Explication de Texte Le Génie de Nietzsche PDF

Title Explication de Texte Le Génie de Nietzsche
Course Philosophie
Institution Lycée Général
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Explication de texte philosophie Le Génie de Nietzsche...


Description

- Explication de texte de Nietzsche Contrairement à l’image du génie que la littérature des Mille et une nuits a rendu célèbre, avec l'histoire d’Aladdin et de sa lampe, le génie n'est pas seulement ce personnage qui vit dans une lampe et réalise trois vœux à ceux qui la frottent. Ce génie correspond davantage au daimon grec. Cependant, le génie pour les philosophes est très différent. En philosophie, la question du génie est principalement traitée dans le domaine de l'esthétique et de la philosophie de l'art. Nous regardons souvent ceux qui ont atteint l'excellence dans leur domaine avec un sentiment d'admiration, comme s'ils étaient en quelque sorte "surhumains", possédant un don inné qui manque au reste d'entre nous, simples "mortels". Cette tendance à "vénérer le génie" crée un gouffre fictif, séparant l'humanité en deux groupes : la minorité capable d'atteindre l'excellence, et la majorité destinée à rien d'autre que la médiocrité. Si le génie est un don inné, soit nous avons le potentiel pour le génie, soit nous ne l'avons pas. ! Nietzsche, (lorsqu’il n’était pas occupé à jouer avec des épées ou à proclamer la mort de Dieu), abordait dans ses écrits les thèmes les plus précieux de la philosophie, de la religion, de l'art, entre autres. Et il n'aurait pas pu s'empêcher d'aborder ce thème du génie, inscrit dans la tradition philosophique depuis l’Antiquité. Dans ce texte, extrait du recueil d’aphorismes Humain, trop humain, il explique, contrairement à l’idée que le génie est un don inné, que le génie est le produit du travail humain, mécanique d'assemblages des matériaux, tout à fait explicables. Toute activité humaine a donc le potentiel d’être géniale. Nous pouvons alors nous demander comment Nietzsche parvient à démystifier le concept de génie en dénonçant la sacralisation de la création artistique et en montrant que le culte du génie est un moyen pour l’homme de se complaire dans sa médiocrité. Pour cela, nous verrons, dans la première partie, que Nietzsche analyse le génie en tant que résultat d’un travail. Dans la seconde, Nietzsche explique pourquoi le statut de génie, qui devient “divin”, n’est attribué qu’à certains domaines. Enfin, dans la troisième partie, il montre qu’on ne prend en compte que l’oeuvre finie du génie, oubliant tout le travail qui a été fait en vue de cette réalisation.

Dans cet extrait, Nietzsche cherche à décomposer la doxa qui fait du génie quelque chose qui requiert un talent innée. On peut donc dire qu’il est contre ce que dit

Kant, qui défend que le génie est un don naturel, une disposition innée par laquelle la nature donne ses règles à l'art.! Le génie est, pour Nietzsche, un apprenti, qui ne fait rien d'autre que “poser des pierres, […] bâtir, […] chercher toujours des matériaux et travailler toujours à y mettre la forme”. À travers cette analogie du bâtiment, il montre qu’il existe une sorte de science de la maîtrise, c’est-à dire des étapes communes que doivent suivre ceux qui veulent attendre l’excellence du génie. Cela implique alors que nous avons tous les qualités nécessaires pour devenir un génie, si on comprend que la maîtrise dépend de trois critères: l’effort et la capacité à utiliser tous les moyens ; un but à atteindre ou une “direction unique” qui nous guide ; et être capable d’ “observer diligemment leur vie intérieure et celle d’autrui”, c’est-à-dire avoir une sensibilité face au monde et à eux-mêmes. C’est dans ce sens que “l’activité du génie ne paraît pas le moins du monde quelque chose de foncièrement différent de l’activité de l’inventeur en mécanique, du savant astronome ou historien, du maître en tactique”. Si nous avons choisi une activité qui nous passionne, nous devons cesser d'utiliser l'excuse "je n'ai pas assez de talent” car, selon Nietzsche, toute activité humaine peut devenir géniale, avec de la persistance et de l’effort. Cela dit, l’activité du génie est donc explicable (“toutes ces activités s’expliquent”). Quand il affirme que aucune activité de l’homme “n’est un miracle”, ce n’est pas pour dénigrer l’activité du génie, mais pour humaniser ce qu'on a divinisé sans raison. Il ne dévalorise pas l’activité car “toute activité de l'homme est compliquée à miracle” mais il la démystifie.

