Système Social Pologne PDF

Title Système Social Pologne
Course Sciences de l'Education
Institution Université d'Évry-Val-d'Essonne
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I.

Religion et Etat, entre laïcité et confessionnalité 1. France et Pologne : “une acceptation confessionnelle, oui mais”:

La France et la Pologne semblent par leur constitution, reconnaître une certaine liberté confessionnelle, ce que l’on désigne en France plus précisément par le terme Laïcité. Cependant, cette acceptation confessionnelle ou cette laïcité se réalise, se conceptualise et se matérialise de manière différente. Ainsi, il est intéressant de s’intéresser et s’interroger sur l’évolution de ce concept dans le système social comme éducatif des deux pays, mais aussi sur les différences d’application et de définition de la liberté confessionnelle. Effectivement, nous pouvons voir une évolution dans chacun des pays quant à la prise en compte de la liberté de confession dans les systèmes sociaux et les systèmes éducatifs propres aux deux pays, cependant, ces rapprochements que nous pouvons faire se matérialisent dans un espace-temps différent, la place faite au religieux et à l’éducation religieuse si nous comparons sa situation en Pologne dans les années 1960 avec celle de la France aujourd’hui semblait être analogue. A. Définition concept de Laïcité Nous avons évoqué dans un premier paragraphe cette distinction conceptuelle que nous pouvons relever quant à la définition du concept de laïcité. Ainsi, nous pouvons définir le concept de laïcité, dans son implication dans les systèmes social et éducatif en France comme l’absence de tout prosélytisme religieux, l’absence de tout signe ostentatoire afin d’assurer la cohabitation pacifique entre toutes les croyances. Dans cette première définition du concept de laïcité il est aussi question du respect des convictions religieuses d’autrui, d’une liberté de pensée et de conviction que les textes de lois définissent comme appartenant au domaine de la sphère privée. Par ailleurs, dans le cadre de la laïcité, toutes les religions sont mises sur un pied d’égalité, aucune n’est subventionnée par l’Etat ni reconnue par celui-ci. Si la France fait du domaine religieux une sphère privée voire cachée, la Pologne quant à elle ne définit pas la religion de la sorte et donne donc une définition de la laïcité divergente de celle française. La constitution polonaise de 1997 défini notamment dans l’article 53, la liberté confessionnelle et donc la laïcité ainsi ; « La liberté de religion implique la liberté d’avoir ou d’adopter la religion de son choix et la liberté de manifester sa religion, individuellement ou en commun, en public ou en privé, par le culte, la prière, l’accomplissement des rites, les pratiques et l’enseignement. La liberté de religion implique aussi la possession de sanctuaires et autres lieux de culte suivant les besoins des croyants et le droit de toute personne de bénéficier de l’assistance religieuse dans le lieu où elle se trouve. ». B. Mise en place du concept de laïcité Maintenant que nous avons défini de manière plurielle le concept de laïcité, il est primordial de s’interroger sur sa mise en place dans les systèmes précédemment cités. En France, la séparation de l’Eglise et de l’Etat en 1905 marque la mise en place du concept de laïcité dans le système social, ainsi la République Française assure la liberté de conscience, d’exercice de culte à tous les citoyens de sa Nation, elle ne reconnaît, ne salarie et de subventionne aucun culte. De la sorte, nous observons une réelle séparation entre la sphère publique et celle privée dont fait parti le religieux. Depuis 1905, la France est un état non confessionnel, un état neutre et laïque. La constitution du 4 Octobre 1958 spécifiait déjà l’importance de ce concept de la laïcité dans la société française,

