Chapitre 4 théories de la réception 2017 b PDF

Title Chapitre 4 théories de la réception 2017 b
Course Théorie littéraire : introduction
Institution Université de Liège
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chapitre 4...


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1 Chapitre 4. Les théories d de e la réception

4.1. Précurseurs et influences

» l’ensemble des approches visant à étudier la réception des œuvres littéraires et le rôle du lecteur On regroupe sous la bannière de « théories de la réce réception ption

dans leur actualisation actualisation. Ces approches, qui ont eu leur plus grand impact dans les

, témoignent d’un glissement de l’inté l’intérêt rêt dans le champ des recherches

années 1970

littéraires du texte à son destinataire destinataire. Elles ont modifié la nature des études

littéraires d’une façon tellement radicale que certains n’hésitent pas à parler d’une véritable « rupture épistémologique » (une rupture dans le domaine de la théorie de

) et d’une « révolution conceptu conceptuelle elle ».

la connaissance

Dès la fin des années 1960 60, les théoriciens allemands Hans Robert Jauss (1921-1997) et Wolfgang Iser (1926-

2007) élaborèrent une théorie qu’ils nommèrent l’e l’esthétique sthétique

de la réception (Rezeptionsästhetik). Leur approche de la théorie de la réception,

d’École de Constance (une ville universitaire près du lac de Constance, dans le sud de l’Allemagne), s’inspire – comme nous le verrons de façon plus détaillée dans le point 2 – de plusieurs courants antérieurs de la théorie littéraire et de quelques systèmes philosophiques modernes ou contemporains. C’est à cette école aussi renommée qu’influente que la plus grande partie de ce chapitre plus tard connue sous le nom

sera consacrée.

Bien que leurs approches s’éloignent considérablement de celle élaborée par les membres de l’École de Constance, Jean-Paul Sartre (1905-1980) et Roland Barthes (1915-1980) contribuèrent tous deux également de manière significative aux théorie théories s de la réception réception. Dans un chapitre de son célèbre ouvrage

Qu’est-ce que la littératur littérature e (1947),

intitulé « Pour qui écrit-on ? », Sartre préconise préconise, dans une perspective marxiste ,

l’engagement social et politique tant de l’auteur que du lecteur d’œuvres littéraires. Barthes Barthes, quant à lui, propose dans Le plaisir du texte (1973), une approche

’ouvrage le suggère, sur le plaisir individuel , subjectif, teinté d’érotisme, un plaisir qui naît de la lecture de certaines œuvr œuvres es appartenant à

axée axée, comme le titre même de l

des genres littéraires particuliers, comme le Nouveau Roman.

L’Italien Umberto Eco (1932-2016), s’est également intéressé à la réception des œuvres, mais d’un poi point nt de pour sa part,

vue sémiotique sémiotique. Son ouvrage Lector in

fabula (1979) a eu un impact considérable

sur l’ensemble du monde francophone.

Umberto Eco

2

Aux États-Unis États-Unis, Re René né Wellek et Austin Warren , les auteurs de la Theory of Literature (voir Chapitre 3.7.), ont appliqué les idées de Roman Ingarden (voir 4.2.) à l’étude des œuvres littéraires. Jonathan Culler (1944- ), qui s’était manifesté initialement comme un défenseur américain du structuralisme, allait par la suite s’intéresser à la réception des textes , alors que Stanley Fish (1938- ) (voir 4.5.) a amorcé un débat intéressant sur le rôle des « communautés inter interprétatives prétatives » (des communautés

caractérisées par l’emploi d’un code ou cadre conceptuel particulier) dans la réception et l’interprétation des textes. Enfin, l’œuvre de Mikhaïl Bakhtine (1895-1975) apporte un éclairage particulier au débat. Bakhtine concevait le texte littéraire comme une forme de dialogue entre

l’auteur et son héros, dialogue auquel la voix du lecteur vient se greffer à la lecture. Il considérait les personnages du roman dialogique comme l’incarnation de voix et de points de vue différents qui ne se révèlent complètement et n’acquièrent tout leur sens que lorsqu’ils sont appréhendés et « ramenés à la vie » par un lecteur lecteur. Contrairement aux partisans de théories plus rigides, les théoriciens de la réception

font pour la plupart preuve d’une attitude tolérante face à la lecture des textes textes, permettant et même encourageant la diversité des interprétati interprétations ons.

4.2. L’esthétique de la réception : genèse et développement L’École de Constance fut fo fondée ndée en 1967, année où Hans Robert Jauss donna son premier cours d’histoire littéraire (voir 4.3.) à la toute nouvelle et très expérimentale Université de Constance Constance. À cette époque , les étudiants réclamaient un plus grand pouvoir décisionnel et des programmes qui correspondaient davantage à leurs intérêts. La création

même de l’Unive Université rsité de Constance répondait à ce cette tte demande .

