Que peut nous apprendre une image PDF

Title Que peut nous apprendre une image
Course Philosophie
Institution Lycée Général
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Que peut nous apprendre une image...


Description

Que peut nous apprendre une image ? Remarques sur l'intitulé du sujet : Présupposé du sujet : l'image peut nous apprendre quelque chose. Il s'agit donc de donner un contenu à ce quelque chose. Le sujet prend ici le contre-pied d'une conception qui consiste à faire de l'image un double du réel d'unintérêt moindre pour la pensée et la connaissance que le réel lui-même. Enjeu : la valeur pédagogique de l'image : quel peut-être son rôle au sein de la connaissance? Le verbe « apprendre » peut ici s'entendre en deux sens : ou bien on s'intéresse à ce que nous, sujetsconfrontés à une image, pouvons tirer d'elle comme information ou enseignement, ou bien on envisagera ce quel'image, en tant que telle, donne à apprendre. En effet, le verbe « apprendre » peut désigner le fait d'assimilerune connaissance (l'élève) ou bien celui de transmettre une connaissance (l'enseignant). Problématique : L'image est bien souvent, au regard des discours écrits ou des calculs de la science, dévalorisée :on doute que l'on puisse apprendre quelque chose de l'image. Pourtant l'exemple des illustrations dans les livres pourenfants, les schémas représentant le fonctionnement de certaines machines, les cartes ou même l'art en général, nous montrent que l'image possède une certaine valeur heuristique. Ainsi, que peut-on apprendre d'une image ?L'image ne nous livre-t-elle que du particulier, des choses figées et insignifiantes ou bien peut-elle nousapprendre à voir ce que l'intelligence seule ne peut nous dévoiler ?1L'IMAGE N'APPREND QUE DES GÉNÉRALITÉSLe discours procède par succession, par étapes. Ainsi il fait preuve d'articulation logique et possède en cela unevaleur explicative. Au contraire, l'image est synthétique et sa matière se donne d'un coup. Telle est lacaractéristique que Sartre met en évidence lorsqu'il souligne, dans l'imaginaire, ce qu'il appelle la « pauvreté essentielle » de l'image au regard de la perception. Quand on perçoit une table, on peut successivement en explorerles divers aspects (sa matière, ses proportions, sa position dans l'espace ...) ainsi la perception peut elle sans cesses'enrichir (je peux regarder la table à telle distance puis telle autre, selon tel ou tel éclairage ...) En revanche,l'image ignore la table dans son individualité : quand je forme mentalement une image de cette table et (davantage)quand je dessine cette table sur une feuille ou que je la photographie, il n'y a pas de place pour une donationextérieure qui viendrait l'enrichir. Je n'attend rien d'autre de cette image que ce qui y est déjà. L'image partage avec le concept la capacité de donner la chose dans la simultanéité de tous ses éléments.Pourtant, parce qu'elle est sensible, elle s'en distingue aussi.. Ainsi, comme le souligne F. Dagonet, dans Images etscience, l'image a ce pouvoir de « silhouetter un vaste ensemble (de multiples flux, de productions ou de données) en même temps que de les ramasser tous ». Pour l'auteur, l'image, « délivre l'être de sa lourdeur, de ses inutilités » pour ne retenir que l'essentiel. Exemple : une carte, image d'un espace dans lequel on peut virtuellement sedéplacer sans se perdre. Finalement, là où un discours ne peut inclure la fin dans le commencement, là où il est soumis à la nécessitéd'expliquer, l'image permet de comprendre. [faire référence aux « repères » : expliquer / comprendre] Transition :L'image donne donc à comprendre, c'est-à-dire à saisir en une seule prise de vue ce qui, sans elle,nécessiterait plusieurs étapes.Cependant, on voit que l'image nous dispense aussi de réfléchir : elle constitue un abrégé de laconnaissance, qui a,

