La poésie engagée PDF

Title La poésie engagée
Course Français
Institution Université de Limoges
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Cours complet sur la poésie engagée. La poésie en elle-même, les poètes ainsi que leurs engagements jusqu'à aujourd'hui. ...


Description

La poésie engagée I. La poésie Durant la Seconde Guerre mondiale, de nombreux poètes ont mis leur talent au service de la Résistance durant l’Occupation allemande. Porteuse de révolte et d’espérance, cette poésie a rendu populaires Paul Éluard, Louis Aragon, Robert Desnos, Jacques Prévert… Tous ont en commun d’avoir souffert et lutté par les armes ou par les mots. Pendant l’Occupation, la censure nazie est impitoyable. La presse et la littérature sont sévèrement contrôlées. Pour le texte poétique, c’est plus difficile de le surveiller car il est court, facile à mémoriser et facile à diffuser (sous forme de tracts par exemple). C’est donc un excellent moyen de communication et de mobilisation. De plus, son langage métaphorique a servi à faire passer des messages entre les différents groupes de résistants. Pour certains déportés dans les camps, la poésie a représenté une source de réconfort ou une manière de témoigner de l’indicible barbarie, de conjurer sa souffrance. Ils composaient, sans papier ni crayon, des poèmes qu’ils ont retranscrits de mémoire à la Libération. Le poème Liberté a été parachuté par l’aviation anglaise en milliers d’exemplaires, comme on le faisait pour les armes, sur la France et les pays occupés. Il a redonné espoir en la victoire aux populations et aux combattants clandestins des maquis. Il se compose de 21 quatrains rythmés par des anaphores qui résonnent comme un hymne à la liberté, liberté qui, pour le poète, se trouve partout, même dans la souffrance. La poésie engagée est au service de l’action, sa visée est argumentative, son intention est de faire agir et réagir. L’écriture engagée se caractérise par : - des apostrophes au destinataire, directement sollicité afin de l’amener à partager un sentiment de révolte ; - un rythme, destiné à rendre le message mémorisable avec des refrains ; - des répétitions de sonorité (assonances et allitérations) ; - le champ lexical de la violence, de l’injustice, du combat et de la mort, mais également celui de l’espoir et de la vie ; - un lexique imagé, des formules saisissantes ; - des figures de style utilisées pour frapper l’imagination et émouvoir,comme l’anaphore, la métaphore, l’antithèse et l’allégorie ; - l’engagement utilise le « je » du poète qui s’adresse à ses contemporains.

Le poème Le Deserteur de Boris Vian, de même que tous les poèmes engagés, dénonce certains agissements. Ici, il s'agit d'un message au Président décrivant le fait que tout le monde a une vie ou des peurs et que de ce fait, tous ne veulent pas entrer en guerre (guerre d'Algérie). Le poème est en vers libre et fait état des peurs ainsi que des souffrance d'un homme qui ne veut pas aller faire la guerre.

II. Les poètes Le poète, de par son statut, est souvent un artiste engagé. Au cours de l’histoire, nombreux ont été ceux qui se sont exprimés, soulevés, révoltéscontre les injustices sociales, les systèmes politiques, les abus de pouvoir, l’intolérance des religions. Cependant, l’expression « poètes engagés » est récente, elle vient des réflexions du philosophe Jean-Paul Sartre sur le rôle des intellectuels dans la société. Cette dénomination s’applique aux poètes de la Résistance et plus généralement à tous les poètes qui ont défendu ou défendent une cause. 1. L’engagement a. Définition D'après le Dictionnaire Le Petit Robert, la définition de l'engagement est : « Acte ou attitude de l’intellectuel, de l’artiste, qui, prenant conscience de son appartenance à la société et au monde de son temps, renonce à une position de simple spectateur et met sa pensée ou son art au service d’une cause. » b. Les causes Les causes de l'engagement sont diverses mais elles ont en commun la lutte contre la négation des droits de l’homme : - causes religieuses : intolérance, fanatisme ; - causes sociales : injustice, inégalité, misère, racisme, peine de mort ; - causes politiques : guerre, dictature, violence. c. Les objectifs Les objectifs de l'engagement sont nombreuses : il peut s’agir de révéler la réalité, de témoigner, de dénoncer, de convaincre, de défendre des valeurs, de faire agir autrui, de rendre hommage, de transmettre un message d’espoir...

d. Les points communs des poètes engagés Cette poésie est toujours ancrée dans l’Histoire et donc les poètes font référence à des noms de lieux et de personnes réels, ils utilisent des images concrètes visant la compréhension du plus grand nombre (symboles, personnifications, allégories), ils font un grand usage des reprises, anaphores, parallélismes, assonances et allitérations, cherchant la facilité de mémorisation.