L’esthétique de la réception raisonne parallèlement à l’esprit « démocratique » du temps, puisqu’elle détache le processus d’interprétation des institutions dominantes ou prestigieuses prestigieuses, pour en remettre les clés (en théorie, du moins) e ntre les mains des lecteurs individuels . Dans les années 1960, les communautés de lecteurs découvraient les limites des interprétations dites objectives et systématiques

, qu’elles soient

positivistes, herméneutiques, formalistes, structuralistes ou narratologiques, et allaient à la recherche de nouvelles approches plus subjectives, plus ouvertes et

. L’esthétique de la réception répondait admirablement à ce

moins contraignantes besoin.

L’ascension de l’esthétique de la réception dans le domaine de la théorie littéraire se produisit d’ailleurs parallèlement à des évolutions comparables dans la psychologie et dans la théorie de la communication , qui avait commencé à se focaliser davantage

3 ’

sur le destinataire plutôt que sur le message, comme c était généralement le cas auparavant.

Les théoriciens de l’École de Constance durent rapidement faire face aux critique critiques s des théoriciens de la République démocratique allemande (l’Allemagne de l’Est, gouvernée par un régime communiste jusqu’en 1990). Alors qu’à à l’Oue l’Ouest st on privilégiait la subjectivité dans le processus d’interprétation par l’élaboration d’une approche centrée sur les lecteurs in individuels dividuels dividuels, à l’Est les chercheurs littéraires se préoccupaient presque uniquement des facteurs historique historiques s (présumés objectifs objectifs)

ntourant les œuvres, et ceci en accord avec l’idéologie du matérialisme historique

e

imposée par le régime. Autrement dit, les marxistes continuent à privilégier

l’étude de la production

de la littérature au détriment de celle de sa réception . À leurs yeux, une attention exagérée pour ce dernier aspect risque de verser

l’étude de la littérature dans un

subjectivisme néfaste néfaste, , considérant toutes interprétations comme également valables valables.

De plus, ils accusent l’École de Constance de sous-estimer l’importance de la position historique et sociale du lecteur et notamment le rôle déterminant de l’apparte l’appartenance nance de celui-ci à une certaine classe classe. Jauss et Iser Iser, de leur côté,

reprochent à leurs critiques de l’Est de vouloir

restreindre la liberté du lect lecteur eur et de dérober ainsi à la litté littérature rature sa fonction émancipatrice émancipatrice.

Jauss et Iser publièrent leurs ouvrages les plus importants dans le courant des années

. C’est d’ailleurs durant cette dernièr dernière e décennie que leur théorie connaît

1960 et 1970 son apogée apogée.

L’esthétique de la réception fut surtout très influente en Allemagne Allemagne, mais elle a également laissé son empreinte dans quelques autre autres s pays européens et (surtout dans les années 1980) aux Ét États-Unis ats-Unis ats-Unis. Dans le domaine francophone et en Italie ,

l’ac accueil cueil réservé aux écrits des théoriciens de l’École fut relativement limité , du fait que les théoriciens « indigè indigènes nes » (Sartre, Barthes, Eco) y dominaient le débat débat.

Dans son développement initial

, l’esthétique de la réception combinait des éléments

tirés de diverses autres théories théories. Jauss et Iser se sont notamment inspirés de la méthodologie formaliste

, qu’ils ont adaptée à leurs besoins et à laquelle ils ont

intégré des éléments empruntés à la théorie marxiste marxiste. Les formalistes soutenaient que si tous les lecte lecteurs urs disposaient des mêmes connaissances et des mêmes outils, ils arriveraient inévitablement à la même interprétation

d’un texte. Ils présupposaient donc que le texte recèle un sens caché caché,

qu’il est possible de découvrir en utilisant les tech techniques niques a appropriées ppropriées ppropriées. Cette présupposition est contredite par la pratique quotidienne qui démontre que, bien souvent, un seul texte donne lieu à plusieurs interprétations experts littéraires.

, même s’il est lu par des

4 rej rejettent ettent l’idée que le texte renferme un sens immanent immanent, et refusent également de s’en remettre à l’interprétation des lecteurs individuels pour déterminer la signification d’une œuvre, préférant exa examiner miner les influences historiques et sociale sociales s agissant sur les textes textes, ainsi que l’influence que les textes ont à leur tour sur la société . Le marxisme ne permet donc pas d’expli d’expliquer quer les variations de significations ou d’interpr d’interprétations, étations, ni l’impact variable qu’ont les œuvres sur des groupes particuliers particuliers. De plus, l’approche marxiste ne dispose d’aucune méthodologie qui permettrait au chercheur d’identifier les interprétations possibles d’un texte en se basant sur ses compos composantes antes linguistiques. Jauss et Iser s’efforcent de combler les lacunes de ces deux approches, qu’ils Les marxistes marxistes, quant à eux,

allient et complètent en prêtant une attention toute particulière à la façon dont les individus et les groupes sociaux reçoive reçoivent nt

les œuvres.