par rapport au concept, l'avantage de solliciter les sens, le corps, - ce qui renforce sonimmédiateté. En un mot, elle nous met dans un certain état de passivité : alors que le discours exige de lapatience et de l'effort, l'image donne un résultat immédiat..Qu'avons-nous donc appris avec un enseignement si sommaire ? Ne peut-on rien attendre de plus d'uneimage qu'une version simplifiée (voire simpliste) de la réalité ?Toutefois, il faut souligner que si l'image sollicite la sensibilité, ce n'est peut-être pas tant par souci desimplification que pour rendre sensible ce qui précisément échappe à l'intelligible, ce qui ne peut trouver d'autresmoyens, pour être appris que des moyens sensibles.2-ON PEUT APPRENDRE D'UNE IMAGE À REGARDER CE QUI DANS LE RÉEL NOUS REPOUSSEDans la Poétique, Aristote se demande pourquoi nous prenons du plaisir à contempler des images. Ainsi, il faitremarquer qu'une image n'est pas une copie du réel (autrement pourquoi ne pas regarder la réalité directement ?) :l'image est un intermédiaire. En effet, connaître, apprendre, provoque du plaisir ; de même pour la contemplationesthétique : les images nous permettent de prendre plaisir à regarder des choses dont la vue nous est pénible dansla réalité.a)L'image : entre le témoignage et le conceptPour Aristote, les évènements quotidiens manquent de portée générale. Et c'est pour cette raison quel'artiste ou le poète est plus pédagogue que l'historien : là où ce dernier se borne à rapporter les faits tels qu'il sesont produit comme ils se sont produit, le poète rapporte ce qui est vraisemblable, « semblable au vrai ». En effet,l'artiste « re-présente les choses » et c'est en cela qu'il produit des images de la réalité. L'artiste représente endonnant une seconde présentation, mais surtout une nouvelle présentation. L'image = forme présentes dans laréalité mais dans une matière nouvelle, épurée de la contingence et des détails du quotidien. Exple : Homère dépeintmoins la colère d'Achille pris individuellement (Achille, à tel jour, telle heure et tel endroit, pour tel et tel motif, s'estmis en colère) que l'expression de la colère d'un guerrier. Certes cette colère n'est pas aussi universelle que celle étudiée par la philosophie quand elle définit les passions (valables pour tout homme en général) mais elle échappe audéfaut de l'histoire qui est de s'attacher au particulier, aux détails et ne nous apprend rien : avec la poésie, on aaffaire à des types, des modèles ; l'image = de l'universel approchant. Ainsi pour Aristote, « l'ami des mythes est en quelque sorte philosophe » (Métaphysique, I, 2, 982 b). L'artau moyen des images nous met en chemin vers la science ou la connaissance du vrai.b)la catharsis :Le fait de vivre en représentation certains évènements nous permet de ne pas avoir à délibérer sur ce qu'ilfaut faire, nous pouvons simplement contempler. Ainsi, il y a épuration des passions (catharsis) produite grâce àl'art : je peux, face au spectacle tragique, appréhender ce qu'est le malheur sans le vivre (ou le vivre mais parprocuration, c'est-à-dire sans en subir personnellement les conséquences). Or lorsque je vis réellement le malheur, ilm'est difficile de le connaître. Ainsi, le coléreux qui voit le spectacle de la colère peut alors se rendre compte qu'elleest hors de toute mesure, ou bien qu'elle peut tel Ajax, le mener à sa perte, au déshonneur ; en contraire, ce mêmecoléreux en colère se laisse porter par sa passion.Le plaisir que procure la tragédie est spécifique. Aristote le définit ainsi : «[...] la tragédie est l'imitation d'une action de caractère élevé et complète,d'une certaine étendue, dans un langage relevé d'assaisonnements d'uneespèce particulière suivant les diverses parties, imitation qui est faite par despersonnages en action et non au moyen d'un récit, et qui, suscitant pitié etcrainte, opère la purgation propre à pareilles émotions.» Assaisonnement dulangage désigne la proportion variable de chants et de vers. L'essence de latragédie réside dans l'action, non dans le récit, action représentée en untemps limité. Le plaisir résulte des émotions ressenties: crainte et pitié. Toutcela est clair. Aristote mentionne la cause et les

