Dissertation Être esclave en Grèce antique PDF

Title Dissertation Être esclave en Grèce antique
Author Valentin Becond
Course Géopolitique
Institution Université Paris Dauphine
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Dissertation "être esclave" en Grèce antique ...


Description

Histoire grecque TD lundi 12h-13h30

Etre Esclave « C’est la nature qui, par des vues de conservation, a créé certains êtres pour commander, et d’autres pour obéir.» écrit Aristote dans son œuvre Politique. Aristote nomme ici indirectement le maître « créé pour commander » et l’esclave « créé pour obéir ». Il existe plusieurs formes d'esclavage en Grèce classique, mais jusqu'à la fin du IVe siècle les auteurs grecs ne perçoivent pas de différence entre la servitude rurale (esclaves dépendants) et l'esclavage-marchandise. Tous ces individus «!soumis! » sont des non-libres. Ils ont en commun de ne pas pouvoir disposer librement de leur personne et un des mots qui les désignent est doulos. Les esclaves constituent un groupe d’étrangers un peu à part. Dans le monde hellénique, selon leur région d’origine et leur provenance les esclaves portent des noms différents. A Sparte, ont les appelle les hilotes, en Thessalie ce sont les pénestes, à Syracuse, les killyriens. Nous verrons qu’il faut distinguer les esclaves- marchandises des esclaves ruraux dépendants qui n’ont pas le même statut. L’utilisation de l’esclave à l’époque classique se développe en raison du manque de main-d’œuvre. En effet durant les guerres médiques, Athènes victorieuse face aux Perses repart avec les esclaves “barbares”. Ceux-ci vont travailler pour elle et pour les citoyens athéniens. Cependant il n'y a pas toujours la guerre - notamment durant la pentékontaétie - et donc de prisonniers. Il faut trouver de la main-d’œuvre. La cité d’Athènes contient près de quatre cents mille habitants pour deux cents mille esclaves, elle a besoin de cette main-d’œuvre servile pour faire fonctionner les différentes institutions démocratiques qui demandent du temps aux quelques vingt à trente mille citoyens de s’absenter de leur domaine. Les esclaves sont indispensable au fonctionnement de la cité! : Ils sont employés dans des maisons, sur les terres de leur maître mais aussi dans les nombreuses constructions de la cité notamment pendant les grands travaux engagés par Périclès à partir de 449. En ce sens, l’esclavage débute à partir des réformes de Solon qui instituent la participation des citoyens à la vie politique. Pendant que ces citoyens débattent sur tels ou tels sujets concernant la cité, les esclaves s’occupent des terres agricoles, de la maison, etc. L’esclavage est utilisé à but économique. Nos sources principales nous viennent des auteurs tels que Xénophon, Aristote avec son œuvre Politiques, mais aussi quelques inscriptions. Un passage de l'Odyssée v.17,320 nous donne des informations sur la place des esclaves dans la société grecque. Aussi nous avons à notre portée des iconographies comme des vases figures rouges (plus pour les mortels) ou des stèles funéraires avec des reliefs. Le sujet pose la question suivante : quel est le statut de l’esclave et la place qu’il tient à l’intérieur de l’oikos dans le monde grec au Ve siècle ? Notre analyse se fera en deux temps avec tout d’abord aux origines de l’esclavage, nous avons un rapport de domination, puis dans un second temps nous verrons que l’esclave est un objet d’argent indispensable à l’oikos.

Abordons la première partie en traitant tout d'abord l'esclavage dans ses débuts comme un rapport de domination. Il faut se poser dans un premier temps la question de qui peut être esclave. Il y a plusieurs manières de devenir esclave. La principale façon est la guerre. En effet, à la fin d'une guerre, les gagnants font ce qu'ils veulent des prisonniers car l'ennemi perdant leur appartient de droit. On peut également devenir un esclave à la naissance en étant né de deux parents esclave. L'enlèvement est une autre manière d'être un homme servile. La piraterie en est une autre, un peu dans le même principe que la guerre. Mais devenir esclave peut s'avérer être un choix du prisonnier : soit il se suicide, soit il devient esclave. Le citoyen ne peut pas devenir esclave. Au pire des cas il peut obtenir une amende contrairement au métèque qui peut le devenir.

