Commentaire d\'un extrait du Ravissement de Lol V Stein PDF

Title Commentaire d\'un extrait du Ravissement de Lol V Stein
Author Karine Martin
Course Littérature comparée
Institution Le Mans Université
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Summary

Le passage se situe à la fin du roman de marguerite Duras, de "Comme la première fois, Lol est déjà là sur le quai de la gare, presque seule (...) Le reste je l’ai oublié....


Description

En 1964, Marguerite Duras publie Le ravissement de Lol V Stein , un roman s’inscrivant dans le sillage de l’esthétique du Nouveau Roman, appellation donnée à un ensemble d’auteurs ayant participé à renouveler les conventions du genre. L’extrait se situe à proximité de la fin de l’oeuvre. Le couple s’apprête à se rendre à T. Beach, lieu de l’évènement traumatique subit par le personnage éponyme du roman, qui l’a plongé par la suite dans une profonde crise identitaire. En effet, au cours de la nuit du bal du casino de cette station balnéaire, la jeune femme a assisté au coup de foudre réciproque de son fiancé, Michael Richardson, pour la dernière venue du bal, Anne Marie Stretter. Pourtant, au lieu d’en être accablée, la jeune femme fut transportée dans un bonheur proche de l’extase. En effet, ce choc affectif a été le révélateur de la structure de son désir; le voyeurisme. Tout le récit du roman est réalisé du point de vue de Jacques Hold, son amant qui envoûté par le mystère qu’incarne Lol V Stein, va tenter de faire la lumière sur la jeune femme afin de comprendre la nature de sa relation avec elle. Le passage relate donc le moment des retrouvailles du couple sur le quai de la gare du point de vue de ce dernier. Cependant, ce moment qui pourrait annoncer le début de leur histoire commune laisse au contraire en présager la fin. Nous allons voir de quelle manière l’auteur détourne les normes du roman traditionnel afin d’exposer la conscience chaotique de ses personnages. En premier lieu, ce passage contient l’aveu d’un triple échec: celui de percer l’énigme que constitue Lol, celui de comprendre l’expérience qu’il vit depuis sa rencontre avec elle et enfin celui de son projet d’écriture qui n’avait d’autre fin que d’élucider ses incertitudes quant à cette femme. La faillite de son projet aboutit donc à l’impossibilité de conclure ce récit sur un dénouement. C’est donc toute l’intrigue romanesque qui se trouve subvertie. Ensuite, il s’agit pour l’auteure de montrer comment l’intégrité des personnages est menacée par la toute puissance leurs affects et de leurs pulsions et de quelle manière ils se trouvent dépossédés d’eux-même. Enfin, nous montrerons que l’enjeu essentiel de ce roman se situe en réalité ailleurs. L’auteure utilise la fiction comme prétexte pour engager une réflexion autour des limites du langage et de ses possibilités en tentant d’exprimer autrement des états psychiques et des situations relationnelles . s’inscrivant dans le défaut de la langue *

Dans cet extrait, Jacques Hold reconnaît son incapacité à saisir l’identité de Lol ainsi que son échec à comprendre la nature de la relation qui les lie. Cette révélation nuit à la clôture de l’intrigue qui, en tant que convention romanesque obsolète, s’en trouve subvertie afin de retranscrire une vision du monde plus accord avec le réel. Ainsi, Jacques Hold, personnage narrateur caractéristique du roman d’introspection qui observe, analyse, infère des causes, admet que Lol lui « est inconnaissable ». Le préfixe in- exprime la négation de toute certitude posssible à son sujet. Il s’agit en effet pour l’auteure de montrer les limites de toute démarche rationnelle, l’échec de la psychologie traditionnelle, trop réductrice, pour parvenir à saisir la complexité de l’être qui est trop instable, mouvant, irrationnel et morcelé en plusieurs instances contradictoires. L’emploi du connecteur logique exprimant la cause « Puisque » montre les tentatives du personnage à persévérer dans une démarche faisant appel à la raison. Cette nécessicité du personnage à persister dans une appréhension rationnelle de la situation se manifeste par l’emploi du polyptote « sait », « sut », « sauront ». La construction disloquée de la phrase « Il n’y a strictement de cette joie, qui ne peux se voir, que la cause. » rejetant le sujet « cause » en fin de phrase, souligne à la fois l’importance pour le narrateur personnage de sa tentative de comprendre Lol de manière logique mais en souligne également l’échec. En effet, la destructuration de la syntaxe fait ici écho à la destructuration mentale du personnage qui est happé par son propre récit. L’isotopie de l’aveuglement présente dans l’extrait, met en exergue l’impossibilité pour celui qui s’approche de la jeune femme, de la connaître. En effet, la répétition du verbe «brille» relatif au minerai de chair (les yeux de Lol), qui sont eux-mêmes métonymiques du personnage insiste sur cette idée. La métaphore du minerai, « leur minerai de chair », « dans le minerai » évoque l’éclat aveuglant de la pierre précieuse, et la répétition de ce substantif insiste également sur cette idée de brillance 7 Page 1 sur