effets.Mais sur le mécanisme de l'opération, peu de détails ! Un seul terme assezinattendu: «purgation», catharsis. On peut dire aussi « purification ». Ce mota donné lieu à maints commentaires. Chez Aristote lui-même, il est l'objet deplusieurs interprétations. On croit comprendre qu'il y a un rapport entrel'imitation, la mimésis, et la purgation, la catharsis: devant un spectaclereprésentant des actions éprouvantes, je suis enclin à ressentir les mêmesémotions que l'on cherche à provoquer en moi. La représentation desentiments violents ou oppressants, par exemple la terreur, l'effroi ou la pitié,bien que mimés et donc fictifs, déclenche dans le public, dans la réalité, dessentiments analogues.Cette réaction est banale dans la vie courante; trop d'événements réels,effrayants ou affligeants, suscitent des émotions correspondantes, par exemple, de la compassion pour les victimes.Mais ce phénomène est plus surprenant lorsqu'il s'agit d'un spectacle créé et imaginé de toutes pièces. Il supposeune identification avec un personnage et non plus avec une personne. Certes, cette identification a ses limites, caril ne s'agit pas d'imiter, de copier ni de transposer dans la vie réelle les actions qui se déroulent sur la scène. Et l'onimagine mal un jeune homme, influencé par l' "Œdipe" de Sophocle, décidant de tuer son père, de commettre uninceste avec sa mère et de se crever les yeux.Ce transfert de la fiction à la réalité est-il toutefois tellement inconcevable? Pour nous, malheureusement non. Mais,pour Aristote, certainement. En éprouvant des sentiments analogues à ceux que la tragédie provoque en moi, je melibère du poids de ces états affectifs pendant et après le spectacle. J'en ressors comme purgé et apaisé. Cesémotions préexistaient-elles en moi à l'état latent et le spectacle s'est-il contenté de les éveiller? Ou bien les a-t-ild'un bout à l'autre provoquées? Le spectateur est-il prédisposé, par sa nature même, à réagir en fonction d'unereprésentation spécialement conçue pour le troubler en des points sensibles de sa personnalité ? Aristote ne le ditpas.La "Poétique" ne répond pas vraiment à l'attente de la "Politique". Aristote, là aussi, avait évoqué la catharsis,mais uniquement à propos de la musique «Nous disons qu'on doit étudier la musique, non pas vue de l'éducation etde la purgation - ce que nous en vue d'un avantage unique, mais de plusieurs (en nous en reparlerons plusclairement dans un entendons par purgation, terme employé en général, traité sur la poétique - et, en troisième lieu,en vue du divertissement, de la détente et du délassement après la tension de l'effort). » Certes, il en reparle, maissi peu !En revanche, la "Politique" donne quelques précisions qu'on ne retrouve pas dans la "Poétique": à la crainte et à lapitié s'ajoute l'«enthousiasme». A propos de cet état d'exaltation, Aristote fait référence explicitement au sensthérapeutique du terme: «certains individus ont une réceptivité particulière pour cette sorte d'émotions[l'enthousiasme], et nous voyons ces gens-là, sous l'effet des chants sacrés, recouvrer leur calme comme sousl'action d'une cure médicale ou d'une purgation. »Est-ce pour lui, une manière de retrouver le lieu commun selon lequel «la musique adoucit les mœurs» ? Il y a sansdoute un peu de cela, mais il faut aller plus loin dans l'interprétation.Dans la "Politique", Aristote suggère lui-même que la catharsis concerne également la tragédie, c'est-à-dire lavue, et non pas seulement l'écoute de ce qu'il appelle des chants éthiques, dynamiques ou exaltants. Il n'y a pas às'en étonner puisque la tragédie, à l'époque, réalise une certaine forme d' «art total» harmonisant le texte, leschœurs et la danse. Mais, en outre, elle consiste à mettre en scène une action, une intrigue où des personnagesréels imitent des héros soumis à un destin angoissant ou pathétique. Pensons à Œdipe. Or la musique seule nefigure pas; elle ne représente rien; elle laisse tout loisir à l'auditeur d'imaginer librement selon ses états d'âme, tout comme la lecture d'un récit. En revanche, la tragédie impose un personnage, un masque comportant des traitsdéfinis. Elle force en quelque sorte l'identification du spectateur appelé