La reproduction entre esclave est une prise de risque car ce sont des bouches de plus à nourrir. De plus une femme enceinte est une femme qui ne travaille pas et qui ne rapporte rien. Elle coûte cher. A l’époque archaïque nous avons des dépendants ruraux. Ce sont des groupes qui ont été asservis par les envahisseurs, les conquérants. C’est le cas par exemple des hilotes de Sparte. Ils doivent une apophona, une sorte de redevance sur les récoltes. Les hilotes vivent de manière autonome. La forme d’esclavage la plus simple que l’on connaît à toutes les périodes est celle de l’esclave marchandise. Il est le produit de la razzia collective, de la prise individuelle, de l’achat sur un marché aux esclaves plus ou moins officiel. L’esclave-marchandise appartient en propre à un autre individu et on en a des attestations dans des situations pré-monétaires. Par exemple, le porcher d’Ulysse à Ithaque, Eumée a ainsi selon l’expression homérique « connu le jour de l’esclavage » lorsque des pirates descendent dans l’île de Syros où règne son père (cf Odysée, XV.413). La fin de l’archaïsme voit la multiplication de ce genre d’esclaves. L’île de Chios est dotée la première d’institution se rapprochant de la démocratie et passe pour celle qui a inventé ou du moins qui a multiplié ce type d’asservissement. Cependant c’est à Athènes que l’on voit l’essor de cette pratique. Les réformes de Solon au début du VI e siècle interdisent l’esclavage pour dettes à l’encontre des citoyens - certains sont « vendus » à l’étranger ce qui diminue la possibilité de renouvellement des esclaves. Les succès dans les guerres médiques puis les incursions répétées dans l’Empire perse jusqu’au milieu du Ve siècle permettent de faire prisonniers des milliers de barbares qui sont amenés chez les vainqueurs, principalement à Athènes. Lorsque cette source d’approvisionnement est quelque peu tarie après la Paix de Callias, l’habitude de chercher en terre barbare des esclaves n’est pas perdue. Il est probable que soit par des expéditions ponctuelles soit par des échanges que des esclaves arrivent avec régularité au Pirée. On retrouve leur origines géographiques par leur noms tels que « Thratta », la Thrace, « Kar » pour le Carien ou bien « Syros » pour le Syrien. Le développement des mines du Laurion, l’essor de l’artisanat athénien tout au long du Ve siècle au fur et à mesure de la mainmise athénienne sur l’Égée favorise l’arrivée des esclaves en Attique à un tel niveau que l’on peut parler de « traite » pour évoquer ce trafic. Il n’y a pas de chiffre d’ensemble sûrs à notre disposition, néanmoins l’indication que nous livre Thucydide et selon qui lors de l’invasion du territoire durant la guerre de Décélie, vingt mille esclaves s’enfuient, ce qui fournit un ordre d’idée. A côté de la catégorie des esclaves-marchandises, la seconde catégorie «! faute de mieux! » est désignée sous le nom de « dépendants ». Ceux-ci portent des noms différents selon les régions du monde grec et de leur origine ethnique. Par exemple à Syracuse, ces populations dépendantes sont les Kyllyriens, une population indigène présente sur place au moment de l’arrivée des Grecs au VIIIe siècle. En Théssalie, région grecque, on les dénomment les pénestes, ce qui signifie « les pauvres », à Argos ce sont les gymnètes, autrement dit « les nus », à Sparte ce sont les hilotes, les mieux connus de tous, signifie étymologiquement « ceux qui ont été capturés », et mot qui montre bien l’origine guerrière de leur asservissement collectif. Ce qui différencie les dépendants ruraux des esclaves marchandises tient d’abord à l’aspect collectif de leur servage. Il est difficile de connaître par exemple les raisons de l’asservissement des hilotes établis en Laconie ainsi que la date de cet établissement. Les guerres de Messénie fournissent dès l’Antiquité la clé de l’explication de la soumission des hilotes messéniens. C’est à la suite de deux guerres que les Spartiates s’emparent de la Messénie l’agrégeant au territoire de la Laconie, berceau de l’État Spartiate, et assurent l’ensemble de la population. Chaque klèros détenu par un Spartiate est mis en valeur par un ou plusieurs hilotes qui à l’instar des métayers versent une partie de la récolte à leur maître. La cryptie menace tous les hilotes surpris hors de leur maison la nuit. On peut dire que ces conditions de vie déclenchent chez les hilotes un sentiment de révolte d’autant plus dangereux que l’asservissement collectif s’est produit sur des personnes d’origine grecque parlant une même langue.

