La chute de la Maison Usher: The Fall of the House Usher, Ivan Barnett, 1950. PDF

Title La chute de la Maison Usher: The Fall of the House Usher, Ivan Barnett, 1950.
Course Histoire
Institution Université Le Havre Normandie
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La chute de la Maison Usher: The Fall of the House Usher, Ivan Barnett, 1950...


Description

La chute de la Maison Usher/ The Fall of the House Usher, Ivan Barnett, 1950. Le cinéma fantastique, souvent relié au genre gothique apparaît dès les premières heures du cinéma avec par exemple Le Manoir du Diable en 1896. Ce genre dans le cinéma dispose sur la toile de nombreuses histoires : monstres, sorcières et autres créatures sorties de l’imaginaire littéraire mais aussi social. Les sorcières sont en effet depuis le Moyen-Age des soigneuses, des veuves, des femmes ostracisées de la société, pendues, noyées ou brûlées si les récoltes sont mauvaises ou lors des fameux procès en Europe entre le XVIème et le XVIIème siècle. Le film fantastique le plus connu est l’adaptation du roman de Bram Stoker, Dracula de 1897 : Nosferatu en 1922 par le réalisateur allemand Friedrich Wilhelm Murnau. Mais le fantastique se lit surtout comme Le Château des Carpathes de Jules Verne publié en 1892. Autant dans le cinéma que dans la littérature, c’est un style qui possède ces propres codes : des créatures, une ambiance particulière : l’action se déroule souvent dans des pays lointains souvent encore coincés dans une époque proche du Moyen-Age, le personnage principal rencontre ou entend parler d’une personne mystérieuse, presque centenaire ou millénaire afin d’appuyer encore plus le côté légendaire. L’ambiance est souvent pesante, le château ou le manoir plus que lointain, l’intrigue se forme et vit la nuit, souvent avec lune pleine et un bestiaire lié à l’étrange et aux créatures fantastiques : chats, chouettes, hiboux, chauve-souris et plus récemment, les loups. Un manoir isolé, des personnes étranges ou proches de la folie, un personnage qui se rend dans cette demeure lugubre, ce sont les codes que l’on retrouve dans La Chute de la Maison Usher, une nouvelle publiée en 1839 par le poète et écrivain Edgar Allan Poe. Poe est un habitué du gothique et du fantastique il n’a presque écrit que cela. Sa nouvelle la plus connue est bien sûr Le Chat Noir publiée en 1843, son poème le plus fameux, énigmatique est Le Corbeau en 1845 et une autre nouvelle qui sait faire frissonner est Ligeia en 1838. Edgar Allan Poe est donc un auteur qui a participé à la fondation du style littéraire gothique et fantastique mais aussi à l’instauration de ces codes où tout n’est qu’énigme même une fois l’ouvrage refermé. Les adaptations de ses nouvelles sont donc les matériaux les plus solides afin de faire revivre le cinéma fantastique dont l’âge d’or est passé pour des films de guerre ou de propagande durant la Seconde Guerre mondiale. La Chute de la Maison Usher fait partie des derniers films fantastiques que nous pourrions nommer « classique » avant une nouvelle vague qui s’opère surtout en 1957 où les monstres ne sont plus aussi effrayants mais &s’adressent surtout aux adolescents sur de la musique Rock’N’Roll. Jonathan se rend donc dans le manoir de son ami Roderick Usher. Ce dernier l’a pressé de se rendre chez lui. Roderick et sa cadette Lady Madeline sont tous les deux très souffrants. Dans ce manoir, plusieurs événements étranges vont se dérouler, les deux héritiers Usher sombrant peu à peu dans une folie qui mène à la destruction de la maison Usher et de tout le mystère qui entoure cette étrange lignée. La destruction ne laisse que comme seule témoin et survivant Jonathan. Tourné en noir et blanc par Ivan Barnett, un réalisateur anglais né en 1925 et mort en 2013. Sa carrière cinématographique courte ne laisse que deux films véritablement connus : Robbery with Violence en 1958 et le film que nous étudions. Il adapte donc la nouvelle du même nom d’Edgar Allan Poe mais propose-là une réécriture de la nouvelle. Ivan Barnett réalise ce métrage dans une époque où le fantastique est de retour, de nouveaux films après la guerre sont réalisés afin aussi de faire oublier la guerre et d’avoir peur différemment. Il est de plus réalisé dans un contexte de reconstruction notamment pour l’Angleterre, pays dans lequel le film est tourné. Les monstres sont parfois réécrits, leur esthétique change mais ils restent les mêmes, toujours inspirés par la littérature anglaise. Pour cette adaptation, le film est tourné dans les Hastings dans le Sussex avec un budget très petit fourni par la compagnie GIB Films et des acteurs inconnus : Kaye Tendeter dans le rôle de Lord Roderick Usher, Irving Steen dans le rôle de Jonathan. La seule grosse tête d’affiche de ce casting anglais est Gwendoline Watford dans le rôle de Madeline Usher. C’est Ivan Barnett qui participa le plus à la production du film débutée en 1948 puisqu’il porta plusieurs casquettes : celle du

