Explication de texte lettre XXX - les lettres persannes PDF

Title Explication de texte lettre XXX - les lettres persannes
Author Ginet Ettenig
Course Lettres
Institution Université de Pau et des Pays de l'Adour
Pages 7
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Summary

explication de la lettre XXX des Lettres Persanes de Montesquieu en vue de l'oral du CAPES de lettres...


Description

Les lettres persanes, lettre XXX – explication

La métaphore des lumières est employée dès le XVIIIe siècle par les philosophes que nous désignons aujourd’hui par ce terme. Ces auteurs, au moyen de la science et de la raison, aspirent au progrès de l’humanité, diffusant ce savoir éclairé contre l’obscurantisme et les préjugés. Montesquieu écrit Les lettres persanes après la mort de Louis XIV pendant la période de la régence, cette époque de libération de la littérature ne lui permet cependant pas une critique frontale de la société. Pour contourner cette censure, Montesquieu use d’un changement de point de vue : il va confier l’analyse à des personnages étrangers au cadre politique et social français. Ces personnages portent les noms d’Usbek et de Rica, ils sont persans et voyagent jusqu’à Paris où ils séjournent sous le règne de Louis XIV et pendant la régence de Philippe d’Orléans. Les lettres persanes est un roman épistolaire : les deux protagonistes correspondent avec leurs amis persans leur peignant le tableau de la France du XVIIIe siècle à travers leur regard neuf, presque naïf. La lettre 30 se situe au début du roman et est datée de 1712 soit l’année de l’arrivée des Persans à Paris, 3 ans avant la mort du Roi Soleil. Rica s’adresse à Ibben, son ami resté en Perse, très curieux des us et coutumes françaises. Le personnage lui décrit donc ses premières confrontations au peuple parisien et les conclusions qu’il en tire. Lecture La première phrase de la lettre « les habitants de Paris sont d’une curiosité qui va jusqu’à l’extravagance » met l’accent sur la ligne directrice du texte : le personnage cherche ici à prouver le caractère extravagant des Parisiens. J’ai découpé le texte en deux mouvements, le premier de la ligne 3 à la ligne 12 correspond à l’observation des parisiens par le personnage épistolier et faisant état de leur curiosité. Le second mouvement court de la ligne 13 jusqu’à la fin du texte et coïncide avec l’expérience menée sur les habitants de Paris et démontrant leur extravagance. Ainsi, il semble pertinent d’analyser comment Montesquieu, à travers les yeux de son personnage, utilise une approche empirique pour prouver l’extravagance du peuple parisien et inciter son lecteur à penser par lui-même. Nous verrons comment Rica étaye son affirmation par le biais de l’exposition de ses observations en premier lieu, grâce au compte rendu de son expérience ensuite.

Comme je le disais plus tôt, la première phrase du texte peut être considérée comme un titre, une problématique. En effet, sa construction par subordination attire l’attention sur l’évolution du savoir du personnage quant aux Parisiens : ils sont d’abord perçus comme curieux dans la principale « les habitants de Paris sont d’une curiosité » puis extravagants dans la subordonnée relative adjective « qui va jusqu’à l’extravagance ». Rica annonce donc ici à Ibben le sujet de sa lettre : la caractérisation des parisiens.

