Ecole Méthodique PDF

Title Ecole Méthodique
Course TD Histoire
Institution Université Sorbonne Nouvelle
Pages 3
File Size 114.2 KB
File Type PDF
Total Downloads 35
Total Views 136

Summary

TD Histoire - Sytnhèse école méthodique
L3 Relations Internationales études européennes...


Description

École Méthodique Introduction Longtemps qualifiée à tort de positiviste, l'école méthodique représente le courant dominant de l'historiographie universitaire française, en voie de professionnalisation, depuis les débuts de la e

III République (1870) jusqu'à sa remise en cause par l'école des Annales dans l'entre-deuxguerres. L'école méthodique se caractérise par sa démarche qui identifie l'histoire comme science en posant l'équivalence de la critique et de la méthode expérimentale. Elle se définit également par ses objets d'élection : les événements singuliers, la valeur explicative de la chronologie et la politique. Enfin, elle peut se percevoir comme un savoir instrumentalisé au service de l'enseignement patriotique et républicain. Naissance d'une historiographie et naissance d'un régime, la République En dépit de la reconstruction de l'érudition critique après la dispersion, sous la Révolution, des ordres monastiques (Bénédictins de Saint-Maur), les institutions savantes, comme l'Académie des inscriptions et belles-lettres, le Comité des travaux historiques et scientifiques, l'École des chartes, n'en demeurent pas moins distantes de l'histoire narrative qu'Augustin Thierry prônait sous la Restauration. Comme le déplorait Gabriel Monod, l'un des maîtres de l'école méthodique, la tradition littéraire de l'École normale supérieure et le savoir érudit de l'École des chartes continuaient à s'ignorer. Malgré sa fréquentation intensive des archives, Jules Michelet proclame la supériorité du récit sans renvois qui le dépareraient et revendique l'existence d'une relation étroite entre son écriture de l'histoire et sa vie d'homme et de citoyen. Cette historiographie dite « romantique » n'ignore pas les sources, mais elle néglige la tradition érudite qui les authentifie et les fait parler avec prudence. En 1866, la nouvelle Revue des questions historiques ne risque guère de satisfaire tous ceux qui veulent que l'histoire soit une science puisque ses animateurs, souvent chartistes, se font les chantres de la critique mais pour écrire, de leur propre aveu, une défense et illustration de la monarchie et de l'Église de France salies par l'historiographie républicaine. Ainsi, en 1871, aux débuts de la République, le combat fait rage pour fonder les positions politiques sur une certaine conception de l'histoire de France. Aussi est-ce ailleurs que naît le ferment de l'école méthodique. Face au développement de la recherche érudite dans les académies et universités d'Allemagne, certains ministres français de l'Instruction publique, dont Victor Duruy, s'alarment des conditions de l'enseignement supérieur (cours mondains de la Sorbonne, salles désertées par les étudiants) et impulsent un nouveau dynamisme qui, faute de pouvoir bouleverser ce système, contribue à fonder, en 1868, une nouvelle institution, l'École pratique des hautes études, inspirée du modèle allemand. Sa e

IV section, consacrée aux sciences philologiques et historiques, illustre déjà le projet à venir de Monod d'articuler la critique documentaire avec l'écriture de l'histoire. Le triomphe de la méthode Si l'histoire a pour objectif d'accéder au rang de science, c'est parce que la démarche scientiste identifie vérité et science. Dans l'ombre portée de L'Origine des espèces de Charles Darwin (1859) et de l'Introduction à l'étude de la médecine expérimentale de Claude Bernard (1865), observation et expérimentation sont considérées comme les bases nécessaires de tous les savoirs vérifiables et opérationnels. e

Or les universités allemandes, depuis le début du xix siècle, ont développé et organisé un savoir historique dont les principes formulés par Leopold Von Ranke récusent toute philosophie de l'histoire et entendent seulement « retrouver ce qui s'est réellement passé » en s'appuyant sur des sources triées et épurées grâce à la critique. Ce modèle allemand d'une méthode, d'une organisation de la recherche et de son lien avec l'enseignement exerce une influence croissante à partir de la fin du second Empire et davantage encore après la défaite française de 1871. Toutefois, l'introduction du modèle scientifique dans l'écriture de l'histoire est d'abord le fait de deux auteurs qui seront pourtant critiqués par l'école méthodique dès le début des années 1880 : Hippolyte Taine (1828-1893) et Numa Denis Fustel de Coulanges (1830-1889). Bien que s'affirmant positiviste et scientifique, Taine sera rejeté pour avoir condamné la Révolution. Quant à Fustel de Coulanges, maître de nombre de ceux qui vont le décrier, il lui sera reproché, notamment par Gabriel Monod, d'ignorer les règles de la critique d'authenticité et de négliger la production des savants contemporains au profit d'une confiance abusive dans les témoignages antiques.

