Explication linéaire Montaigne DES Coches Livre III Chapitre 6 PDF

Title Explication linéaire Montaigne DES Coches Livre III Chapitre 6
Author YENA MARRE
Course Français
Institution Lycée Général
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Explication linéaire Montaigne DES Coches Livre III Chapitre 6...


Description

Explication linéaire LES ESSAIS « DES COCHES » LIVRE III, CHAPITRE 6 MONTAIGNE INTRODUCTION Montaigne est un auteur humaniste du XVIe siècle. Après des études en droit, il s'installe dans son domaine de Montaigne pour se consacrer à l'œuvre littéraire principale de sa vie : les Essais. Les Essais de Montaigne, publiés à titre posthume en 1595, conformément au projet humaniste, présentent une suite d'arguments et de réflexions sur différents thèmes : politiques, philosophiques, sociales, et l'homme en général. Essais pour Montaigne signifie « essayer de réfléchir ». Situation du passage : Dans l’extrait du livre III, chapitre 6, (2ème édition de 1588) (orthographe modernisée) intitulé Des Coches (un coche est une grande voiture tirée par des chevaux et qui transporte des voyageurs), Montaigne nous emmène à la découverte du Nouveau monde, à l’idée qu’on s’en faisait à ses tout débuts Alors que dans le chapitre « Des cannibales » Montaigne s’intéressait aux Tupinambas, peuple du Brésil conquis par les Portugais, il revient dans « des Coches » sur la conquête du Mexique et le Pérou par les Espagnols au début du 16ème siècle. C’est l’occasion pour Montaigne de brosser un portrait peu flatteur des conquistadors espagnols et d’amorcer un réquisitoire contre la colonisation. Dans ce passage, Montaigne rapporte le rituel du REQUERIMIENTO* par lequel les Espagnols prenaient possession des terres au nom du roi d'Espagne et de la religion catholique. Montaigne s’appuie ici sur le témoignage de Lopez de Gómara, dans son Histoire générale des Indes. *REQUERIMIENTO : Texte juridique antique dans lequel les ennemis devaient faire la paix sinon le vainqueur pouvait les réduire en captivité.

PB : Comment à travers, au travers d’un dialogue fictivement rapporté, Montaigne fait-il une critique acerbe de la colonisation et de la civilisation européenne ? I/ L’imposture du Discours des Espagnols L 1 A 13 II/ La réponse clairvoyante et lucide des Indiens a 35 III/ La conclusion de Montaigne L 35 à 39

p. 1

I/ L’imposture du Discours des Espagnols L 1 A 13

1

CITATIONS PROCEDES a) Un cadre spatio-temporel flou : une rencontre type En naviguant le long des côtes Antéposition de la proposition à la recherche de leurs mines subordonnée participiale qui met en relief l’emploi du possessif pluriel « leurs » (renvoyant aux indigènes) à la recherche de leurs mines

2

3

« Quelques espagnols » « une contrée » « ce peuple »

Critique implicite du narrateur (càd Montaigne ici) Déterminant indéfini Article Déterminant indéfini Démonstratif

« Quelques espagnols »

Déterminant indéfini Article

« fertile et agréable et fort habitée »

Accumulation de 3 Adj mélioratifs renforcée par l’adverbe fort dans hyperbole « fort habitée »

déclarations habituelles

Adj qualificatif ironiquement péjoratif

b) Le discours des Espagnols Deux points + utilisation des guillemets Discours direct

4

5

Des gens paisibles

adjectif

envoyés de la part du plus grand Prince de la terre habitable

argument d’autorité politique Superlatif « le plus » Adjectif hyperbolique « grand »

p. 2

ANALYSE Dénonce la cupidité des Espagnols : l’avidité est l’élément déclencheur de la rencontre avec les indigènes.

Espagnols présentés d’emblée comme une bande d’aventuriers (au sens péjoratif) : comme des prédateurs Cadre spatio-temporel très flou. On ne sait pas exactement qui sont ces Espagnols ni où ils arrivent exactement, ni quel est le peuple auquel ils s’adressent. Sont peu nombreux : ils sont en repérage Montre l’admiration que porte Montaigne pour ce territoire et le Nouveau monde de façon générale. Ce monde est idyllique. Déclarations dénuées de sincérité : discours type ’idée d’1 rencontre type : c’est ainsi que se déroulaient les rencontres entre le Nouveau Monde et l’Ancien monde. Regard critique de l’essayiste Montaigne : dénonciation de l’hypocrisie des Européens

Ajoute de la vraisemblance au texte : discours imaginaire qui s’appuie sur des vrais témoignages. L’hypocrisie éclate dans la restitution des propos des Espagnols : ils se présentent avec des intentions pacifiques à l’inverse de ce qu’ils sont présence de l’ironie de Montaigne qui dénonce l’ethnocentrisme et la vanité (=prétention) des Espagnols .

