La question migratoire au XXIe siècle (C Whitol de Wenden) Volcya Ozon PDF

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La question migratoire au XXIe siècle Presses de Sciences Po, coll. « Monde et sociétés », Paris. 2013. 266 pages

Auteur : Catherine Wihtol de Wenden. Politologue et sociologue française, elle est spécialiste des migrations internationales comme en témoigne la rédaction de nombreux travaux sur le sujet. Elle est directrice de recherche au CNRS et docteur en science politique. Elle a été consultante auprès de l'OCDE, du Conseil de l'Europe, de la Commission européenne ainsi que expert externe pour le Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugiés. En 2014, elle est faite chevalier de la Légion d'honneur.

Objet : Analyse des facteurs, enjeux, acteurs, objets de la mobilité internationale et de son rapport avec les institutions.

Problématique : Quelles conséquences ont les migrations dans les relations internationales ? 1) Les migrations, un phénomène mondial. Depuis les années 1980, le nombre de migrants a été multiplié par trois. Avec 240 millions de migrants internationaux et 740 millions de migrants internes, ils représentent 3 % de la population mondiale. Toutes les régions du monde sont concernées par le départ, l'arrivée ou le transit de migrants. 2) Un phénomène qui remet en question la souveraineté étatique Le monde est divisé en grandes régions migratoires qui ne correspondent pas nécessairement aux frontières établies. Or, en remettant en question les frontières nationales, les migrants remettent en question la souveraineté même des États. Face à ce franchissement accru des frontières, deux postures sont adoptées par les États : les États les plus pauvres poussent à une ouverture des frontières tandis que les États les plus riches ont tendance à fermer leur frontière, pour contrôler les migrations tout en restant ouvert économiquement. 3) Face à cet enjeu mondial, la nécessité d'une gouvernance mondiale La Déclaration Universelle des Droits de l'Homme de 1948 rappelle le droit de toute personne à quitter un pays. En 1951, la Convention de Genève définit les modalités selon lesquelles le statut de réfugié peut être accordé aux personnes qui en font la demande, ainsi que les droits et les devoirs de ces personnes. En 1990, une convention de l'ONU sur les droits des travailleurs migrants est signée. Malgré ces actes, une gouvernance mondiale des migrations a du mal a émerger : la création du Forum mondial sur la migration et le développement ( FMMD) qui a eu lieu la première fois en 2007 à Bruxelles en présence de représentants de 156 États membre a tout de même permis d'affirmer que la migration est désormais l'objet d'une « plate-forme mondiale »

Thèses :

- Thèse 1 : Le profil du migrant s'est complexifié. → Les profils des migrants et des réfugiés se sont diversifiés : migrant économique, réfugié, migrant au titre du regroupement familial, migrant environnemental, ... → La diversification des profils des migrants s'est accompagnée d'une difficulté accrue à les différencier : le migrant peut avoir plusieurs statuts au cours de sa vie. L'urbanisation et la scolarisation ont mis fin au profil dominant du migrant masculin, analphabète, issu du milieu rural comme ds les 60s. Désormais, près de la moitié des migrants sont des femmes. « Le droit, qui classe en statut distinct les différents types de migrants, est éloigné d'une réalité beaucoup plus évolutive »

- Thèse 2 : Les migrations internationales sont un paradoxe de la mondialisation : Les migrations, phénomène qui témoigne de la perméabilité des frontières, remettent en cause la logique libérale. En effet, malgré une mobilité accrue, les restrictions se multiplient au nom de la sécurité et de la crainte pour l'intégration. Elles constituent un véritable « paradoxe libéral »: bonnes pour l'économie, elles sont jugées trop risquée politiquement. Pour empêcher le franchissement des frontières, des murs sont construits et des camps établis. Face aux migrations, le thème de la sécurité est très présent dans les politiques européenne depuis 90s : le « terrorisme et la violence urbaine ont donné une légitimité accrue au lien entre immigration et sécurité »

- Thèse 3 : Les migrations ont fait évolué le concept de citoyenneté. Les migrations sont à l'origine de nouvelles formes de citoyenneté : → dissociation de la citoyenneté et de la nationalité (ex : droit de vote des étrangers au niveau local ou dans leur pays d'origine) → évolution de la citoyenneté : allégeances multiples ( obligation de fidélité et d'obéissance d'une personne envers la nation à laquelle elle appartient ), double nationalité, … « l'influence politique des pays d'origine utilisant leurs nationaux devenus citoyens dans les pays d'accueil comme une force collective potentielle ou leurs déplacés et réfugiés comme diplomatie d'influence pour les États diasporiques »

- Thèse 4 : La migration influe participe au développement. → Pour les pays de départ, la réception de devises est un apport majeur au développement : en effet, en 2011, les transferts représentaient le triple de l'aide publique au développement. Cependant, « il ne faut pas chercher dans la migration l'instrument miracle pour le développement ». La dynamique migratoire est réponse à court terme alors que le développement relève du moyen voire du long terme. - Pour les pays riches, l'immigration représente une opportunité plutôt qu'une menace dans un contexte de viellissement marqué de la population.

- Thèse 5 : Le contrôle des migrations est peu éthique Le contrôle des frontières est un incompatible avec un respect total des droits de l'homme. En effet, interdire le passage des frontières ou encore les régularisations, « soupape à la sévérité des contrôles », sont contraires à la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme de 1948 qui assure chaque personne le droit de quitter un pays....