aveuglante. Par ailleurs, Lol apparaît trop contradictoire pour parvenir à la comprendre. Le caractère antithétique du personnage est nettement souligné dans l’extrait. Plusieurs structures parrallèles mettent en valeur les contradictions du personnage, « à côté de moi séparée de moi », « Celle qui ne l’est pas. Et celle qui l’est ». L’oxymore « gouffre et soeur » insiste sur la dimension paradoxale du personnage, qui oscille entre proximité et distance. D’autre part, la locution adverbiale « déjà là » et la proposition « elle ne se presse pas » entrent également en opposition. La dualité de Lol la rend si insaisissable pour Jacques qu’elle lui apparaît comme la négation de l’une par l’autre: « elle a été la femme du champs de seigle derrière l’Hôtel des Bois. Celle qui ne l’est pas. Et celle qui l’est dans ce champs et à mes côtés. » L’alternance des phrases affirmatives et négatives qui se contredisent l’une l’autre montre la perplexité du narrateur et le tourment auquel il est confronté lorsqu’il s’agit de chercher à définir Lol. C’est l’unité compromise du sujet qui ainsi soulignée puisque la jeune femme est présentée comme double comme l’indique l’emploi du substantif « deux » la désignant. C’est à un sujet fragmenté et contradictoire emblématique du Nouveau Roman que nous sommes confrontés à l’instar de la lumière qui la métaphorise. En effet, de la même manière que Lol, celle-ci se divise « en une myriades de petits éclatements aveuglant ». Par ailleurs, la difficulté à la connaître tient également du fait de son néant intérieur qui est souligné par l’emploi de l’image du « gouffre ». L’allusion à son « ombre » renvoie à l’aspect fantomatique du personnage. Le vide intérieur du personnage peut se lire dans l’anonymat tant désiré par lol lors de ses errances dans la ville de S.Thala, l’anéantissement de sa propre personne étant le but recherché par elle. En effet, la couleur grise de son manteau symbolise la neutralité renvoyant à l’impersonnalité du personnage. Le substantif « uniforme » suggère l’idée de confusion dans la masse, d’indistinction et renvoie donc à la notion d’anonymat. La répétition de la locution prépositionnelle « dans son » (manteau gris; uniforme de S Thala) crée un effet d’insistance relative à son incapacité à incarner une identité. La périphrase « la femme du champ de seigle derrière l’Hôtel des bois » souligne là encore l’anonymat de Lol par l’emploi d’un terme générique « femme » favorisant l’estompage individuel au profit du général, de même que l’emploi de la locution nominale « être humain ». L’usage de l’article indéfini « un » participe d’ailleurs de cet effacement identitaire. L’idée de néant intérieur est suggérée également par l’absence à soi même, voire même par l’idée de mort du personnage. La locution adverbiale « constament envolée de sa vie vivante » insiste sur cette idée, notamment par l’emploi du polyptote « vie », « vivante » soulignant le caractère spectral du personnage. La référence au minerai, à la pierre, traduit l’immobilisme, la pétrification de Lol tout comme l’indique son nom patronymique, Stein, qui en allemand signifie pierre. Dans la proposition « je les ai eues », le complément d’objet direct « les » renvoie aux deux femmes qu’incarne Lol, elle subit donc l’action de Jacques Hold, ce qui souligne sa passivité. Enfin, la distance entre les deux personnages est mentionnée à plusieurs reprises dans le texte, notamment avec l’emploi de l’adverbe « loin » et de l’adjectif « séparée » ce qui souligne l’échec de leur relation. Ainsi, nous sommes proches de la fin du roman et pourtant Lol apparaît toujours aussi opaque pour son amant et dans ces conditions, il apparaît impossible pour le narrateur de parvenir de comprendre l’histoire vécue. L’auteur emploie donc à dessein la structure éclatée, diffuse du monologue intérieur afin de restituer le chaos de la conscience du narrateur qui produit un discours extrêmement ambivalent sur l’histoire qu’il vit avec la jeune femme, entre proximité et distance, désir de capture et forme de renoncement à . pouvoir se saisir de cette femme, comme nous le verrons par la suite

