Dissertation Inflation S4 PDF

Title Dissertation Inflation S4
Course Macro-économie 3 (Monnaie et Financement)
Institution Université Jean-Moulin-Lyon-III
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Summary

Dissertation inflation/désinflation...


Description

Faut-il( préférer( l'inflation( ou( la( désinflation( pour( favoriser( la( croissance( et( lutter( contre( le( chômage(?( ( ( L’économie de la zone euro est confrontée à deux problèmes majeurs : d’une part un chômage de masse qui dépasse toujours les 10% de la population active, et d’autre part la menace déflationniste, l’objectif de la BCE de maintenir le taux d’inflation à 2% n’étant pas atteint depuis plusieurs années. Or la théorie économique nous a longtemps expliquée qu’il était possible d’arbitrer entre le chômage et l’inflation ; dès lors ne serait-il pas pertinent de réduire le chômage en augmentant l’inflation ? D’abord, il est nécessaire d’expliquer le lien entre chômage et inflation. L’inflation, c’est la hausse continue et généralisée des prix. Mesurée chaque trimestre par l’INSEE à l’aide d’un panier de biens et de services représentatifs de la consommation des agents économiques, l’inflation est censée suivre le rythme de la croissance de l’économie, et donc de rester mesurée. Cependant l’inflation a en soi la capacité d’influencer la croissance ainsi que le chômage, en modifiant le choix des agents économiques et la valeur de la monnaie. Le chômage est quant à lui soumis à plusieurs définitions (BIT, pôle emploi) et à plusieurs conceptions (structurel, conjoncturel, naturel, de sousemploi) qui ont chacune des réponses particulières à l’inflation ; il s’agira de les distinguer. Mais c’est avec la courbe dite de courbe de Phillips-Samuelson élaborée successivement par les deux économistes dans les années 1950, qu’apparaît un véritable arbitrage entre chômage et inflation. En effet, cette courbe nous explique qu’une hausse de l’inflation permet de réduire le chômage et que réciproquement une hausse du chômage réduit l’inflation jusqu’à rentrer en déflation notamment en période de crise. En effet l’inflation agit sur les décisions des agents économiques, et est censée permettre de relancer la demande, augmenter les profits des entreprises, réduire le coût de l’endettement, ainsi que le poids de la dette, et donc a fortiori de faire baisser le chômage. C’est durant « les trente glorieuses » que les États ont eu recours à la courbe de PhillipsSamuelson pour véritablement arbitrer entre chômage et inflation. Alors que le taux de chômage est très élevé et que nos économies développées sont proches ou déjà tombées dans la déflation (comme le Japon depuis plus de 20 ans), il paraîtrait judicieux d’arbitrer entre plus d’inflation pour moins de chômage. Mais les États ont-ils encore la possibilité d’arbitrer entre chômage et inflation ?

L’inflation permet-elle de relancer l’économie et comment influe-t-elle sur l’emploi? Dans un premier temps nous évoquerons les différentes interprétations sur les liens de causalité entre inflation et chômage selon les écoles de pensées, puis nous verrons comment ces interprétations ont débouché vers la situation actuelle.

I-

Lien'de'causalité'entre'inflation'et'chômage'au'fil'des'écoles'de'pensées':' a. Les(Néoclassiques( b. Pensée(Keynésienne( c. Courbe(de(Philips( IIEvolution'vers'la'situation'actuelle':' a. Choc de pétrolier de 1973 b. Critique de Milton Friedman

