Françoise Héritier - exposé écrit PDF

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Ceci est un court exposé sur la sociologue Françoise Héritier. Réalisé en binôme, il regroupe les bases à connaître sur cette dernière. ...

Description

Agathe COULON Orane BODO TD1

ADAPTATION

Françoise Héritier

« Le mal commence avec l'indifférence et la résignation »

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Biographie Françoise Héritier est une grande intellectuelle qui se définie comme “une spécialiste des sociétés humaines et de l’esprit humain”. 1) Sa vie, ses études et ses recherches Elle est née le 15 novembre 1933 à Veauche dans la Loire. Elle vient selon elle “d’une petite bourgeoisie raisonnable sortie de la paysannerie”. Elle arrive à Paris en 1946 et commence ses études au lycée Racine, puis elle rentre en classe préparatoire au lycée Fénélon pour finir à la Sorbonne. C’est ici qu’elle apprendra l’histoire et la géographie. Puis, elle s’intéresse à l’ethnologie au Musée de l’Homme où elle obtiendra un certificat de licence (cette discipline n’existait pas encore à l’université). Elle suit le séminaire de Claude-Levis Strauss à l’école pratique des hautes études et choisi de diriger sa vie vers l’anthropologie sociale. A la suite de ce séminaire, Claude-Levis Strauss appui sa candidature pour une mission d’étude d’un an au Burkina Faso. En 1958, elle poursuit ses recherches avec neuf missions en Afrique Occidentale. Elle devient ethnologue africaniste et accomplit plusieurs recherches auprès de peuples comme les Samos (population mandingue de l’Afrique de l’Ouest), Panas ou Mossis. 2) Sa profession En 1967, Françoise Héritier rentre au CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique). Onze ans plus tard, elle reçoit la médaille d’argent au titre des sciences humaines pour ses travaux sur le fonctionnement des systèmes semi-complexes de parenté et d’alliance. Elle devient directrice d’études à l’École des hautes études en sciences sociales en 1980 et succède à Claude-Levis Strauss en 1982 au collège de France où elle inaugure la chaire d’étude comparée des sociétés africaines. C’est la deuxième femme admise enseignante au Collège de France après Jacqueline de Romilly (femme de lettres, philologue). Elle enseignera jusqu’en 1998 à la direction du Laboratoire d’anthropologie sociale. 3) Son champ de recherche et ses luttes Son champ de recherche se tourne notamment vers la domination masculine, les systèmes de parenté et la prohibition de l’inceste. Ses travaux sur la parenté ont permis de développer les débats autour de l’accouchement sous X, l’adoption et la procréation médicalement assistée. Elle a pris part dans des débats institutionnels, des commissions parlementaires, luttant contre la discrimination sur des grands sujets de sociétés. Elle a été à la tête du Conseil national du Sida dont elle fut la présidente de 1984 à 1995 et en partie au comité consultatif d’éthique. Elle décède le 15 novembre 2017 à l’âge de 84 ans, à Paris.

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A quelle science se rattache-t-elle ? Françoise Héritier ne se rattache pas qu’à une seule science. En effet, ses champs d’actions ainsi que ses centres d'intérêts sont multiples. On peut relever deux grands domaines scientifiques qui constituent sa science : L’ethnologie et l’anthropologie. ❖ L’ethnologie : L’ethnologie représente le fait de s'intéresser à une société toute entière, chercher à “percer les arcades, entrer dans la compréhension du jeu mental, social, de la logique des choses”. Françoise Héritier est notamment connue comme étant l'ethnologue des Samos. Selon elle, il faut se donner les limites du groupe que l’on veut étudier. Mais aussi faire du terrain une pratique. De plus, il est nécessaire de s’immerger et de vivre avec un peuple qu’on ne connaît pas, en partageant et en s’adaptant. ❖ L’anthropologie : « L'anthropologie sociale est la discipline qui par la comparaison, la réflexion et la généralisation permet de mettre en évidence, à l'échelle universelle, des lois et des invariants. »1 On accède nécessairement à l’anthropologie par l’ethnologie. C’est un autre niveau qui demande de nombreuses connaissances. Elle consiste à partir de la connaissance ethnologique que l’on a d’un groupe particulier et d’autres groupes provenant de travaux, de lectures antérieures. Il faut s'intéresser au grand ensemble de l’activité humaine afin d’essayer d’y découvrir des invariants, c’est-à-dire des relations entre deux concepts. Qui plus est, on cherche à y découvrir des lois, cela revient à identifier des items stables. On note qu’il y a des “anthropologues de bureau” mais l’expérience du terrain leur manque. Ce n’est pas le cas de Françoise Héritier qui s’est rendue sur le terrain pour mener à bien ses études. Elle a étudié de nombreux faits sociaux. Bon nombre de ses études porte sur la différenciation du naturel et du culturel. En outre, elle attribue une importance primordiale à l’éducation, qui serait selon elle, la solution à de nombreux problèmes comme le patriarcat ou la discrimination.

