DM choix du conjoint - L2S2 PDF

Title DM choix du conjoint - L2S2
Author Emma CL
Course Sciences Sociales Et Méthode : Sociologie
Institution Université Paris Dauphine
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Summary

L2S2...


Description

Devoir maison de sociologie : LE CHOIX DU CONJOINT Depuis des décennies, les sociologues ont relevé une prédominance de l’homogamie dans le choix du conjoint, comme le montre les travaux d’Alain Girard de 1974 réalisés sur une enquête de 1959. Nous sommes en présence de deux documents, un de Mélanie Vanderschelden, intitulé « Position sociale et choix du conjoint », et un de Marie Bergström intitulé « (se) correspondre en ligne », portant tous les deux sur le fait social du choix du conjoint et l’homogamie. Nous pouvons analyser ces textes à travers trois questions : I. En quoi le choix du conjoint peut-il être étudié par la sociologie et qu’est-ce que cela apporte à sa compréhension ? Quels matériaux empiriques les auteurs mobilisent-ils ? La sociologie désigne la science qui étudie l’homme dans son rapport avec les autres. C’est une étude scientifique des faits sociaux collectifs humains. L’étude du choix du conjoint en sociologie peut sembler peu judicieuse, puisque ce choix paraît comme un choix des plus personnels et propres à chacun, à ses préférences individuelles. Pourtant, les données statistiques montrent bien qu’il existe des régularités constantes sur plusieurs générations dans le choix du conjoint, régularités qui peuvent être étudiées en sociologie. Ce mouvement collectif et général observé dans le choix du conjoint est l’homogamie, qui est le fait de choisir des partenaires socialement proches de nous. En effet les statistiques, observées notamment dans le texte de M.Vanderschelden, montrent bien que l’individu a tendance à choisir un partenaire de la même catégorie socioprofessionnelle. Elle évoque la « forte propension des célibataires à se marier entre semblables ». L’homogamie ne dépend pas seulement d’un choix individuel du partenaire, il s’agit bien d’un phénomène collectif et social qui est largement diffusé dans la société. Il est donc intéressant d’étudier les facteurs de choix du conjoint et l’homogamie en sociologie. Cela permet d’apporter une explication aux causes de ce phénomène autre que celle psychologique des préférences propres à chacun. Pour réaliser ces études, les sociologues utilisent une approche multi-méthodes, grâce à des outils de mesure comme les enquêtes et modèles statistiques. L’approche des sociologues de l’étude de l’homogamie est empirique comme l’évoque M.Bergstorm. Une méthode empirique s’appuie sur l’observation rigoureuse d’un phénomène et non sur la théorie. Lors de son étude, trois types de matériaux empiriques ont été utilisés dont deux plutôt classiques : l’enquête par entretiens avec des usagers des sites de rencontres à partir d’une question commune et des études menées sur un large panel de personnes par l’Ined et l’Insee, Le choix du conjoint

permettant de créer des outils statistiques. Ces études permettent de relever de nombreuses données et tendances comme le pourcentage de personnes ayant eu des relations jugées importantes, le pourcentage de ces relations nées de sites de rencontres ou bien la durée moyenne de ces relations. Ces approches objectives permettent de créer des agrégats représentants les régularités observées dans la société. A ces méthodes plutôt classiques, que promouvait aussi Durkeim, s’ajoute une troisième approche de récolte et d’analyse des données plus modernes et liées à l’évolution des technologies : l’utilisation des données des sites de rencontre. En collectant des données personnelles comme la fréquence d’utilisation du site ou le niveau d’éducation des utilisateurs, les sociologues peuvent construire des agrégats et en tirer les tendances de comportement de chaque milieu socioprofessionnel sur ces sites. Dans son article, M.Vanderschelden utilise aussi une approche empirique en étudiant les statistiques de l’Insee sur la répartition de l’ensemble des couples selon leur groupe social en 1999. De ces données, elle tire des observations objectives sur les comportements des individus dans le choix de leur conjoint. II. Comment cela entre-t-il en résonnance (en continuité, en nuance, en contradiction ?) avec la définition que Durkheim donne des faits sociaux ? Durkeim définit les faits sociaux comme « toute manière de faire, fixée ou non, susceptible d’exercer sur l’individu une contrainte extérieure ; et, qui est générale dans l’étendue d’une société donnée tout en ayant une existence propre, indépendante de ses diverses manifestations au niveau individuel ». Un fait social se donc caractérise par son extériorité, sa généralité et sa force coercitive. L’homogamie exerce bien une contrainte, qui peut se déceler dès que nous essayons de nous y soustraire. Cette contrainte n’est pas directe puisqu’elle n’entraine pas de réelle sanction. La contrainte indirecte exercée, qui peut être un sentiment d’exclusion ou de différence, est tout autant efficace. Lorsque nous essayons de lutter contre cette homogamie, notamment grâce aux sites de rencontres qui permettraient théoriquement de s’émanciper des barrières de notre milieu socioprofessionnel, cette contrainte s’impose à nous. Elle peut être illustrée par la honte que ressentent certaines personnes à propos de leurs utilisations des sites de rencontres. De plus, même si en apparence les sites de rencontres nous permettent de nous détacher de l’emprise de notre milieu social, l’homogamie s’impose de nouveau à nous sous une nouvelle forme, dont il est difficile de se soustraire. Cette homogamie en ligne se fait grâce à une auto-sélection sociale qui a lieu lors de l’évaluation des profils et de l’échange Le choix du conjoint

