L’islam contre l’islam d Antoine Sfeir par L Soum-Sinnah PDF

Title L’islam contre l’islam d Antoine Sfeir par L Soum-Sinnah
Course Histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques
Institution Lycée Général
Pages 4
File Size 175.3 KB
File Type PDF
Total Downloads 98
Total Views 131

Summary

Cours de géopolitique...


Description

L’islam contre l’islam  

Sous-titre : L’interminable guerre des sunnites et des chiites 2013, Paris

Antoine Sfeir

est un journaliste, politologue et écrivain libano-français né en 1948. La plupart de ses ouvrages sont liés aux thèmes du Moyen-Orient et du monde musulman. En 1976, il est enlevé pendant la guerre du Liban et torturé par une milice palestinienne, ce qui lui laissera certaines séquelles. Il fonde la revue Les Cahiers de l’Orient, devient plus tard président de l’ILERI (Institut libre d’étude des relations internationales) et est officier de l’ordre de la Légion d’honneur. Il est critiqué pour avoir fait l’apologie du régime tunisien de Ben Ali, puis il considère le peuple tunisien comme un exemple pour toute la région. Il reconnaîtra en 2011 s’être « trompé lourdement sur ce pays ».

 Problématique On commet généralement une erreur en lisant les événements égyptiens, syriens, iraniens ou irakiens à travers la grille « démocrates contre intégristes ». En vérité, la réelle ligne de fracture qui divise le monde arabo-islamique est celle qui sépare les deux branches de l’islam, à savoir le sunnisme et le chiisme. Sunnites et chiites sont arrivés à un tel antagonisme au point de se livrer à une guerre fratricide qui touche également le monde non musulman. Qu’est-ce qui distingue le chiisme du sunnisme ? Quelles sont les caractéristiques de cette « guerre de religions » qui dure depuis treize siècles ?

 Structure argumentaire 1) Idées

Chiites = 9% des musulmans (150M de personnes) // Sunnites = 90% I-

Aux origines du chiisme

 632 : mort du prophète Mouhammad. La succession est alors controversée : certains souhaitent comme successeur Ali bin Abi Taleb, cousin et gendre du prophète, d’autres le considèrent trop jeune et préfèrent choisir le plus apte à diriger par cooptation. Calife < khalifat = « successeur »  1er calife : Abou Bakr, ami et père d’Aïcha, l’épouse préférée du prophète  2ème calife : Omar ibn Khattab (assassiné)  3ème calife : Othman ibn Affan (assassiné)  4ème calife : Ali Certains l’accusent d’avoir commandité l’élimination de son prédécesseur. Dès lors vont se multiplier les batailles fratricides entre musulmans. Le gouverneur de Damas Mo’awiya refuse d’obéir à Ali et réclame les meurtriers de son fils Othman (précédent calife). En 657 éclate la bataille de Siffin entre Mo’awiya et Ali qui finira par une trêve entre les deux camps. 661 : Les kharijites (groupe politique et théologique rigoriste, dissident de l’islam) assassinent Ali  5ème calife : Mo’awiya Ali avait 2 fils : Hassan qui cède le califat à Mo’awiya, et Hussein. C’est le début de la dynastie des Omeyyades et le déplacement du califat à Damas.  6ème calife : Yazid (fils de Mo’awiya) 680 : Révolte de Hussein, mais défaite et mort de Hussein dans la plaine de Karbala. C’est la naissance du chiisme (par les partisans d’Hussein et Ali = chi’aat Ali) et du sunnisme (partisans de

Mo’awiya et qui suivent la tradition ( Sunna)). Hussein est considéré comme martyr par les chiites qui commémorent l’épisode de sa mort chaque année lors de l’Achoura. Malgré un même socle (les 4 premiers califes), sunnisme et chiisme divergent pour des raisons généalogique (lors de la succession), théologique (les chiites développent l’ ijtihad càd l’effort d’interprétation) et politique. II-

