Etre bourgeois au 19ème siècle PDF

Title Etre bourgeois au 19ème siècle
Course Histoire - Histoire du XIXe siècle
Institution Institut d'Études Politiques de Paris
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Philippe Darriulat...


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Histoire contemporaine : l'Europe au 19ème siècle

Leçon 12 : Etre bourgeois au 19ème siècle Les élites sociales au 19ème siècle

I.

A. Comment définir des groupes sociaux ?

1. Problèmes méthodologiques ? L’affirmation d’une nouvelle élite sociale, la bourgeoisie, irrigue tout ce qui traverse le siècle, le roman social comme toute la culture de l’époque. La figure du bourgeois (Rastignac chez Balzac ou Charles Bovary chez Flaubert) avec le jeune arriviste émerge en tant que personne singulière. Cette présence de la bourgeoisie est telle qu’elle parait être une évidence alors qu’elle ne l’est pas tant que ça. Qu’est-ce qu’un bourgeois ? Qu’est-ce qu’une élite sociale ? C’est une question assez complexe, comme toute question sociale. Spontanément, on pense à quelqu’un de riche, on lie aujourd’hui élite sociale à la possession de la fortune. C’est pourtant loin d’être évident, l’élite de l’Ancien Régime ne reposait pas sur la fortune mais bien sur l’honneur et le prestige social, le poids de l’or ne comptait pas le plus. Il y a au 19ème siècle un modèle de deux élites sociales : -

Par le prestige : l’aristocratie

-

Par la fortune : la bourgeoisie commerçante et industrielle

Il peut y avoir un rapport conflictuel, une concurrence entre les anciennes (prestige) et les nouvelles élites (fortune). On voit ça dans la littérature avec Marcel Proust et les personnages de A la recherche du temps perdu. Un bourgeois pour un homme du 19ème siècle, c’est d’abord quelqu’un qui se situe dans un entre deux, c’est la classe moyenne. En 1865, Pierre Larousse définit le bourgeois dans son dictionnaire comme un « individu de la classe moyenne intermédiaire à la classe ouvrière et à la classe noble ». On a bien la classe moyenne de Guizot et un premier élément de définition : une définition politique de la bourgeoisie, celui qui participe à la vie politique par le vote dans un système censitaire selon Guizot. Mais si c’est celui qui vote, à quelles élections peut-il voter ? Pour les députés ou les conseillers municipaux pendant la monarchie de Juillet ? Est-ce le banquier ou commerçant international ou le boutiquier aisé ? La définition politique des libéraux du 19ème siècle n’est pas d’une rigueur absolue, surtout que la noblesse votait au suffrage censitaire. Le suffrage censitaire permet de définir les notabilités, qui regroupent le riche industriel et le noble ou l’aristocrate. Le suffrage censitaire ne permet pas socialement de définir la bourgeoisie. La définition est aussi un problème d’identification et de reconnaissance des classes sociales, donc un problème culturel. Si le suffrage censitaire ne permet pas de définir ce qu’est un bourgeois, pour autant, l’existence même du suffrage censitaire correspond bien à une aspiration de cette nouvelle élite sociale qui a fait fortune dans le commerce ou l’industrie, puisque le suffrage censitaire est la reconnaissance des capacités de celui qui s’est enrichi. C’est reconnaitre le mérite de s’être enrichi et reconnaitre que la fortune rapporte une capacité, c’est institutionnaliser l’acquisition et donc qu’il n’y a pas que l’hérédité qui permet de définir une élite