De la difficulté à élucider le mystère qu’incarne Lol, c’est toute l’intrigue romanesque qui s’en trouve subvertie. Ainsi, dans ce passage la durée se dilate et l’action se fige au profit d’un monologue intérieur qui va dans un premier temps donner lieu à une hypotypose décrivant Lol sur le quai de la gare puis au récit introspectif qui en découle donnant accès à la conscience perturbée du personnage narrateur. L’écriture cherche ainsi à rendre sensible la durée pour que le texte deviennent l’équivalent du réel. Nous assistons ainsi à une disparition de l’action permettant au lecteur de vivre la sensation d’un moment hors du temps, comme si le cours de la vie normale se pétrifiait, afin de souligner l’intensité de l’instant vécu par le personnage. Par ailleurs, le récit est 7 Page 2 sur

réalisé principalement au présent ce qui contribue à produire cet effet de suspension temporelle. Le présent de l’indicatif augmente l’actualité du moment, fige l’action dans un présent éternel. D’autre part, la confusion des temps du présent, du passé, et du futur qui s’entremêlent dans un même temps fixe refusant de s’écouler participe également à créer cette sensation de cristallisation de la durée. Par ailleurs, l’allongement du rythme des phrases suggère également cette dilatation de la durée, notamment la première. Ainsi, à l’instar de Lol, l’action « ne se presse pas ». Le paysage avec « le vent (qui) court » « la lumière (qui) divague, et s’accroche » semble plus dynamique que les personnages, notamment Lol, dont le comportement est caractérisé par la passivité comme l’indique l’emploi récurrent du verbe d’état « être » à son propos. Les références au « minerai », et à la « pierre » sur laquelle elle est « allongée », son nom patronymique Stein, qui signifie pierre en allemand contribuent à traduire son immobilisme. La proposition « Nous faisons les cent pas » suggère le piétinement de l’action. Le temps du récit semble ici mis sur pause afin de décrire, de la manière la plus infime qui soit l’expérience du narrateur. D’autre part, plusieurs procédés littéraires contribuent à produire un effet de circularité dans le roman qui nuisent à la progression de l’intrigue romanesque. Des phénomènes de ressassement, de reprises de certains thèmes obsessionnels, des noms de lieux souvent évoqués dans le roman; S Thala, le champs de seigle, l’Hôtel des Bois ou de certains mots dans l’extrait: « s’accroche », « brille», « des jardins », « s’accroche », « rencontre » nuisent à la progression de l’intrigue. La locution adjectivale « comme la première fois » souligne cette idée de recommencement perpétuel auquel les personnages semblent voués et le substantif « matin » suggère égalemement cette notion de réitétation sans fin. Le seul évènement dont il nous est fait part est présenté sur le mode hypothètique avec l’adverbe de condition si: « si d’autres viennent après moi ». C’est donc la notion de dénouement de l’intrigue qui est ici remise en cause avec la difficulté du roman à aller vers sa fin. L’extrait contient des passages proleptiques « Et durant le voyage toute la journée, cette situation est demeurée inchangée, elle a été à côté de moi séparée de moi… », « Si d’autres viennent après moi qui le sauront, j’en accepte la venue ». L’emploi du futur « sauront » et l’adverbe « après » marquent cette rupture dans la linéarité du récit mais aussi l’emploi paradoxal du passé composé pour évoquer un moment postérieur au temps de l’énonciation « est demeurée », « a été ». Enfin, avec la phrase « Le reste, je l’ai oublié » l’auteure emploie une ellipse temporelle destinée à illustrer l’idée que le dénouement importe peu. En effet, elle déconstruit l’intrigue plus qu’elle ne la construit en lui refusant tout achèvement et suspendant . toutes certitudes quant aux personnages et l’issue de leur relation * L’une des principales préocccupations de l’auteur concernant son oeuvre est de faire sentir le doute qui pèse sur la notion de personnage et plus largement sur la notion de sujet depuis la mise à jour de l’inconscient, et de ses pulsions agissant à l’insu des êtres qu’il domine. La joie éprouvée par Lol est un affect qui apparaît comme la manifestation de l’accomplissement des pulsions érotiques de la jeune femme mais également une forme d’éviction hors d’elle-même au profit de cet affect. Ainsi au cours de cette scène, la joie de Lol peut se lire comme le signe de l’accomplissement de son désir et de son affranchissement des normes sociales, au profit de ses pulsions. En effet, alors que Lol vient d’effectuer le trajet pour venir jusqu’à la gare à la rencontre de son amant Jacques Hold, celle-ci semble fusionner avec les éléments naturels. Les éléments lumineux et aériens comme la lumière et le vent possèdent une portée symbolique et métaphorisent l’euphorie de Lol. Ainsi de la lumière qui « s’accroche à ses yeux » et à laquelle elle est « mêlée », du « vent qui court sous son manteau », de Lol « allongée sur la pierre ». Les adjectifs « mêlée » et « allongée », le verbe « s’accroche » suggèrent une symbiose de Lol avec les éléments et un retour à sa nature primitive en accord avec les pulsions de l’être. La proposition « le vent court sous son manteau » évoque quant à elle la proximité du vent avec le corps de Lol, ce qui connote la sensualité de la scène. De même, les adjectifs « allongée », « décoiffée », « mêlée » suggèrent l’érotisme de celle-ci. Par ailleurs, le fait qu’elle soit décoiffée, sans chapeau, donc les cheveux en contact direct avec le souffle du vent suggère cette reconnection avec la nature et la libération des 7 Page 3 sur

