Le totalitarisme et les informations de masse PDF

Title Le totalitarisme et les informations de masse
Course Introduction à la Sciences Politique
Institution Institut d'Études Politiques de Paris
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Etude du lien entre le totalitarisme et les informations de masse....


Description

PLAN : Le totalitarisme et les informations de masse "Les dirigeants de l'AKP (le Parti de la justice et du développement au pouvoir) considèrent désormais toute critique démocratique comme une attaque contre l'Etat", écrit le prédicateur Fethullah Gülen dans une colonne publiée dans le New York Times. Il y dénonce un virage totalitaire opéré à base de purges de masse parmi les opposants et journalistes, amenant par la même à considérer toute opposition critique comme ennemie de la démocratie. Pour autant, désigner ce pays comme un régime totalitaire constituerait un abus de langage, puisqu'il est important de rappeler qu'on désigne totalitaire un régime qui fonctionne sur le mode du parti unique interdisant toute opposition organisée ou personnelle, accaparant tous les pouvoirs, confisquant toutes les activités de la société et soumettant toutes les activités individuelles à l'autorité de l'État, selon la définition du CNRTL. On notera cependant que ces principes de censure et de mobilisation des peuple par les informations de masse qui renaissent en Turquie appartiennent à l'essence même des totalitarismes. L'information, comme action de s'informer, de donner la connaissance de la rechercher, est pour ce sujet interrogée au pluriel, en ce qu'elle existe au travers de plusieurs vecteurs, mais aussi par sa dimension multiple. Le totalitarisme. Le totalitarisme, d'ailleurs, pose la question de cette multiplicité de l'information. Alors, dans cet exposé, nous nous demanderons : ⇒ Dans quelle mesure les information de masse participent-t-elle à l'emprise exercée par les états totalitaires sur les populations ? I) Les informations au service de l’État a – l'Etat comme possesseur du monopole de l'expression libre légale L’État censure, manipule, contrôle et désinforme (c'est un processus de communication qui consiste à utiliser les médias pour transmettre des informations partiellement erronées dans le but de tromper ou d'influencer l'opinion publique et de l'amener à agir dans une certaine direction) l'ensemble des médias et de la société. Toute expression d’opposition est presque impossible, toute information est censurée, la liberté de la presse est supprimée. A une époque où la presse écrite trouve encore son âge d'or, avec plusieurs millions de tirages quotidiens dans des pays comme l'Allemagne ou la France, ce média est privilégié pour la transmission de l'information : on peut parler de média de masse. La radio est à cette époque un autre média très répandu, tout comme peuvent l'être les arts, cependant plus confidentiels, à l'image des actualités cinématographiques. C'est donc notamment par cette intermédiaire que les états totalitaires vont faire le choix de s'exprimer : loi de la presse de 1938 sous le régime de Franco qui passe la presse et l'opinion publique sous contrôle complet de l'état = Le paysage éditorial se réduit alors à des titres de presse et œuvres gagnées à la cause de l'« Espagne nouvelle » et propriété de la délégation nationale de la presse et de la propagande (ou de l’Église ou d'organisations lui appartenant) ; choix entre répression, mort ou fuite et service au régime + sous Hitler, en Allemagne, 2 février 1933, les journaux d'avis contraires au régime sont interdits de parution = l'éditeur est privé de tout contrôle sur l'orientation de la rédaction. Le rédacteur en chef est ramené au rang de fonctionnaire d'Etat, tenu de s'inscrire à l'Association Nationale de la Presse Allemande. Il ne doit rien écrire qui puisse nuire à la Nation, ce qui est une formule suffisamment vague pour permettre l'enrôlement forcé des journalistes et