Divergences doctrinales et particularités du chiisme

Les chiites ne reconnaissent que la descendance directe d’Ali, et donnent à ses descendants le titre d’imam. 1er imam : Ali / 3ème imam : Hussein.  Courant principal : Le chiisme duodécimain considère qu’il y a eu 12 imams, mais le 12ème a disparu à l’âge de 5 ans. Les chiites croient en « l’occultation » de celui-ci, il serait « l’imam caché » qui guide la communauté et qui reviendra à la fin des temps comme le Messie (Mahdi), pour rétablir paix et justice sur terre.  Courants minoritaires qui naissent du 5e, 7e et 11e imam, respectivement : les zaydites, les ismaéliens (créant la dynastie des fatimides) et druzes, et les alaouites Aux VIIIe et IX siècles, l’Irak est considéré comme le centre du sunnisme avec la dynastie des Abbassides. Chiisme (vs Sunnisme) :  L’Imam est le véritable guide spirituel et politique de la communauté désigné par Dieu.  Aucun pouvoir politique n’est définitivement légitime jusqu’au retour du 12 ème imam. L’État ou le souverain peut toujours être remis en question, puisque dans le chiisme, au contraire de l’islam sunnite, l’ijtihâd (l’effort d’interprétation du Coran et de la Sunna) n’a jamais cessé. Ce sont les oulémas (= savants) qui dirigent ≠ califes (mais abolition du califat en 1924).  Un clergé bien établi : les moutjahids chiites ont fait des études de théologies et peuvent pratiquer le fameux ijtihad. Ils peuvent ensuite devenir hodjatoleslam puis ayatollah (= « signe de Dieu »), et peut-être marja’a (= « référent »)  Le tazieh (= « témoignage de condoléances ») : c’est une cérémonie religieuse sous forme de pièce de théâtre en Iran pour l’éducation religieuse, la transmission de la mémoire collective du peuple iranien et la célébration. Il représente les drames sacrés en 10 jours, le 10ème jour étant l’Achoura et durant lequel est joué la mort de Hussein.  Le sigheh : désigne le mariage temporaire. Géographie : Les chiites représentent 90% de la population en Iran, 75% à Bahreïn, et sont minoritaires dans la plupart des autres pays.  Iran : Le chiisme a été institué religion d’État en Iran et dans l’Empire perse dès le XVIe siècle avec l’arrivée au pouvoir des Séfévides qui s’opposent aux Ottomans sunnites. Ils sont succédés par la dynastie Qadjar. Ensuite le clergé se constitue en véritable contre-pouvoir, mais devient marginalisé au début du XXe siècle. Le clergé exploite les frustrations et coordonne la révolte de 1979. Les minorités chiites sont souvent exclues, rejetées et font l’objet de discriminations et d’exactions.  Azerbaïdjan : majorité chiite car ancienne province de l’Empire perse, mais l’occupation soviétique a laïcisé la société azérie.  Afghanistan : Hazaras (chiites) sont violemment réprimés par les Pachtounes sunnites puis par les Talibans.  Turquie : les Alévis (chiites) = ¼ de la population turque.  Inde : 25M  Pakistan : 30M  Irak : 60% de la population est chiite mais elle constitue une minorité politique. Le parti Baas souhaite créer un Etat-nation arabe, laïque et moderne. La hantise de voir les ayatollahs

    III-

mobiliser les chiites du Sud de l’Irak a poussé Saddam Hussein à entrer en guerre en 1980. En 1991, la coalition décide de ne pas renverser Saddam Hussein de peur de voir apparaître une république chiite. Mais, tous les chiites d’Irak ne sont pas pro-iraniens. Golfe Persique : 70% Yémen : chiisme zaydite Syrie : alaouites prennent le pouvoir à la fin des années 1960. Liban : sous tutelle sunnite puis druze jusqu’au XXe, avant que les chiites sortent de l’exclusion. L’Iran appuyait le Hezbollah. Géopolitique du chiisme actuel

 L’IRAN : 1977 : « printemps de Téhéran » : répressions, exactions et violences aboutissant au « vendredi noir » (feu sur les manifestants). 1980 : répression des libéraux et communistes, et exil des minorités religieuses. L’Iran devient officiellement chiite, et est dirigé par le « Guide suprême » nommé à vie (Ruhollah Khomeyni) qui domine les pouvoirs législatif, exécutif et judicaire. o Changements : La prière du vendredi devient obligatoire, la mixité est supprimée dans les lieux publics et les femmes sont contraintes à porter le voile. o Relations amicales avec l’URSS (1er fournisseur d’armes) et ennemi des Etats-Unis (prise d’otages à l’ambassade américaine pendant plus d’un an) o Le dogme velayat-e faqih, qui est inscrit dans la constitution iranienne, confère aux religieux la primauté sur le pouvoir politique. o 98% de la population iranienne est chiite. XXe siècle : apparition de mouvements fondamentalistes radicaux dans les pays sunnites : les Frères musulmans en Egypte et Syrie, le mouvement wahhabite en Arabie Saoudite. Oussama Ben Laden est recruté par une légion islamique mondiale créée pour aider les américains face à l’invasion de l’Afghanistan. Puis Ben Laden offre ses services au Koweït pendant la guerre du Golfe. Tensions et conflits liés à la guerre entre sunnites et chiites : 



   

