Commentaire composé - Dickens, un conte de deux villes PDF

Title Commentaire composé - Dickens, un conte de deux villes
Course Littérature comparée
Institution Université d'Aix-Marseille
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Summary

Commentaire composé sur l'un des chapitres du roman de Dickens : Le conte de deux villes....


Description

Commentaire composé, Un conte de deux villes, Charles Dickens Chapitre Le feu s'élève, p.449-452, édition Folio Classique

La deuxième partie du roman, intitulé Le fil d'or, nous plonge in medias res dans l'action : du côté du territoire anglais, bien qu'un martèlement de pas résonnent dans la tête de Lucie, la famille Manette vit paisiblement. Charles Darnay et Lucie ont trois enfants, un fils décède, les deux autres enfants grandissent normalement. Mais au delà de la Manche, la Révolution Française est en marche, le couple des Defarge mène la révolte au faubourg SaintAntoine et les paysans organisent une révolte afin de brûler le château des St. d'Evrémond. Cet épisode intervient quelques heures avant l'incendie, et présente deux paysans révolutionnaires qui vont, le soir même, participer à l'événement. Pourtant, ce n'est pas l'action historique qui est ici au premier plan. Tout se passe comme si Dickens voulait, au contraire, insérer à son roman réaliste-historique des scènes qui ne le soient pas. Dans cet extrait, il remet en cause la technique narrative traditionnelle du roman réaliste-historique, pour ensuite en bouleverser ludiquement les codes, et tout cela en combinant différents genres romanesques à succès.

Dans un premier temps, il convient d'analyser la technique narrative de l'auteur face aux caractéristiques du roman-historique. Pour commencer, alors que le roman Un conte de deux villes est caractérisé comme étant le premier roman historique de Dickens, la technique de la mimesis – une technique de narration essentielle dans ce genre de roman – n'est pas présente. Elle consiste à apporter au récit une documentation historique dense, ainsi qu'à y inclure des petits faits vrais de l'Histoire. Mais dans Le feu s'élève, Dickens ne développe pas cette technique, préférant avancer dans l'intrigue de son récit fictif. Ainsi, la rencontre singulière entre les deux hommes remplace le récit événementiel des romans historiques, et le seul passage descriptif de l'extrait concerne non pas un fait de l'Histoire, (comme cela aurait certainement été le cas dans un roman historique traditionnel), mais l'apparence physique du voyageur, l'un des deux paysans révolutionnaires. Dans l'extrait, Dickens utilise ce qui s'apparente à un genre du « surcodage », c'est à dire que le style fonctionne comme un jeu de signes, marqué par la simplicité et la redondance. Contrairement aux faits historiques qui sont singuliers, la plupart des effets du réel (un concept nommé et théorisé par Roland Barthes en 1968) sont ici remplacés par des signes répétés. Ainsi, les détails des événements, des personnages, des dialogues, ne sont pas là pour leur spécificité, mais bien pour être appuyés et évoqués à de nombreuses reprises. Le dialogue des deux Jacques – élément centrale de la scène – en est l'exemple même. En effet, lorsqu'ils disent « – Comment ça va, Jacques ? – Tout va bien, Jacques. » (p.250) ou quand ils répètent « Touche-là ! » (p.250) avant de se serrer la main, les paysans font preuve, par leurs mots et gestes, d'un comique de répétition. Ainsi, ne pas respecter la technique de la mimesis est un choix que fait Dickens, un choix qui explique pourquoi le roman est tantôt historique, tantôt considéré comme semi-historique. De surcroît, la méthode d'exposition de la scène conduit à un réalisme-historique peu marqué. Bien que l'extrait mette en scène des gens du peuple aux figures anonymes – élément caractéristique du roman historique – le manque de marqueurs historiques et l'imprécision -1-