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((((((((C’est(un(ensemble(d’auteurs(de(la(fin(du(XIXème(et(du(début(du(XXè((1870-1914)(qui(ont( cherché( à( analyser( le( comportement( individuel( des( acteurs( économiques( (analyse( microéconomique),( et( à( traduire( ces( comportements( sous( forme( mathématique( (modélisation).( Ils( supposent( que( le( comportement( des( hommes( est( rationnel,( et( que( les( acteurs( économiques(cherchent(toujours(à(satisfaire(le(mieux(possible(leur(intérêt(personnel.( Pour( ces( économistes,( l’activité( économique( est( un( ensemble( d’échanges,( de( biens,( de( services,(de(travail,(contre(de(l’argent.( Ces(échanges(se(font(entre(des(acteurs(qui(offrent(un(bien(ou(un(service((des(entreprises(par( exemple),(et(des(acteurs(qui(demandent(un(bien((les(ménages(par(exemple)(:(c’est(ce(que(l’on( appelle( l’offre( et( la( demande.( Pour( les( économistes( néoclassiques,( le( travail( est( une( marchandise,(comme(les(biens(et(les(services,(et(donc(le(nombre(d’emplois((la(quantité(de( travail)( dans( une( économie( est( déterminé( par( la( confrontation( entre( une( offre( de( travail( (venant(des(travailleurs),(et(une(demande(de(travail((venant(des(employeurs,(qui(ont(besoin( de(travailleurs),(sur(un(marché(:(le(marché(du(travail.(Le(prix(auquel(les(travailleurs(vendent( leur(travail(aux(employeurs(est(un(prix(particulier(:(le(salaire,(et(plus(précisément,(le(salaire( réel((le(pouvoir(d’achat)(:(selon(les(néoclassiques,(les(travailleurs(prennent(en(compte(l’effet( de(la(hausse(de(prix(sur(leur(salaire.(Pour(un(niveau(de(salaire((réel)(proposé,(les(futurs(salariés( vont(comparer(ce(salaire(avec(la(contrainte(que(représente(pour(eux(le(fait(de(travailler((ils( doivent(renoncer(à(des(loisirs)(:(plus(ce(niveau(de(salaire(est(élevé,(plus(il(devient(intéressant( de( travailler,( et( donc( plus( il( y( aura( de( salariés( volontaires( pour( un( travail( donné.( Pour( les( employeurs,(le(salaire(est(un(coût((il(fait(partie(des(coûts(de(production)(;(ils(comparent(donc( ce( coût( avec( la( création( de( richesses( que( va( permettre( l’embauche( d’un( travailleur( supplémentaire( (c'est-à-dire( avec( la( productivité( de( ce( travailleur).( Si( le( coût( d’un( salarié( supplémentaire(est(supérieur(à(ce(qu’il(rapporte,(l’entreprise(n’a(pas(intérêt(à(embaucher(;( par(contre,(plus(le(coût(d’un(salarié(supplémentaire(sera(faible(par(rapport(à(ce(qu’il(rapporte,( plus( il( sera( intéressant( pour( l’entreprise( d’embaucher.( On( parle( de( chômage( lorsque( des( personnes(souhaitent(travailler(mais(ne(trouvent(pas(d’emploi( au(salaire(en(vigueur,(parce( que(la(demande(de(travail(des(employeurs(n’est(pas(suffisante.(( Dans(le(modèle(néoclassique,(il(y(a(du(chômage(lorsque(l’offre(de(travail(est(supérieure(à(la( demande( de( travail.(Pour( les( néoclassiques,( cette( situation( de( chômage( due( à(un( coût( du( travail( trop( élevé( ne( peut( être( que( temporaire( :( le( fonctionnement( du( marché( du( travail( permet(qu’il(se(résorbe.(En(effet,(si(le(salaire(demandé(par(les(travailleurs(est(trop(élevé(et( qu’ils(ne(parviennent(pas(à(trouver(un(emploi,(comme(ils(sont(en(concurrence(les(uns(avec(les(

