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L’INCIPIT DE ROMAN Définition/rôle incipit roman :!

- incipit (du latin incipere : commencer) = la première phrase du texte, aussi nommée «"phraseseuil"» (peut faire une ou plusieurs pages) / le début du roman en général!

- amorce d’un texte qui ouvre la porte de l’imaginaire de l’auteur! - pas forcément belle, ni originale MS toujours précieuse et émouvante! - symbolise le seuil du livre, le point de passage entre deux mondes, la main tendue de l’auteur au lecteur!

- doit donner le ton d’une histoire et l’envie de lire la suite.! - informe en mettant en place les lieux, les personnages et la temporalité du récit! - c’est "le «"la"» d’un livre, dans sa forme, son rythme, le choix des mots, sa précipitation ou sa -

lenteur, son intention à décrire ou sa tendance à l’ellipse, sa volonté de séduire ou sa curieuse banalité! Conditionne le récit (en livre les clefs)! Enjeu considérable : premier contact avec le lecteur donc lieu stratégique : établissement de leur première communication! But de l’auteur : légitimer son ouvrage!

Les quatre fonctions de l’incipit : ! •

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FONCTION DE CODIFICATION : annoncer et préparer la suite du récit. Définition du roman en tant que genre littéraire (avec parfois la référence à d’autres genres littéraire : particularités qui rappellent le théâtre, la poésie…), et définition de son genre romanesque (roman épistolaire, roman réaliste). Choix de narration (point de vue utilisé (parfois différent du reste du roman), vocabulaire employé et donc niveau de langage auquel il est rattaché). ! FONCTION DE SEDUCTION attirer la curiosité/l’attention du lecteur et donc l’intéresser ; l’accrocher et le séduire, lui donner envie de poursuivre sa lecture. Procédés possibles : l'imprévisibilité du récit, l'adresse directe au lecteur, la confrontation de celui-ci à une énigme ou l'entrée d'emblée dans l'intrigue! FONCTION D’INFORMATION ET DE THEMATISATION (ou d’anticipation) : informer le lecteur sur les principales informations du récit (personnage(s), cadre spatio-temporel : lieu(x) et temps, etc.)"; Annonce des grands thèmes qui vont régir le roman. La création d’un monde fictif. ! FONCTION DE DRAMATISATION : installer le lecteur dans le cadre, le contexte (arrivée soudaine ou progressive d'un événement par exemple, mesure dans laquelle le lecteur est informé de la situation (privilégié par une narration omnisciente) ou s’il est plutôt dans le mystère (au même titre que les personnages avec le point de vue interne à l’un d’entre eux ou bien plus encore qu’eux en étant tenu volontairement à l’écart de leurs pensées et des informations qu’ils connaissent). La mise en situation du lecteur dans ce monde fictif. !

Possibilités de formes d’incipit (peuvent s’additionner les uns aux autres) :! LES INCIPITS A DRAMATISATION RETARDEE : ! - L’incipit «!statique!». Situation initiale (apport des informations essentielles à la compréhension du récit), réel rôle d’introduction. Très informatif, décrit avec une grande précision le décor de l’histoire, les personnages, le contexte historique/social/politique/économique de l’action. Multitude de détails dont le lecteur s’attend à ce qu’ils servent dans la suite du récit, et qui plongent donc ce dernier dans un état d’attente. Roman réaliste. Saturation informative.! - L’incipit «!suspensif!» : donne peu d’informations et cherche à dérouter le lecteur. Raréfaction informative. (L’enfant méduse de Sylvain Germain, Le diable au corps de Raymond Radiguet)! LES INCIPITS A DRAMATISATION IMMEDIATE : ! - L’incipit «!progressif" : distille petit à petit des informations mais ne répond pas à toutes les questions que peut se poser le lecteur. Forme originale, incipit qui semble s’éloigner de son propre rôle. (ex : Mme Bovary de Flaubert)! - L’incipit «!dynamique!», entrée in medias res (latin : «"dans le vif du sujet"», «"au milieu de la chose"») dans une situation donnée sans prendre le temps de l’introduire avant (le récit débute dans le feu de l’action, c’est comme si le lecteur prenait le récit en cours de route et que l’histoire avait déjà commencé : effet de style voulu par l’auteur) L’élément modificateur (dès le

début du roman) : plonge le lecteur au coeur de l’action sans qu’il y soit préparé. L’action et les personnages en paraissent plus vivants. Technique héritée du genre épique : effet dramatique immédiat (surtout présent dans romans du XXe). Raréfaction informative. (ex : Les faux monnayeurs d’André Gide / Jacques le Fataliste de Diderot : l’auteur refuse de présenter Jacques et son maître autrement que par le dialogue : remise en cause des principes du genre romanesque. Ce dialogue semble s’être instauré avant le début du roman + Adresse directe au lecteur (surprenant : désinvolture de l’auteur) / L’Etranger d’Albert Camus («"Aujourd’hui, Maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas."»)! Les situations type d’un incipit : !

