Question d\'analyse - La Hard Power est-il obsolète? PDF

Title Question d\'analyse - La Hard Power est-il obsolète?
Course introduction à la politique mondiale
Institution Université de Lille
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TD IPM, question d'analyse, plaquette séance 6...


Description

Séance 6 – Emergences et reconfigurations de la puissance Question d’analyse : Le Hard Power est-il obsolète ? La guerre en Irak menée par les Etats-Unis est un symbole de l’affaiblissement du Hard Power. En effet, les américains ont su prouver indéniablement leur supériorité militaire mais ont toute fois omis un aspect central pour mener à bien cette guerre : le Soft Power. Ce conflit est une excellente représentation de l’importance du Soft Power, du pouvoir de convaincre, dans les enjeux actuels. Le Hard Power désigne la capacité d’un corps politique, ici d’un Etat, à imposer sa volonté à d’autres corps politiques à l’aide de moyens militaires et économiques. C’est l’inverse du Soft Power qui désigne la capacité d’un acteur politique à influencer indirectement le comportement d’un autre acteur. Joseph NYE définie la notion de Hard Power comme « la force coercitive, militaire le plus généralement, mais aussi économie, qui comprend la détention de ressources naturelle » et le Soft Power comme « la capacité d’un Etat à obtenir ce qu’il souhaite de la part d’un autre Etat sans que celui-ci n’en soit même conscient ». Nous nous demanderons si le Hard Power est-il toujours efficace ou si celui-ci est devenu obsolète. S’il est vrai que le Hard Power a longtemps été indispensable pour définir la notion de puissance, on peut observer un certain dépassement, un manque d’efficacité de celui-ci dans la gestion des nouveaux enjeux et des nouveaux conflits.

Le Hard Power, c’est-à-dire la puissance militaire, à longtemps primée car c’était la garantie de la sécurité. Mais cette notion va se complexifier avec l’intégration dans les années 70, 80 de la notion de Soft Power, c’est-à-dire la puissance culturelle. Les Etats-Unis ont longtemps réussi à combiner le Hard et le Soft Power, notamment au XXème siècle. Ils ont su s’imposer comme une puissance hégémonique après la chute du mur. Ils ont développé leur puissance classique avec les capacités humaines de forces armées et les armes conventionnelles, mais également la puissance nucléaire qui est une arme de dissuasion. Lors des guerres du XXème siècle, la puissance militaire a été très importante. C’est grâce à elle que les Etats-Unis ont su s’imposer en Europe ou encore au Japon pendant la Seconde Guerre mondiale. C’est l’arme nucléaire qui a poussé le Hard Power américain à son apogée. Ils ont été les premiers détenteurs de la bombe nucléaire et en ont le monopole jusqu’en 1949. A la fin de la Seconde Guerre mondiale, leurs armées sont présentes sur tous les continents et possèdent les deux tiers du stock d’or mondial. Ils ont développé des alliances commerciales et militaires dans le monde entier, comme par exemple l’ALENA. Les Etats-Unis sont également une puissance économique, avec notamment Wall Street, et influencent l’économie mondiale. Le Dollar qui est la monnaie de référence pour les échanges internationaux est un bon exemple de la domination financière. C’est également le premier commerçant et la première puissance agricole mondial. Le Hard Power a donc une place importante, la puissance de frappe des Etats-Unis et sa domination dans l’économie les placent au-dessus de l’échiquier. La chute du mur et de l’URSS, qui était la deuxième grande puissance, renforce la domination américaine. La « victoire » des Etats-Unis et sa capacité à influencer le monde lui donne le surnom de « super-puissance ». Mais comme l’explique Bertrand BADIE, la conception classique de la puissance est remise en cause après le guerrefroide. En effet, d’après lui, « jamais un Etat n’a accumulé autant de ressources de puissance

et pourtant jamais un Etat s’est révélé aussi incapable de maitriser les enjeux auxquels il fait face ». Après la guerre-froide, on assiste à une augmentation des guerres civiles, une diminution des guerres interétatiques et l’apparition de nouvelles formes d’insécurité liées au terrorisme. Selon Joseph NYE, le Hard Power et le Soft Power ne suffisent plus à eux seuls. La solution est un mélange, c’est-à-dire le Smart Power, le « pouvoir intelligent ». Ce n’est plus la possession des ressources qui compte mais l’utilisations de celles-ci, il faut définir une stratégie de puissance. La coopération est un enjeu majeur du XXIème siècle, et les EtatsUnis doivent développer le niveau de vie et la cohésion de sa population pour conserver un Hard et un Soft Power durable. Le Soft Power a donc un rôle très important au XXIème siècle, « l’époque est à l’influence » (Joseph NYE). Comme l’explique Mathieu GUIDERE avec l’exemple de la guerre en Irak menée en 2003, le Hard Power des Etats-Unis est indéniable mais ce qui leur a porté préjudice c’est leur incapacité à imposé le Soft Power. En effet, les américains sont partis en Irak sans connaitre réellement le pays. Il y avait très peu d’interprètes compétent et ils ne connaissaient pas les coutumes locales. Ils voulaient imposer le mode de vie américain, et notamment la démocratie, mais à cause de maladresses et d’erreurs de jugement, l’armée américaine, d’abord perçue comme une armée de libération, va très vite être perçue comme une armée d’occupation et d’oppression. Comme avec la guerre du Vietnam 50 ans plus tôt, l’industrie médiatique et culturelle ne montre pas cette guerre positivement et l’opinion publique se désolidarise de l’armée. Les Etats-Unis n’ont donc pas su utiliser la méthode douce pour mener à bien cette guerre. On assiste également au XXIème siècle à l’apparition de nouveaux acteurs nonétatiques qui peuvent rendre le Hard Power obsolète : les Firmes Multinationales. Celles-ci ont un pouvoir économique et social lorsqu’elles embauchent et licencient, juridique car elles participent à la création de normes, et politique parce qu’elles interviennent au niveau national et international dans le façonnement des politiques économiques. Néanmoins, elles ne menacent pas la souveraineté des Etats car il y a des organisations qui les encadrent, comme l’Organisation internationale du travail.

Le Hard Power a longtemps primé sur les autres formes de pouvoir au XXème siècle. Mais avec l’apparition des nouvelles formes de conflits, il y a une remise en cause de celui-ci. Le Soft Power serait privilégié pour les guerres du XXIème siècle ou encore le Smart Power pour Joseph NYE. On pourrait en effet se demander si la domination des Etats-Unis en tant que première puissance mondiale ne serait pas révolue, du fait de leur incapacité à développer le Soft Power, au profit d’autres puissances émergentes....


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