« La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. » Article 1er, Constitution du 04 Octobre 1958 Bien que la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat de 1905 marque clairement l’élaboration du concept de laïcité, il semblerait que ce processus ait été amorcé par la constitution de 1958. Si cette laïcité est une constituante du système social, elle est aussi une composante majeure du système éducatif français. La loi Debré en 1959 marque la séparation des écoles publiques républicaines et laïques et celles privées sous contrat, et ainsi instaure dans le système éducatif cette notion de laïcité. Depuis 1882 l’école est devenue laïque, l’enseignement moral et religieux a disparu au profit de l’enseignement moral et civique, en 1886 le personnel devient lui aussi laïque, l’enseignement n’est plus transmis par des congréganistes. Cette prise en compte d’une liberté confessionnelle a pour effet de modifier le code de l'Éducation en vigueur, l’article L141-3 de celui-ci stipule ainsi : « Les écoles élémentaires publiques vaquent un jour par semaine en outre le dimanche, afin de permettre aux parents de faire donner, s’ils le désirent, à leurs enfants l’instruction religieuse, en dehors des édifices scolaires. L’enseignement religieux est facultatif dans les écoles privées. », puis l’article L141-4 « L’enseignement religieux ne peut être donné aux enfants inscrits dans les écoles publiques qu’en dehors des heures de classe ». L’école doit donc réussir à faire coexister pacifiquement diverses croyances afin de respecter le caractère laïque induit de la neutralité de l’Etat qu’elle représente. Ainsi, le but des cours d’EMC est d’emmener les étudiants à « reconnaître le pluralisme des opinions, des convictions, des croyances et des modes de vie », en outre de faire respecter la diversité des croyances et convictions d’autrui par la compréhension des enjeux de la laïcité et de ses objectifs. L’éducation religieuse à été remplacée par une éducation à la citoyenneté, les valeurs transmises ont donc été modifiées en vertu de celles transmises par la laïcité. Cependant, si la mise en place du concept de laïcité en France dans les systèmes social et éducatif est évolutive est a donné lieu à son établissement et à son instauration dans notre société contemporaine, il n’en est pas de tel en Pologne. Effectivement, sa mise en place fut discontinue. L’Histoire contemporaine du pays nous ferait même penser à un retour en arrière quant à son élaboration. En revanche, penser ainsi ces changements dans les politiques Polonaises ne reviendrait-il pas à appliquer un jugement de valeur ? Dans ce sens, cela reviendrait à affirmer que la laïcité au sens décrit par la France est l’objectif vers lequel doivent tendre toutes les sociétés contemporaines. Cependant, ne pouvons-nous pas voir dans les systèmes social et éducatif Polonais une acceptation de liberté confessionnelle bien que l’Etat soit en lui-même désormais confessionnel ? Avant de répondre à cette question, quelles évolutions est-il possible de percevoir concernant la mise en place de la laïcité en Pologne ? Jusqu’en 1945 la Pologne est dirigée par la Noblesse et l'Église, en 1918 ces deux castes prennent le pouvoir de l’Etat en déclarant avec l’aide de l’Etat Français l’indépendance de la Pologne vis à vis de la Prusse, la Russie et la Monarchie des Habsbourg qui se divisaient la contrée durant le XIXème siècle. Le 11 novembre 1918 Józef Piłsudski gouverne le pays, dans la même année est créé le Parti Communiste de Pologne. Par définition, le gouvernement communiste de Pologne s’oppose au cléricalisme voire même aux religions en elles-mêmes. Ainsi, l’année 1956 marque le début de la séparation de l’Eglise et de l’Etat,

