143 SI- Caqdas Intro PDF

Title 143 SI- Caqdas Intro
Author Roger Nicolas Oyono
Course Corporate finance
Institution Qatar University
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Nume´ro invite´ : les CAQDAS, outil et me´thode

L’outil et la me´ thode. Des fonctionnalite´s techniques des CAQDAS a` leurs usages me´ thodologiques. Introduction.

Bulletin de Me´thodologie Sociologique 2019, Vol. 143 7–27 ªThe Author(s) 2019 Article reuse guidelines: sagepub.com/journals-permissions DOI: 10.1177/0759106319852886 journals.sagepub.com/home/bms

Thibaut Rioufreyt Laboratoire Triangle, Lyon, France

Abstract Tools and Methods. Technical Features of CAQDAS Software and their Methodological Applications. Introduction. Between tools and methods, tutorials and instruction manuals, something has been overlooked: the study of the concrete ways researchers use qualitative analysis software (CAQDAS). The contributions to this issue shed light on this analytic black box by returning to the various ways these tools are used for research on objects as varied as forensic medicine, the sexual dimension of criminal justice, the political behaviour of American voters, the role of intellectuals in political parties, or the impacts of the financial crisis and Europeanisation on social democratic regions. Rather than presenting the features of these programmes, this contribution looks at the coding strategies used by authors and the analytical traditions in which they situate themselves, as was the effects of this type of program on research practices. Re´sume´ Entre l’outil et la me´thode, entre le tutoriel et le manuel de me´thodes, se trouve comme une case manquante : l’e´tude des usages concrets que les chercheur.e.s font des logiciels d’aide a` l’analyse qualitative (CAQDAS). Les contributions re´unies dans ce nume´ro proposent d’ouvrir cette boıˆte noire de l’analyse en revenant sur diffe´rents usages de ces outils dans le cadre d’enqueˆtes sur des objets aussi varie´s que la me´decine le´gale, la

Pour toute correspondance : Thibaut Rioufreyt, Laboratoire Triangle, E´ cole normale supe´rieure de Lyon, 15 Parvis Rene´ Descartes, 69342 Lyon cedex 07, France Email : [email protected]

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dimension sexue´e du traitement pe´nal, le comportement politique des e´lecteurs e´tats-unien, la place des intellectuels dans les partis ou l’impact de la crise et de ˆ t qu’une pre´sentation des l’europe´anisation sur les re´gions sociales-de´mocrates. Pluto ´gies de codage fonctionnalite´s offertes par ces logiciels, il s’agira de saisir les strate de´ploye´es par les auteur.e.s et les traditions d’analyse dans lesquelles ils/elles s’inscrivent mais aussi les effets de ce type de logiciels sur les pratiques de recherche. Keywords Analysis methods, CAQDAS, Coding, Inquiry, Qualitative Methods Mots cle´s Me´thodes d’analyse, CAQDAS, Codage, Enqueˆte, Me´thodes qualitatives

Introduction La ge´ne´ralisation de l’informatique et la multiplication des donne´es nume´riques ont contribue´ a` diffuser l’usage de logiciels d’analyse en sciences humaines et sociales. Si l’analyse assiste´e par ordinateur a d’abord e´te´ de´veloppe´e parmi les tenants des me´thodes quantitatives, les logiciels d’aide a` l’analyse qualitative ont e´merge´ a` la fin des anne´es 1980, d’abord dans le monde anglo-saxon puis plus tardivement dans l’espace francophone. Ils sont le plus souvent de´signe´s par l’acronyme CAQDAS (Computer Assisted Qualitative Data Analysis Software)1. Cependant l’aide fournie peut eˆtre vue de diffe´rentes manie`res. On fait parfois l’erreur de croire que les CAQDAS constituent une me´thode a` part entie`re, au meˆme titre que l’analyse conversationnelle par exemple. Dans la typologie qu’ils proposent, Denzin et Lincoln re´pertorient ainsi la « computer assisted analysis » comme « method of analysis » (Denzin et Lincoln, 2011 : 12, Table 1.1), commentant que « faced with large amounts of qualitative materials, the investigator seeks ways of managing and interpreting these documents, and here . . . computerassisted models of analysis may be of use » (Denzin et Lincoln, 2011 : 14). Or, il s’agit la` d’une confusion entre outils et me´thodes largement re´pandue a` propos des CAQDAS, comme le fait observer Nigel G. Fielding pour qui « it confuses a technical resource with an analytic approach. » (Fielding, 2000 : § 6). En effet, les CAQDAS ne sont pas « a distinct method or approach to analysis, that the software does not ‘do’ the analysis. On the contrary, a major function of the software is to help organise the analysis. In particular, it is a way of managing the data and the analytic thoughts that are created in the analysis. The software no more ‘does’ the analysis than the word processor I am using now writes this chapter for me. » (Gibbs, 2014 : 277). Les CAQDAS sont ainsi des outils susceptibles d’eˆtre mobilise´s dans le cadre d’approches me´thodologiques tre`s diffe´rentes. Les CAQDAS sont en effet des logiciels d’aide a` l’analyse qualitative. Leur de´nomination rappelle a` juste titre qu’ils ne constituent qu’un appui technique a` la recherche. C’est bel et bien le chercheur qui fait l’analyse. Parfois qualifie´s pour cette raison de « muets » (Lejeune, 2017 : 206), ces logiciels se distinguent d’outils d’analyse automatique ou semi-automatique plus « bavards » a` qui le/la chercheur.e peut de´le´guer tout