6-7

« auquel le pape, représentant Dieu sur la terre, avait donné la principauté de toutes les Indes »

Allusion historique au traité de partage par le Pape des terres découvertes et à découvrir signé à Tordesillas entre le Portugal et l’Espagne en 1494 pour leur Christianisation (traité de Tordesillas) Le plus-que-parfait

Quelques Espagnols VS toutes les Indes

Opposition entre

argument religieux pouvoir divin du roi : . Accusation implicite de Montaigne, de la complicité du chef de l’église catholique.    Marque l’antériorité du Traité  Arguments incongrus et ridicules : Ils savent bien que les Indiens ne reconnaissent pas les autorités qu’ils évoquent : Négation de l’Autre par les Espagnols : semblant de diplomatie purement formel

Transition : Propos des Espagnols deviennent moins pacifistes : Tentative d’intimidation en 4 temps : 8

« que s'ils voulaient être tributaires de ce roi, ils seraient traités avec beaucoup de bienveillance »

Adjectif qualitfif attribut du sujet( = soumis) Proposition circonstancielle de condition introduite par la conjonction de subordination « si » Conditionnel Hyperbole

910

« leur demandaient des vivres pour leur nourriture, et de l'or dont ils avaient pour le besoin de quelque médicament »

Quelque : déterminant indéfini

1011

Ils leur faisaient connaitre au demeurant la croyance en un seul Dieu et la vérité de notre religion

gradation ascendante dans la religion : « Un seul Dieu , vérité de notre religion « notre religion » déterminant possessif

1113

Qu’ils leur conseillaient d’accepter, ajoutant quelques menaces à ce conseil.

Euphémisme Métaphore Polypote : « conseillaient » « conseil »

Antithèse entre le verbe « conseiller » et « menaces »

Propos deviennent moins pacifistes : Tentative d’intimidation en 4 temps : La mention du tribut montre la cupidité des Espagnols : ce qui les intéresse c’est avant tout l’argent. On sent la menace derrière la condition 1/Proposition mensongère faite aux indiens Permet de dénoncer l’attitude mensongère des colons : la médecine est ici un prétexte au besoin d’or des Espagnols 2/ Requête Ils considèrent leur foi comme symbole de vérité alors qu’ils ignorent tout de celle de leurs interlocuteurs. Montre encore leur ethnocentrisme (ils pensent que leur façon de vivre est la meilleure). 3/Acculturation * : désir d’évangélisation Les Espagnols terminent leur discours sur des menaces cachées, implicites : euphémisme contient un ordre sans appel. Ils considérent les indiens comme des naïfs qu’il veulent duper 4/Violence

Acculturation *Processus par lequel une personne ou un groupe assimile une culture étrangère à la sienne p. 3

Transition : Portrait incisif des Espagnols qui est dressé : ils sont avides, menteurs, intolérants et brutaux. Montaigne introduit alors la réponse des Indiens pour mieux en montrer l’intelligence

II/ La réponse clairvoyante et lucide des Indiens L 13 à L

a) Le regard satirique des Indiens sur les Espagnols Tout le mouvement Énumération des éléments de réponse aux colons avec la répétition de la locution "Quant à "

13

La réponse fut telle

Passé simple Adverbe « telle »

1314

Réfutation n°1 : « que pour ce qui est être paisibles, ils n'en portaient pas la mine, s'ils l'étaient »

1415

Réfutation n°2 : « quant à leur roi, puisqu'il demandait, il devait être indigent et nécessiteux »

Reprise par les Indiens de l’adjectif « paisibles » Détourné par la tournure négative : négation totale « n’en portaient pas la mine » Conjonction de subordination « s’ils » proposition subordonnée conjonctive exprimant la cause (puisque : conjonction de subordination) : argument logique Antithèse entre « roi » et adjectifs péjoratifs « indigent et nécessiteux » Antithèse ironique : pronom relatif « celui qui »pour désigner le pape et périphrase «un homme aimant la dissension » Antithèse : « donnait à des tiers (l.17) ┴ une chose qui n’était pas sienne (l.17)».