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Contrairement(à(la(conclusion(de(la(théorie(néoclassique,(si(l’on(laisse(l’économie(se(réguler( seule,(il(y(a(donc(de(fortes(chances(pour(que(l’équilibre(auquel(on(arrive(soit(un(équilibre(de( sous-emploi,(c'est-à-dire(de(chômage.( Le(chômage( n’est(donc( pas( une(exception,( mais(la( norme(:( selon(K.,( il( vient(du( fait(que( la( demande(prévue(par(les(entrepreneurs(n’est(pas(suffisante(pour(qu’ils(embauchent(tous(ceux( qui(désireraient(travailler.( Et(ce(chômage(est(un(«(chômage(involontaire(»((expression(de(Keynes,(qui(répond(à(celle(des( néoclassiques)(:( il( y(a( des(travailleurs( prêts(à( travailler( pour(le( salaire(en( vigueur,(mais( les( entreprises(ne(les( embauchent(pas(faute( de(débouchés.(Même( si(le(salaire(diminuait,(cela( n’aurait(aucun(effet(sur(l’emploi(puisque(celui-ci(ne(dépend(pas(du(niveau(du(salaire(mais(des( débouchés(anticipés.(Et(en(plus,(cela(comprimerait(encore(plus(la(demande,(donc(aggraverait( le(problème(au(lieu(de(le(résoudre.(L’analyse(de(Keynes(va(donc(contre(celle(des(néoclassiques,( non(seulement(en(ce(qui(concerne(les(causes(du(chômage,(mais(aussi(ses(remèdes.( ( ( …( ( ( Il(est(assez(naturel(de(penser(que(le(niveau(ou(le(taux(de(chômage(et(l’évolution(des( salaires( sont( liés( et( cela( quelque( soit( l’explication( principale( du( chômage( qui( est( retenue.( Si( l’explication( classique( est( la( bonne,( une( augmentation( du( salaire( sans( augmentation( équivalente(de(la(productivité(doit(entraîner(une(augmentation(du(chômage(provisoirement( si( le( marché( du( travail( fonctionne( bien( et( durablement( s’il( fonctionne( mal.( Si( l’explication( keynésienne( est( la( bonne,( un( ralentissement( de( l’activité( économique( provoque(à(la(fois(du(chômage(et(des(conditions(défavorables(à(l’augmentation(des(salaires.( Encore(fallait-il(vérifier(empiriquement(cette(intuition.(Dans(un(article(de(1958,(Alban'William' Phillips,( mettait( en( évidence( l’existence( d’une( relation( entre( le( taux( de( chômage( et( la( croissance(des(salaires(nominaux(en(Grande-Bretagne,(de(1861(à(1957.(Phillips(en(déduit(une( relation(inverse(entre(le(taux(de(croissance(des(salaires(nominaux(et(le(taux(de(chômage.(La( courbe(de(Phillips(rencontre(très(vite(le(succès(et(fait(l’objet(de(très(nombreuses(vérifications.( Elle(est(aussitôt(réinterprétée(dès(1960(par(Robert'Lipsey(comme(une(relation(entre(inflation( et( chômage.( La( même( année( Paul' Samuelson( et( Robert' Solow( développent( une( analyse( semblable.(La( relation(de(Phillips( est(alors(utilisée( pour(conforter(empiriquement( l’analyse( économique(keynésienne(puisqu’elle(montre(d’une(part(que(le(taux(de(chômage(peut(varier( fortement(et(d’autre(part(que(les(variables(réelles((le(taux(de(chômage)(et(monétaires((le(taux( d’inflation)(sont(interdépendantes.(Elle(justifie(l’intervention(de(l’Etat(destinée(à(opérer(un( "réglage(fin"(de(l’économie.(Pour(les(années(60,(la(relation(décrite(est(satisfaisante,(mais(elle( devient(moins(évidente(pour(la(période(ultérieure,(les(exemples(de(la(France(et(des(États-Unis( montrent(comment(cette(relation(a(évolué(depuis(une(trentaine(d’années.(Le(graphique(initial( de(Phillips(associant(le(taux(de(croissance(des(salaires(nominaux(et(le(taux(de(chômage(renvoie( à(une(intuition(forte(:(lorsque(l’activité(économique(devient(plus(forte,(donc(quand(le(chômage( diminue,(le(rythme(de(croissance(des(salaires(s’élève.(La(concurrence(des(entreprises(pour( embaucher(les(salariés(nécessaires(pour(produire(plus(entraîne(une(augmentation(des(salaires( et(cela(d’autant(plus(facilement(que(la(hausse(des(profits(qui(accompagne(l’expansion(permet( à( ces( entreprises( de( faire( face( aux( dites( augmentations.( Cette( observation( conduit( les( économistes( à( considérer( qu’il( existe( un( taux( de( chômage( qui( constitue( un( seuil( pour( l’évolution( des( salaires,( c'est( le( NAWRU' (non( accelerating( wage( rate( of(

unemployment).( Lorsque' le' taux' de' chômage' est' inférieur' au' NAWRU' la' croissance' des' salaires' s’accélère,' lorsqu’il' est' supérieur,' elle' se' fait' à' un' rythme' moins' rapide.( Le(passage( au(graphique( associant(le( taux(de( variation(des( prix(et( le(taux( de(chômage( est( immédiat(dès(lors(que(le(lien(entre(croissance(des(salaires(et(croissance(des(prix(est(établi.(Or( il(n’est(pas(difficile(d’établir(ce(lien.(Les(prix(dépendent(des(coûts(de(production(et(des(marges( de( profit( souhaitées( par( les( entreprises.( Si( les( entreprises( veulent( conserver( leurs( marges( toute(augmentation(des(coûts(s’accompagne(d’une(augmentation(des(prix.(L’augmentation( du(salaire(nominal(augmente(le(coût(unitaire(de(production(dès(qu’elle(est(plus(forte(que(la( croissance(de(la(productivité(du(travail(à(laquelle(elle(devrait(correspondre.(Donc(pour(une( croissance(de(la(productivité(donnée(il(y(un(taux(de(croissance(des(salaires(qui(garantit(que(les( prix( n’augmenteront( pas( plus( vite( qu’avant.( Si( la( croissance( des( salaires( dépasse( ce( taux,( l’inflation(devient(plus(forte.(Il(existe(donc(un(taux(de(chômage(qui(n’accélère(pas(l’inflation,( c'est( le( NAIRU( (non( accelerating( inflation( rate( of( unemployment).( Si' taux' de' chômage' dépasse'ce'NAIRU,'l’inflation's’accélère'et'inversement':'c’est'cela'l’enseignement'essentiel' de'la'courbe'de'Phillips.( ( ( ( …………………….