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sociale. Or, il faut encore différencier celui qui a acquis sa fortune et celui qui l’a hérité d’une lignée nobiliaire. Il y a une autre définition classique de la bourgeoisie qui correspondrait à l’émergence des capitalistes. Or, l’affirmation politique et la revendication d’une nouvelle élite sociale est antérieure à l’affirmation d’une nouvelle classe de développement des capitalistes. Au début du 20ème siècle, le capitalisme comme l’a analysé Marx est encore très embryonnaire. On est encore dans une phase proto-capitaliste du développement industriel. Le développement industriel ne repose pas encore sur l’usine mais est rendu possible par un investissement à point de départ et par la mise en circulation directe de biens de consommation. Ce capitalisme ne représente pas un modèle social. De tout ça, un bourgeois est quelqu’un qui a une fortune acquise et une fortune urbaine, pas forcément industrielle. L’essentiel de la bourgeoisie est commerçante au 19ème siècle mais toujours avec des frontières floues. On ne peut pas placer de limites à la bourgeoisie. Pour définir la bourgeoisie, il ne faut pas se tourner que vers des éléments économiques mais aussi vers l’appréhension du problème d’un point de vue culturel. Etre bourgeois au 19ème siècle, c’est aussi se retrouver et s’identifier dans un certain nombre de valeurs morales. C’est faire sien un esprit bourgeois, une mentalité bourgeoisie qui repose sur : -

La reconnaissance du mérite qui permet de s’élever

-

L’attachement à la famille qui permet de perpétuer ce qui est acquis

-

Un moralisme très rigoureux

-

Un intérêt pour l’épargne, qui est un frein à l’ostentation même si une certaine ostentation est nécessaire pour rendre visible le statut social acquis par le bourgeois

Derrière tout ça, se situe une forte éthique de l’indépendance. Pour se retrouver dans cette catégorie, certaines professions salariées permettent de s’intégrer dans cette nouvelle bourgeoisie : les hommes de lettres comme Adolphe Thiers (de 1821 à 1828, il a gagné 125 000 francs) les hauts fonctionnaires, les universitaires, les officiers supérieurs… Ce n’est donc pas fermé à une définition capitaliste. L’Allemand utilise deux termes pour définir la bourgeoisie : -

La bourgeoisie intellectuelle : bildung

-

La bourgeoisie économique : wirtschaf

Une classe existe aussi parce qu’elle a conscience de former un groupe porteur d’une éthique et reconnue par les autres groupes en tant que telle. On est bourgeois en l’étant dans le regard des autres et en ayant acquis des valeurs bourgeoises aux yeux des autres. Il y a toujours une dimension culturelle à l’existence d’une classe sociale et pas seulement économique.

2. Statut revendiqué au regard distancié La bourgeoisie se définit par rapport aux autres groupes sociaux en affirmant une identité sociale, fondamentale dans la constitution d’un groupe. L’affirmation passe donc par le rejet des valeurs portées par les autres groupes sociaux. Construire une identité, c’est se définir par rapport 2

à une altérité et les problèmes qu’elle pose. Se définir contre l’altérité, c’est se définir contre les valeurs de l’ancienne élite nobiliaire et aristocratique : -

L’épargne contre l’ostentation

-

La mesure contre l’excès

-

Le mérite contre la naissance

-

Le risque contre la routine

-

L’efficacité et la spécialisation des professions contre une structure sociale figée

