le public, mais participent faiblement à ces activités (ils interviennent rarement dans les conversations et se contentent la plupart du temps d’observer). On peut parler d’observation « semi-participante ». Mais lorsqu’ils sont invités à des cocktails ou des dîners en plus petit comité et connus des invités comme sociologues, ils sont amenés à participer bien plus intensément aux conversations et aux interactions et ne peuvent plus se contenter d’observer.

II.3 Observation participante : avantages et inconvénients Principal avantage : une meilleure compréhension du sens des pratiques Ex 1 : Nicolas Jounin qui comprend progressivement les raisons pour lesquelles les intérimaires attendent devant une agence plutôt que de passer de l’une à l’autre parce qu’il expérimente cette situation. Ex 2 : les Pinçon Charlot qui comprennent le sens de la sociabilité mondaine – parler au plus grand nombre de personnes pour entretenir son capital social et non pas développer de longues conversations - en participant à des cocktails et dîners.

Mais la participation n’est pas toujours possible : elle dépend des caractéristiques de l’enquêté (âge, sexe, compétences professionnelles ou sportives, etc) et du temps dont on dispose. Elle demande parfois un degré d’engagement très important (apprendre un métier comme le fait Nicolas Jounin). Inconvénient : difficulté à prendre des notes sauf si le rôle adopté prévoit l’usage de l’écriture (ex : Jounin doit prendre des notes rapides aux toilettes pendant les pauses … mais surtout reconstitue sa journée le soir, avec des risques d’oubli et de déformations).

II.4

Observation incognito ou à découvert?

Observation incognito (parfois dite « à couvert » ) : le sociologue observe une situation ou un milieu sans révéler son statut de sociologue. Observation à découvert : le sociologue révèle les raisons de sa présence sur les lieux de l’observation à tous ceux qui s’y trouvent. Entre ces deux extrêmes il existe des situations intermédiaires, où l’on est « semi-incognito) On peut se faire embaucher dans une entreprise sans informer la direction qu’on est sociologue, mais en le disant à ses collègues les plus proches (ce qu’a fait Nicolas Jounin avec certains de ses collègues) Même lorsqu’on enquête à découvert, tout le monde n’est pas toujours informé des raisons de notre présence (notamment lors d’événements publics). Ex. Lorsque les Pinçon Charlot participent à une chasse à courre, ils ont dû obtenir une invitation des organisateurs qui savent donc qu’ils sont sociologues, mais tous les participants n’en sont pas forcément informés

II.5

Les limites de l’observation incognito

Avantages et inconvénient de l’observation incognito : " Avantage : on perturbe moins la situation que lorsqu’on est connu en tant que sociologue (ex : si N. Jounin s’était présenté comme sociologue, peutêtre les chefs de chantier auraient-ils atténué leurs propos racistes).

" Inconvénients : difficile de prendre de notes ; difficile de solliciter des entretiens avec les personnes observées ou de leur poser des questions. " Dans une observation incognito et faiblement participante (ex : les Pinçon Charlot se mêlent à des réceptions ouvertes au public), risque de rester trop distant des enquêtés et de ne pas comprendre le sens de leurs pratiques. " On peut alors changer de stratégie, par exemple en se faisant connaître de certains enquêtés pour s’en faire des alliés (comme William Foote Whyte qui va être introduit à la vie sociale de Cornerville grâce à Doc). Une limite supplémentaire : les questions éthiques. " Ex. célèbre d’observation « clandestine » aux Etats-Unis lorsque des sociologues se font passer pour des alcooliques dans des réunions de l’association des Alcooliques Anonymes. Cela a créé une polémique parmi les sociologues américains, certains estimant que cela n’était pas éthique.

Références citées : → William Foote Whyte, Street corner society, 1943. → Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, Voyage en grande bourgeoisie, 1997. → Nicolas Jounin, Chantier interdit au public, 2008....


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