Depuis les années 1970, les États ont progressivement perdu la capacité d’arbitrer entre le chômage et l’inflation : d’abord parce que empiriquement ces arbitrages n’en n’ont plus vraiment été car la théorie économique a contesté la possibilité de cet arbitrage, et enfin notamment à travers la constitution de la zone euro où les États ont petit à petit abandonner la possibilité d’agir sur l’inflation. Avec le choc pétrolier de 1973, la croissance dite des « 30 glorieuses » s’achève, et le chômage ainsi que l’inflation explose. La hausse soudaine du prix des barils ont fait exploser la facture énergétique des pays développées dont la consommation énergétique reposait aux ¾ sur le pétrole. En 1974, le taux d’inflation dans l’OCDE grimpe à 11%, et il sera pour la France autour de ce niveau-là pendant pendant plus de 10 ans. Sur la même période, le chômage grandit lui aussi. En France, de 3% en 1970, il monte à 10% au début des années 1980, dépassant les 12% en 1993. Alors que l’inflation était censée faire baisser le chômage selon la courbe de PhillipsSamuelson celle-ci s’accompagne désormais d’une hausse du chômage. L’arbitrage théorique devient caduc, et les tentatives de relance des gouvernements successifs permises par des dévaluations (qui favorise l’inflation par hausse des coûts des importations) et par des politiques monétaires extensives, ne baissent aucunement le chômage. La « stagflation » a mit fin à l’arbitrage entre le chômage et l’inflation. …

A la constatation empirique de l’échec de la courbe de Phillips-Samuelson s’ajoute une critique théorique. Elle viendra d’abord de Milton FRIEDMAN qui élabore sa propre courbe de Phillips, expliquant pourquoi l’inflation ne fait plus durablement baisser le chômage et pourquoi l’inflation grimpe. Il est à noter que l’économiste considère que le chômage est naturel, et qu’il est le fruit d’un calcul coût-avantage qui fait que certaine personne préfère être au chômage et vivre des allocations plutôt que de travailler. Une hausse de l’inflation va permettre à court terme de faire baisser le chômage, les individus étant victime de l’illusion monétaire, voient le résultat de leur calcul coût-avantage être modifié, la valeur nominale du salaire proposé étant avantageuse. Mais à moyen terme l’illusion s’estompe et le salaire réel n’étant pas suffisant, ces individus retournent au chômage. Or, l’inflation qui a permis à court terme de réduire le chômage persiste à long terme. L’inflation est en effet un processus qui a tendance à s’auto-entretenir. Comme l’expliquent STERDINYAK et DEBONNEUIL, les salaires souvent indexés sur l’inflation encouragent encore la croissance du rythme de l’inflation et ainsi de suite. D’où l’émergence d’une spirale inflationniste dévastatrice économiquement. De plus, après le choc pétrolier, des économistes ont théorisé les « anticipations rationnelles » qui sont émises par tous les agents économiques. Dès lors les individus ne sont plus victimes de l’illusion monétaire, autrement dit, les agents économiques anticipent parfaitement l’inflation et les conséquences qu’elle aura sur la divergence des valeurs nominales avec les valeurs réelles, remettant totalement en cause la pertinence et l’efficacité de la courbe de PhillipsSamuelson.



On assiste donc à partir des années 1980 à une remise en cause virulente de la politique monétaire des États. Seulement capable d’accélérer l’inflation sans réduire aucunement le chômage, les États ont été confronté à une crise tant d’efficacité que de légitimité. L’école de la « public choice » avait déjà souligné l’incapacité des États à aller vers l’intérêt général. Dans Rules rather than Discretion (1977) KYDLAND et PERSCOTT critiquent les politiques monétaires des États qui ne visent pas suffisamment à combattre l’inflation. Pour eux il faut « lier les mains des politiques » et confier la politique monétaire à des institutions indépendantes qui cherchent, plutôt que d’être réélu, à respecter une orthodoxie monétaire. C’est dans cette critique de la politique monétaire des États que se construira la zone euro et la BCE. Avec la monnaie unique, les États membres perdent la possibilité d’agir sur l’inflation grâce à la politique monétaire. Sans possibilité d’agir sur les taux directeurs, ni sur le taux de change et encore moins sur la création monétaire, l’État perd quasiment

tout contrôle de l’inflation. Ce contrôle revient à la BCE qui de plus a l’obligation constitutionnelle de la maintenir à 2% environ. La croissance et le chômage ne relevant officiellement pas de ses prérogatives, il apparaît même que l’idée d’arbitrer entre chômage et inflation ait disparu dans la zone euro, les deux phénomènes étant institutionnellement déconnectés. Il apparaît donc clairement que les États ont perdu la capacité d’arbitrer entre le chômage et l’inflation.

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