Tout ceci se résume dans le mot « progrès » pour la bourgeoisie du 19ème siècle : des bases nouvelles permettant à l’humanité d’entrer dans une ère progressiste et de sortir de l’obscurité des siècles précédents. La bourgeoisie se définit donc comme la classe du mouvement face à l’immobilisme de l’ancienne classe. Ainsi, le suffrage censitaire vient récompenser le mérite et reconnaitre les capacités de ceux qui ont fait fortune. Le pouvoir doit reconnaitre le mérite et non pas entériner des positions héréditaires acquises, comme dans l’aristocratie. C’est aussi se définir contre la classe ouvrière, qui s’affirme aussi autour de valeurs. Très vite, la bourgeoisie va aussi se définir contre les nouvelles classes moyennes qui se développent avec la nouvelle industrialisation (la petite bourgeoisie). Cette nouvelle classe moyenne va d’ailleurs faire à la bourgeoisie les mêmes reproches que la bourgeoisie faisait à l’aristocratie au début du siècle : se fermer, entériner des positions acquises, exclure et donc devenir un obstacle au progrès. On parle de plus en plus de dynasties industrielles. A la fin du siècle, on accuse donc la bourgeoisie de s’opposer à l’ascension sociale par le mérite. C’est ni plus ni moins un glissement social qui s’opère. Tout ceci aboutit à un regard distancié, critiqué en haut et en bas. Le bourgeois suffisant va être dénoncé sur son culte supposé pour l’argent, son égoïsme. Le romantisme est le rejet des valeurs matérielles. Cette critique romantique et celle des ouvriers aboutissent à une convergence des critiques et des regards de droite et de gauche (le romancier préféré de Marx est Balzac). Cette critique de la bourgeoisie s’est développée postérieurement et aboutit à ce que le 19ème siècle apparaisse comme le siècle de l’exploitation de la classe ouvrière, idée développée par les socialistes et marxistes. On a aussi vu ce siècle comme celui de l’exclusion des femmes de l’espace public. La spécialisation du travail aboutit à une spécialisation sexuée du travail : la femme s’occupe de la famille et n’est plus dans l’espace public. L’importance attribuée à la famille comme lieu de réalisation de soi et de transmission de l’héritage n’est pas perdue et favorise l’enfermement des femmes dans l’espace domestique. Ouvriers et femmes font de ce siècle un siècle ou les inégalités sociales et de genre augmentent. C’est ainsi que se renforcent des résistances face à ces inégalités : l’émergence du syndicalisme ouvrier contre la misère par exemple.

3. Unité et diversité européenne de la bourgeoisie 

Au Royaume-Uni 3

L’apparition de la bourgeoisie est précoce. Les middle class anglaises n’ont en effet pour se constituer : -

Ni de société d’ordre à détruire

-

Ni d’Etat national à construire, comme doit le faire la bourgeoisie allemande ou italienne

-

Ni de marché à établir, comme le font les Allemands

Au 19ème siècle au Royaume-Uni, la riche aristocratie est déjà tournée vers les affaires, les liens entre anciennes (nobiliaires) et nouvelles (financières) élites sont déjà forts avec une aristocratie particulièrement ouverte : intégration de la bourgeoisie dans la pairie anglaise, dès que quelqu’un fait fortune il devient lord. Les stratégies matrimoniales encouragent ce développement et l’aristocratie anglaise ne possède pas ce dédain affiché pour l’argent acquis comme l’aristocratie française. Cette fusion se fait par des valeurs communes et la formation de la jeunesse dans les mêmes écoles : les public schools et les grandes universités. Cette fusion est l’establishment. 

En Allemagne

Le processus est marqué par trois phases : -

Jusqu’en 1840 : phase proto-capitaliste avec peu d’industries en Allemagne mais une importante bourgeoisie intellectuelle (qui constitue les hauts fonctionnaires de l’Etat en Prusse et domine largement la bourgeoisie économique).

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De 1840 à 1870 : phase où le Zollverein permet une percée du capitalisme industriel et économique. On assiste à l’embourgeoisement de l’économie allemande et donc de la société. C’est l’affirmation d’une culture bourgeoise en même temps que l’espace allemand est confronté à une triple crise : - Sociale : l’industrialisation engendre la paupérisation de la population - Politique : le débat sur des questions constitutionnelles - Nationale : l’échec de 1848 et l’affirmation de l’unité nationale derrière la figure de Bismarck par le fer et par le feu

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De 1870 à 1914 : la naissance d’un vrai capitalisme allemand puissant qui va pénétrer toutes les relations et les réseaux économiques et sociaux, une période de croissance industrielle et de véritable exode rural en Allemagne. Dans le Reich d’après 1870, d’importants éléments pré bourgeois persistent. L’aristocratie ne disparait pas et conserve certains privilèges : - La formation de l’essentiel des officiers - L’accès au pouvoir par le haut - Le contrôle de l’administration rurale

Il n’y a pas ici de fusion entre anciennes et nouvelles élites qui coexistent parallèlement. La bourgeoisie allemande doit partager le pouvoir avec une aristocratie persistante (les junkers). 4