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ou partie des ope´rations d’analyse, a` l’instar des logiciels de lexicome´trie, des automates, des registres ou des dictionnaires 2. S’il s’agit la` de choses connues, c’est d’autant plus important de rappeler ce principe ge´ne´ral que nombre de chercheur.e.s succombent au cours du processus de codage a` la tentation illusoire de de´le´guer l’analyse au logiciel, allant au-devant de de´ceptions, de frustrations et d’impasses. Serviteurs muets, offrant ce que l’on peut faire a` la main dans une certaine mesure, les CAQDAS n’en constituent pas moins des outils utiles. Dans cette perspective, ce dossier propose pre´cise´ment d’interroger les diffe´rents usages que les chercheur.e.s 3 font des CAQDAS pour analyser leurs mate´riaux empiriques, bref d’interroger la me´thode a` l’œuvre au cœur de l’outil. Il s’agit donc moins de pre´senter les principales fonctionnalite´s de diffe´rents logiciels que de saisir comment elles sont utilise´es en fonction de la me´thode, de la proble´matique ou de la spe´cificite´ du corpus. C’est pourquoi, ce dossier se veut re´solument empirique et les contributions fonde´es sur des recherches de terrain. Ce dossier s’inscrit par ailleurs dans une de´marche pluraliste, se voulant a` sa mesure le reflet de la diversite´ des ancrages disciplinaires, nationaux et me´thodologiques des chercheur.e.s et des outils existants. Les articles portent ainsi sur des objets aussi varie´s que la me´decine le´gale, la dimension sexue´e du traitement pe´nal, le comportement politique des e´lecteurs ou encore les intellectuels et les ide´es politiques en milieu partisan. Forte de cette diversite´, l’e´tude des usages que les chercheur.e.s font des CAQDAS sera de´cline´e sous la forme de deux grandes questions syme´triques : Comment les chercheur.e.s utilisent ces outils ? Qu’est-ce que ces outils font faire aux chercheur.e.s ?

Strate´gies de codage et traditions d’analyse Tre`s concre`tement, ces outils proposent une se´rie de fonctionnalite´s d’aide a` l’analyse telles que l’affectation de codes a` des segments des mate´riaux, l’annotation via la cre´ation de commentaires ou de me´mos, le regroupement des codes ancre´s dans des cate´gories analytiques plus ge´ne´rales ou encore des outils de requeˆte quali-quantitatifs permettant d’interroger le corpus sur la base des cooccurrences. Dans ce dossier, les auteur.e.s ont ouvert les portes de la cuisine me´thodologique en donnant a` voir les usages qu’ils/elles ont fait de ces fonctionnalite´s et tout particulie`rement trois dimensions ge´ne´ralement peu aborde´es de la strate´gie de codage : la manie`re dont les chercheur.e.s codent concre`tement leur mate´riau, le moment ou` le codage survient dans la temporalite´ de la recherche et la manie`re dont le codage de´pend du type de mate´riaux traite´. On va voir que leurs fac¸ons de faire renvoient a` des strate´gies de codage diversifie´es qui de´pendent notamment des traditions d’analyse dans lesquelles ils/elles s’inscrivent.