Le premier mouvement expose donc la preuve empirique de la curiosité des parisiens apportée par l’observation de ces derniers. Cette observation est mise en évidence dès le début du mouvement par le passage de la voie active « j’arrivai » l.3 Rica est en action, à la voix passive « je fus regardé » l.3 le personnage n’agit plus. Enfin l’emploi de l’imparfait jusqu’à la fin du paragraphe vient mettre en lumière la valeur descriptive du récit avec, entre autres, les verbes « tous voulaient » l.4, « je trouvais » l.7, « qui disaient » l.10 ou encore « on craignait » l.13. L’omniprésence du champ lexical du regard avec : « regardé » l.3, « voir » l.4, « voyais » l.5, « spectacle » et « lorgnettes » l.7, « vu » l.8, « à l’air » l.10, « voyais » et « portraits » l.11. et « vu » l.12 met en évidence les regards croisés de Rica et des parisiens. Il met donc en valeur un climat d’observation mutuelle, mais peut aussi être vu comme une première incitation de l’auteur au lecteur à ouvrir les yeux, à regarder par lui-même. Le persan observe en premier lieu qu’il fascine, les français allant jusqu’à le déifier. C’est ce que nous montre la comparaison « je fus regardé comme si j’avais été envoyé du Ciel » l.3 : en effet, la périphrase « envoyé du Ciel » renvoi au Christ (ou, Rica étant musulman, à Mahomet) elle élève donc le personnage soit au rang de dieu soit à celui de prophète. Notons que le mot « Ciel » comporte une majuscule, ce qui indique que l’auteur évoque bien le divin. Le protagoniste est par conséquent suivi par une foule hétérogène comme en témoigne l’énumération « vieillards, hommes, femmes, enfants, tous » l.3-4 ; énumération qui peut être qualifiée de gradation hyperbolique allant des plus sages : les « vieillards » aux plus naïfs : les « enfants » pour finir sur l’adjectif « tous ». Une foule hétérogène donc mais aussi considérable si l’on en croit la locution hyperbolique « tout le monde » l.4 et le déterminant numéral « mille » l.6. De la l.4 à la l.7 les parisiens vont même jusqu’à se comporter comme des disciples : la vision d’une foule qui se masse autour du personnage est créée grâce au champ lexical de l’encerclement comprenant « cercle » l.5, « autour » l.6, « m’entourait » l.7 et même « arc-en-ciel » l.6 (qui renvoie aussi à une forme circulaire). A ajouter à cela la proposition « tout le monde se mettait aux fenêtres » l.4-5, qui laisse entendre qu’au passage du persan tous arrêtent leurs occupations dans le but de l’apercevoir. La soudaineté et la systématicité du phénomène sont mis en évidence respectivement par l’adverbe « aussitôt » l.5 et la construction anaphorique en « si je » dans « si je sortais » l.4, « si j’étais aux tuileries » l.5, et « si j’étais aux spectacles » l.7 : les parisiens sont tellement fascinés, si curieux que Rica ne peut sortir sans être immédiatement assailli. Ainsi le rapport à la religion est sous-entendu ici, Rica décrit un comportement fanatique qui ne se soucie guère de l’objet adoré, autrement dit une foi dénuée de profondeur et incompatible avec la raison. Le lecteur peut percevoir ici une certaine ironie de la part du personnage qui fascine à outrance. De fait, il fait remarquer à son ami qu’il est regardé au détriment de ce qui est pensé pour l’être. C’est le cas des « spectacles » l.7 : les parisiens s’en détournent et sont, par la même occasion, réduits à leur simple curiosité par la métonymie « cent lorgnettes ». Mais c’est aussi et surtout le cas des « femmes […] nuancé[es] de mille couleurs » faisant