Ce faisant, le génie s’en trouve désacralisé, et l’art avec lui ramené au rang des autres activités humaines. Nietzsche se demande alors pourquoi le statut de génie n’est attribué qu’à certains domaines particuliers.

“D’où vient donc cette croyance qu’il n’y a de génie de chez l’artiste, l’orateur et le philosophe ?”, se demande Nietzsche. Pour lui, cette admiration quasi-divine de ces domaines n’est pas logique, car, pour lui, l’artisan peut également être génie. Croire que seul l’artiste, l’orateur et le philosophe peuvent atteindre le statut de génie, car ils sont illuminés, dotés d’une “intuition”, les place au dessus des hommes dits normaux.

Cette tendance à vénérer un génie inaccessible en aurait pour but de nous permettre de nous sentir satisfaits de notre médiocrité. L’admiration du génie, et non du travail de l’artiste, cache donc la vanité de ceux qui ne veulent pas reconnaître leurs limites ou leur incompétence, voire leur paresse. C’est ce que veut dire Nietzsche quand il affirme que “nommer quelqu’un “divin”, c’est dire “ici nous n’avons pas à rivaliser” ”. Autrement dit, en donnant au génie un statut divin, qui renvoie à l’idée de capacités transcendantes, hors de la portée de tous, on se sent réconfortés dans notre incapacité à atteindre un objectif ou une vision grandiose, car on se dit qu’en tant que communs mortels on ne réussira jamais . En fin de compte, comme le dit Goethe, “on ne désire pas les étoiles, on se réjouit de leur splendeur”.

L'artiste n’a pas un génie inné, il travaille pour atteindre l’excellence. Cependant, nous ne reconnaissons pas son travail, pour déguiser notre propre paresse et notre manque de dévouement. On admire donc seulement un produit fini.

Contrairement à l’artisan, par exemple, l'artiste peut cacher l'histoire de son travail et ça c’est son “avantage”, nous dit Nietzsche. Pour lui, “l’art achevé de l’expression écarte toute idée de devenir, il s’impose tyranniquement comme une perfection actuelle”. Tous les efforts et le travail acharné de l’artiste ne transparaissent pas dans le produit final, “ce qui est fini et parfait”. Cela fait que les artistes (Nietzsche parle d'"artistes de l’expression") sont reconnus comme des génies. Cette sensation d’inconnu génère une certaine admiration. Voire l’oeuvre finie, sans connaissance des étapes intermédiaires par lesquelles l’artiste a passé, laisse place à l’imagination du spectateur. C’est donc plus fascinant de regarder un tableau dont le processus de création nous est inconnu, que regarder l’evolution de la création d’un objet, par exemple. De plus, nous pouvons affirmer que, en oubliant la conception laborieuse, l’homme néglige le travail de l’homme de science, par exemple. Comme nous dit Nietzsche, face au travail, aux étapes du raisonnement de l’homme de science, “on est un peu refroidi” car on se rendrait compte que le génie n’est pas un don inné et que c’est notre paresse qui nous empêche d’atteindre ce statut qui, en réalité, est accessible à tous. Et une fois de plus, Nietzsche fait référence à l'immaturité de ce procès : “cette appréciation et cette dépréciation ne sont qu’un enfantillage de la raison”.

Pour conclure, le génie, contrairement à l’idée reçue d’un don inné, est le résultat d’un travail, qui peut être expliqué. En démystifiant ce mythe, Nietzsche montre que c’est une erreur de distinguer les productions humaines et d’en sacraliser quelques unes au détriment d’autres, et que cela n’est qu’un moyen pour les hommes de se réconforter dans leur médiocrité. C’est une philosophie à coups de marteau : Nietzsche, lui même souvent décrit comme un génie, cherche à détruire les fausses idées....


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