écrit. (Elle sera développée à la question suivante). L’homogamie se caractérise donc par l’exercice d’une contrainte.

Les statistiques permettent de confirmer le caractère général de l’homogamie. Un fait social est général s’il est indépendant de ses manifestations individuelles, c’est-à-dire si la pratique est suffisamment diffusée dans un groupe social. En 1999, d’après l’article de M. Vanderschelden, 72,1% des femmes agricultrices sont en couple avec un homme agriculteur, près d’une femme cadre en couple sur deux a pour conjoint un cadre et plus de la moitié des hommes employés ont pour conjointe une employée. Ces couples, qui sont les couples les plus fréquemment observés en France à l’époque, sont tous homogames. Les hétérogamies fortes ne représentent qu’un infime fragment du paysage amoureux français. Par exemple seulement 1,4% des femmes cadres sont en couples avec un agriculteur. L’homogamie élargie (qui signifie les partenaires socialement identiques ou proches) représente deux tiers des couples en France en 1999. Elle confirme donc bien le critère de généralité. Mais la généralité seule ne suffit pas à caractériser un fait social, puisque de nombreuses actions humaines sont générales sans pour autant être des faits sociaux. Il faut donc compléter cette généralité par un critère d’extériorité. Ce critère d’extériorité s’applique également à l’homogamie. Un fait social est extérieur aux individus car il existait avant eux, il n’est pas leur invention. C’est une reprise de pratiques, de conceptions du monde qui sont perpétuées de générations en générations, elles ne sont pas créées par l’individu. C’est le cas de l’homogamie qui existe, se répète et se consolide depuis de nombreuses générations. Elle fut montrée par les travaux d’Alain Girard issus d’études de 1959, puis confirmée par l’étude de 1999 sur laquelle Mélanie Vanderschelden se penche, et elle est toujours présente actuellement sur les sites de rencontres, même si elle a changé de forme. Durkeim apporte un attachement fort à l’objectivité, c’est-à-dire que le fait social doit être analysé à partir de données objectives et rigoureuses, comme le droit ou les statistiques. Ici, ce sont bien des données statistiques qui permettent de prouver l’extériorité de l’homogamie. Ainsi, nous pouvons donc dire que l’homogamie correspond à la définition d’un fait social d’après Durkeim car elle est caractérisée par sa force coercitive, sa généralité et son extériorité.

Le choix du conjoint

III. Peut-on dire que le développement des nouvelles technologies de l’information et de la communication fragilise l’explication sociologique du choix du conjoint ? D’après les théories sociologiques explicatives de l’homogamie, celle-ci se produit en deux étapes : elle est d’abord due aux contextes de sociabilité puis aux préférences des acteurs. Cette théorie peut paraitre fragilisée par le développement des nouvelles technologies de l’information et de la communication. En effet, le contexte de sociabilité est un espace de rencontre défini par notre groupe social, celui dans lequel nous rencontrons des personnes qui nous sont semblables. Les sites de rencontres arguent pouvoir contourner ces contextes de sociabilité, c’est-à-dire la ségrégation sociale des espaces de vie. Traditionnellement les individus ont tendance à trouver leur conjoint dans leur cercles amicaux, professionnels, … Les sites de rencontres permettent de détruire ces barrières physiques et de se concentrer alors uniquement sur les préférences des acteurs. Par la présence de profils très variés et issus de toutes classes sociales sur leurs sites, ils semblent faciliter l’hétérogamie. Pourtant, d’après les statistiques, les sites de rencontres ne permettent pas de contourner l’homogamie. Certes, ils détruisent les facteurs traditionnels de l’homogamie puisqu’ils élargissent le champ de possibilités des rencontres. Mais, les différences d’homogamie observées entre les couples formés sur les sites internet et ceux formés plus traditionnellement sont trop minimes pour que nous puissions affirmer que les sites de rencontre détruisent réellement les facteurs d’homogamie. Par exemple, les couples rencontrés dans des lieux publics ou à des soirées entre amis n’ont qu’une infime différence d’homogamie avec ceux rencontrer sur internet (moins de 5% de différence). Cette absence d’hétérogamie peut être expliquée par le processus de sélection des futurs partenaires sur les sites de rencontres qui se déroule en 3 phases. Ces trois phases viennent renforcer, avec des critères différents, l’homogamie en ligne : -