« un arc-en-ciel » l.6 : elles sont spectatrices quand elles appellent une idée de représentation théâtrale. Cette idée fait d’ailleurs écho à la volonté qu’ont d’ordinaire ces femmes d’attirer l’attention sur elles ; une habitude que Montesquieu critique à plusieurs reprises dans son roman. Le personnage observe ensuite son passage d’objet de fascination, à objet d’étude : les parisiens vont s’approcher de lui pour l’étudier. Un rapprochement à la loupe que le lecteur peut percevoir à travers des termes évocateurs d’une proximité grandissante : vient d’abord « Ciel » l.2 qui évoque le lointain, puis « fenêtre » l.5 : un espace plus accessible bien que parfois haut, ensuite le complément circonstanciel de lieu « autour de moi » l.6 porte une connotation d’espace personnel, et enfin le complément circonstanciel de lieu « contre ma figure » l.8 évoque lui une proximité extrême. Cette idée de loupe se retrouve également dans le nom « lorgnettes » l.7 qui sont des lunettes grossissantes décrites comme étant « contre [sa] figure » toujours l.7. Aux lignes 7 et 8 Rica se raconte en position d’objet d’analyse. En effet, la proposition adverbiale « enfin jamais homme n’a tant été vu que moi » l.8 est porteuse de deux interprétations sémantiquement différentes : - Rica a été vu par plus de monde que n’importe qui d’autre - jamais personne n’a vu autant de sa personne vue que lui. Dans les deux cas la locution adverbiale « jamais homme » souligne le caractère inouï de l’attention qu’on lui porte. L’emploi de l’adverbe « enfin » -que l’on pourrait remplacer par en résumé- semble indiquer que les deux interprétations sont à prendre en compte : Rica est à la fois (comme exprimé plus haut) le centre de l’attention, et un sujet examiné sous toutes les coutures. La phrase : « Je souriais quelques fois d’entendre des gens qui n’étaient presque jamais sortis de leur chambre, qui disaient entre eux : "il faut avouer qu’il a l’air bien persan." » l. 8 à 10 informe le lecteur qu’en plus d’être un objet d’analyse le persan est aussi un objet d’étude théorique. En effet, la tournure hyperbolique « presque jamais sortis de leur chambre » l.9 désigne l’impossibilité pour ces « gens » d’avoir acquis un savoir par expérience. Et la locution verbale « il a l’air » l.10 laisse entendre la cuistrerie de ces parisiens étalant fièrement des connaissances qu’ils ne maîtrisent pas. C’est effectivement dans cette phrase que le lecteur peut percevoir une nouvelle fois l’ironie du personnage : « je souriais » l.9 est à comprendre dans le sens d’un sourire ironique, le personnage utilise en plus le discours rapporté, ce qui laisse imaginer un ton moqueur. On peut donc fortement supposer ici la désapprobation de l’auteur par rapport un savoir superficiel limité à une approche théorique : l’homme doit sortir de la passivité des préjugés en pensant par lui-même, ce qui passe notamment par l’expérience. Une conviction que Montesquieu met d’ailleurs en pratique comme en témoigne l’anecdote de son expérience de l’effet du froid sur la langue de mouton. Enfin, dans la dernière phrase du mouvement, Rica fait part à son ami de la déshumanisation dont il est victime de la part les parisiens : Cette phrase est précédée par la locution interjective « Chose admirable ! » l.10 ce qui permet d’alerter le destinataire sur la nature déplacée de ce qu’il s’apprête à lire : Après avoir été admiré et comparé à un dieu ou presque, Rica est maintenant réduit à de simples « portraits » l.11. La déshumanisation est exprimée à cette même ligne par la métonymie « je me voyais multiplié

partout ». De fait, le protagoniste emploi le pronom « me » pour signifier ses représentations picturales. Son humanité est de ce fait effacée pour ne garder que ce qui intéresse a priori réellement les parisiens : soit ce qu’il représente, l’exotisme. En plus se trouver privé de son humanité, le persan se voit approprié par les parisiens, mis en vente « dans les boutiques » l.11 et exposé « sur toutes les cheminées » l.11-12. On peut imaginer ici ces peintures comme des trophées attestant d’avoir peut-être aperçu un persan pour certains, d’en peut-être savoir quelque chose pour d’autres. L’ironie du personnage s’exprime une nouvelle fois dans la proposition antiphrastique « tant on craignait de ne m’avoir assez vu » l.12 : Comme nous l’avons vu plus tôt, Rica se dit déjà largement regardé et étudié par les parisiens. L’emploi du verbe voir dans « ne m’avoir assez vu », laisse penser à une conclusion que Rica semble faire de son observation : les parisiens veulent le VOIR rien de plus. L’auteur critique ainsi cette superficialité : comme exposé plus haut, Montesquieu prône une observation analytique, ce qui n’est absolument pas le cas ici. Ce qu’il met en valeur avec le verbe voir c’est cette lacune : voir n’est pas regarder, et le regard des parisiens est dénué de toute critique. Le deuxième mouvement expose la preuve empirique apportée par l’expérience du personnage épistolier de l’extravagance des parisiens. Permettez-moi d’abord de rappeler le sens de l’adjectif extravagant qui signifie selon le TLFi : « Dont la raison, l'imagination sont déréglées ». De la ligne 13 à 16 Rica fait part à son ami de ses réflexions quant à l’inconfort de sa situation. Cette réflexion est mise en évidence en premier lieu par la première proposition qui la compose : « tant d’honneurs ne laissent pas d’être à charge » l.13. De fait, le verbe « laissent » exprimant l’aspect global du propos, a pour sujet l’antithèse « tant d’honneurs » ce qui laisse supposer -en plus de l’ironie- un jugement de valeur sur la nature incommodante de sa relation avec le peuple de Paris. Ensuite, le verbe croire l.13 et la proposition « je ne me serais jamais imaginé » l.15 supposent eux aussi une introspection du personnage. On trouve donc ici une sorte de mode d’emploi de la part de l’auteur ou en tous les cas une incitation à la réflexion, à la remise en question systématique de toute croyance et de tout préjugé. Rica évoque sa mauvaise expérience des parisiens. Pour ce faire, il utilise d’abord l’antithèse que je viens d’évoquer, puis l’expression « ne laissent pas d’être à charge » qui signifie "être pénible" et enfin la métonymie « grande ville » qui désigne les parisiens. En effet, cette figure est accompagnée d’une sorte d’animalisation qui métamorphose les habitants de Paris en une bête imposante : une « grande ville » l.15 dont le persan aurait « troubl[é] le repos » l.15. Il peut être intéressant de remarquer aussi que le complément « une grande ville où je n’étais pas connu » l.15-16 semble faire écho à « on craignait de ne m’avoir assez vu » à la fin du premier mouvement l.12 : Les termes « vu » et « connus » s’opposent ici, rappelant le comportement inapproprié des parisiens qui ne veulent pas connaitre Rica mais seulement le voir. Le Persan toujours dans ses réflexions semble juger les parisiens irrationnels. D’abord, par les expressions « je ne me croyais pas » l.13 et « je ne

