Le pont mirabeau analyse PDF

Title Le pont mirabeau analyse
Course Letteratura Francese
Institution Università degli Studi di Trieste
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Summary

Analisi del testo poetico Le Pont Mirabeau di Apollinaire. Commentaire...


Description

Pont Mirabeau Guillaume Apollinaire publie Alcools en 1913. Le premier poème « Zone » place le recueil Alcools sous l’égide de la modernité. Pourtant, le deuxième poème du recueil, « Le Pont Mirabeau », qui évoque la rupture du poète avec la peintre Marie Laurencin, est un poème lyrique de facture apparemment classique. Annonce de plan suivant le mouvement du poème (analyse linéaire) : « Le pont Mirabeau » évoque avec nostalgie un amour passé mais présent dans le souvenir qui s’efface pour laisser place à l’inspiration poétique. I – La nostalgie d’un amour passé (v.1 à 6) Le pont Mirabeau, construit de 1893 à 1896, est un ouvrage moderne lorsque Apollinaire écrit le poème. Le choix du « pont » n’est évidemment pas anodin : c’est un signe de modernité mais aussi et surtout un symbole d’union. Mais paradoxalement, l’image du pont Mirabeau est pourtant utilisée par Apollinaire pour évoquer sa rupture avec Marie Laurencin. Apollinaire ne met pas l’accent sur le pont car le regard est porté « Sous le Pont Mirabeau ». C’est un regard descendant et plongeant sur l’eau, métaphore du temps qui passe : « … coule la Seine ». L’eau comme métaphore du temps qui passe est un topos de la littérature que l’on retrouve déjà chez le philosophe Héraclite pour évoquer le passage du temps : « On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve ». Le temps qui passe est un temps destructeur, qui emporte avec lui les amours passées comme le souligne la conjonction de coordination « et » au vers 2 « Et nos amours ». Face au constat de cette destruction, Apollinaire cherche à retrouver l’amour passé. Ainsi, le déterminant possessif « Nos amours » recrée une complicité avec la femme aimée. Le pluriel au mot « amours » relève d’une style archaïsant. L’écriture semble ainsi être une tentative de retrouver le souvenir passé et de retenir le temps qui passe. Néanmoins, c’est la solitude qui domine dans cette première strophe. Le verbe « souvenir » relègue l’union avec la femme aimée dans un passé révolu confirmé par l’imparfait « venait toujours ». Il y avait bien un vécu commun mais tout cela a disparu. Au contraire, c’est l’impersonnel qui règne « Faut-il qu’il m’en souvienne » (v.3). La forme impersonnelle des deux verbes successifs (« faut-il« , « il m’en souvienne« ) souligne l’effacement des personnes. Le distique (strophe de deux vers) s’apparente à une prière : « Vienne la nuit sonne l’heure ». Le champ lexical du temps (« nuit », « heure », « jours » «s’en vont ») invoque un temps destructeur qui réduit tout à néant. II – La permanence de l’amour (v. 7 à 12) Pourtant, la fin du vers 6 met en évidence la permanence et la fixité du poète « je demeure ». Si l’amoureux s’est effacé, le poète reste, même si on entends le verbe mourir dans « je demeure ». Dans le deuxième quatrain, le poète semble rester maître du temps comme le souligne le champ lexical de la permanence : « demeure » , « restons », « éternels regards ». Les répétitions « Les mains dans les mains restons face à face » créent un effet de circularité qui recrée l’intimité avec Marie Laurencin. Les mots fonctionnent par couple (mains/mains; face/face) dessinant l’image d’un bonheur partagé. Le registre lyrique et l’emploi de la première personne du pluriel : « restons« , « nos bras » fait revivre l’amour passé. La métaphore « le pont de nos bras » crée un effet de miroir avec le Pont Mirabeau comme s’il y avait une correspondance entre les sentiments et le paysage. La musicalité

des assonances (« mains dans les mains, restons (…) pont (…) l’onde si lasse ») renforce l’harmonie apparente de cette scène. III – La souffrance de l’absence (v.13 à 18) Quelques dissonances apparaissent néanmoins dans l’harmonie suggérée par ce deuxième quatrain. La tenue lyrique du quatrain est brisée par le deuxième vers « Tandis que sous », très grammatical et circonstanciel, presque prosaïque. Les répétitions mains/mains et face/face rappelle le miroitement des images dans l’eau de la Seine, suggérant la fragilité et la part d’illusion dans cet amour. L’adjectif « lasse » au vers 10 exprime la mélancolie. Ces dissonances sont amplifiées dans le troisième quatrain qui reprend le thème de la solitude et de la mélancolie. Apollinaire poursuit dans ce troisième quatrain la comparaison entre la fuite du temps et la fuite de l’amour (« L’amour s’en va comme cette eau courante« ). La répétition de l’expression « L’amour s’en va » aux vers 13 et 14 crée un effet d’écho, comme si le souvenir de Marie Laurencin s’amenuisait. Les phrases elles-mêmes deviennent des échos à travers la paronomase « vie est lente / est violente ». (La paronomase est le rapprochement de mots aux sonorités semblables). Les mots se transforment, soulignant la douleur du poète. Apollinaire rend aussi hommage au spleen baudelairien à travers l’allégorie de l’Espérance qui constitue une référence directe au poème « Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle » de Baudelaire : « où l’Espérance, comme une chauve-souris, S’en va battant les murs de son aile timide« . Par cette intertextualité, Apollinaire met en valeur son spleen et sa nostalgie. IV – Le passage du temps et la permanence de la poésie (v.19 à 22) Le champ lexical du temps est omniprésent dans le 4ème quatrain : « Passent », « jours », « semaines », « temps passé ». Le polyptote (répétition de mots de la même racine) du verbe « passer » (« passent« , « passent« , « passé« ) semble faire entendre le tic-tac angoissant d’une horloge. Le passage du temps emporte irrémédiablement avec lui le bonheur passé. La double négation « ni…ni« souligne ainsi l’impossibilité de retenir le temps et les amours passées. On peut même penser que Guillaume Apollinaire joue sur l’homophonie du mot « Seine » qui laisse entendre la « scène » de théâtre : « Sous le pont Mirabeau coule la Seine« . L’amour perdu n’était-il qu’un théâtre d’ombres, une illusion ? Néanmoins, reste la poésie. Le Pont Mirabeau laisse entendre le verbe latin « mirare » (admirer) et l’adjectif français « beau » . C’est comme si, derrière la douleur de la séparation, Apollinaire nous appelait à admirer la beauté poétique qui émerge de cette douleur. Le dernier mot de ce poème est d’ailleurs le verbe « je demeure » qui suggère la fixité, la permanence et la stabilité. On peut aussi voir dans ce poème un calligramme. En effet, la disposition des vers et des strophes semble dessiner un pont en arc. Chaque quatrain est un arc du pont, et les distiques (strophe de deux vers) qui se répètent sont l’eau qui passe sous le pont. Le Pont Mirabeau, lecture linéaire, conclusion Dans « Le Pont Mirabeau », Apollinaire reprend le thème littéraire traditionnel de la fuite du temps. L’image du Pont Mirabeau, symbole de modernité, est une manière de faire le pont entre l’ancien et la moderne, mais aussi entre la littérature et la peinture, et de sublimer l’union perdue entre le poète et le peintre Marie Laurencin. En 1918, Apollinaire publiera les Calligrammes où il réalisera l’union entre le mot et l’image....


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