à devenir momentanément un «acteursecret» dans la pièce. Mimésis d'action et de sentiments réels, la tragédie concentre la réalité dans le temps etdans l'espace, elle l'exagère et pousse les passions à leur paroxysme afin d'éclairer le public sur les conséquenceséventuelles de ses actes: voyez ce qu'il adviendrait, si d'aventure l'envie vous prenait d'imiter réellement cesmalheureuses victimes de la fatalité !Le remède n'est-il pas pire que le mal ? Un spectacle apaisant ne serait-il pas plus propice à la sérénité, au retour àl'équilibre? Aristote ne se pose pas la question. Sa «cure médicale» (Bossuet) est homéopathique: on soigne le malpar le mal, les passions excessives par l'excès d'émotions.Cette interprétation n'est pas vraiment abusive. Le texte d'Aristote la suggère; elle fut notamment celle de tout leclassicisme français, soucieux d'assigner au théâtre une fonction morale, voire moralisatrice.Mais de l'éthique au politique, il n'y a parfois qu'un pas. La "Politique" d'Aristote se fonde sur sa philosophie de latempérance, de la modération, du juste milieu. Sa volonté de restaurer la tragédie en déclin, de renouer avec latradition des grands spectacles qui contribuèrent à la gloire d'Athènes au Ve siècle, n'est sans doute pas exempted'intentions politiques et sociales: permettre à la cité de vivre en paix et assurer au citoyen le bonheur d'une vievertueuse, conforme à la raison. Un tel programme d'éducation civique et culturelle ne pourrait-il convenir au futurroi de Macédoine ?Multiplier les spectacles tragiques, attirer la foule au théâtre, c'est permettre à la catharsis d'opérer non seulementsur l'individu, mais collectivement. C'est aussi distraire les citoyens, détourner leur attention des problèmes dumoment - les guerres incessantes - et permettre l'expulsion d'une mauvaise conscience qui commence à hanter unpeuple en décadence.Il s'agit là d'une explication presque psychanalytique au sens actuel du terme: le spectacle apaise les passionsparce qu'il permet de vivre fictivement, de façon innocente et inoffensive, pour la personne et pour la société, despassions qui les mettraient en danger dans la réalité. La catharsis autoriserait alors une sorte de défoulement etjouerait un rôle d'exutoire.On parle de défoulement. Ce n'est pas un hasard si Freud a choisi le terme de catharsis pour désigner la finalité dela cure psychanalytique: le retour à la conscience des pulsions refoulées, notamment dans le cas des névroses. Riende plus préjudiciable à l'équilibre de l'individu et de la société que de se complaire dans le malaise ou le mal-être depassions et de pulsions condamnées au mutisme, rejetée, dans le tréfonds de l'inconscient.Cette interprétation établit un lien entre la "Poétique" et la "Politique". Sur un plan plus général, elle révèle lesimplications politiques - au sens large du terme - et le discours sur l'art. Or ce n'est pas non plus un hasard si cetype d'interprétation a systématiquement été omis par la tradition qui se réclame d'Aristote. On pourrait d'ailleursen dire autant de Platon. Au IV siècle, nous l'avons dit, on se soucie surtout de la portée morale du théâtre. On neprête attention qu'aux règles de l'art, aux procédés techniques qui permettent d'aboutir à l'effet recherché. A la findu XVIIIe siècle, Lessing dénonce l'assimilation aristotélicienne entre la poésie et la peinture dans le cadre de sacritique de l' « ut pictura poesis ». La fonction cathartique par la mise en scène de la terreur ne lui plaît guère. Ilpréfère la pitié et considère que la tragédie doit surtout susciter la compassion. Quant à Goethe, peu sensible àl'effet de purgation et de purification de la catharsis, il ne parle que de retour à l'équilibre. Dans sa périodeantiquisante et classique, et dans le cadre d'une esthétique idéaliste, il privilégie l'harmonie qui naît de lacontemplation de la beauté idéale propre à l'œuvre d'art réussie. Surtout lorsque cette œuvre d'art appartient à lapoésie dramatique.Plus récemment, Bertolt Brecht (1898-1956) a fondé sa théorie et sa pratique théâtrale sur ce lien entreesthétique et politique : «Ce qui nous paraît du plus grand intérêt social, c'est la fin qu'Aristote assigne à latragédie: la catharsis, purgation du spectateur de la crainte et de la pitié par l'imitation