1  sur 3 

L'essence de la démarche de l'école méthodique va donc se cristalliser dans un cours assuré en Sorbonne par Charles-Victor Langlois et Charles Seignobos, publié en 1898 : L'Introduction aux études historiques. Tout autant qu'un vade-mecum technique sur la pratique critique des historiens, il s'agit d'un ouvrage d'épistémologie camouflée, que complète en 1901, sur le plan théorique, La Méthode historique appliquée aux sciences sociales de Charles Seignobos. Cet ouvrage entend former les apprentis historiens aux étapes de l'élaboration de la « critique externe » pour établir l'authenticité du document, et de la « critique interne » afin de déterminer ce que l'auteur a voulu dire, s'il a cru ce qu'il a dit et s'il est fondé à croire ce qu'il a cru. L'ouvrage établit également comment passer de l'analyse à la synthèse à partir d'un inventaire/questionnaire systématique. L'histoire ainsi décrite se comprend davantage comme un procédé de connaissance singularisé par son caractère indirect : « en histoire on ne voit rien de réel que du papier », écrit Charles Seignobos. Par conséquent, pour restituer le passé, cette méthode de connaissance par traces recourt à l'analogie, empruntée par nécessité à l'expérience humaine de l'historien. Deux lectures fort différentes dérivent de ces principes. La première, réductrice, qui prévaut encore dans l'ouvrage de Louis Halphen en 1946 (Introduction à l'histoire), a suscité les attaques de Lucien Febvre dans l'entre-deux-guerres. L'école méthodique se limiterait à retrouver le passé sous la forme d'une suite d'événements politiques ordonnés chronologiquement, dégagé des faux documents par la méthode critique. La seconde lecture dévoile plutôt la part de subjectivité, que Charles Seignobos a toujours acceptée, dans la pratique historique, en soulignant le rôle inéluctable du témoin et de son interprète dans une opération où l'historien « est comme un chimiste qui connaîtrait une série d'expériences à travers les rapports écrits de son garçon de laboratoire. » La diffusion de l'histoire méthodique jusqu'au cœur de la nation républicaine Le triomphe de la première lecture résulte essentiellement de l'efficacité de l'école méthodique à tous les niveaux de la recherche et de l'enseignement, avant même que Langlois et Seignobos ne la résument. Ce succès est d'abord le fruit de la Revue historique, fondée en 1876 par Gabriel Monod, sur le modèle de l'Historische Zeitschrift allemande (1859). Selon les vœux de son fondateur, la revue effectue une véritable descrimination entre les œuvres historiques selon leur qualité. Ses comptes rendus d'ouvrages, distinguant le bon grain de l'ivraie, délimitent progressivement les critères d'une histoire scientifique. Autour de la Revue historique se constitue un véritable réseau de collaborateurs. Des revues savantes plus spécialisées telles que Le Moyen Âge (1881), la Revue d'histoire moderne et contemporaine (1899) sont publiées, et une sociabilité au sein d'institutions savantes (Société d'histoire moderne et contemporaine, 1901) se développe. Ce réseau universitaire bénéficie de la place privilégiée que la République accorde à l'histoire dans les réformes successives du système d'enseignement. À la fois conséquence et cause du phénomène, les historiens méthodiques occupent des positions clés dans le dispositif de réforme : par exemple, Charles Seignobos est l'inspirateur des programmes scolaires de la réforme de 1902, Ernest Lavisse se trouve à la tête de la direction de l'enseignement supérieur et fait de l'agrégation d'histoire le modèle des autres agrégations. Parmi tous les enseignements des facultés des lettres, l'histoire bénéficie de créations de chaires plus nombreuses et autorise des carrières d'enseignement supérieur plus rapides. De plus, l'empire de la méthode historique semble s'étendre à toutes les disciplines littéraires. Cet imperium historique tient autant à la mission nationale dont sont investis les historiens méthodiques qu'à leur statut scientifique. Ernest Lavisse résume ainsi son dogme en la matière en 1880 : « ... l'effet salutaire de ce que nous faisons ici, en Sorbonne, sera ressenti quelque jour dans la plus humble école du plus humble village. J'aime à revenir à cette idée. On me reprochera d'être utilitaire : je le suis en effet. J'ai [...] cette ambition que nous contribuons à la fois au progrès de la science historique française et de notre enseignement national ». Ses travaux (son Histoire de France, rédigée par les auteurs des thèses les plus consacrées de l'université ou le « petit Lavisse », bréviaire d'histoire nationale à l'usage du primaire) illustrent à merveille cette ambition et révèlent également le lien entre la République et l'école méthodique. Les contestations et l'amorce du déclin de l'école méthodique Derrière le triomphe de l'école méthodique se cachent les linéaments d'une crise dont les conséquences ne se dévoileront totalement qu'après 1918. Tout d'abord, l'affaire Dreyfus frappe de plein fouet la communauté des historiens de métier, unie par la méthode critique. En 1898, quand Émile Zola, en s'exposant avec « J'accuse », relance l'affaire, il cite pour sa défense quelques-uns des professeurs les plus érudits de l'École des chartes afin d'établir l'innocence de