De quoi le codage est-il le nom ? Force est de constater en premie`re instance la diversite´ des termes utilise´s dans la litte´rature : « code », « the`me », « rubrique », « e´tiquette », « nœud ». Cela renvoie sans doute a` des diffe´rences de terminologie d’un logiciel a` l’autre pour des raisons de distinction sur le marche´ des CAQDAS. Mais cette diversite´ lexicale constitue aussi un symptoˆme de la pluralite´ dans la manie`re de concevoir ce qu’est un code. Et l’e´tude des manie`res concre`tes

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Tableau 1. Dimensions de la strate´gie de codage Types d’infe´rences Ancrage the´orique Place du codage dans la me´thode Nature des codes Logique de codage

De´marche hypothe´tico-de´ductive Analyse the´matique de contenu a priori Codage avant l’analyse des donne´es

´ marche inductive De Grounded Theory Le codage est l’analyse

Codes unidimensionnels, homoge`nes et exclusifs Indexation the´matique (De quoi c¸a parle ?)

Codes pluridimensionnels, he´te´roge `nes et croise´s Interpre´tation analytique (Ce qu’on en dit ?)

par lesquelles les utilisateur/rices des CAQDAS codent leur mate´riau confirme l’he´te´roge´ne´ite´ des pratiques et conceptions. Il convient par conse´quent de de´plier ce signifiant flottant qu’est le terme codage pour en analyser les diffe´rentes dimensions : la place du codage dans la me´thode, la nature des codes et la logique qui pre´side au codage. En premier lieu, la place du codage dans la me´thode diffe`re selon les traditions d’analyse. Le codage commence-t-il en amont de l’analyse au sens ou` la grille de codes est de´finie a priori, comme dans l’analyse the´matique construite a` partir de la litte´rature, quitte a` eˆtre teste´e sur un e´chantillon du corpus dans une phase exploratoire, comme le sugge`rent par exemple les tenants de la content analysis4 ? Ou bien le codage est-il au contraire le moment meˆme de l’analyse des donne´es, selon les principes de la Grounded Theory (GT) (Glaser et Strauss, 1967 ; Strauss et Corbin, 1998) ou de l’approche de Miles et Huberman (Miles et al., 2013) ? La deuxie`me dimension constitutive de toute strate´gie de codage concerne la nature des codes. Les codes sont-ils unidimensionnels, homoge`nes et exclusifs, dans une vise´e de classement the´matique et/ou afin d’eˆtre statistiquement significatifs en vue d’une quantification qui ne´cessite un nombre limite´ de codes ? Sont-ils au contraire pluridimensionnels, he´te´roge`nes et croise´s, au moins pour la premie`re phase de codage, ouvert, ce qui engendre un grand nombre de codes, qu’il s’agira par la suite de regrouper ? Enfin, la troisie`me dimension concerne la logique qui pre´side au codage. Ce dernier consiste-il en une indexation, c’est-a`-dire l’identification des the`mes aborde´s ou les informations inte´ressantes dans un mate´riau ? Le code est dans ce cas une rubrique qui de´signe, qui de´crit ce dont parle l’enqueˆte´.e (Paille´ et Mucchielli, 2012). Ou bien le codage rele`ve-t-il davantage de l’interpre´tation qui consiste a` qualifier les repre´sentations, le ve´cu, l’expe´rience de l’acteur ; le code est alors une e´tiquette qui analyse ce qu’il dit a` ce sujet (Lejeune, 2014 : 63–64). L’articulation de ces trois dimensions analytiques (re´sume´es dans le tableau 1) va nous permettre de commenter la diversite´ des strate´gies de codage mises en œuvre avec un CAQDAS, et notamment celle des contributions de ce dossier. Dans son enqueˆte sur le raisonnement des e´lecteurs e´tats-uniens, Luis Vila-Henninger a d’abord e´tabli un codebook a` partir de la litte´rature scientifique qu’il a applique´ aux transcriptions des entretiens qu’il avait re´alise´s. Il a ensuite modifie´, supprime´ et ajoute´ un certain nombre de codes, selon le principe de reconstruction issu de l’Extended Case Method (ECM) de Michael Burawoy (Burawoy, 1998, 2009). La de´marche hypothe´tico-de´ductive de de´part est donc par la suite contrebalance´e par la modification du codebook initial pour inte´grer des e´le´ments non pre´vus par la litte´rature ou aller chercher d’autres explications et