quant au sujet de conversation des deux hommes mènent à un cadre spatio-temporel flou. En effet, un roman réaliste-historique s'efforce d'apparaître vraisemblable et explicite en regard de la vérité historique. Pourtant, il est ici du rôle du lecteur de comprendre, grâce aux nombreux indices laissés par Dickens, quand se déroule la scène et quel en est l'enjeu. Pour commencer, le marqueur temporel situé au second paragraphe indique que la scène se passe : « un jour de juillet » (p.250), mais il faut se référer au début du chapitre suivant pour comprendre qu'il s'agit de juillet 1789, soit le moment fort de la Révolution Française. Quant à la Révolution, alors en marche, elle n'est évoquée qu'implicitement, à travers l'intervention de plusieurs éléments : les deux personnages portent tout d'abord des bonnets phrygiens (le voyageur porte un « bonnet de laine rouge usagé » p.251), symbole des partisans de la Révolution Française. Ensuite, leur dialogue énigmatique semble la concerner, mais sans toutefois, que le lecteur n'en soit totalement certain. Lors de l'échange : « – Ce soir ? Dit le villageois. – Ce soir, dit l'étranger en remettant sa pipe dans sa bouche. – Où ? – Ici. » (p.250251), les interrogations brèves fournissent peu d'informations, le sujet évoqué est imprécis, et seule la lecture de la suite du chapitre donne confirmation au lecteur que les deux hommes parlent de la révolte paysanne qui a lieu le soir même, au village. De plus, le prénom des deux hommes : Jacques, est un prénom qui était attribué, à l'époque, à tous les révolutionnaires paysans. Pour finir, le titre du chapitre, Le feu s'élève, est également porteur d'un sens révolutionnaire. En effet, il fait référence aux révoltes qui se mettent en place dans le peuple et à la colère grandissante des paysans face à la monarchie. La traduction anglaise des titres de chapitres révèle de manière encore plus significative la mise en place progressive de l'intrigue : Le feu s'élève, dans sa version originale Fire Rises, est un écho au chapitre précédant The Sea Still Rises, qui est lui-même précédé par Echoing Footsteps (Échos, en français), comme si l'auteur avertissait le lecteur des liens entre les chapitres. Ainsi, ce manque de précisions dont l'auteur fait preuve, et les indices qu'il sème à travers son œuvre ne sont pas des éléments caractéristiques d'un roman réaliste-historique, qui se doit, lui, d'être le plus vraisemblable et explicite possible. Mais la technique narrative, peu fidèle à celle des romans historiques traditionnels, n'est qu'un point de départ dans la transgression des conventions à laquelle procède Dickens.

Dans un second temps, l'auteur effectue un renversement ludique les codes du roman historique traditionnel. Pour commencer, Le feu s'élève est un chapitre dans lequel l'auteur alterne successivement et joue avec les différents points de vue de la narration. Dans les romans historiques de Walter Scott – l'auteur considéré comme étant le père du roman historique – la focalisation est essentiellement une focalisation zéro. En effet, dès le premier chapitre de Waverley ou il y a soixante ans, le point de vue omniscient du narrateur (qui est, ici, également l'auteur) saisie le lecteur. Dans une tonalité lyrique, Walter Scott se met en scène afin de faire des confidences sur les personnages et sur lui-même. Ainsi, il parle de lui à la première personne du singulier, il s'adresse directement aux lecteurs et leur donne des informations sur l'histoire qui va suivre. Il connaît tout des personnages, de leur passé, de leur futur et des aventures qu'ils vont vivre. Dans la suite, bien que le « je » du narrateur n'apparaisse plus, le point de vue reste très souvent omniscient. Au second chapitre, lorsque le narrateur écrit : « il y a soixante ans qu'Edouard Waverley, le héros de cet ouvrage, quitta sa famille pour rejoindre son régiment de dragons », la focalisation zéro permet au lecteur d'avoir des informations supplémentaires sur le passé du personnage qu'il n'aurait pas eu avec la focalisation externe, -2-