1518

Réfutation n°3 : « celui qui lui avait fait cette distribution, devait être un homme aimant la dissension, puisqu’il donnait à un tiers une chose qui n'était pas sienne, pour le mettre en conflit contre les anciens possesseurs »

champ lexical de la discorde « conflit, dissension » proposition subordonnée conjonctive exprimant la cause + proposition infinitive « pour le mettre » p. 4

Révèle un discours méthodique qui va répondre point par point aux « avertissements » des colons Espagnols. => La réponse des Indiens se construit en miroir par rapport au discours des Européens. Ils ne sont pas dupes + leur raisonnement construit contredit déjà en lui-même les théories rabaissant les indigènes à des brutes sauvages et sans rationalité évoque une forme de récit mais l’adverbe « telle » apporte de la crédibilité. Perspicacité et sens de l’observation des Indiens Marque la contradiction entre ce qu’ils sont (ils sont armés) et ce qu’ils prétendent être (paisibles) Concession ironique Indiens font preuve d’intelligence : une forme de fausse naïveté qui va leur permettre de montrer leur bon sens : Comment un roi ose demander ? => remise en cause de la puissance du roi espagnol (Philippe II Double critique : d’une part à l’aide d’un argument logique sur l’ appropriation illégale des territoires qui ne leur appartient pas , d’autre part à l’aide d’une attaque directe au pape : paradoxe : pas un pacificateur mais un homme qui sème le trouble etqui divise

1819

b) L’éloge des Indiens Réponse positive n°1 : « quant aux vivres, qu'ils leur en fourniraient » Réponse positive n°2 : « de l’or, qu’ils en avaient peu, et que c'était une chose qu'ils ne tenaient en nulle estime, parce qu'elle était inutile au service de leur vie tandis que tout leur souci visait seulement à la passer heureusement et agréablement».

19 20 21

22

Futur à valeur de certitude

Montre la générosité des Indiens

Chose : terme imprécis et dépréciatif

Ils ont peu de considération pour l’or

proposition subordonnée conjonctive exprimant la cause attribut du sujet : inutile

Font preuve de bon sens, l’or ne leur sert à rien, ils ne se soucient que du nécessaire

champ lexical de la tranquillité avec adverbes les Indiens exposent aux Espagnols mélioratifs CCM leur priorité qui est celle d’être heureusement, agréablement heureux L’hyperbole : « que tout leur souci visait seulement à la passer heureusement et agréablement»., qui renferme aussi une métaphore et une gradation ascendante dans le bonheur.

2325

Pour cette raison, ce qu’ils en pourraient trouver sauf ce qui était employé au service de leurs dieux, qu’ils le prissent sans hésiter

Complément circonstanciel de restriction prend la forme de conséquence (prissent ; subjonctif de l’imparfait pour exprimer une action simultanée : ils trouvent , ils prennent)

 Raisonnement logique : comme ils n’en ont pas grande utilité, ils peuvent en donner La seule raison qui modère leur don en or est celle de leur religion

Indique une Religion polythéiste Pluriel Montaigne peint ici des indigènes conscients de leurs bonheurs et décidés à la préserver

2528

c)Le retournement des menaces « quant au Dieu unique, l’idée Utilisation du Verbe « plaire » leur en avait plu, mais qu'ils ne voulaient changer leur religion après s'en être servis si utilement pendant si longtemps, et qu'ils avaient l’habitude de ne prendre conseil que de leurs amis et connaissances »

p. 5

Hyperbole Répétition de l’adverbe d’intensité si + Adverbe de temps : longtemps Champ lexical de l’amitié : amis, connaissances

connote une forme de légèreté sur le sujet du dieu unique proposé par les Espagnols Refus du monothéisme par les Indiens : ils ont leurs propres mœurs. Montre la force de leur attachement à leur habitudes (respect des habitudes : important pour Montaigne : une des conditions du « bien vivre »

qu'ils avaient l’habitude de ne que » prendre conseil que de leurs « n’[…] Négation restrictive amis et connaissances »

28

3133

Indique méfiance des Indiens à l’égard de ces inconnus  ils se montrent prudents et clairvoyants

Quant aux menaces, c’était un signe de manque de jugement que d’aller menacer des gens dont la nature et les forces leur étaient inconnues

Métaphore « un signe de manque de jugement »

Termes nature et forces qui s’appuient sur l’adjectif inconnues

Ils usent de contre-arguments aux menaces à peine dissimulées des Espagnols que les Indiens ont bien comprises.

dans ces conditions, qu’ils se dépêchassent – et promptement- de quitter leurs pays

Proposition circonstancielle de cause suivie du subjonctif revêt une forme d’injonction qui s’appuie sur l’adverbe « promptement ».