Guerre civile en Syrie : le « printemps syrien » a débuté par l’opposition de laïcs ou chrétiens au gouvernement chiite, mais leur mouvement a été rattrapé par les Frères musulmans (sunnites). L’Occident peut agir par des sanctions économiques sur la Russie, protecteur d’Assad, ou en envoyant des missions de l’ONU. L’intérêt des Américains est que les sunnites prennent le pouvoir pour pouvoir gérer le pétrole du Moyen-Orient. Guerre Iran/Irak : guerre ethnique entre Perses/Arabes ; guerre religieuse entre sunnites/chiites ; guerre pour le contrôle du golfe Persique (pétrole et approvisionnement énergétique des occidentaux). L’Irak, lors de l’invasion, est soutenu par les pays arabes qui ont de fortes minorités chiites et se sentent menacés, et par la majorité des pays occidentaux. Il y eut 1M de morts et aucun vainqueur. Afghanistan : le commandant Massoud massacre les Hazaras ce qui provoque la montée du ressentiment chiite. Le Hamas (sunnite) est instrumentalisé par le pouvoir chiite. Il y eut un éclatement de la communauté chiite en Irak entre ceux qui restent attachés à leur citoyenneté irakienne et ceux qui se sont alignés sur la politique iranienne. L’Egypte et la Turquie souhaitent remplacer l’Arabie Saoudite considérée comme le centre du sunnisme. Mais la laïcité est inscrite dans la Constitution turque.

IRAN : il y a 4 pôles du pouvoir : le Guide, le président, le clergé et les Gardiens de la révolution (Pasdaran). Ils semblent s’être radicalisés. Des tensions et divergences d’opinion naissent et une lutte est engagée entre le président, le Guide (Khamenei) et le président du Parlement. La République islamique d’Iran vire à la dictature et des manifestations se multiplient contre Khamenei qui souffre de plus d’un déficit de légitimité (il n’est pas reconnu comme marja’). Les fondations religieuses

contrôlent des pans énormes de l’économie et, alliées au Pasdaran, laissent prévoir une velléité de prise de pouvoir. Une des organisations les plus controversées est la société de la Hojjatieh qui a une influence considérable sur les politiques même si elle est clandestine, et qui porte un discours antisunnite virulent. La diabolisation de l’Iran est une erreur.  L’Iran entretient des relations continues avec les Etats-Unis (même si l’Iran est considéré comme un Etat voyou). Les Iraniens ont peur, car ils sont entourés de sunnites, et sont minoritaires dans le monde musulman. C’est pour cette raison qu’ils souhaitent détenir l’arme atomique. Ils veulent aussi montrer qu’ils sont capables de maîtriser cette technologie. Ne pouvant la développer, ils ont besoin d’une alliance stratégique avec une puissance, qui ne peut être que les Etats-Unis ou la France. La France est la seule à pouvoir parler à tout le monde.  Le régime théocratique iranien dérange les Occidentaux alors que les régimes théocratiques saoudien et qatari ne dérangent pas et importent un islam rigoriste en Occident. L’Occident n’a pas à prendre parti mais plutôt à jouer les médiateurs.  Les Israéliens commercent régulièrement avec l’Iran. Antoine Sfeir montre comment le conflit chiites/sunnites, purement conceptuel au départ, s’est progressivement incarné. Ce conflit connaît fanatisme et aveuglement comme la majorité des guerres de religion. Les autres pays ne parviennent pas à apaiser les tensions : les Etats-Unis ne pensent qu’à leurs intérêts, les Européens ne peuvent se mettre d’accord à 28, et la France est en train de perdre son rôle, sa crédibilité et l’efficacité de ses médiations puisqu’elle ne converse plus avec l’Iran, une partie des Libyens, pas souvent avec l’Algérie, et a du mal à dialoguer avec l’Irak et l’Egypte.

2) Citation « Vouloir diaboliser le régime, comme les occidentaux le font, relèvent d’un angélisme puéril : c’est nier le caractère englobant de l’islam qui a cours dans tous les pays qui en font une religion d’État, du Pakistan à l’Arabie Saoudite, qui sont pourtant nos alliés. »

 Éléments critiques ou mise en perspective De façon très pédagogique, simple, et non polémique, l’auteur expose les faits historiques, théologiques et politiques qui, depuis la mort du prophète Mahomet, ont figé le conflit entre une majorité sunnite et une minorité chiite. Alors que l'on assiste à une poussée du fondamentalisme sur le plan international, et que sur le plan national il existe des dérives que personne ne semble pouvoir maîtriser, Antoine Sfeir apporte un éclairage intéressant sur ce qui secoue depuis des siècles l'Islam, et nous permet ainsi de mieux comprendre les événements actuels. Ce livre a en effet été écrit deux ans après le printemps arabe, pendant la guerre de Syrie, et dans un contexte de multiplication des attentats de terroristes islamistes à travers le monde....


Similar Free PDFs