me serais jamais imaginé » l.14-15 qui indiquent un certain abasourdissement du personnage face à une telle conduite. Ce désarroi est encore exprimé dans l’hyperbole « homme SI curieux et SI rare » ainsi que dans les emplois du superlatif absolu « très » l.14 et de l’adverbe « jamais » l.15. La proposition subordonnée relative « quoique j’aie une très bonne opinion de moi » l.14 et sa principale « je ne me serais jamais imaginé que je dusse troubler le repos d’une grande ville » l.15 renforcent encore cet effet de consternation. De fait, le superlatif absolu « très » confère une intensité forte à la « bonne opinion » et la conjonction « quoique » laisse attendre une concession sur ce jugement. Cependant, cette « très bonne opinion » n’est pas revue à la baisse mais encore augmentée par la proposition principale, ce qui la place en dehors du rationnel. Ces hyperboles, en plus d’informer les lecteurs des perceptions du personnage, miment aussi le comportement réprouvé des parisiens : soit beaucoup de faste au détriment de la raison. La superficialité ici dessert la raison comme elle desservait le savoir dans la première partie. Bien que les parisiens soient présentés de manière presque menaçante dans l’animalisation évoquée plus haut, le personnage ne semble pas en danger. En effet, les français ne sont mentionnés qu’une seule fois et ce indirectement : à savoir dans l’expression « troubler le repos d’une grande ville » l.15 quand Rica, lui, apparaît huit fois dans ces lignes : sous forme des pronoms personnels « je » l.13, 14, 14, 15 et 15, « me » (l.13 et 14) et « moi » l.14. De plus, deux de ces pronoms encadrent la seule et unique mention des parisiens « que JE dusse troubler le repos d’une grande ville ou JE n’étais point connu » ce qui renforce l’impression de contrôle de Rica. Les lignes suivantes, 16 à 19, voient naître l’expérience du Persan. L’emplois des passés simples « fit » l.16, « fit » l.18 et « vit » l.19 contraste avec l’imparfait du le premier mouvement : il suggère un passage à l’action. De même le verbe « résoudre » et le verbe « endosser » l.16 qui indiquent au lecteur un changement d’état du personnage : il sort de son statut d’observateur. Il expose ici à son destinataire l’expérience empirique qu’il a choisi de mener. Preuve en est le champ lexical de l’expérience recensant « pour voir » l.17, « essai », « connaître », « valais » l.18, « vis » et « apprécié » l.19. L’emploi du conditionnel dans la proposition « pour voir s’il resterait encore dans ma physionomie quelque chose d’admirable » l17-18 indique une certaine neutralité, un certain esprit critique, autrement dit l’absence de préjugés. La pronominalisation dans la fin de cette même phrase « je ME vis apprécié au plus juste » l.19 laisse entendre quant à elle un retour à l’observation de Rica, une prise de recul. Ainsi la méthode du personnage peut être résumée ainsi : il opère un changement dans un environnement connu puis guette les réactions. C’est également dans ces lignes qu’est exprimé le but de l’expérience : plus précisément dans la proposition « pour voir s’il resterait encore dans ma physionomie quelque chose d’admirable » l.17-18 ; notons ici le mot « admirable » qui fait écho à l’admiration dont Rica était l’objet dans le premier mouvement, il cherche donc à savoir si ce comportement des Parisiens à son égard change selon sa « physionomie » l.17. De plus le nom « ornement » l.19 indique ce qui est fait pour embellir : L’idée d’apparence physique est donc primordiale ici, la question est donc : les Parisiens voient-ils au-delà de l’apparence exotique de Rica ? Il est aussi intéressant de regarder l’adjectif « libre » l.18 (qui porte d’ailleurs une faute de frappe) dans « libre de tous les