De toutes ces formes d’esclavage, personne en Grèce ne s’est jamais élevée pour dénoncer cette injustice peut-être parce que des lois non écrites en justifient le principe comme celle qui énonce que à la guerre, les biens et personnes vaincus appartiennent au vainqueur (Aristote, Politique, I. 1255 a). Pour Platon, l’esclavage qu’il cite dans la République ou dans les Lois, n’est pas remis en cause. Pour Aristote, l’esclavage est même une loi naturelle puisqu’il présente des individus par nature destinés à commander et d’autres voués à obéir. Les guerres médiques avec la victoire des Grecs sur les Perses et au-delà des Perses, sur les « barbares » font pour beaucoup la naissance de l’idée d’une supériorité évidente des Grecs sur les autres peuples.

Notre seconde partie à pour but de montrer que l'esclave est un objet d'argent indispensable à l'oikos. Pour rappel, l’oikos, c’est l’ensemble des biens et des hommes rattachés à un même lieu d’habitation et de production. C’est une maisonnée en grec.Plus l’esclave est rentable plus il se négocie cher. L’esclave est un objet d’argent et social. Être pauvre à Athènes c’est ne pas avoir d’esclave. On en prend soin d’ailleurs. On achète majoritairement des hommes adultes, aussi des femmes mais environ dans dix à vingt pour cent des cas. La femme est un objet sexuel. De la spécialisation de l’esclave va dépendre son prix. Certains sont ouvriers, agriculteurs, d’autres sont mineures ou ouvriers spécialisés comme c’est le cas pour les artisans, le kèpholos. Certains travaillent aux côtés des hommes libres. Ils sont tous payés pareil à savoir un drachme par jour. Certains esclaves sont ou deviennent des hommes de confiance qu’on nomme chônis oikuntes, ils sont chargés d’affaire mais n’habitent pas la maison. Par exemple, celui de Périclès c’est Evangélos. Pour les motiver on leur laisse un pourcentage de la récolte, un pécule qui peut leur permettre de racheter leur liberté, ce qui reste rare à cette époque. L’esclavage serait un état de nature et l’esclave un outil animé. Pour la torture des esclaves, il faut l’accord du maître. Mais cela ne se fait pas car il y a un risque important de blesser l’esclave ou de le tuer. Évoquons maintenant les différentes tâches serviles des esclaves. Les esclaves travaillent dans les mines, les champs. Ce sont des objets sexuels. Cela peut être des nourrices, des pédagogues chargés d’accompagner les garçons à la maison et l’école. Les maîtres ayant des relations sexuelles avec des esclaves enfants sont très mal vu. Les deux tâches serviles principales sont les travaux d’exploitation du massif du Laurion pour extraire l’argent mais aussi des tâches importantes comme l’administration ou la banque pour les esclaves les plus doués. Les esclaves sont engagés dans la cité. Ils peuvent être engagés pour la guerre et défendre la cité mais également être dans la trière à ramer. C’est une masse importante et mobilisable. Par exemple dans le cas d’Athènes lors de la guerre du Péloponnèse, les esclaves rament. Ils sont dédommagés. Thrasybule promet aux esclaves en échange du combat, la liberté. Aucun exemple de révolte jusqu’à 100 après J.-C.(pas assez nombreux) Les esclaves peuvent servir dans la police avec par exemple les scythes mais aussi dans les lieux publics pour servir la collectivité. Le maître est l’État. Par conséquent l’esclave est exclu des grandes fêtes civiques, mais il peut participer aux cultes familiaux. Pour les barbares, il y a liberté de culte. Les esclaves peuvent assister au hellénophone. Les esclaves sacrés hiérodules dans les sanctuaires, sorte de prostituée sacrée. Leurs activités et leur genre de vie sont réglés par le maître, les liaisons amoureuses autorisées par lui, leurs enfants le plus souvent exposé. Théoriquement le pouvoir du maître va jusqu’au droit de vie et de mort. Enfin, le dernier point à aborder est celui de l'affranchissement de l'esclave. Pour sortir de l'esclavage il n'existe que deux moyens! : la fuite et l'affranchissement. La fuite est fréquente. Elle peut être individuelle ou collective quand les circonstances s'y prêtent comme par exemple en temps de guerre et ou de troubles dans la cité.