Tout ceci s’oppose au modèle français où la bourgeoisie a éliminé l’aristocratie. La bourgeoisie d’argent allemande connait un développement plus tardif qu’au Royaume-Uni ou qu’en France, mais elle s’enrichit plus rapidement. En même temps, l’affirmation politique est plus chaotique : les valeurs de la bourgeoisie dépendent d’un Etat puissant limitant la place de la société civile et accordant une grande place à l’aristocratie. L’intervention de l’Etat dans la vie économique connait une progression pendant toute la période, ce qui renforce la tradition du contrôle bureaucratique, caractéristique de l’absolutisme allemand du 19ème siècle. Or, cela s’oppose ainsi à la revendication des bourgeois de l’autonomie de la société civile. L’espace pour la société civile est plus limité qu’en Angleterre. Ce qui caractérise la croissance économique allemande est qu’elle repose sur une concentration capitaliste plus forte qu’aucun autre pays du monde, lui permettant de devenir à la fin du 19ème siècle la première industrie du monde par de très grands groupes et des barons de l’industrie. En 1907, la plus grande entreprise allemande possède 65 000 employés alors que la plus grande entreprise anglaise compte 30 000 employés (l’équivalent de la 5 ème entreprise allemande). L’Allemagne compte 22 firmes de plus de 10 000 employés contre 12 en Angleterre. En effet, l’arrivée tardive de l’Allemagne dans l’industriel lui permet d’être plus en phase avec le développement de l’industrie. En Angleterre, l’adaptation est plus lente parce qu’il faut se débarrasser des vieilles structures pour en ériger de nouvelles. 

A l’Est

La bourgeoisie est souvent composée d’étrangers non assimilés (les populations juives en Pologne) alors que la noblesse et la petite bourgeoisie sont autochtones (en Pologne et Russie). Ceci a des conséquences fortes sur l’émergence des questions nationales, portées par une intelligentsia noble ayant un discours xénophobe. On ne trouve pas de bourgeoisie intellectuelle en Europe de l’Est et centrale, pas de cohésion entre hauts fonctionnaires et autres intellectuels (les grands écrivains sont des exilés pauvres ou des aristocrates). Les autochtones éduqués n’ont pas de hauts postes s’ils ne font pas partie du groupe ethnique majoritaire. 

Dans les pays du Nord

On trouve une intelligentsia plus qu’une bourgeoisie économique, comprenant un groupe plus distancié et critique par rapport au groupe de la bourgeoisie.

B. Le triomphe de la bourgeoisie française 1. Une richesse urbaine En 1840, le département du Nord connait le suffrage censitaire : 149 personnes sont éligibles dont 124 Lillois. C’est une fortune urbaine, d’autant plus que de la Restauration à la Première Guerre mondiale, le niveau moyen des patrimoines a été multiplié par 5 à Lyon, Bordeaux, Rouen et jusqu’à 10 à Lille. Cette fortune urbaine s’est donc accrue. Il y a aussi un renforcement qualitatif de la fortune urbaine tout au long du 19ème siècle. Mais ce n’est pas un marqueur de la seule bourgeoisie. La noblesse aussi est devenue urbaine en France, notamment avec les hôtels particuliers.