producteur, du directeur et du cinéaste. De plus l’équipe était plus que réduite, le budget ne le permettant pas. La musique fut néanmoins créée par William Trytel qui travailla notamment sur le film Bella Donna de 1934. Lors de sa sortie, le film fut bien accueilli et connu même un certain succès. De plus, le film considéré comme trop effrayant reçut une limite d’âge. Eclipsé dans les années 1960 par l’adaptation de Roger Corman et Vincent Price mais aussi parce que le film ne semble pas s’être exporté en dehors de l’Angleterre, il n’y a que très peu d’informations. Pour une production à petit budget, le film arrive tout de même à être originel. C’est une adaptation qui apporte cependant des éléments intéressants. La production semble dans la lignée des productions des années 1950 : le film est tourné en noir et blanc avec une caméra assez rigide avec des plans très larges sur les demeures, les objets ou encore sur la nature. Il y a en effet que de très rares gros plans sur les visages ou les regards. Tout est lointain et froid dans ce film. De plus, on retrouve comme dans de nombreux films tournés en noir et blanc des jeux entre les ombres et les lumières. Certains objets tels que les verres ou même la corde et le nœud du pendu. Les ombres augmentent leur taille et leur donne une apparence et des formes dangereuses, inquiétantes qui servent d’avertissement. Le verre de lait rappelle les vanités mais les gros plans sur ce dernier peuvent nous faire penser qu’il a été empoisonné. Les vanités sont des styles de peinture liées aux natures mortes et qui servent de memento mori. Le gibet quant à lui, que l’on retrouve dans une des nouvelles d’Edgar Allan Poe : Le Chat Noir est l’objet qui informe et scelle la fin du film : la mort, la souffrance et la folie. L’ombre qui domine les corps montre très souvent que la personne est un danger mais aussi car l’action se déroule principalement de nuit dans le film. Tout ces jeux d’ombres et de lumière ainsi que le premier plan appuyé sur le manoir m’ont fait rappeler deux films. Pour les ombres, j’ai pensé à La Nuit Du Chasseur de 1955 avec Robert Mitchum par Charles Laughton. En effet, elles sont très souvent appuyées sur le prêtre meurtrier afin de montrer un aspect démoniaque et dangereux. Le gros plan sur le manoir rappelle les plans sur le manoir Bates dans Psychose d’Alfred Hitchcock en 1960, là encore, un film où les ombres et les lumières jouent un rôle très important. Enfin, le film appartient au genre fantastique tout d’abord pour la nature : froide, morte, les branches des arbres sont nues et gigantesques et semblent vouloir attraper les personnages. Elles les englobent et les emprisonnent ainsi que le plan. Les bâtiments ensuite sont tout autant gigantesques et inquiétants, le manoir Usher est isolé de tout et de tout le monde, on apprend d’ailleurs son existence non pas dans une taverne mais dans un country club où sa légende est relatée. C’est ensuite un film fantastique puisqu’il traite notamment de la folie avec des aspects fantastiques. L’aspect catatonique, l’inexpressivité de Lady Madeline et ses vêtements toujours blancs lui donnent un aspect fantomatique. Ces deux héritiers Usher subissent ensuite une malédiction à cause de leur mère infidèle qui fut torturée avec son amant dans une salle de torture. Cette même mère survit mais ne peut plus parler, elle a un aspect de sorcière, elle est vieille et ridée, ses vêtements ressemblent aux vêtements d’une sorcière à l’instar de son nez. C’est une mère aussi folle puisqu’elle tue un personnage nommé Richard alors qu’ils tentent de la tuer et tente ensuite de tuer sa fille. Le médecin aussi peut appartenir au genre fantastique, proche de la famille Usher avant même la naissance des deux héritiers, malgré sa fonction qui devrait lui faire trôner le rationalisme, il croit en la malédiction sur Roderick et Madeline et fait même tout pour la corriger. Il est de plus très étrange, presque effrayant puisqu’il met en garde, dès son arrivée le narrateur du danger et du mystère qui entourent le manoir. Enfin, en plus de la salle de torture, nous avons non pas des catacombes mais le caveau familial où l’on enterre vivante et qui finit par s’extraire de son cercueil tel un esprit vengeur ou une première idée du zombie filmé dans les années 1960 par George Romero. Enfin, pour l’esthétique, comme nous l’avons vu, c’est surtout une utilisation du noir et blanc avec un travail sur les ombres et les lumières avec un oubli sur les visages afin de leur donner un air fantomatique. Dans ce film, l’accent est mis sur le son, il y a en effet de nombreux moments où ce n’est qu’un silence pesant qui se fait entendre, les voix ont des airs d’écho et la musique principalement faite de cuivres et de cordes aux airs lourds et dans la langueur se coupent très souvent brutalement pour laisser place à un silence de nouveau pesant. Les bruits sont toujours quelque chose de perçant, les cris des chouettes et

