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Récit de voyage obligatoire. Travail final....

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Catastrophes à Asbestos Par Valérie Paquette Récit de voyage Rédaction : style et clarté Travail remis à Valérie Descôteaux 28 novembre 2016

Catastrophes à Asbestos 24 juin Les bagages sont empilés dans le coffre du camion. Je me suis changée et démaquillée avant de partir. J’ai troqué l'allure de Belle pour cellede Cendrillon (avant le coup de baguette magique de sa fée marraine).Le bal est terminé, l’après-bal commence.

Il est minuit passé. Je regarde par la fenêtre de la voiture et laisse mon esprit se perdre dans la nuit. C’est idiot, d’un certain côté, mais c’est ce dont j’avais besoin pour réaliser que… J’ai mon diplôme. J’ai réussi, j’ai survécu à l’école secondaire et je me dirige maintenant vers mon party d’après-bal. Prochaine étape : le Cégep! J’angoisse juste à y penser, j’ai un été entier pour m’y faire. J’ai hâte de me dépasser et de vivre de nouveaux défis, mais j’ai aussi peur d’être incapable de les surmonter. Je quitte le confort du secondaire. J’avais des amies dans mes cours avec qui je pouvais plaisanter, comme quand, avec Kim, on s’est mises à rire en cours d’histoire alors que le professeur parlait d’enfants africains affamés. Comme quand, durant une récréation, Marie avait mis un crayon de plomb dans le four à micro-onde. Sophie était certaine que le feu se répandrait dans la cafétéria et qu’elle deviendrait complice d’incendie criminel.D’ailleurs, Marie me manque. Le vidéoclip que nous devions filmer pour le cours de cinéma n’a jamais abouti. Le film sur le suicide avec Kim non plus.

Je repense ensuite à mes cours de Projet personnel d’orientation et de Préparation aux études postsecondaires. Cours inutiles. Ils ne sont là que pour tenter d’aider les jeunes à décider de leur avenir. Le plus vite tu sais, le plus vite tu peux t’orienter dans ton domaine, le plus vite tu en sors. Aussitôt sorti, tu travailles et tu deviens un consommateur. À 16 ans, tu dois savoir quel métier tu feras quand tu enauras 30. Le système scolaire nous oriente vers des voies complètement aléatoires, beaucoup d’entre nous rebroussent chemin en court de route. Au bout du compte, c’est pourtant ça la vie, non? Essayer, se tromper et recommencer. Mais la société veut des consommateurs. Peu importe ce que tu fais, peu importe si c’est un emploi qui te passionne. Travaille et achète. Quellebelle mentalité de groupe! Lorsque le paysage change devant mes yeux, mon esprit reprend contact avec la réalité. Nous sommes arrivées. Même s’il fait nuit, je vois le chalet que mon père a construit en 1997, alors que ma mère était enceinte de moi.

Les bagages déposés sur le plancher, on court jusqu’à la plage. Je viens ici depuis que je suis née et, chaque fois, je suis émerveillée par la vue. Le lac est calme. Il n’y a pas un seul bateau sur l’eau pour créer des ondulations et troubler la paix. La lune, comme si nous étions dans un film, éclaire le paysage et se reflète sur le lac. Un magnifique spectacle. Mais il se fait tard, il faut aller dormir.

25 juin Toute l’année, Sophie nous a répété qu’elle allait boire à l’après-bal, qu’elle se saoulerait même! Mais c’est Sophie, elle dit beaucoup de mensonges. Quand vient le moment d’agir, quelque chose se produit. Cette fois-ci, c’est l’alcool. Sa mère lui a acheté des bouteilles au goûtrépugnant – pas besoin d’en avaler pour le savoir. Donc elle boit les nôtres. La journée passe, tout le monde profite de la plage. Quand vient l’heure du souper, ma mère revient de l’épicerie avec le repas : poulet croustillant, frites et salade de macaronis. Le meilleur trio au monde. Quiconque n’a jamais goûté à ce poulet n’a pas vécu pleinement. Coop Métro d’Asbestos, épouse-moi.

Quand vient l’heure du dessert, je saute de joie comme une femme qui vient de se faire demander en mariage. La tarte au sucre que mon oncle Jacques a fait est sur le comptoir, prête à être mangée. Avec du lait à chaque bouchée, le goût sera divin, comme un orgasme. Sophie la trouve trop sucrée – c’est une tarte au sucre, à quoi s’attendait-elle? Le repas englouti, la nuit tombée, nous nous enfermons

dans la cave pour regarder des films d’horreur. Une fois que Sophie est terrifiée, nous nous allongeons sur nos lits. «D’après vous, il se passe quoi après la mort? » Selon les croyances catholiques, les gentils vont au paradis, les méchants vont en enfer. C’est grossièrement résumé, mais c’est ce qu’on dit. Cela dit, puisque je suis athée, je n’y crois pas tellement. Je veux connaître l’avis de mes amies. « On se fait dévorer par des vers de terre dans une boîte sous la terre. » C’est la réponse que Kim me donne. Pour les gens qui se font enterrer, c'est logique. Et sathéorie appuie la mienne : il ne se passe rien après la mort. Le sous-sol était calme... jusqu’à ce que Sophie éclate en larmes. Oh!quelle galère. La prochaine fois, je garderai mes questionnements pour des gens moins fragiles.

26 juin

Cet après-midi, le soleil brille. Avec les filles, on va faire du pédalo. Il fait vraiment chaud. Kim et moi restons dans le pédalo, Sophie saute à l’eau. Elle en ressort en criant. Sur le coup, je me demande s’il y a des requins dans le lac. Qui sait. Mais non, c’est une attaque de liquide (une attaque d’eau). L’eau dans ses oreilles a mené à une otite – tout ça en moins d’une minute!

La journée passe, ce qui n’est pas le cas de ses pleurs et de ses plaintes. Ça fait vraiment mal – si l’on se fie à ce qu’elle dit. Elle va mourir déshydratée d’ici la fin de la journée. Elle pleure, elle pleure, et ce n’est pas très joli. Les paroles « tu es si jolie quand tu pleures » de One Direction n’étaient certainement pas à propos d’elle. Son visage est rouge tomate et crispé par les pleurs… ou à cause de la douleur qu’elle prétend ressentir. Elle est roulée en boule sur le divan.

Lorsque vient – enfin – le moment de partir, elle n’a toujours pas fini sa crise. Dans le camion, le trajet est pénible. Normalement, les 35 minutes de voiturequi séparent Asbestos de Windsor s’effilent rapidement mais, normalement, il n’y a pas de Sophie qui pleure et qui hurle à côté de moi. Kim débarque la première, et je l’envie de pouvoir se soustraire au supplice ambulant qu’est devenue mon amie. Les 15 minutes entre Richmond et Windsor semblent aussi longues que l’après-midi qui vient de s’écouler. * Dans ma chambre, alors que je vide mon sac, je repense au weekend d’après-bal que je viens de vivre. Avec Kim, j’ai eu beaucoup de plaisir. On a fait peur à Sophie, on a mangé des bonbons et on a vécu de beaux moments. Sans elle, la célébration aurait été… nulle. Incomplète. Elle est ma demipersonne, il faut qu’elle soit là afin que je sois entière. Une chose est certaine : je me passe de la présence de Sophie! Elle a un don pour gâcher les événements qui devaient être amusants.Elle ruine l’ambiance chaque fois.Pour une fête bien réussie, évitez Sophie. C’est ce que je ferai à mon après-bal de Cégep. (1195 mots)...