L’évaluation des profils d’utilisateurs

Sur son profil en ligne, l’individu écrit une présentation où il renseigne son identité sociale, ses passions, ses attentes. Ces profils vont permettre de renforcer l’homogamie, puisque l’individu aura tendance à s’intéresser qu’aux profils qui lui sont socialement proches, qui ont les mêmes centres intérêts ou attentes. De plus, un individu remarque davantage les profils avec lesquels il partage une même qualité d’expression écrite et un même type de langage utilisé, ce qui est issu d’une homogamie d’éducation. Les personnes issues de classes aisées Le choix du conjoint

ont tendance à rédiger de longues annonces en utilisant des tournures de phrases complexes, tandis que les classes moyennes et populaires ont tendance à préférer les questions à choix multiples et à s’appuyer davantage sur les photos des profils. De plus l’orthographe aura un rôle primordial dans la sélection des profils. Un individu ayant une mauvaise orthographe sera jugé comme manquant d’éducation et ce critère sera rédhibitoire pour les classes aisées. La grille de lecture des profils est donc différente selon le milieu social, ce qui conduit à une auto-sélection des profils menant à l’homogamie. -

L’échange écrit

Suite à la sélection des profils, un échange écrit s’instaure entre les deux partenaires potentiels. Si les individus peuvent établir des contacts brefs avec de nombreuses personnes socialement éloignées, ils ne conservent des contacts prolongés qu’avec ceux socialement proches. Cette homogamie, qui se renforce au fil des échanges, est due à une sélection par la communication écrite. Les individus maintiennent le contact seulement si un échange sur un sujet dont les deux aiment converser émerge. Les individus ont donc besoin de centres d’intérêts communs, d’une vision commune de la séduction, qui sont influencés par leur groupe social. Les sujets de conversation jugés intéressants par un individu sont conditionnés par sa classe sociale. Par exemple, les classes populaires parlent d’avantages de leurs expériences affectives antérieures, alors que ces questions paraissent déplacées pour la majorité des enquêtés socialement aisés. L’importance des références communes à une classe sociale dans l’échange écrit vient donc renforcer l’homogamie des rencontres en ligne. -

La rencontre face à face

Le rendez-vous en face-à-face permet de juger esthétiquement le partenaire potentiel mais aussi d’analyser si ses manières d’agir, ses habitudes correspondent à nos attentes. Notamment, le choix du lieu et de l’activité est déterminant puisqu’il est représentatif d’intérêts communs, d’une évolution dans les mêmes cercles spatiaux. Un lieu de rendez-vous sera d’autant plus apprécié qu’il correspond aux habitudes du groupe social dans lequel nous évoluons. Une nouvelle fois, la proximité sociale est favorisée par les rencontres en ligne. Bien qu’ils paraissent favoriser l’hétérogamie en détruisant les barrières physiques des milieux sociaux, nous ne pouvons pas pour autant dire que les sites de rencontres en ligne infirme le modèle explicatif sociologique du choix du conjoint. L’explication sociologique du choix du conjoint est l’homogamie, or celle-ci est toujours présente sur les sites de rencontres. Le choix du conjoint

De nouveaux facteurs de sélections naissent de ce nouveau mode de rencontre, mais ces facteurs entrainent eux aussi une forte homogamie. Nous pouvons donc dire que le développement des nouveaux modes de choix du conjoint, permis par les nouvelles technologies, entre dans la continuité de l’explication sociologie de ce dernier.

Le choix du conjoint...


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