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e´largir ainsi les re´fe´rences the´oriques, affiner certaines hypothe`ses et en invalider d’autres. L. Vila-Henninger a par ailleurs couple´ ce codage qualitatif a` une analyse de contenu plus quantitative, en recourant au query tool5 d’Atlas.ti afin notamment d’ope´rer des croisements pour savoir quel enqueˆte´ mobilise plus tel type de raisonnement, en fonction de sa position sociale ou son appartenance politique. Dans son enqueˆte de the`se sur les effets de genre dans le traitement pe´nal des affaires de stupe´fiants, Kathia Barbier a d’abord effectue´ un premier codage par « the´matiques » ou` elle a indexe´ les grands the`mes traite´s par les enqueˆte´s, en rapport notamment avec sa grille d’entretien. Ce type de codage rele`ve d’une analyse qualitative de contenu de type hypothe´tico-de´ductive. Elle a ensuite proce´de´ a` un codage par « mots-cle´s » permettant d’affiner et de rede´couper les the`mes : elle est ainsi passe´e progressivement d’une logique indexative a` une logique plus interpre´tative et inductive, assiste´e par ailleurs de ses notes d’analyse. Elle a e´galement cre´e´ des codes descriptifs, semblables a` des variables, qui correspondent aux proprie´te´s sociales des enqueˆte´.e.s, et qu’elle a regroupe´s sous forme de « base de donne´es qualitatives ». En cela, son approche se rapproche d’une analyse quali-quantitative de contenu. Dans son enqueˆte sur les me´decins le´gistes et les expertises me´dico-le´gales qu’ils effectuent, R. Juston a opte´, quant a` lui, pour une strate´gie de codage davantage inductive, plus directement inspire´e par la GT. Il a ainsi cre´e´ de nombreux codes ouverts qu’il a par la suite regroupe´s sous des cate´gories plus ge´ne´rales, suivant en cela les trois types de codage pre´conise´s par la GT (codages ouvert, axial et se´lectif). Il a par ailleurs cre´e´ un grand nombre de me´mos associe´s a` des citations, codes ou documents. Pour ma part, les deux re´analyses que j’ai mene´es – respectivement sur les revues et les intellectuels communistes et socialistes d’une part, et sur le positionnement des re´gions social-de´mocrates face a` la crise e´conomique et au processus de convergence europe´enne d’autre part – s’inspirent pour partie seulement de la GT. Cet ancrage me´thodologique oriente la phase de codage ouvert selon une approche syste´matique, micro, inductive et, pour l’essentiel, interpre´tative. Cela s’accompagne de l’annotation syste´matique permettant de documenter chacune des phases d’analyse. La monte´e en ge´ne´ralite´ et la conceptualisation ont e´te´ effectue´es par ailleurs selon une logique fondamentalement re´ticulaire, les cate´gories analytiques se construisant au fur et a` mesure par mise en relation des codes ouverts. Cela n’exclut toutefois pas le recours controˆle´ a` certains outils quantitatifs imple´mente´s dans Atlas.ti. L’e´tude des usages concrets des CAQDAS donne ainsi a` voir non seulement une diversite´ des pratiques de codage d’un.e. chercheur.e a` l’autre mais aussi l’hybridation me´thodologique dont ils/elles font preuve au sein de leur recherche. Ouvrir les coulisses de l’analyse permet ainsi d’observer les aller-retours, glissements, hybridations, bricolages qui correspondent a` la science en train de se faire, loin des oppositions tranche´es et parfois un peu force´es the´oriquement entre de´marches me´thodologiques (hypothe´ticode´ductive versus inductive) ou traditions d’analyse (analyse de contenu, ECM, GT, etc.).