d'actions suscitant lacrainte et a pitié. Cette purgation repose sur un acte psychologique très particulier: l'identification du spectateuraux personnages agissants que les comédiens imitent. »Brecht critique avec virulence la catharsis et ses effets anesthétisants au regard de la réalité peu plaisante dumonde actuel. Mais c'est moins Aristote qu'il dénonce que la «dramaturgie aristotélicienne», la tradition du théâtreclassique et «vermoulu». Il lui reproche de miser sur l'identification entre le spectateur et les personnages afind'engendrer un plaisir illusoire qui détourne le public de la réalité concrète. À cette trop grande proximité qui vise,selon lui, à mystifier le spectateur, il oppose la distanciation. Celle-ci a pour effet d'instaurer précisément unedistance critique. Elle permet au public de prendre conscience des enjeux politiques et idéologiques de l'actionfictive représentée sur la scène. La grande difficulté de ce théâtre didactique et épique, qui repose sur uneconception marxiste de l'histoire et de la société, consiste évidemment à concilier, dans l'intérêt du spectateur,didactisme et divertissement, pédagogie politique et magie du spectacle.Aristote laisse le problème de la catharsis en suspens, comme d'ailleurs tous ses interprètes et commentateurs. Onpeut regretter la perte du livre II de la "Poétique"; il n'est pas sûr toutefois qu'il ait pu résoudre définitivement leproblème. Doit-on ou non montrer un spectacle représentant des actions et des héros à forte charge émotionnelle ?Produit-il un effet bénéfique ou néfaste sur le public ? Nous ne le savons toujours pas. il suffit de penser aux débatsactuels, quasiment insolubles, sur la légitimé de la représentation de la violence fictive dans les médias modernes,cinéma ou télévision ? Effet cathartique ou incitation à l'imitation et passage aux actes réels ? Le problème de lacatharsis est encore promis à un bel avenir.Transition :Loin d'être, comme le pense Platon, ce qui nous détourne de la réalité, il est ce qui nous permet decommencer à la connaître (= sorte de propédeutique).Cependant, il reste alors à comprendre pourquoi l'intelligence a besoin d'images. Pourquoi avons-nousbesoin, pour apprendre quelque chose de la médiation de formes sensibles ? Ou, pour parler en termeshégéliens, pourquoi faut-il que l'esprit en passe par son autre pour prendre conscience de ce qu'il est ? 3-L'IMAGE COMBLE LES LACUNES DU CONCEPTBergson remarque que nous avons besoin de l'art et donc d'images parce que nous ne pouvons tout voir.Nous avons une vision partielle du réel et l'art est justement là pour compensercette lacune. En effet, nous ne voyons des choses que ce que nous pouvons enfaire ; notre vision du réel est pratique.a)Une image révèle « l'essentiel inaperçu »[1]Les concepts nous éloignent de la réalité. Avec le penseur abstrait, commele dit Kierkegaard, « on n'aime pas, on ne croit pas, on agit pas, mais on sait cequ'est l'amour, on sait ce qu'est la foi... ».Ainsi, l'impressionnisme s'est donnépour tâche de révéler ce que nous voyons de la réalité par-delà ce que nous ensavons. Monet : « il est faux que les objets aient une forme. Il n'y a pas lameule ou la cathédrale ou le peuplier ; il y a la meule et la cathédrale à telleheure et sous tel éclairage ». Autrement dit, l'image restitue notre rapportprimitif, presque charnel et immédiat aux choses : elle fait état du réel avantque la réflexion et son outillage conceptuel, logique et pragmatique, ne s'enempare[2].b)L'image est un complément de l'intelligence :Si l'image nous apprend ce que l'intelligence tend à nous faire négliger, cen'est pas pour autant que la connaissance doive être restreinte à l'esthétique.Pour reprendre les mots de Kant : « les intuitions sans concepts sont aveugleset les concepts sans intuitions sont vides ». En d'autres termes, ce que nousrévèle l'image, ce n'est pas l'intuition aveugle, mais ce qui remplit le concept, ce sans quoi l'intelligence s'exerceraità vide. En effet, la connaissance du réel implique la généralisation et celle-ci a des règles (a besoin d'une méthodescientifique) ; cependant, une fois généralisée ...


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