l'épuration nécessaire. Comme dit précédemment, il s'agit évidemment d'un monopole de l'information légale, mais évidemment, puisque les régimes totalitaires amènent des résistances à émerger, ce monopole de l'expression est forcément remis en question. Alors peut se fonder une presse non légale, une contre-information destinée aux masses : diffusion du journal antinazi Le Combattant de la Paix par des membres du KPD pendant l'Allemagne nazie. b – une présence constante de l’État dans la société Par définition, l’État totalitaire se manifeste par une confusion faite entre Etat et société, qui deviennent alors indissociable. La présence de l’État se doit donc de se manifester dans la vie de tous les jours de chaque individu, qui ne vit alors qu'au rythme qui lui est imposé par ce même État. C'est d'ailleurs pour cela qu'on parle d’État « total » ou de « totalitarisme » C'est comme le dit cette fameuse phrase de Mussolini lors d'un discours en 1927 : « « Tout pour l'état, rien hors de l'état, rien contre l'état. » L'idéologie totalitaire se doit alors de se manifester elle aussi dans chaque instant de la vie au sein d'une société totalitaire. C'est en cela que les propos de Joseph Goebbles peuvent prendre tout sens : « Nous avons le théâtre allemand, les films allemands, la presse allemande, la littérature allemande, l'art allemand et la radiodiffusion allemande », qui énumère alors tous les instruments en possession de l'état afin de diffuser les informations officielles. On se trouve donc face à une pratique appartenant à l'essence des totalitarismes qui est de s'accaparer l'information des masses, et ce, car selon ses principes, la pensée doit être unique. II) Les principes d'un soulèvement des masses a – le vecteur d'une pensée unique Les totalitarismes reposent aussi sur l'idée d'une prohibition de la liberté individuelle, notamment celle de penser par soi même. Comme le précise Hannah Arendt :« Le totalitarisme ne tend pas vers un règne despotique sur les hommes, mais vers un système dans lequel les hommes sont superflus. Le pouvoir total ne peut être achevé et préservé que dans un monde de réflexes conditionnés, de marionnettes ne présentant pas la moindre trace de spontanéité. » Elle décrit même un régime totalitaire parfait où « tous les hommes ne font plus qu'un ou sont devenus un échantillon de l'espèce. » ⇒ idée de tendance à l'unification du peuple (passe par les idées et informations qui lui sont transmises) propre à l'essence totalitaire (il n'y a qu'un parti, qu'un pays, vouloir penser autrement, c'est de la schizophrénie, une maladie mentale : on se pense plusieurs alors qu'on est un). ; en parallèle de la terreur, le totalitarisme entraîne par en phénomène d'embrigadement, fonde une irrésistible machine dans laquelle l'individu se fond, ce à quoi la désinformation émanent du régime est essentiel → idéologies qui rythment les régimes totalitaires et mettent les masses en mouvement : diffusion de cette idéologie. Les informations, alors, deviennent, par leur dimension monopolisée par l’État et diffusant une idéologie dans une démarche de propagande sans aucun esprit critique, vecteur d'une pensée unique et d'un effacement des distinctions entre les individus. On comprend l'importance majeure que représente l'information dans les régimes totalitaires = c'est elle qui, selon, à nouveau, les mots de Hannah Arendt, met les masses en mouvements. Philippe Breton pense à propos de ce phénomène : « la propagande est la manière de présenter et de diffuser une information politique de telle manière que son récepteur soit à la fois en accord avec elle et dans

l’incapacité de faire un autre choix à son sujet ». Presse d'état allemande qui s'exprime par des contenus très différents : Signal, principal journal de propagande nazie créé en 1940 qui peut atteindre jusqu'à 2,5 millions d'exemplaires vendus (plus éditions différentes dans plusieurs langues pour s'adapter aux pays = diffusion au-delà des pays occupés) ; Der Stürmer, hebdomadaire de propagande nazie qui, lui, utilise des contenus divertissants, des caricatures, de la pornographie = volontairement outrancier, le journal est également extrêmement antisémite et se vend, en 1935, à 400 000 exemplaires par semaine. b – le culte du chef et de la terreur Le régime totalitaire, aussi se base sur la construction du mythe d'un chef qui, au travers d'une propagande assidue, participe aussi à la mise en mouvement des masses, mais aussi à l'acceptation d'un régime totalitaire qui peut être dur. La parole du chef est relayée et sanctuarisée partout dans la presse, son image est placardée et mise à l'honneur. L'outil cinématographique est pour cela extrêmement utile. Le Triomphe de la volonté par Leni Riefenstahl, par exemple met à l'honneur Hitler et l'idéologie nazie. A base de procédés bien connus comme la contre-plongée, il s'agit de mettre en valeur l'homme qu'il est. Dans le système totalitarisme et, notamment grâce aux médias et à l'information des masses, la dévotion au chef et, au travers de lui, à la nation devient le seul moyen d'exister d'une existence qui déborde au-delà de la forme individuelle pour un résultat de fanatisme psychotique. Les informations de masse agissent aussi en grand instrument de la modération du peuple, et il est important de ne pas l'oublier. En dressant le portrait d'ennemis et autres appels à la violence, l'état totalitaire joue aussi sur la terreur qu'il provoque afin de pousser à l'obéissance. Elle pousse alors souvent à une adhésion psychologique forcée. Finalement, la propagande agit plutôt vers l'étranger, tandis que la terreur s'impose à l'intérieur du territoire. Dans cette mesure, on constate la dimension par laquelle l'information de masse produite par les états totalitaires se veut jouer sur l'aspect émotif. La propagande s’apparente ainsi à une violence morale, car elle agit sur certains sentiments élémentaires de haine, de peur, le plus souvent enfouis dans le subconscient pour chercher à créer des réflexes conditionnés. Elle n’est pas facilement perceptible, mais elle est plus aliénante que la violence physique, car elle surprend les consciences et s’empare de leur bonne volonté. En conclusion, nous avons cherché à savoir dans quelle mesure les régimes totalitaires pouvaient, au travers des informations de masse, exercer un contrôle sur le peuple. Dans un premier temps, nous avons constaté que l'information au service de l’État s'inscrivait dans l'essence des régimes totalitaires, par le monopole qu'en a l’État et sa présence dominante dans la société. Puis, nous avons établi que les informations de masse agissaient comme vecteurs d'une mobilisation des foules et de leur mise en mouvement, mais aussi d'une modération de potentiels esprits dissidents. Et, bien qu'elles nous semblent éloignées, ces questions sont toujours de pleine actualité. Les récents propos de la journaliste de BFMTV dénonçant une « dictature de la transparence », pourtant empreint d'un profond paradoxe, puisqu'un régime de dictature, à base de censure et de monopole de l'information, se trouverait alors opposé aux principes de transparence, semblent être la preuve d'une méprise qui, à ce sujet, demeure....


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