Le discours des Indiens, comme celui des Espagnols, se termine par des menaces : Ils conseillent aux Espagnols de quitter rapidement leur terre, ils ne sont pas dupes des étrangers armés

car ils n’avaient pas l’habitude de prendre du bon côté les civilités et les déclarations de gens armés et étrangers,

Polyptote: menace menacer

Champ lexical de la vitesse : « Dépêchassent, promptement »

Les indiens donnent une leçon aux espagnols qui ont manqué de prudence (manque de jugement)

atténuation rhétorique, preuve de leur maîtrise de l’art oratoire : ils ne sont pas dupes des étrangers armés

Litote

3335

autrement, qu'on ferait d'eux comme de ces autres et ils leur montraient les têtes de certains hommes exécutés, autour de la ville

Verbe montrer « leur montraient »

Adverbe : autrement + futur à valeur de certitude

pronom indéfini «on» « comme de ces autres »

comparaison avec Conjonction comme

Recours à l’image pour dissuader (stratégie argumentative) Indispensable à toute démonstration Insiste sur le fait qu’ils n’auront pas le choix : leurs menaces sonnent comme des promesses. vise à englober l’ensemble du peuple Amérindien prouve qu’ils savent mettre leurs menaces à exécution  Ultimatum lancé aux espagnols

La violence dont font preuve les Indiens relativise l’image idéale qu’en a donné Montaigne : il a conscience d’une certaine ressemblance avec les Espagnols Transition : Fin du discours direct , Montaigne reprend le récit. Montaigne retrouve l’opposition menée dans les deux essais portant sur le Nouveau Monde

p. 6

III/ La conclusion de Montaigne L 35 à 39 3536

3639

« Voilà un exemple des balbutiements de ces prétendus enfants. »

Mais toujours est-il que ni en ce lieu ni en plusieurs autres, où les Espagnols ne trouvèrent pas les marchandises qu’ils cherchaient, ils ne firent d’arrêt ni d’entreprise guerrière, quelque autre avantage qu’il y eût : témoin mes Cannibales.

Le présentatif

aboutit à la conclusion de la démonstration de Montaigne.

Métaphore de l’enfance En opposition au discours intelligent des Indiens + Adjectif antéposé + champ lexical de l’enfance balbutiements, enfants

Montaigne souligne avec ironie que les Espagnols ont sous-estimé les Indiens qu’ils jugeaient naïfs comme des enfants Il évoque là les préjugés justifiant la colonisation

Locution adverbiale

Montaigne justifie l’échec des espagnols : Ce ne sont pas les menaces qui les ont arrêtés mais l’absence de gain Cf L 19 « de l’or, qu’ils en avaient peu »

Forme négative avec emploi de ni...ni

Les Espagnols ne s'arrêtaient que lorsqu'ils rencontraient la seule marchandise qu'ils recherchaient, sans aucune considération pour les autres ressources disponibles : seule la richesse les intéresse

Adjectif possessif : mes

Indique une proximité : on voit où va la préférence de Montaigne

Référence aux cannibales : épargnés par les Espagnols parce qu'ils n'avaient pas accumulé de métaux précieux

CONCLUSION Dans ce dialogue entre les Espagnols et les Indiens, en prêtant, à ces derniers, le discours le plus raisonnable, Montaigne dénonce la soif de l’or comme moteur de la colonisation, il démonte le portrait caricaturé d’un peuple qualifié dans le meilleur des cas de peuple enfant, peuple balbutiant. Il dénonce l’hypocrisie, la suffisance et la vanité des Européens dans leur approche de l’Autre. PARCOURS : LA LITTÉRATURE D’IDEE DU 16ème au 18ème siècle : LA DECOUVERTE DE L’ALTERITE (l’Autre) Ouverture : le journal de bord de Christophe Colomb

p. 7...


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