l’élaboration d’un régime communiste dont les préquelles dataient de 1945, le début d’une mise en place d’une forme de laïcité. La constitution de 1952 témoigne alors de la séparation de l’Eglise et de l'État, de la reconnaissance d’une liberté confessionnelle : “1. La République Populaire de Pologne garantit aux citoyens la liberté de conscience et de confession. L'Eglise et les autres unions confessionnelles peuvent librement exercer leurs fonctions religieuses. Il est interdit d'empêcher les citoyens de prendre part à l'exercice du culte ou aux rites religieux. Il est également interdit d'astreindre qui que ce soit à prendre part à l'exercice du culte ou aux rites religieux. 2. L’Église est séparée de l'Etat. Les principes qui régissent les rapports de l'Etat et de l'Église, ainsi que la situation juridique des unions confessionnelles et de leurs biens, sont déterminés par les lois.” Constitution de 1952 Article 70 Pareillement, la période communiste se caractérise par l’établissement d’une forme de laïcité, notamment par la possibilité du mariage civil et du divorce. De la même façon, la République Populaire de Pologne de 1952 à 1989 suite à la séparation de l’Eglise et de l’Etat légalise la pratique de l’avortement ainsi que de la contraception. Cependant, si le système social de la Pologne s’oppose à l’influence de l’Eglise, en est-il de même pour le système éducatif polonais ? Il semblerait logique que le fonctionnement du système social influence celui du système éducatif puisque ce dernier est une partie constituante du premier. Par définition, un système est composé de multiple constituantes formant un tout, le système social quant à lui s’organise autour d’Institutions et d’idéologies dominantes dans la société lui permettant de former des lois afin de régir cette société, ainsi, le système éducatif fait partie de ce système social. Mais cette dépendance du système éducatif au système social est-elle exprimée de manière explicite et équivoque notamment par les textes de loi ? Dans la première période que nous avons énoncée, soit de 1945 à 1989 sous le régime communiste dictatorial de la République Populaire de Pologne (1952-1989), Józef Piłsudski mène des réformes en matière d’éducation, il rend par exemple l’instruction obligatoire pour les enfants de 7 à 18 ans et a comme objectif de réduire l’analphabétisme. Sous ce même régime, l’Education Nationale Polonaise supprime l’enseignement Religieux dans les écoles publiques. Ainsi, les écoles publiques deviennent laïques, aucune religion n’est instruite dans les écoles ni aucune morale religieuse. En revanche, dans une seconde période, à partir des années 80 à nos jours, il est possible d’observer un retour de l’influence politique du Catholicisme en Pologne mais surtout un recul de la laïcité dans le pays. Effectivement, à la suite de l’effondrement du régime communiste et de la République Populaire de Pologne en 1989, l'Église mena une intense propagande contre les idées portées par le communisme mais surtout une politique réactionnaire face aux lois sur la contraception, l’avortement et le mariage civil. Le concept de Laïcité semble ne plus être d’actualité face à la nouvelle influence de l’Eglise sur les politiques du gouvernement. Effectivement, en 1993, la Pologne signe avec le Vatican le Concordat. En revanche, en 1993 l’idée développée dans la constitution de 1935 était encore d’actualité, celle de la séparation de l’Eglise et de l’Etat, concept clairement exprimé dans la Constitution de 1952 précédemment citée. Ainsi, la signature du Concordat en 1993 était illégale comme nous le fait comprendre Nina Sankari dans son article Pologne : Processus de

dé-laïcisation du 17 mars 2018. Ce “processus de dé-laïcisation” transforme l'État montré comme laïque dans les textes de lois en un État Confessionnel régi par l’Eglise. Cette dernière a comme nous avons pu le voir une influence directe sur le système social, par son influence en politique, son influence sur les esprits notamment du fait de la propagande (dans ce sens nous pouvons citer la propagande menée par l’Eglise contre l’avortement, soutenue par des discours et expositions d’images extrêmes et violents). Par la propagande, l’Eglise a une influence directe sur le système éducatif, sur les esprits notamment avec la création des Oazy, des groupes de jeunes dirigés par des congrégations religieuses. L’objectif des Oazy était de répandre une propagande anti-communiste, contre l’avortement, la contraception tout en prônant l’exclusion de la vie sociale et la discrimination de certaines populations, les femmes, les homosexuels et tout individus appartenant à toute autre religion que le catholicisme. Par conséquent, la laïcité dont parlent les textes et notamment la constitution de 1997 ne semblent être qu’une illusion, un concept abstrait n’étant plus d’actualité pour les politiques polonaises, dont le Vatican par le Concordat tire les ficelles : “1. Les Églises et autres unions confessionnelles jouissent de droits égaux. 2. Les pouvoirs publics de la République de Pologne font preuve d'impartialité en matière de convictions religieuses, de conceptions du monde et d'opinions philosophiques, assurant leur libre expression dans la vie publique. 3. Les rapports entre l'État et les Églises et autres unions confessionnelles se fondent sur le principe du respect de leur autonomie et de leur indépendance mutuelle dans leurs domaines respectifs, ainsi que sur le principe de la coopération pour le bien de . l'homme et pour le bien commun. 4. Les rapports entre la République de Pologne et l'Église catholique sont définis par un traité conclu avec le Saint-Siège et par les lois. 5. Les rapports entre la République de Pologne et les autres Églises et unions confessionnelles sont définis par des lois fondées sur des accords conclus entre le Conseil des ministres et leurs représentants compétents.” Constitution de 1997, Article 25. Par ailleurs, le Catholicisme semble être la religion majoritaire dans le système social polonais. Ainsi, 95,7% des Polonais déclarent appartenir à l’Eglise Catholique, 54% des Polonais déclarent participer à des pratiques religieuses une ou plusieurs fois par semaine et 69% des Polonais déclarent prier une fois par jour ou au moins une fois par semaine. De la sorte, nous pouvons conclure que la pratique et l’appartenance à une confession font partie d’une pratique culturelle forte en Pologne ce qui pourrait expliquer l’influence de l’Eglise Catholique sur la vie sociale et politique du pays, sur le système social et le système éducatif. C. Les limites de la liberté confessionnelle en France et en Pologne Bien que la constitution de 1997 garantisse une certaine forme de laïcité, en 1990 le gouvernement de Lech Walesa à la tête de la présidence de la République après une élection aux résultats peu fiables, introduit en 1991 la Religion comme matière d’enseignement dans les écoles publiques. Cependant, ce cours de Religion ne concerne que la religion Catholique, confession étant majoritaire dans le pays. Depuis la loi sur le système éducatif en 1991, les écoles et l’Etat doivent organiser l’éducation religieuse à tous les niveaux de la scolarité obligatoire, de 7 ans à 16 ans. La Loi du 7 septembre 1997 instaure ce qui avait auparavant été retiré des programmes de l’Education Nationale Polonaise par le régime Communiste ;