Il faut mentionner ici également l’influence du structuralisme tchèque tchèque, dont les ouvrages les plus import importants ants furent traduits à cette époque . Il s’avéra que les idées avancées par les structuralistes tchèques confirmaient à plusieurs égards les théories élaborées par Jauss et Iser.

Aux dites sources d’inspiration théoriques viennent s’ajouter des emprunts à plusieurs systèmes philosophiques philosophiques, et notamment à la phénoménologie

et l’herméneutique.

Comme nous l’avons vu dans l’introduction (2.), la tr tradition adition herméneutique était particu particulièrement lièrement influente en è me

Allemagne Allemagne, où elle a connu au 20

siècle

– avec les travaux

du philosophe Martin Heidegger (1889-1976) et de son élève Hans-Georg Gadamer (1900-2002)

– une déclinaison

phénoménologique phénoménologique.

Hans-Georg Gadamer La phénoménologie , pour sa part, est u n des plus importants courants de la

. On comprendra aisément qu’elle a exercé une influence profonde en Allemagne quand on sait qu’un philosophe

philosophie occidentale moderne tout court

allemand , Edmund Husserl (1859-1938), en fut le fondateur . Les études que le phénoménologue et esthéticien polonais Roman Ingarden (1893-1970) a consacrées

à l’esthétique constituent également une source d’inspiration importante.

4.3. Jauss : «

horizon d’attente » et « écart esthétique »

Hans Robert Jauss fit son apparition sur le devant de la scène de la théorie littéraire avec son essai « Liter Literaturgeschichte aturgeschichte als Provokation der Literaturwissenschaft » (1967,

L’histoire littéraire : un défi à la théorie littéraire) – le texte du discours

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inaugural

qu’il a prononcé après sa nomination à Const Constance ance en tant que professeur

de littérature française et qui est souvent considéré comme le « manifeste » de

l’esthétique de la réception . moderniser l’étude diachronique de la littérature littérature, allant par cela à l’encontre de sa dépréciation par le formalisme et le structuralisme . Il s’y oppose également à l’idée toujours fort répandue à l’époque qu’une œuvre littéraire aurait une signification et une valeur inhérentes inhérentes. Il rejette par conséquent une histoire littéraire qui s’arroge le pouvoir de déterminer comment les œuvres traitées doivent être inter interprétées prétées et évaluées . La signification et la valeur sont attribuées, c’est-à-dire réalisées dans la lecture . Les pratiques littéraires et métalittéraires démontrent que ce cess processus d’attribution sont historiquement variables. L’obj obj objet et propre de l’histoire littéraire scientifique est par conséquent le déroulement et l’évolution de ces processus rocessus. Cette position s’inspire de l’herméneutique gadamérienne , qui vise à reconstituer l’histoire de la réception (Wirkungsgeschichte) d’une œuvre . Gadamer (dont Jauss fut l’étudiant à l’Université de Heidelberg) conçoit le dialogue entre le Dans cet essai, Jauss se propose de re revaloriser valoriser et de

texte et les lecteurs/ lecteurs/publics publics successifs, avec toutes les interpré interprétations tations auxquelles il donne lieu, comme le déploiement historique du sens de ce texte texte.

Hans Robert Jauss

soutient notamment qu’il faut, avant d’étudier un texte littéraire, établir son « horizon d’attente » Jauss

(Erwartungshorizont ), une idée qui rappelle les théories

ř

structuralistes de Jan Muka ovský et la sémiotique de Youri Lotman (voir Chapitre 2.4. et 2.6.). Cet horizon est

l’ensemble des connaissances, des normes, des valeurs et des attentes existant auprès d’un public constitué par

historiquement et culturellement situ situé é.

l’horizon d’attente , il y a toujours un certain décal décalage age , que Jauss appelle l’ « écart esthétique » (Ästhetische Distanz). Comme Mukařovský, Jauss estime qu’un texte qui est éprouvé comme relativement distant par rapport à cet horizon – qui est donc (modérément) « tra transgressif nsgressif » et propose au lecteur d’autres normes et valeurs que celles contenues dans l’horizon d’attente – est généralement