par exemple. Mais au contraire, Dickens procède, lui, à une variation constante des points de vue narratifs. En effet, au début du passage, le narrateur est moraliste à la manière des prologues de Shakespeare. Dickens débute sa narration en focalisation zéro, ce qui lui permet d'émettre un jugement distancié à l'égard d'un personnage, le rhabilleur de routes : « le casseur de pierres travaillait, solitaire, sur la route poudreuse sans que le tourmentât l'idée qu'il n'était que poussière et qu'il retournerait en poussière » (p.249). Ici, la tonalité pathétique dirige l'affectivité du lecteur vers ce personnage qui se donne du mal, pour peu de résultats. Tel Dieu, le narrateur critique l'individualisme du paysan, puisque travaillant en : « solitaire » il n'est rien face à un collectif de travailleurs, un groupe soudé. Le narrateur (et donc Dickens) prône le soutien et le rassemblement des Hommes dans les luttes qu'ils défendent : s'unir pour la victoire. Mais le mode de narration change par la suite, et le narrateur ne juge plus, rapprochant davantage les lecteurs avec les personnages. Pour cela, il utilise d'abord la focalisation externe – le narrateur est un observateur extérieur qui ne connaît que ce qu'il voit, qui ne juge pas, il découvre le personnage en même temps que le lecteur – afin de décrire physiquement le voyageur. Mais pour finir, il va plus loin en terminant le passage par une narration en focalisation interne (bien qu'elle soit aussi utilisée au début de l'extrait, lorsque le villageois compare le voyageur à un spectre). Grâce à elle, le narrateur adopte le point de vue du casseur de pierres, le lecteur connaît ses pensées, il sait que : « tout inspirait au rhabilleur de routes une crainte respectueuse » (p.215) envers le voyageur, qu'il : « semblait fasciné par le dormeur » (p.251). Connaître les sentiments d'un personnage permet au lecteur de partager sa vision des événements et son angle de vue. Ainsi, Dickens, en jouant avec les différents points de vue, provoque un effet de surprise, de suspens, qui interroge le lecteur sur l'intrigue qui va suivre, sur le dénouement du récit, plus que sur les événements historiques qui s'y passent. D'une autre part, l'héroïsme dans Le feu s'élève est comique, et par ce fait, il s'éloigne de l'héroïsme traditionnel. Dickens refuse, dans ce passage, la solution traditionnelle qui est de faire d'un personnage historique (souvent issu de la noblesse), le héro de l'histoire. Comme chez Walter Scott, les héros de la Révolution sont des gens du peuple, des personnages populaires et fictifs. Les Jacques, par exemple, sont des acteurs majeurs de la Révolution alors que ce sont des personnages non-évolutifs dans l’œuvre de Dickens, des personnages de types-sociaux, enfermés dans un rôle social et caractérisé par une absence de l'individualisation du type. Mais l'héroïsme du peuple est, dans cet extrait, surtout marqués par le comique, qui est interprétable à deux niveaux. D'un côté, le terme comique peut ici désigner, selon le XVIIe siècle, non pas une œuvre amusante, mais une œuvre traitant de sujets bas, qui met en scène des personnages du peuple (qui ne sont ni des dieux ni des nobles). Il s'agit d'une histoire comique. Mais d'un autre côté, le terme désigne également le comique dans son sens contemporain, c'est à dire un registre qui se rapporte à l'humour, qui veut faire rire. Ainsi dans l'extrait, le comique de situation fait se rencontrer, par pur coïncidence, deux hommes au même prénom, appartenant à la même classe sociale (« – Comment ça va Jacques ? – Tout va bien, Jacques. » p.250). La ressemblance entre tous ces Jacques conduit à une dépersonnalisation des caractères : Jacques un, Jacques deux, Jacques trois...ce sont tous les mêmes, il devient difficile de les différencier. De plus, comme évoqué précédemment, leurs dialogues ponctués de répétitions, de redondances, (« – Ce soir ? Dit le villageois. – Ce soir, dit l'étranger » p.250) participent, eux, au comique de mots. Pour finir, le comique de gestes, dont l'effet est produit par l'interprétation, est également présent lorsque, sans raison, les deux paysans se serrent derechef la main en employant l'expression : « Touche-là !» (p. 250), une expression, qui plus est, paysanne et familière. Cependant, à l'image des héros traditionnels, les personnages de ce passage sont tout de même valorisés pour leurs qualités de combattants. -3-

Le voyageur, par exemple, semble avoir enduré de nombreuses souffrances physiques puisque : « ses vêtements n'offraient pas moins de trous que son corps n'avait de plaies » (p.252), c'est un homme : « qu'aucun obstacle n'arrêterait » (p.252). Dans l'extrait, l'isotopie du combat (avec les termes : « trous », « plaies », « arme », « tranchées » p. 252) permet de le décrire comme un homme fort, vaillant, à qui le combat ne fait pas peur. Cet héroïsme comique et peu commun est une fois de plus un moyen, pour Dickens, de se démarquer du roman historique traditionnel dans lequel Un conte de deux villes est classé. Mais Dickens va plus loin encore dans le chapitre, en allant jusqu'à mélanger les genres romanesques entre eux.