les cours de Religion, de catéchèse ou encore les cours d’éthique. Depuis 1999 l’éducation religieuse peut aussi avoir lieu dès 3 ans dans les crèches. Si cette matière est omniprésente dans le système éducatif, elle est pourtant optionnelle, les parents, tuteurs légaux des élèves donnent leur accord afin que l’élève puisse participer à ces séances tandis que les élèves majeurs peuvent émettre leur propre choix d’y aller. Cependant, Nina Sankari dans Pologne : Processus de dé-laïcisation nous démontre que le choix de ces individus est souvent contraint par une pression sociale forte. “La religion accompagne le citoyen de la conception à la mort naturelle. La catéchèse commence à 3 ans à l’école maternelle. Elle n’est pas obligatoire, mais gare à ces pauvres et rares enfants dont les parents s’obstinent à ne pas les catéchiser : ils seront mis à la porte de leur classe et resteront assis seuls sur un banc dans le couloir. La même chose pour les enfants des écoles primaires et secondaires. Des leçons d’éthique devraient être organisées pour eux mais faute d’argent et de bonne volonté, c’est le cas seulement de quelque trois cents écoles en Pologne. La note de Religion est notée dans la moyenne, donc ceux qui ne suivent pas les cours de catéchèse sont discriminés. Cela devient encore plus grave avec la dernière proposition d’inclure la religion dans la liste des matières au bac”. Nina Sankari, in, Pologne: Processus de dé-laïcisation 17 mars 2018. De la sorte, Nina Sankari relève la présence d’une pression sociale, faisant que les citoyens polonais se sentent contraints d’inscrire leurs enfants aux cours de catéchèse afin qu’ils ne subissent pas de discrimination en classe. Ces classes d’éducation religieuse prennent 2 heures par semaine, dans les écoles du secondaire ces cours d’éducation religieuse sont faits par des hommes d'Église, par des prêtres, des curés et pasteurs. Ils peuvent ainsi transmettre à leur guise des préceptes et idéologies sans le contrôle de l’éducation nationale, puisqu’ils n’y sont pas soumis. Nous pouvons distinguer en Pologne, deux types d’écoles privées, les écoles privées qui portent une qualification d’école publique et d’autres qui ne la portent pas. Celles qui ont ce titre ont les mêmes règles que les écoles publiques en matière d’éducation religieuse, tandis que les écoles privées qui n’ont pas cette qualification ont la possibilité de gérer l’éducation religieuse comme ils l’entendent, elles disposent du droit de rendre ces cours obligatoires par exemple, bien qu’une pression sociale contraigne une grande partie de la population à suivre ces cours. Ainsi, la liberté confessionnelle prônée par la constitution Polonaise de 1997 semble être dans les faits limitée voire obsolète et oubliée. Si nous pouvons émettre une critique quand au recul de la liberté confessionnelle en Pologne, il est pareillement possible d’élaborer une critique concernant les limites de cette dernière en France. De la sorte, nous pourrions parler d’une imposition de l’athéisme en France, faisant du domaine religieux un domaine relevant d’activités privées dissimulées. Si nous nous intéressons à l’enseignement, nous pouvons constater que les connaissances des élèves sur les faits religieux, définis comme déterminants par les programmes de l’Education Nationale pour la construction de leur citoyenneté, pour leur compréhension de leur société est impactée par un manque de connaissance sur le sujet, Debray dans ce sens parle de “l'inculture religieuse”. Pareillement, cette laïcité poussant à dissimulation du fait religieux est la source d’un malaise possiblement présent chez les professeurs dans le fait d’enseigner les faits religieux tout en garantissant un cadre laïque....


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