2  sur 3 

Dreyfus. Leur intervention divise la corporation des historiens ; leurs adversaires camouflent leur hostilité politique en dénonçant une trahison des principes de la méthode critique. Aussi, au sortir de l'affaire, Gabriel Monod est conscient que même la méthode de critique d'authenticité ne parvient pas à établir l'objectivité de l'historien. Le deuxième coup de semonce provient des sciences sociales naissantes qui tentent, à leur tour, de se voir reconnaître une place institutionnelle. C'est le cas de la géographie dont les relations avec la discipline historique sont étroites et complexes. Bien que Lavisse admette son importance, en intégrant dans l'introduction à son Histoire de France (1903) la leçon de géographie rédigée par Paul Vidal de la Blache, les historiens s'opposent aux velléités d'indépendance des géographes qui, pour mieux affirmer leur distinction vis-à-vis de l'histoire, insistent sur le rôle du milieu, voire sur le déterminisme. Toutefois, la remise en cause la plus sévère du modèle méthodique provient de la sociologie. Sous la plume de François Simiand, économiste disciple de Durkheim, l'histoire et sa méthode se voient récuser toute prétention scientifique pour trois raisons (Revue de synthèse historique, 1903) : elle adore « l'idole politique » de manière disproportionnée, elle révère « l'idole individuelle » parce qu'elle considère « l'histoire comme une histoire des individus et non comme une étude des faits », et enfin elle se prosterne devant « l'idole chronologique » quand il convient, selon la saine méthode durkheimienne, de « comprendre d'abord le type normal » d'un ordre de faits. Enfin, en dehors des cénacles universitaires, l'histoire méthodique est attaquée sur d'autres fronts. e

Saisissant le prétexte du 75 anniversaire de la naissance de Fustel de Coulanges, transformé pour l'occasion en historien national, l'Action française érige cette école « allemande » (Monod et ses disciples ont trouvé leurs maîtres outre-Rhin) en adversaire absolu du nationalisme monarchiste. Par ailleurs, la dénonciation de l'emprise méthodique sur l'université et sur l'« intelligence » française forment alors le fond des attaques de Charles Péguy (Clio, 1910) et d'Agathon contre la « Nouvelle Sorbonne ». Si ces attaques constituent l'arrière-plan d'une crise de conscience larvée, il faut attendre la sortie de la Première Guerre mondiale pour qu'elle devienne évidente. Lucien Febvre formule clairement ses doutes dans sa leçon inaugurale de la chaire d'histoire moderne de l'université de Strasbourg, intitulée « L'Histoire dans le monde en ruines ». Avec le culte du politique et du fait national, la science historique aurait contribué à sa manière à la catastrophe européenne. Cependant, le renouveau appelé par Lucien Febvre, que ses travaux et ceux de Marc Bloch annoncent dans l'entre-deux-guerres, ne s'effectue dans l'ensemble de l'enseignement et de la recherche historique qu'après 1945.

3  sur 3 ...


Similar Free PDFs