Dans un troisième temps, Un conte de deux villes est un roman historique peu ordinaire, puisqu'il se construit en se combinant avec d'autres genres romanesques à succès. Pour commencer, ce chapitre est un pastiche du roman d'aventure. En littérature, un pastiche est une pratique mimétique visant à produire un texte (ici le roman de Dickens) en reprenant les traits stylistiques marquants d’un ou plusieurs modèles (tel que le roman d'aventure, par exemple). Le roman d'aventure, quant à lui, est un récit qui se base sur l'action, qui multiplie les péripéties, qui repose sur le suspense plutôt que sur la psychologie des personnages, et dans lequel un héro évolue. L'analyse du chapitre Le feu s'élève, met en avant, en effet, la présence d'éléments types de la diégèse (c'est à dire la structure) du roman d'aventure. Dans un premier temps, l'extrait entre in medias res dans une action, le chapitre clôt la péripétie précédente et ouvre immédiatement sur une nouvelle. En effet, au chapitre XXII du livre II, les habitants du faubourg Saint-Antoine se voient pris de frénésie, ils sont emprunts de colère lorsqu'ils apprennent le retour de Foulon, un homme qu'ils voient comme un traître. Toujours caractérisé par des adjectifs péjoratifs (: « ce traître de Foulon », « Foulon le mécréant », « le vieux Foulon », « ce misérable vieux coquin » (p.244-245), à l'image des épithètes homériques qui caractérisent les personnages de l'Iliade et de l'Odyssée), il se fait tuer par la foule. Suite à cela, la rencontre calme et comique des deux Jacques est une nouvelle péripétie qui contrebalance (pendant un cours laps de temps cependant) avec l'atmosphère tragique de la scène précédente. Dans un second temps, à la manière des romans d'aventure, le suspens est bel et bien privilégié au profit de la psychologie des personnages. En effet, les personnages sociaux des deux Jacques ne sont pas individualisés, leurs traits psychologiques ne sont pas spécialement propres à chacun, mais ils sont au contraire, communs à tous. De cette façon, le suspens, mis en avant, s'instaure dans leur dialogue énigmatique : qu'est-ce qui se prépare ce soir, dont les hommes sont au courant mais pas le lecteur ? Il faut avancer dans la lecture et les péripéties pour avoir, enfin, la réponse. Dans un troisième et dernier temps, le voyageur, dans ce passage, incarne la figure emblématique du héro aventurier. Présenté comme venant : « de loin », « les pieds meurtris, les chevilles enflammées et en sang », avec des sabots « bien lourds à traîner pendant de si longues lieux » (p.251-252), il incarne le héro qui voyage dans des conditions extrêmes, tels les montagnards, les aviateurs ou les navigateurs. De plus, il est caractérisé par sa curiosité (il pose beaucoup de questions : « pas de dîner ? », « comment ça va, Jacques ? », « Où ? » p.250-251) ainsi que par son courage et sa bravoure : tel un homme fort, il ne recule devant rien et rien ne l'arrête, comme le prouve la métaphore : « toutes les places fortes avec leurs estacades, leurs corps de garde […] ne seraient que mirage à l'encontre d'un tel adversaire » (p.252). Il est donc clair que le roman d'aventure a été, pour Dickens, une source importante dans la création de son roman historique, bien que ce ne soit, pourtant, pas le seul genre romanesque dont il ait fait le pastiche. En effet, cet extrait est également un pastiche du roman à énigme, un genre du roman -4-