ornements », il rappelle l’inconfort que le personnage a exprimé au début du mouvement et qui l’entravait ; cet adjectif donne aussi un indice quant au résultat de l’expérience. « libre » est aussi intéressant à étudier du côté de l’auteur, en effet, selon la philosophie du siècle, un homme n’atteint la liberté que par le savoir, c’est ce dernier qui permet de maîtriser son destin en s’opposant aux préjugés. Ainsi les « ornements » peuvent être rapprochés des préjugés en ce sens qu’ils sont tous deux superficiels, aussi la phrase « libre de tous les ornements étrangers, je me vis apprécié au plus juste » semble pouvoir être interprétée comme un encouragement au lecteur à se libérer des a priori pour tendre vers une approche plus rationnelle sous-entendue par le syntagme adverbial « au plus juste ». L’expérience menée par le personnage est de fait présentée elle-même comme rationnelle, c’est ainsi que l’adverbe « réellement » renvoyant à la raison l.18 s’oppose au participe passé « imaginé » l.15 que j’ai évoqué plus tôt pour illustrer l’irrationnalité du comportement parisien ; il en est de même pour la locution adverbiale « au plus juste » l.19 qui revoie elle aussi à cette idée d’exactitude. Ainsi, après avoir indiqué à ses lecteurs comment il convient de réfléchir, Montesquieu semble ici communiquer la manière adéquate d’observer et d’expérimenter. Après avoir pris connaissance du fonctionnement de l’expérience, le lecteur assiste à son résultat : soit un personnage dans l’anonymat. Le retour à l’observation de Rica est indiqué par un retour à l’imparfait de description avec « avait » l.20, « entrais » et « demeurais » l.21. Faisant aussi écho au premier mouvement, nous retrouvons une idée de soudaineté avec les locutions adverbiales « en un instant » l.20 et « tout à coup » l.21. Le persan se trouve dans une situation inversée : lui qui « voyai[t] aussitôt un cercle se former autour de [lui] » l.5-6, « [perd] en un instant l’attention et l’estime publique » l.20. La soudaineté dans le premier mouvement est aussi opposée ici à « une heure » l.21 durant laquelle il est invisible. Rica est donc ignoré, il est d’ailleurs réduit à un pronom dans les propositions « qu’on m’eût regardé » et « qu’on m’eût mis en occasion d’ouvrir la bouche » l.22-23 ; ce sont des propositions dans lesquelles il n’est pas sujet, ce qui est le cas pour chaque proposition évoquant le manque d’attention dont il est victime. De fait : « mon tailleur » l.20 est sujet de « m’avait fait perdre » et le pronom indéfini « on » est sujet des deux propositions citées juste avant. On peut en conclure que selon le personnage, les parisiens l’ignorent sciemment, c’est une action dans l’inaction. Rica se sent donc absent preuve en est le champ lexical de l’absence avec « perdre » l.20, « néant » l.21, et la locution conjonctive « sans qu[e] » l.22 et cela ne lui plait guère, comme l’atteste le champ lexical du désagréable cette fois comprenant « me plaindre » l.19, « perdre » l.20, « néant » et « affreux » l.21. Cette réaction du personnage peut faire sourire le lecteur en ce sens que Rica qui se plaignait et se moquait d’une attention exagérée d...


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