des loups, les bruits du marteau frappant les clous du cercueil puis se joignant au rythme régulier du pendule refroidissent encore plus l’atmosphère. Ce marteau et ce pendule faisant certainement référence à la nouvelle Le Puits et le Pendule de 1842 de Poe sonnent un glas que Roderick ne supporte pas d’entendre. Mais lorsque les silences reviennent, ils montrent d’autant plus l’aspect mortifère de la demeure, toute joie l’a quittée et il ne reste que la mort et la désolation. La séquence la plus intéressante de ce film est celle où la mère s’échappe de la salle de torture pour se rendre dans le manoir elle commence à la minute 40 et se termine à 45ème minute. Elle se dirige vers la chambre de sa fille. Sa démarche est hésitante, penchée en avant, elle titube très souvent et peut là encore faire penser à un mort. Une fois dans le manoir, elle perce des planches et se faufile à l’intérieur. Mais avant, elle sort des bois qui entourent la demeure tel un monstre qui ne s’éveillerait que la nuit ou telle une sorcière rejoignant un sabbat puisque les sabbats avaient surtout lieu dans des forêts, la nuit. Ses mouvements s’accompagnent d’une musique qui prône le mystère, de plus, on ne la voit presque pas, ses vêtements noirs nous font deviner que c’est elle. Elle est tapie dans l’ombre, elle y appartient. Cette mère torturée et meurtrière représente une sorte de démon apparaissant lors des hallucinations nocturnes, de paralysie du sommeil. Cette mère est le démon assis sur la poitrine d’une femme endormie et qui lui inflige de violents cauchemars dans le tableau Le Cauchemar de Füssli de 1781. Elle est un fantôme qui se faufile dans tous les coins et les recoins de la demeure et connaît chacune des portes secrètes. Lorsqu’elle entre dans la chambre de sa fille, son horrible visage dans la lumière, le monstre est visible, elle s’approche et cette scène nous rappelle bien sûr la fameuse scène de Nosferatu alors qu’il se penche et étend ses griffes vers la jeune femme. La position de la main est similaire à celle de l’ombre de Nosferatu. Elle tente d’agripper sa fille, peut-être par le cou mais elle se réveille. On ne sait donc pas si cette sorte de sorcière a agi dans le but de tuer sa fille ou bien dans un geste désespéré de mère qui n’a que trop peu connu son enfant. La séquence se termine avec le monstre retournant dans l’ombre, le domestique jurant qu’il a tout fait pour le retenir d’entrer en fermant toutes les issues et ne sachant pas comment elle a réussi à entrer et enfin par la narration de Jonathan, un personnage que l’on ne voit que très peu durant tout ce film. C’est la monstre et le choc qui mènent Lady Madeline vers un état catatonique. J’ai écrit au début de ce devoir que le film réalisé par Ivan Barnett était une réécriture de la nouvelle. Bien que le film suive les principaux aspects du récit, il en ajoute et change bien d’autres. Jonathan n’est plus le personnage principal comme dans la nouvelle. Il est un personnage que l’on voit à peine, il n’agit presque jamais, ne prend part à rien et ne narre que très peu l’intrigue. Le personnage de Roderick quant à lui est plus que fidèle au personnage de la nouvelle : sensible au bruit, à la lumière et ne pouvant porter qu’une sorte de tissu, il est le personnage qui fait sombrer tout le monde dans la folie. C’est lady Madeline qui a un rôle bien plus pondérant, elle est celle qui plonge dans l’intrigue et les mystères afin d’en défaire les nœuds et sombre elle aussi dans la folie. Dans la nouvelle, elle parle et bouge peu, elle est presque toujours couchée. Madeline est aussi celle qui pousse à la destruction de la maison, elle est découverte encore en vie et morte à la fin, on la sait décomposée et a pourtant l’air si vivante. De plus, le personnage principal découvre des dents de Madeline dans une petite boîte. La mère aux aspects de sorcière n’apparaît d’ailleurs pas dans la nouvelle et la destruction du manoir est différent. Il prend feu à la fin du film et Jonathan regarde tout disparaître. Dans la nouvelle, il fuit tandis que la maison a des aspects vivants, elle se tord sur elle-même, emportant avec elle Madeline et Roderick et elle disparaît totalement, il n’en reste plus aucune trace. La Chute de la Maison Usher est donc un film qui reprend les codes du fantastique, il n’en apporte cependant pas. Il y a un aspect sensuel avec la beauté cadavérique de Madeline, la blancheur du teint était une chose que Poe a presque toujours mis en exergue en écrivant ses personnages féminins. De plus, on devine dans la nouvelle que les deux héritiers ont des relations incestueuses. Tout dans le film a des aspects oniriques qui nous font très vite sombrer dans le cauchemar et la folie. Il y a ensuite l’omniprésence de la mort liée à la sexualité, c’est la femme qui tue l’homme dans ce film. Il y a de plus un effet très répulsif en ce qui concerne Lady Madeline qui n’est pourtant pas une femme fatale. Le fantastique au cinéma est encore très présent,

