L’Assommoir, d’Émile Zola sommaire et critique PDF

Title L’Assommoir, d’Émile Zola sommaire et critique
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L’Assommoir, d’Émile Zola Sommaire et critique L’Assommoir est assurément un roman majeur de la littérature française. Pourtant, le titre d’emblée pourrait accabler le lecteur qui imaginerait ce livre comme un excellent somnifère. Il n’en est rien, au contraire. Dès les premières pages, on est happé par la vie de Gervaise. L’héroïne de ce roman a une vingtaine d’années au début de l’histoire. C’est une jeune et jolie blonde, boiteuse, qui travaille comme blanchisseuse à Paris. Elle s’occupe de ses deux enfants et attend Lantier, leur père, jeune homme inconstant et paresseux. Lorsqu’il quitte Gervaise, celle-ci, courageusement tâche d’avancer dans la vie, et s’établit bientôt avec le zingueur Coupeau. Ce que j’ai beaucoup aimé dans l’histoire, c’est l’évolution des personnages, particulièrement développée, qui s’étend sur plusieurs années. On assiste impuissant à la montée puis à la chute de la malheureuse Gervaise. Cela ressemble à une tragédie : avec Zola, on sait d’avance que ses personnages vont sans doute mal finir, mais on se plait à espérer en même temps que l’héroïne, que la roue tournera pour elle et qu’elle connaîtra le bonheur. D’autant que Gervaise est une femme pleine de qualités : courageuse, sérieuse et généreuse, elle se montre aussi ambitieuse et persévérante. Mais les aléas de la vie, les rencontres, et l’entourage de l’héroïne auront raison de sa détermination, et l’on observe les changements progressifs de Gervaise au fil des ans. Cette empathie pour les personnages, notamment pour la protagoniste, est favorisée par un style extraordinaire : un discours indirect libre très présent permet d’accéder aux pensées et émotions des personnages sans pour autant couper le récit et lui donne ainsi une force et un rythme inimitables. Le vocabulaire utilisé, très imagé, parfois très cru, ajoute encore à l’illusion du réel. « À son tour, elle saisit un seau, le vida sur la jeune femme. Alors, une bataille formidable s’engagea. Elles couraient toutes deux le long des baquets, s’emparant des seaux pleins, revenant se les jeter à la tête. Et chaque déluge était accompagné d’un éclat de voix. Gervaise elle-même répondait, à présent. – Tiens ! saleté !… Tu l’as reçu celui-là. Ça te calmera le derrière. – Ah ! la carne ! Voilà pour ta crasse. Débarbouille-toi une fois dans ta vie. – Oui, oui, je vas te dessaler, grande morue ! – Encore un !… Rince-toi les dents, fais ta toilette pour ton quart de ce soir, au coin de la rue Belhomme. » Ce qui est passionnant aussi dans ce roman, c’est la découverte quasi sociologique d’un univers très bien rendu, celui du quartier de la Goutted’Or à Paris. Les méticuleuses descriptions qui pourraient effrayer le lecteur, le plongent au contraire dans une atmosphère réaliste extraordinaire : on sent le froid des pauvres qui n’ont plus de quoi alimenter leur poêle, on comprend à quel point le moindre sou compte, on se sent rassasié lorsque les personnages peuvent enfin manger à leur faim, on souffre des coups souvent donnés aux femmes et aux enfants. Le lecteur d’aujourd’hui s’indigne bien sûr de lire qu’Etienne, un enfant de 12

ans travaille déjà dans une forge, malgré ses trop jeunes bras. Il s’émeut et pleure devant la vie de Lalie, une petite fille de 8 ans qui doit tenir une maison comme une vraie mère de famille sous les coups de son père. Il sourit aussi devant les cancans et mesquineries entre membres de la famille ou voisins qui se disputent et se réconcilient sans arrêt. « Ce coin de la maison était le coin des pouilleux, où trois ou quatre ménages semblaient s’être donné le mot pour ne pas avoir du pain tous les jours. Les portes avaient beau s’ouvrir, elles ne lâchaient guère souvent des odeurs de cuisine. Le long du corridor, il y avait un silence de crevaison, et les murs sonnaient creux, comme des ventres vides. Par moments, des danses s’élevaient, des larmes de femmes, des plaintes de mioches affamés, des familles qui se mangeaient pour tromper leur estomac. On était là dans une crampe au gosier générale, bâillant par toutes ces bouches tendues ; et les poitrines se creusaient, rien qu’à respirer cet air, où les moucherons eux-mêmes n’auraient pas pu vivre, faute de nourriture. » Les thèmes de l’argent, l’alcool et la misère sont omniprésents. L’Assommoir est le nom d’un bistrot tenu par le père Colombe et dans lequel s’enivrent les ouvriers qui tentent ainsi d’oublier les conditions de vie terribles qu’ils sont obligés d’affronter. 2 litres de vin par jour et par homme semblent la norme dans le roman, et si les pauvres travailleurs croient échapper dans les vapeurs de l’alcool à leur vie misérable, ils ne font que s’enfoncer davantage dans la misère. Pour payer le vin et l’eaude-vie, les personnages s’endettent, mettent leurs affaires au Mont-dePiété, empruntent à leurs proches ou même à leurs voisins, ce qui évidemment n’arrangera pas leur situation. J’ai particulièrement aimé trois scènes : celle de la bataille épique et drôle au lavoir entre Gervaise et Virginie, celle du festin organisé par Gervaise, point culminant de son ascension sociale avant sa chute, et la description incroyable du delirium tremens d’un des personnages dans les dernières pages du roman. C’est le premier roman décrivant la condition ouvrière du XIXe siècle et à ce titre, il a provoqué un scandale à l’époque. Cependant aujourd’hui, il s’agit d’un ouvrage absolument passionnant, une fresque sociale autant qu’une tranche de vie, décrite avec un talent certain doublé d’un travail considérable. Zola en effet, père du Naturalisme, a côtoyé les ouvriers dont il parle, consignant dans ses carnets chaque détail, chaque parole entendue pour peindre le réel au plus juste et dénoncer la misère sociale des ouvriers de son époque....


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