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le départ (Corinne de Madame de Staël)! l’arrivée (Le grand Meaulnes de Alain Fournier)! la découverte (Au Bonheur des dames de Emile Zola)! l’attente (L'assommoir de Emile Zola, la rencontre Aurélien de Louis Aragon)!

Les différentes types d’incipit : !

- L’incipit «!ironique!» : le rôle de l'ironie comme signe de l'entrée en fiction. Par l'ironisation du

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topos on montre au lecteur la présence d'une fiction. L'ironie dénonce l'artifice, elle met en place une distanciation par rapport au texte : en signalant par jeu les artifices de l'écriture romanesque on en amoindrit la portée. Plusieurs écrivains jouent avec les typologies des incipit et avec les informations que l'on peut fournir au lecteur: Denis Diderot dans Jacques le fataliste, Buvard et Pécuchet de Gustave Flaubert, Jean-Paul Sartre dans La Nausée, Raymond Queneau dans" Les fleurs bleues. ! La fiction assumée : Dans le cas de Lesage au contraire l'écrivain affiche la totale fictionnalité de son ouvrage, tout est inventé et les possibles correspondances avec la réalité contemporaine sont dues tout à fait au hasard.! Le récit prétendu de la réalité : Dans le cas de Marivaux, l'auteur" cherche aussi à montrer que ce qu'il va raconter est vrai. Le topos du manuscrit retrouvé est très répandu au XVIIIe siècle et sert à l'écrivain pour montrer qu'il n'est pas responsable du texte qu'il présente, mais il en est seulement l'éditeur. En outre il explique toujours que le but de son édition est tout à fait didactique: il croit que la lecture pourrait être utile et enseigner quelque chose au public.!

Les différentes manières d’exposition des codes du roman par l’auteur :!

- directe (discours métatextuel sur la nature, le code, le genre et le style)! - indirecte (références transtextuelles: à d'autres textes ou modèles)! - implicite (le texte expose son code et oriente la réception). Autoréférentialité du texte." L’incipit, ou la tension entre le réel et le fictif :! - Les informations référentielles renvoient à la réalité que le lecteur connaît, celle du monde (descriptions techniques sur les milieux, Zola, La bête humaine)! - Les informations constitutives revoient directement à l'univers fictionnel (les informations sur les liens entre les personnages, Zola, L'Oeuvre).! L'union de ces deux niveaux de l'information constitue une tension d'information. Cette tension va, selon les cas d'une saturation de l'information à une raréfaction de l'information.! Ou se termine un incipit ? Le passage de l’incipit à l’oeuvre ! Problèmes de la détermination des frontières de l'incipit: l'incipit ne correspond pas à la première phrase, comme on lit dans les dictionnaires ou comme on le croyait au Moyen Age. L'incipit est la première unité du texte, dont l'ampleur est très variable : de la première ligne au premier chapitre. Pour bien délimiter un incipit il faut trover un effet de clôture, ou une fracture, formelle ou thématique qui isole une partie du texte." - indications de l'auteur, graphiques; - effets de clôture dans la narration, ou passage à un autre discours; - passage de la narration à la description ou viceversa; - passage du plan de la narration à celui du commentaire et viceversa; - changement de voix ou de niveau narratif; - changement de focalisation;!

- fin d'un dialogue ou d'un monologue; - changement de temps ou de lieu dans le récit! Citations roman : ! "L’auteur, dans son œuvre, doit être comme Dieu dans l’univers, présent partout, et visible nulle part."! Gustave Flaubert ! "Chaque romancier, chaque roman doit inventer sa propre forme. Aucune recette ne peut remplacer cette réflexion continuelle. Le livre crée pour lui ses propres règles."! Alain Robbe-Grillet!...