Thucydide ne nous dit pas si les vingt mille esclaves échappés des mines en 421 sont repris ou rentrés dans leur pays d'origine. Du point de vue économique la fuite d'esclaves peut-être un désastre. De son côté, l'affranchissement prend plusieurs formes. Le maître peut décider d'affranchir son esclave et, si il le fait, il le fait plus volontiers après sa mort en l'inscrivant dans son testament. Aussi, l'esclave peut acheter sa liberté, c'est le cas rare esclaves dit «! choris oikountes! » qui réussissent par leur travail à gagner une somme d'argent assez importante pour pouvoir se libérer. C'est le cas de deux banquiers athéniens du IVe siècle, Pasion et Phormion qui sont d'anciens esclaves. L'esclave est aussi vendu de façon fictive à un sanctuaire et le dieu s'empresse de l'affranchir. Enfin de façon exceptionnelle la cité libère des esclaves. Ainsi par exemple Athènes libère les esclaves présents lors de la bataille des Arginuses!. Quel que soit le mode d'affranchissement, des liens subsistent entre le maître et l'esclave car l'esclave devient un métèque et le maître son prostatès. L'affranchissement à l'époque classique ne touche pas un grand nombre d'esclaves et n'est pas un phénomène de société comme chez les voisins romains. On peut dire que l'asservissement n'est pas une bonne chose économiquement pour l’oikos. Pour conclure nous pouvons dire que nous retrouvons une variété de situation. Il y a un paradoxe dans le sens où le monde n’a jamais arrêté l'esclavage – du moins que très récemment - car c’est quelque chose de naturel. Athènes est la cité qui contient le plus d’esclaves, c’est une société esclavagiste qui ne peut pas vivre sans ses esclaves. A Athènes, certains auteurs notamment Aristote, dans son ouvrage Les Politiques, ont élaboré une théorie philosophique de l’esclavage tandis qu’il n’y a pas de théorie juridique. Le début de son œuvre, du chapitre 3 au chapitre 7, est consacré à cette théorie. Il insiste pour dire que l’esclavage est un droit, une réalité naturelle : il y aurait des gens faits pour servir et des gens faits pour commander. Plus une communauté est réduite moins il y a d’esclavages. On a une pratique humaine du travail, la condition est plus importante que le travail. Pour certain l’esclavage est un frein au progrès, pour d’autre c’est faux. En comparaison à Rome, le sort des esclaves à Athènes est relativement plus doux. Les antidémocrates trouvent scandaleux que les esclaves ne s’habillent pas différemment des autres à Athènes. A Rome, ils portent une sorte de collier sur lequel était écrit le nom de leur maître. A Athènes également, les esclaves ne cèdent pas le passage aux hommes libres, ce qui choque encore les antidémocrates. Nous pouvons dire que l’esclavage est une facilité plutôt qu’un atout.

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Bibliographie Dictionnaires QUEYREL Anne et François et Pierre THIBAULT, Lexique d’histoire et de civilisation grecques, rééd Ellipses, Paris, 1998.

Ouvrages généraux BRUN Patrice, Le monde grec à l’époque classique 500-323 av.J.-C., Colin, rééd 2016. LEFEVRE François, Histoire du monde grec antique, Livre de poche, Paris, 2007.

RUZE Françoise, AMOURETTI Marie-Claire, Le monde grec antique, Hachette, Paris, rééd 2015.

Ouvrages spécialisés MOSSE Claude, Politique et société en Grèce ancienne, Le modèle athénien, Champs Flammarion, Paris, 1995....


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