policier, aussi appelé polar. Le roman à énigme, qui se développe au XIX ème siècle, est un roman dans lequel le héro (ou parfois le lecteur) doit, rationnellement, rétablir l'ordre de la logique. Les lieux, presque abstraits, sont de simples décors qui ne servent qu'à dissimuler des indices. Agatha Christie, par exemple, privilégie les endroits clos où le criminel affronte le détective : tout se passe dans un wagon de l’Orient Express dans Le Crime de l’Orient Express, un roman de 1933. Selon le romancier et critique d'art S. S. Van Dine (qui a édicté, en 1928, Les 20 règles du roman policier), les romans à énigme obéissent à deux règles : la vérité doit être cachée pendant l'ensemble de l'action, mais en même temps, elle doit être accessible au lecteur, comme s'il avait la solution sous les yeux depuis le début. Tout cela pris en compte, Le feu s'élève est un chapitre dans lequel, en effet, le genre du roman à énigme est présent. Tout d'abord, les deux personnages de la scène, qui évoluent dans un lieu banal de campagne, sont mystérieux : ils ne sont pas immédiatement identifiés. Le narrateur, pour désigner les deux hommes, n'utilise que des périphrases qui définissent un statut social : « le villageois », « le voyageur », « l'étranger » « le casseur de pierres » (p.251253)...leur prénom n'est ainsi donné qu'au bout de trois paragraphes. De plus, leur âge n'est pas mentionné, et bien que la description physique du voyageur soit étoffée, sa description morale ainsi que l'apparence physique du casseur de pierre sont peu évoquées. Le lecteur a cependant accès, par l'intermédiaire d'un récit en focalisation interne, aux pensées du villageois, ce qui lui permet, même partiellement, de pouvoir s'identifier au personnage. Cette mise en scène de caractères anonymes évoque le tableau Les casseurs de Pierres de Gustave Courbet (peint en 1848), qui représente deux travailleurs sans identités dont on ne voit pas le visage. En ce qui concerne le dialogue – qui dynamise le récit – le sujet évoqué est énigmatique, implicite : de quoi ces hommes parlent-t-ils ? Le dialogue participe à la trame du roman à énigme et le lecteur se doit de rechercher des indices dans le texte pour comprendre de quoi il traite. Ainsi, les bonnets phrygiens et le prénom révolutionnaire des personnages sont des détails qui créent un effet du réel, des détails qui traitent de la Révolution et qui sont là pour aiguiller le lecteur sur le sujet de conversation des personnages : la Révolution en marche. Comme une énigme, toutes les informations nécessaires à la compréhension sont sous les yeux du lecteur, mais il ne la résout qu'à la suite du chapitre, lorsque la révolte paysanne dont les deux Jacques parlaient a lieu, et que le château des St. Evrémond est brûlé. Ainsi, le roman à énigme est le second (et non dernier) genre romanesque dont Dickens s'est inspiré pour écrire ce chapitre. Pour finir, Le feu s'élève puise également sa source dans le roman noir ou le roman gothique du XVIIIème siècle. Le roman gothique anglais du XVIIIème est le précurseur du roman noir, un sous genre du roman policier. Il se caractérise par des décors, des personnages et des situations très sombres et stéréotypées. Ainsi, les décors les plus récurrents sont des châteaux hantés avec des scènes nocturnes (comme dans MacBeth de Shakespeare), des cimetières, des lieux abandonnés, où se déchaînent des orages et la pluie. Dans l'extrait étudié, le décors n'est pas en faveur des personnages. En effet, les terres ne leur donnent pas de quoi se nourrir suffisamment, le casseur de pierres : « songeait bien plutôt combien peu il aurait à manger pour son souper » (p.249) L'adverbe de quantité « peu » insiste sur la tonalité pathétique de ce passage : le lecteur compatit pour ce paysan qui ne mange pas à sa faim. Le temps, quant à lui, est mauvais, il se déchaîne sur les deux hommes une « averse de grêle » qui les « cinglait comme une charge de minuscules baïonnettes » (p.251) La comparaison qui est faite entre la grêle et l'arme mortelle est puissante et pleine de sens, elle renvoie une image violente et terrifiante, qui -5-

contribue au pastiche du roman gothique. De plus, ce...


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