2. Quelques rencontres entre Poésie et Histoire a. 16e siècle En 1560, Agrippa d’Aubigné, calviniste, assiste à la décapitation de 100 Protestants, il en reste marqué à vie. Il s’engage au combat par les armes et les mots, il écrit les Tragiques, qui témoignent des horreurs qu’il a vues. C’est dans ses Discours que Ronsard prend également position, d’un point de vue catholique, pour la fin des guerres de religions.

b. 18e siècle André Chénier (1762), poète révolutionnaire, auteur des poèmes A Charlotte Corday ou A la France, est condamné par le tribunal révolutionnaire et guillotiné en 1794.

c. 19e siècle Pour les romantiques la mission du poète consiste à sauver le monde des injustices, ils pensent qu’ils sont des prophètes. C’est le cas notamment de Victor Hugo, d’Alphonse de Lamartine, qui s’engageront aussi bien dans le combat par les mots que dans l’action concrète politique. Victor Hugo est un homme de combat, un intellectuel engagé. Il se bat contre l’injustice, contre le travail des enfants, (« Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit » est un vers bien connu du poème Mélancholia)par exemple, mène un combat contre la peine de mort et lutte contre le pouvoir politique. Il dénonce le coup d’état du 2 décembre 1851 perpétré par Napoléon III, ce qui lui vaut l’exil. Il publie alors les Châtiments, un recueil qui dénonce l’armée, l’Eglise, l’argent et qui s’en prend largement à Napoléon le petit. Lamartine (1790) entre en politique, il se rallie à la République de 1848 et déclare que « la poésie sera philosophique, religieuse, politique, sociale. » d. 20e siècle

• La Résistance Très rapidement, le groupe des poètes surréalistes va s’opposer au fascisme et au nazisme. Certains vont s’engager au Parti Communiste, puis dans la Résistance. Louis Aragon, par exemple, constitue un réseau d’intellectuels, il diffuse sa poésie clandestinement. Il fait acte de Résistance aussi dans la forme de ses poèmes, abandonne le surréalisme pour la prosodie classique, réutilise le vers rimé, l’alexandrin, la ballade, le rondeau, le lai qui sont facilement mémorisables. Il exalte à la fois sa muse Elsa Triolet et la France opprimée. Les recueils la Diane française, le Crève-Cœur en sont les meilleurs exemples. En 1955, il écrit Strophes pour se souvenir à la mémoire du groupe de résistants étrangers Manouchian fusillés en 1944. (L’Affiche rouge) Il est suivi par Robert Desnos, membre d’un réseau clandestin, ses plus beaux vers lui sont inspirés par la Résistance, dans Etat de veille (1943). Son engagement lui coûte la vie, il est déporté et meurt en 1945. C’est aussi le cas de Max Jacob, ami de Jean Moulin. Paul Eluard lui s’engage au Parti Communiste, et s'exprime contre la Guerre d’Espagne, le nazisme. Il écrit notamment le poème Liberté qui a été parachuté dans les maquis. Jacques Prévert publie clandestinement sous le gouvernement de Vichy des textes provocateurs, accessibles, qui touchent tous les publics. Le vers « Quelle connerie la guerre » extrait du poème Barbara a été réutilisé de nombreuses fois par la suite, par les opposants de toutes les guerres.

• L’insoumission La chanson, écrite par Boris Vian en 1954, est aussi un texte engagés incontournable. Sortie en réaction à l’incorporation en Indochine, elle est censurée sur les ondes jusqu’en 1962. Dans les années de la guerre au Viêt-Nam (1970), elle sert d’hymne aux manifestations pacifistes. Elle ressort en 1990 contre l’intervention occidentale pendant la guerre du Golfe.

• La Négritude Sous l’impulsion d’Aimé Césaire et Léopold Sédar Senghor, les poètes autodésignés poètes de la Négritude créent une poésie d’opposition, d’affrontement dans laquelle ils dénoncent le colonialisme et rêventd’une conscience collective africaine. C’est le Martiniquais Aimé Césaire (1913-2008) qui est à l’origine du mouvement, il revendique une identité noire. Il écrit entre autres Cahier d’un retour au pays natal en 1939. Il est suivi par le Sénégalais Sédar Senghor (19062001), lui aussi poète de la révolte face à la ségrégation du peuple noir. Il invente une poésie issue du surréalisme, métissée de rythmes africains. Il publie Hosties noires en 1948. Pour lui action politique et création poétique doivent aller de pair. Il a été le premier président du Sénégal de 1960

à 1980. Ce mouvement dépassera l’espace de la francophonie.

III.

L'engagement aujourd'hui

Aujourd'hui, les chansons, le rap ou le slam sont utilisés pour faire passer des messages tels que : la lutte pour l'environnement, la cause animal, les dangers des réseaux sociaux... etc......


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