Temporalite´ de la recherche et strate´gie de codage Une autre dimension aborde´e dans ce dossier et de´finitoire de la strate´gie de codage re´side dans le moment ou` le codage survient dans la temporalite´ de la recherche. On peut

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analytiquement distinguer dans une recherche quatre activite´s : 1) la proble´matisation, instruite par la consultation de la litte´rature sur le ou les domaine(s) concerne´(s) ; 2) la collecte du mate´riau empirique ; 3) l’analyse du mate´riau ; 4) la re´daction des re´sultats de l’analyse. Ces quatre activite´s peuvent s’organiser de manie`re se´quentielle ou de manie`re paralle`le (Lejeune, 2014 : 21–22). Dans le premier cas, elles se succe`dent de manie`re line´aire. L. Vila-Henninger a ainsi proce´de´ d’abord a` la re´alisation des entretiens, puis a` leur transcription avant d’importer les mate´riaux dans un CAQDAS et d’effectuer le codage proprement dit. C’est e´galement mon cas dans la mesure ou` j’ai utilise´ des CAQDAS dans le cadre de re´analyses d’enqueˆtes qualitatives. Par conse´quent, les entretiens avaient de´ja` e´te´ re´alise´s par les chercheur.e.s premier.e.s avant meˆme le de´but de l’enqueˆte seconde. L. Vila-Henninger a e´galement proce´de´ a` la revue de la litte´rature avant l’enqueˆte de terrain, suivant l’organisation se´quentielle de la recherche selon les conseils souvent donne´s aux doctorants par leurs superviseurs. Dans l’organisation paralle`le de la recherche, les quatre activite´s se superposent et s’influencent de manie`re circulaire. De`s le premier jour de son terrain, K. Barbier a ainsi importe´ dans Sonal – qu’elle avait de´ja` utilise´ pour son master – les enregistrements de ses entretiens. Elle a meˆme enregistre´ directement quelques-uns de ses entretiens depuis Sonal sur son ordinateur. Elle a ensuite effectue´ simultane´ment le de´coupage des bandes, l’attribution de the´matique(s) aux extraits de´finis et la transcription inte´grale des entretiens. R. Juston a e´galement code´ ses entretiens et cre´e´ des me´mos conjointement a` son travail de terrain ; il se re´fe`re en ce point explicitement a` la GT et indique par ailleurs les effets de cette organisation paralle`le de sa recherche sur sa pratique (voir infra). L’organisation se´quentielle de la recherche est parfois e´rige´e en bonne pratique prescrite aux e´tudiants. L’e´tude des pratiques effectives des chercheur.e.s montre ne´anmoins que le processus de recherche n’est en re´alite´ jamais line´aire : « non seulement l’analyse de´bute avant que la collecte soit termine´e, mais la question de recherche e´volue aussi en cours de processus. Le chercheur est e´galement amene´ a` s’exprimer publiquement avant que l’analyse soit comple´te´e. » (Lejeune, 2016 : 403) Pour cette raison, aux yeux des tenants de la GT, l’organisation se´quentielle de la recherche constitue une de´marche trop fige´e, susceptible de brider la production d’ide´es neuves et d’empeˆcher l’e´volution de la strate´gie adopte´e sur le terrain. Entreprendre se´pare´ment la consultation de la litte´rature, puis la collecte, suivie de l’analyse, et enfin de l’e´criture est juge´ aussi artificiel qu’improductif (Lofland et Lofland, 1984 : 132). Toutefois, il convient de ne pas trop rationaliser le choix d’opter pour telle ou telle organisation de la recherche en ne l’interpre´tant que comme l’effet d’une prise de position e´piste´mologique. Il renvoie aussi et surtout a` des conside´rations pratiques dans le de´roulement de l’enqueˆte : manque de temps pour transcrire inte´gralement les mate´riaux, ne´cessite´ de pre´senter des re´sultats interme´diaires dans le cadre d’une the`se ou a` l’occasion de la re´daction d’un article, etc. Surtout, ce dossier peut contribuer a` e´viter de tomber dans le discours prescriptif des « bonnes pratiques » en montrant aussi le couˆt d’une organisation paralle`le de la recherche. Dans ce cadre, K. Barbier dit bien le caracte`re chronophage qu’a repre´sente´ pour elle le fait de transcrire ses entretiens avant de les analyser a` l’occasion d’une pre´ce´dente enqueˆte. Toutefois, elle mentionne a` l’inverse que le fait de coder de`s les premiers entretiens l’a amene´ a` devoir recoder par la suite en partie les premiers entretien...


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