Histoire de l\'art du 19e siècle - Le romantisme pictural PDF

Title Histoire de l\'art du 19e siècle - Le romantisme pictural
Author Axelle Cosset
Course Histoire De L'Art
Institution Université Rennes-II
Pages 4
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Summary

Cours portant sur l'art du 19e siècle (néo-classicisme, romantisme, réalisme, impressionnisme...)....


Description

LE ROMANTISME PICTURAL L’émergence du romantisme permet de réinvestir des thèmes médiévaux, et la peinture d’histoire se tourne vers des représentations chevaleresques. Ce mouvement artistique est également marqué par un intérêt pour l’exotisme, et en particulier pour l’Orient. Le romantisme pictural s’impose au Salon de 1824 (on en parle déjà pour la littérature depuis le début du siècle), comme une remise en cause du néo-classicisme. Tous les critiques soulignent que quelque chose de nouveau dans la peinture est en train d’apparaître. Eugène Delacroix présente Les Massacres de Scio dans ce Salon de 1824 : ce tableau prend pour thème l’insurrection des Grecs contre les Turcs (évènement contemporain). Le peintre représente le massacre des populations civiles grecques par les troupes turques. Delacroix, comme Gros et Géricault avant lui, se documente énormément avant de peindre son tableau. La nouveauté dans ce tableau réside dans le fait que le peintre fait hommage aux vaincus, et prend le parti des Grecs (à la manière de Goya).  Delacroix fait de ce tableau s’appuyant sur un épisode contemporain une œuvre presque universelle : il dénonce la guerre et l’injustice de manière générale (tout comme Géricault). Paul Delaroche, Jeanne d’Arc interrogée dans son cachot par le cardinal de Winchester, 1824 : ce tableau est également présenté au Salon de 1824. Le peintre s’appuie sur un thème tiré de l’histoire ancienne et sur une héroïne nationale injustement mise à mort. Le néo-classicisme et le romantisme pictural vont s’opposer frontalement à ce Salon de 1824, et vont être incarnés par deux grands peintres : Jean Dominique Ingres et Eugène Delacroix. Ces deux artistes s’apprécient peu, et vont être tous deux très critiqués durant leur carrière. Malgré leurs thèmes communs, ils se singularisent par leur style et leur conception théorique.  La querelle se cristallise autour de la question du style, qui oppose les dessinateurs et les coloristes (le débat du 17e entre poussinistes et rubénistes est réactivé). Ingres présente au Salon de 1827 L’Apothéose d’Homère, tandis que Delacroix expose La mort de Sardanapale. Tout oppose les deux tableaux : la lumière, la composition, la facture, la couleur… caractérisant soit le néo-classicisme, soit le romantisme. Eugène Delacroix, La Mort de Sardanapale : l’épisode représenté est très original, étant lié à l’Antiquité orientale. On retrouve cette image de l’Orient que l’on a à l’époque : violence, cruauté, érotisme, richesse. La réputation de Sardanapale est peu glorieuse : il préférait faire la fête que protéger son royaume, et lorsque ses ennemis l’assiègent, il organise un suicide collectif de tout le palais. Delacroix choisit donc de représenter donc un anti-héros complètement lâche, à l’antithèse des principes de la peinture d’histoire.

Eugène Delacroix, La Liberté guidant le peuple, 1830 : ce célèbre tableau incarne le grand réalisme, même s’il représente l’allégorie de la liberté sous la forme d’une femme du peuple. Au premier plan, on voit deux hommes morts, dont un soldat. Au deuxième plan, un bourgeois ouvrier et un jeune garçon armés luttent au côté de la Liberté. A l’arrière-plan, on distingue à travers le chaos les tours de Notre Dame qui nous permettent de situer la scène. Le réalisme du tableau se retrouve dans la fidélité des vêtements d’époque des personnages, mais à l’époque un détail avait choqué : la pilosité de la Liberté. Aujourd’hui encore, ce tableau est le symbole de la République Française, et fait la synthèse d’un épisode de l’histoire de Paris : les Trois Glorieuses, soulèvement populaire parisien contre le roi Charles X, les 27 28 et 29 juillet 1830.  Les artistes romantiques sont portés par la volonté de convoquer des références littéraires dans leurs œuvres. La thématique orientaliste est très présente, traversant tout le 19 e siècle et touchant à tous les styles. On observe également une nouvelle approche de la Nature qui s’accompagne d’un style plus réaliste (deux points que nous développerons plus tard). Sur le plan esthétique, les artistes apportent un effet de dramatisation à leurs œuvres, par le mouvement et les forts contrastes de couleurs, en opposition au style très léché du classicisme. Les romantiques rejettent de plus en plus les conventions académiques comme le modèle antique, et préfèrent se baser sur le réel ou des textes fantastiques. Les artistes se basent sur les écrits fantastiques et les contes de fées du 16 e siècle pour exalter des sentiments épiques et sublimes dans leurs œuvres. Le romantisme appelle au Sublime qui dépasse le Beau, quitte à conférer un caractère effrayant aux œuvres. Jean Dominique Ingres, Roger délivrant Angélique, 1819. Ce récit est très souvent traité par les romantiques, car il allie le sublime et la terreur.