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Julie Chupin - Le Monde de l'éducation - Mai 2001

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Ses engagements et ses revendications ▪

La politique :

Elle participe à des débats dans des commissions parlementaires (ainsi que des débats télévisuels). Elle a également été présidente du Conseil national du sida et membre au comité consultatif d'éthique entre 1984 et 1995. En juillet 2011, elle intègre l’équipe de campagne de Martine Aubry pour l’élection présidentielle de 2012. Elle se chargeait de la thématique « Femmes ». Un an plus tard, accompagnée de plusieurs autres intellectuels, elle rédige un article dans Le Monde en faveur du candidat François Hollande. Elle prend part lors des débats sur la loi Taubira concernant l’ouverture du mariage aux couples homosexuels. Pour elle, le mariage ne relève pas de l’ordre naturel donc elle est favorable à cette idée. « Ceux qui sont hostiles au mariage homosexué croient qu’il y a un état de nature défini par un dieu tout-puissant »2. Néanmoins, elle s’oppose à la gestation pour autrui (GPA), qui, d’après elle, pourrait conduire à des abus. De plus, elle ose dévoiler son avis sur le port du voile à l’école. Elle a exprimé son désaccord avec cela en disant : « à partir du moment où on commence à revendiquer un apartheid, on travestit complètement les lois républicaines ». En 2000, elle devient membre d’honneur de l’association Femmes & Sciences. Elle fut également membre de comité de parrainage de Coordination française pour la Décennie de la culture de non-violence et de paix. ▪

Le féminisme :

Le féminisme est un « mouvement militant pour l’amélioration l’extension du rôle et des droits des femmes dans la société »3. Ce mouvement cherche à atteindre une égalité entre les hommes et les femmes. Pour Françoise Héritier, le monde repose sur une vision masculine. Son militantisme lui vient de sa vie familiale : les femmes servaient les hommes à table, ne s’asseyaient jamais, et finissaient par manger les restes de la carcasse de poulet. Elle revendique parfois implicitement et d’autres fois explicitement être féministe non militante. Elle écrit : « On dit qu'un homme ne peut pas épouser telle ou telle femme. Mais il n'est jamais dit qu'une femme ne peut pas épouser tel ou tel homme. En fait, les femmes n'ont jamais été des sujets de droit parlant dans les textes historiques »4. Elle relate toujours des faits historiques, réels pour expliciter sa pensée. En outre, elle a aussi exprimé sa vision de l’origine de la violence : « La violence n’est pas innée chez l’homme. Elle s’acquiert par l’éducation et la pratique sociale »5. Ici, elle attribue

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Journal l’Humanité – Françoise Héritier « rien de ce qui nous paraît naturel, n’est naturel » - janvier 2013 Source : Larousse 4 Article rtbf.be – Françoise Héritier, africaniste et féministe militante est décédée - 15 novembre 2017 5 Le monde de l’éducation – Juillet/Août 2001 3

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la responsabilité de la violence masculine non pas aux hommes, mais à l’éducation qu’on leur a donnée. L’inégalité des sexes viendrait donc en partie de cela. ▪

L’africanisme :

Elle a réalisé de nombreuses missions en Afrique afin d’approfondir la théorie de l'alliance et celle de la prohibition de l'inceste, établies communément sur la notion de circulation des femmes. Elle avance le concept de l'« identique » et de sa « frustration répulsive », reprenant alors les approches de Claude Lévi-Strauss et d’Alfred Radcliffe-Brown. ▪

La lutte contre la discrimination :

Françoise Héritier est contre la discrimination. Elle lutte activement contre cette dernière. Selon elle, il faut protester contre la discrimination, car parfois la loi dit le contraire de ce qu’elle fait en réalité. Du fameux « les hommes naissent libres et égaux en droit », l’expérience a montré selon l’ethnologue “qu’il s’agissait moins en esprit d’humains que de mâles”. Et il faut inscrire la légitimité dans la durée : par exemple du droit à la contraception ou à l’avortement, lorsque le principe laïc s’oppose au religieux. Elle explique qu’il est nécessaire d’innover les lois antérieures, contraires à la Constitution, pour ce qui est de l’égalité des droits. On voit dans les débats actuels à quel point sont liées ensemble, pour fonder l’archaïsme dominant (caractère qui date d’une autre époque), les notions de génération, de sexe et de genre. Pour Françoise Héritier, il faut promouvoir ce qu’elle appelle l’exo-procréation, essentielle pour changer radicalement de modèle. Les religions révélées ont ajouté le poids de la faute et de la culpabilité. Les femmes n’étaient que des corps utilisables par les hommes. Mais elles ne pêchaient pas. Elle pense qu’une loi dite divine les a rendues coupables. Il faut fonder notre réflexion sur la laïcité. Il n’y a rien de divin ou de naturel dans nos constructions mentales et sociales. La liberté créative et l’imagination de notre espèce sont niées par le dogmatisme, le fanatisme, l’ethnocentrisme et l’intolérance. Or nous sommes en train de participer sur le long cours (grâce à la possibilité de procréer hors du corps et à l’égalité des droits de l’individu) à une mutation aussi spectaculaire et productrice de sens que celle qu’a engendré autrefois l’instauration de la nécessité du mariage entre sujets n'appartenant pas au même groupe de parenté et de la valence différentielle des sexes.