conventions sociales qui l’emprisonnaient jusqu’à maintement. Le fait qu’elle ait parcouru « des jardins, et des jardins » pour venir jusque sur le quai de cette gare suggère en outre par le redoublement du syntagme « jardins » un cheminement, une quête vers l’acceptation et la libération de ses pulsions. En effet, les jardins, à l’instar de la ville de S Thala sont des lieux de claustration dans lesquels la nature est domestiquée, et le fait d’en avoir traversé de nombreux avant de venir fait apparaître ce moment comme celui d’une délivrance. « Le quai de la gare » qui connote l’idée de voyage, dont l’isotopie parcourt l’extrait symbolise ici l’émancipation de Lol à l’égard des normes sociales. La joie de lol peut donc se traduire comme un sentiment de plénitude lié à un . sentiment libérateur de révélation et d’acception de ses pulsions

Par l’analogie entre macrocosme et le microcosme, l’auteur s’inspire ici de l’héritage romantique dans lequel le paysage extérieur fait écho à l’intériorité des personnages. Cependant, si la tradition romantique cherchait exprimer la singularité du moi, l’auteur la détourne pour en exposer au contraire les gouffres intimes. En effet, cette joie semble davantage déposséder l’être qu’en révéler la nature. Ainsi, dans cette scène de retrouvailles, Lol est animée par un sentiment de joie paroxystique, d’extase qui la transporte hors d’elle même au profit d’un affect qui la transcende. Le comble de cette joie est tel qu’elle s’en trouve submergée, ce qui n’est pas sans rappeler la polysémie du titre du roman Le ravissement de Lol V Stein, qui signifie à la fois le bonheur mais également transport, l’arrachement hors de soi. En effet, cette joie envahit « tout l’être de Lol V Stein », c’est à dire l’intégralité de sa personne comme le montre l’emploi du polyptote « tout », « toute », et l’emploi de l’adjectif « entière » qui expriment cette idée de totalité. La dimension paroxystique de l’émotion qu’expérimente Lol est soulignée par la proposition: « Les signes de celle-ci sont éclairés jusqu’à la limite du possible. L’emploi du pléonasme réitérant la même idée d’atteinte d’un seuil indépassable, qu’exprime l’adverbe « jusqu’à », et le subtantitif « limite » renforce cette idée d’aboutissement de l’être au sommet de l’extase. La joie de Lol est à son apogée et ceci de manière évidente. L’emploi du substantif « signes » renvoie à la manifestation physique de cette joie, qui se trouvent « éclairés » révélant le caractère très perceptible de la joie de Lol V Stein. La jeune femme apparaît totalement identifiée au sentiment de joie, et sur un plan ontologique, l’être disparaît au profit de cet affect. L’émotion prive l’individu de sa véritable identité, il est mû par une force qui le dépasse et l’entraîne hors de lui même. Concernant Lol, ce sentiment l’enveloppe, elle est amalgamée à lui comme le montre l’emploi du verbe « baigne » suivi de la préposition « dans » relatif à ce sentiment de joie qui l’envahit mais aussi jaillit