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Au 19ème siècle, les valeurs de la bourgeoisie française sont marquées par le conflit entre les valeurs qu’elle est censée porter et l’attirance pour les valeurs de l’ancienne élite . L’idéal du bourgeois français n’est pas le risque mais la rente, contrairement à ce qu’il affirme. Cette rente vient toujours de la terre, c’est une rente foncière. Le bourgeois français est un spéculateur. Il s’enrichit dans le commerce ou l’industrie puis achète des terres et spécule ou spécule directement sur la terre. Il n’y réside pas : en 1857, à Lille, sur les 103 plus grosses fortunes de la ville, 74 sont des propriétaires vivant de la rente foncière, 6 sont des industriels. La terre garde en effet le prestige de l’ancienne noblesse et le modèle du bourgeois gentilhomme. La terre est la meilleure spéculation, comme avec une plus-value de 43% sur la vigne. Acheter de la terre rapporte plus que jouer en bourse. De 1809 à 1858 au Royaume-Uni, parmi tous les héritages supérieurs à 500 000 livres, 530 sont des héritages fonciers, 49 sont industriels. La fortune bourgeoisie existe avant le développement d’un réel capitalisme. Cette bourgeoisie fait fortune et achète des terres. Cela évolue petit à petit, les héritages se portent de plus en plus sur les industries. De nouvelles valeurs sur lesquelles on investit voient le jour : les actions de chemin de fer, les actions mobilières (l’haussmannisation engendre la spéculation sur les terres urbaines). Au milieu du 19ème siècle, l’essentiel des biens immobiliers sont donc le domaine du plat pays (campagne), il y a donc une lente évolution vers l’industrie. Dans la seconde moitié du siècle, on observe une tendance constante à diminuer la part du foncier dans les fortunes qui s’accélère à partir de 1890 alors que l’industrie tend à devenir la principale source de richesse quand on fait fortune. Si au début du siècle, en France, le bourgeois est un riche qui vit en ville de revenus de la réalité foncière de la campagne, il devient un riche urbain vivant de plus en plus de revenus urbains. La spéculation immobilière, industrielle et le commerce deviennent les principales sources de revenus alors que rente foncière est délaissée. Les riches sont toujours des urbains mais l’origine de la fortune est, elle, devenue urbaine.

2. Un poids grandissant L’influence politique de la bourgeoisie est un élément déterminant de la reconnaissance de la bourgeoisie par elle-même. Le bourgeois revendique de participer à la décision politique . De ce point de vue, on observe une opposition entre : -

La bourgeoisie française qui veut avoir le pouvoir

-

La bourgeoisie allemande qui accepte de le partager avec la noblesse

En France, sous la Restauration, la Chambre basse reste de façon importante entre les mains de la noblesse puisqu’en 1824, 54% des députés sont nobles. Au fur et à mesure, les nobles tendent à disparaitre de la Chambre des députés pour devenir un groupe marginal. Le pouvoir politique des nobles s’efface progressivement au profit des bourgeois. La noblesse n’est plus représentée à l’Assemblée Nationale sous la IIIème République. Le monde des affaires occupe une grande place ainsi que la très vaste bourgeoisie industrielle. Sur cette base industrielle, la bourgeoisie veut une reconnaissance autour de trois facteurs : -

Le pouvoir économique

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Le prestige social 6

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L’influence politique

Se développe également le paternalisme patronal : l’ouvrier est une personne mineure que le patron doit protéger et surveiller. On retrouve le modèle de la famille que la bourgeoisie veut appliquer aux codes sociaux. Le code moral se retrouve dans l’entreprise où la messe peut être obligatoire, la revendication interdite… Le patron est tout puissant sur la famille de ses salariés.

3. La consolidation des positions acquises par la bourgeoisie française La bourgeoisie française est renforcée tout au long du siècle, à tel point qu’elle est assimilée à la veille de la Première Guerre mondiale à l’élite urbaine à elle seule. La Révolution française et les réformes ultérieures ont abouti à donner une place nouvelle a l’individu dans la société, on passe d’une société de corps à une société d’individus dotés de droits. Dans une société d’individus, la réussite va être valorisée. La société de corps défend des acquis, la société d’individus valorise le mérite et la réussite. C’est une société où toutes les ambitions deviennent légitimes. Dans l’Ancien Régime, la réussite existait mais était enrôlée par la noblesse et le système des offices, le bourgeois était celui qui avait un complexe par rapport au noble. Le rapport s’inverse : au 19ème siècle, le bourgeois apprend à s’estimer supérieur à toute autre personne dans la société. Ce complexe de supériorité permet à la bourgeoisie d’ériger les valeurs qui la constituent comme des valeurs universel...


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