les sorcières attirent encore énormément, en effet, The Witch de Robert Eggers de 2015 a beaucoup plu et notamment pour le symbolisme et l’ambiance de l’œuvre. Nous y avons retrouvé le bestiaire de la sorcière : le bouc noir et les chats mais aussi son aspect sensuel, érotique, charmeur et enfin son repaire dans la forêt où elle opère des sabbats et des sacrifices de garçons.

Bibliographie : CASTORIO Jean-Noël, le cours d’Unité Libre sur le Cinéma de Genre de l’année 2019-2020. POE Edgar Allan, La chute de la maison Usher et autres nouvelles, 93 pages, Librio Imaginaire, Flammarion, 2009, Paris. POE Edgar Alle, Ligeia suivi de Aventure ans pareille d’un certain Hans Pfaal, 91 pages, Librio, Flammarion, 2001, Paris. SADOUL Barbara, La dimension fantastique-3. 10 nouvelles de Flaubert à Jodorowsky. Anthologie présentée par Barbara Sadoul, 122 pages, Librio, Flammarion, 2000, Paris. Sitographie : BARNETT Ivan, The Fall of House Usher, GIB Films, 1950, sur Youtube, Roger CAILLOIS, Éric DUFOUR, Jean-Claude ROMER, « FANTASTIQUE », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 21 avril 2020. URL : http://www.universalisedu.com.ezproxy.normandie-univ.fr/encyclopedie/fantastique/....


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