hors d’elle même « par flots ». L’isotopie de l’eau « baigne, flots » est une représentation imagée des pulsions de Lol. En effet, le subconscient de Lol, à l’image de l’écluse, dispositif retenant et laissant passer les pulsions ne fonctionne plus et la canalisation de l’être ne joue plus. Elle est devenue incapable de maîtriser la force de son désir qui emporte tout son être hors d’elle même afin d’atteindre la vacuité nécessaire pour accueillir pleinement ce sentiment de joie extatique. Cette joie fait écho à celle ressenti lors de la scène primitive du bal qui provoquera chez Lol un comble de satisfaction anormal. Dans ce passage, la joie de Lol est donc davantage le signe évident de ses désordres psychiques, de son désir de reproduire son trauma, plutôt que de celui de s’en libérer. C’est en cela que cette joie est perçu par Jacques Hold comme le signe de . l’échec de leur relation De la même manière, la fascination de Jacques pour Lol est un sentiment qui le projette hors de lui même afin de le faire fusionner avec celle qui l’envoûte et lui fait perdre sa lucidité. En effet, Jacques s’aliène dans un désir de fusion avec Lol qui le dépossède à son tour de son identité. Cette pause descriptive produite par un narrateur intradiégétique donne lieu à un discours intérieur dévoilant les pensées du personnage narrateur. Celui-ci tient un discours ambibalent sur la nature de sa relation avec lol. En effet, nous avons évoqué dans la première partie la difficulté éprouvée par Jacques à s’unir avec Lol en raison de son caractère énigmatique et de la distance infranchissable 7 Page 4 sur

qui les sépare. Cependant, le paradoxe du personnage de Jacques, c’est que bien qu’il soit conscient de l’échec de sa relation avec Lol et l’accepte, (« si d’autres viennent après moi (…) j’en accepte la venue ») et qu’il avoue son incapacité à la connaître, il ne parvient pas à dépasser sa fascination pour elle, ce qui le précipite à son tour dans une crise identitaire l’amenant à se confondre avec Lol. L’implication dans l’histoire narrée ne permet pas la distance nécessaire pour analyser ce qu’il vit. Le caractère obsessionnel de la fascination de Jacques pour Lol peut se lire dans la multiplication du pronom « elle, relatif à Lol dont on trouve neuf occurences dans le texte. D’autres pronoms se réfèrent à celle qui a envahi tout son espace mental; les deux pronoms COD, « l’ » , « les » , les deux pronoms relatifs « qui », et les deux pronoms démonstratifs « celle ». Par ailleurs, il mentionne son nom deux fois et emploie également une périphrase pour la désigner « la femme du champs de seigle derrière l’hôtel des bois ». Elle est donc omniprésente dans les pensées de Jacques qui cherche obstinément à la définir, comme on peut le voir à travers la répétition du verbe d’état « être », « elle est déjà là », « elle est mêlée, « celle qui ne l’est pas », « celle qui l’est », « elle a été la femme du champs de seigle ». Au...


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