Entre le texte littéraire et

apprécié comme étant éminemment « littéraire » / « artistique » . Cette appréciation positive ne se produit que

rarement d’emblée : dans un premier temps, les œuvres

littéraires significatives tendent à susciter des réactions négatives négatives. La disparition

et la reconnaissance des œuvres en question comme « canoniques » signalent l’établissement d’un nouvel horizon d’attente . Un bon exemple d’une telle évolution est l’accueil réservé à Madame Bovary, dont l’impartialité radicale a initialement choqué le public contemporain, pour s’ériger ultérieure de ces réactions

par la suite en nouvelle norme littéraire.

horizon d’attente n’est donc pas une donnée immuable, mais le produit d’une évolution historique historique. Ceci veut dire qu’il se trouve en état de réorganisation Un

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permanente permanente, ce qui

explique qu’une une même œuvre peut être comprise et évaluée de

façons souvent très différente différentes s à plusieurs époques consécutives consécutives.

Dans les études qu’il a réalisées, Jauss procède généralement à une analyse des éléments formels de l’œuvre. Une fois cette analyse menée à bien, il examine aussi les autres textes du même auteur , de manière à mettre en relation la réception du texte étudié avec celle de l’ensemble de l’œuvre l’œuvre. Enfin, Jauss s’efforce d’établir les liens entre l’effet du texte et les conditions historiques de sa ré réception ception . Cette démarche inclut l‘étude non seulement de la relation du texte par rapport à la littérature antérieure et éventuellement postérieure (une étude diachronique diachronique) et par rapport au système littéraire contemporain (une étude synchronique synchronique), mais également des conditions historiques « générales » ». Cependant, ce sera surtout la réception du texte qui constitue un test quant à son effet dans la réalité historique

. L’analyse de Jauss contient donc des références

aux réactions concrètes des lecteurs face au texte texte, puisées dans des comptes rendus,

x, des statistiques quant au nombre d’exemplaires vendus,

des critiques de journau etc.

Dans le développement ultérieur de sa théorie, Jauss prend ses distances par rapport

l’écart esthétique , qui reposent sur une appréciation du rôle de l’innovation dans l’év l’évolution olution littéraire qu’il juge finalement trop partiale . Jauss à ses idées sur

estime que cette appréciation fut dictée par une esth esthétique étique négative , qui a dominé

l’art et la littérature depuis le romantisme . Cette esthétique, dont les manifestations les plus récentes furent d’après Jauss la Ästhetische Theorie (1970) du philosophe allemand Adorno (1903-1969) et les écrits du groupe autour de la revue française Tel

empêcherait d’estimer à leur juste valeur toutes formes d’art et de littérature qui participent de façon positive à la vie d’une société et/ou procurent du plaisir au spectateur ou au lecteur . D’après Jauss, une œuvre peut

Quel (voir Chapitre 2.13.), nous

très bien être affirmative et progressiste à la fois fois. Elle ne doit donc pas

nécessairement s’ériger en force oppositionnelle. L’esthétique négative tend à privilégier les œuvres « autono autonomistes mistes » d’une élite avant-gardiste ascétique et à mépriser les textes qui sont accessibles au grand public et/ou procu procurent rent du plaisir à celui-

ci. C’est pour cette raison que Jauss se focalisera dorénavant sur les di différentes fférentes

formes de plaisir ( Genuss) auxquelles la littérature peut donner lieu.

Les travaux ultérieurs de Jauss attestent d’un intérêt accru pour la problématiq problématique ue de l’identification en littérature . Celui-ci doit être situé dans le cadre de la réorientation que nous venons d’évoquer. D’après Jauss, le lecteur s’identifie généralement à un ou plusieurs personnage(s) . Cette identification peut prendre plusieurs formes

(compassion, admiration, distance ironique,…). Chacune de ces formes présente des aspects positifs et négatifs aux yeux de Jauss, qui n’hésite donc pas à assumer une position normative normative. Celle-ci tient compte surtout de ce que peut appor apporter ter la

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littérature au perfectionnement de la position idéologique et du comportement social du lecteur lecteur.

Wolfgang Iser 4.4. Iser : le « lecteur impli implicite cite » et les « espaces bla blancs ncs »

L’angliciste et théoricien littéraire Wolfgang Iser emploie une méthode nettement plus rigoureuse et systématique que la méthode plutôt libre de Jauss. Son travail se caractérise en outre par une perspective synchronique

plus d’attention à l’accueil réservé aux textes individuels qu’aux développements historiques généraux. plutôt que diachronique diachronique, et prête

Tout comme Jauss, Iser fut propulsé au devant de la scène théorique

allemande par une conférence donnée à l’Université de Constance. Appellstruktur r der Texte (La structure Selon ce discours, intitulé Die Appellstruktu appell...


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