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Son rôle dans le développement des sciences Françoise Héritier va défendre des sujets qui la suivront toute sa vie. Elle a eu un rôle essentiel dans les sciences de la famille et de la parenté. Au centre de ses recherches figurent notamment : o Le rapport homme / femme : une domination masculine Françoise Héritier fonde principalement sa science sur une société qui se compose d’une vision masculine du monde. L’observation ethnologique montre que ce sont toujours les hommes qui échangent les femmes, et non pas l’inverse. Les hommes ont la main sur l’échange matrimonial, bien que les femmes participent parfois aux échanges, plus souvent intimes que publiques. Ce droit prioritaire repose sur un système de représentation qu’on retrouve dans les bases de toute société. Si parfois les femmes ont plus de pouvoir qu’ailleurs, il reste que c’est toujours la même règle générale. o La prohibition de l’inceste : La prohibition de l’inceste est une immense innovation, positive, qui oblige les humains à sortir de l’entre-soi pour coopérer avec les autres par l’échange. Pour les hommes, cela se traduit par l’interdiction de toucher aux femmes du groupe pour les proposer aux hommes d’autres groupes en échange de leurs filles ou sœurs. Les bases d’une société paisible et stable sont ainsi jetées. La vie totalement refermée sur soi n’est pas viable éternellement. o Les nouvelles filiations : Les deux principaux heurts pour la pensée sont deux sexes apparents et le fait que les parents naissent inéluctablement avant les enfants. Si on combine les positions sexuées respectives parents et enfants, en utilisant ces butoirs, il y a six combinaisons possibles de systèmes de filiation. Seulement quatre ont été réalisées par les sociétés humaines : unilinéaire qui est patri- ou matrilinéaire, bilinéaire, cognatique (la nôtre). Et deux ne sont pas réalisées : parallèle et croisée. Le système croisé est très rare et représente une filiation de père à fille et de mère à fils. Tout système idéel de filiation échappe à une nécessité perçue comme naturelle.

Ses principaux travaux ● Françoise Héritier, Masculin-Féminin I. La Pensée de la différence, Paris, Éditions Odile Jacob, 1996. ● Françoise Héritier, Masculin-Féminin II. Dissoudre la hiérarchie, Paris, Éditions Odile Jacob, 2002. ● Françoise Héritier, Hommes, femmes : la construction de la différence, Paris, Édition Le Pommier, 2010. ● Françoise Héritier, Le Sel de la vie, Paris, Édition Odile Jacob, Paris, 2012. (Prix Simone-Veil 2012) ● Françoise Héritier, Au gré des jours, Paris, Éditions Odile Jacob, 2017 6

Webographie •

« Françoise Héritier », babelio.com [consulté le 02.12.2019]

URL : https://www.babelio.com/auteur/Francoise-Heritier/28133 •

« Samo (pleuple) », Wikipedia.org, 26 mai 2019 [consulté le 03.12.2019]

URL : https://fr.wikipedia.org/wiki/Samo_%28peuple%29 Aliocha Wald Lasowski, « Françoise héritier ‘’rien de ce qui nous paraît naturel n’est naturel’’ », Humanite.fr, Vendredi 18 janvier 2019 [consulté le 03.12.2019] URL : https://www.humanite.fr/tribunes/francoise-heritier-rien-de-ce-qui-nous-parait-natu-513170 •

•

« Citations célèbres », citation-celebre.leparisien.fr [consulté le 04.12.2019]

URL : https://citation-celebre.leparisien.fr/auteur/francoise-heritier •

Eric Feferberg, « Françoise Héritier », franculture.fr [consulté le 06.12.2019]

URL : https://www.franceculture.fr/personne-francoise-heritier#biography • “Françoise Héritier”, Wikipedia.org, 5 décembre 2019 [consulté le 07.12.2019] URL : https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7oise_H%C3%A9ritier • « Françoise Héritier », culture.gouv.fr, 23 décembre 2017 [consulté le 07.12.2019] URL : https://www.culture.gouv.fr/Sites-thematiques/Patrimoine-ethnologique/Soutien-a-la-creationaudiovisuelle/Collection-L-ethnologie-en-heritage-DVD/Francoise-HERITIER “Tat avec Françoise Héritier, ethnologue et antropologue », Youtube.com, 2014 [consulté le 08.12.2019] URL : https://www.youtube.com/watch?v=Lt7y6vEnpyo •

• Définition féminisme, Larousse.fr [consulté le 08.12.2019] URL : https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/féminisme/33213 « Françoise Héritier, féministe engagée dans les débats de société, est morte », lexpress.fr, 15 novembre 2017 [consulté le 10.12.2019] URL : https://www.lexpress.fr/actualite/societe/francoise-heritier-feministe-engagee-dans-les-debatsde-societe-est-morte_1960898. html •

• “Ce soir (ou jamais), youtube.com, 10 novembre 2009 [consulté le 12.12.2019] URL : https://www.youtube.com/watch?v=ZPDoho_DUj0

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