 L’orientalisme Le thème de l’orientalisme traverse tout le 19e et plus particulièrement les courants du début du siècle. Il est notamment impulsé par la campagne d’Égypte, où de nombreux intellectuels accompagnent les soldats. Ils vont rapporter de nombreuses informations sur le vie des égyptiens, et réaliser des études du mobilier local : ils font la découverte des hiéroglyphes sans en comprendre la signification. Jean Antoine Gros, Le combat de Nazareth : ce tableau est très documenté, l’artiste est animé par un véritable soucis de véracité. Il entreprend un travail d’investigation en amont, en discutant de la météo, de la lumière, des populations orientales avec les généraux. Il va même jusqu’à emprunter des costumes pour les étudier et les représenter le mieux possible.  Ce rapprochement entre la France et l’Egypte a permit aux artistes français de se déplacer plus facilement en Orient. C’est d’ailleurs à cette époque que l’Obélisque de la Place de la Concorde de Paris a été offerte par l’Egypte à la France. Cependant, peu d’artistes ont l’occasion de voyager, l’Orient reste mystérieux et inconnu, ses représentations sont donc toujours imaginaires et fantastiques.

Jean Dominique Ingres, La Baigneuse Valpinçon, 1808 : Ingres n‘est jamais allé en Orient, la seule évocation orientale est le turban de la femme assise de dos. Ce thème de l’orientalisme imaginaire est partagé à la fois par les néoclassiques et les romantiques, dont Jean-Dominique Ingres (Le Bain turc) est un des représentants les plus exemplaires. Il s’inspire de gravures des siècles précédents : ses compositions sont très documentées mais elles s’inscrivent dans une mouvance imaginaire (Ingres n’a jamais vu l’Orient). Théodore Géricault témoigne également de son intérêt pour l’Orient en réalisant des études de cavaliers orientaux, ainsi que des copies de miniatures persanes → Cheval cabré au tapis de selle rouge ou Tamerlan, le cheval de l’empereur. Il rencontre des orientaux qui ont fait naufrage sur les côtes françaises et en prend un à son service entre 1819 et 1821 : il va lui servir de modèle pour ses aquarelles. Tête orientale dite Mustapha. Géricault partage cette intérêt pour l’Orient avec Eugène Delacroix : son tableau La mort de Sardanapale s’inscrit dans la veine de l’orientalisme imaginaire, jusqu’à ce qu’il entreprenne un voyage au Maroc en 1832, qui va l’aiguiller dans une nouvelle voie.  Delacroix met à profit tout ce qu’il rapporte de ce voyage de 6 mois, dans un contexte de conflit à la frontière entre l’Algérie et le Maroc. Les français prennent la ville d’Alger, provoquant des soulèvements des peuples algériens, jusqu’à la colonisation totale du pays par la France. Eugène Delacroix est envoyé en Orient aux côtés du Comte de Mornay, luimême envoyé par le roi pour accomplir une mission après de l’empereur marocain. Il réalise des nombreux carnets de voyages dans lequel il puisera des motifs pour ses œuvres jusqu’à la fin de sa vie : témoin d’une très grande curiosité pour l’environnement qui l’entoure. Il est très marqué par la couleur et la lumière orientale, très différente de celle de la France. Il se lie avec l’interprète du consulat, qui va l’introduire dans sa famille, ce qui lui permet de réaliser de nombreux croquis de vie quotidienne. Il doit travailler très vite car les habitants refusent d’être portraiturés. Lors d’une audience auprès de l’empereur du Maroc, Delacroix a le privilège de visiter les appartements et jardins du sultan, mais il ne peut pas avoir accès au harem ni aux terrasses. Les femmes sont très peu accessibles, le peintre se heurte à l’hostilité des habitants. Eugène Delacroix, Les femmes d’Alger dans leur appartement : il pourra cependant voir l’intérieur d’une maison et les appartements des femme à Alger, dont il réalise plusieurs études. Il va s’appuyer sur ces croquis pour réaliser ce célèbre tableau. La critique va être très séduite par le travail documentaire et les talents de coloriste du peintre, qui retranscrit l’idée d’intimité et d’enfermement par le doux clair-obscur.  Delacroix apporte donc une nouvelle vision de l’Orient qui se substitue à la vision imaginaire et fantaisiste que les peintres européens avaient de cette région. Ce voyage va être très important pour le travail de Delacroix : celui-ci va modifier sa palette et sa touche de peinture. Il a une perception très novatrice des populations algériennes et marocaines : il est frappé par la noblesse et la fierté de ces hommes, ce qui évoque pour lui le monde antique. Il

est convaincu que ces populations peuvent être assimilées aux civilisations grecques et romaines. D’autres artistes vont également séjourner en Afrique du Nord, comme Eugène Fromentin, qui partage la vision d’Eugène Delacroix. Ils portent un regard très respectueux et admiratif sur ces populations, ils ne vont à aucun moment évoquer un choc entre deux civilisations. Fromentin est offusqué par l’attitude des français en Algérie, il dénonce la destruction de villes et le non-respect des habitants.  On retrouve à nouveau l’importance du salon de 1824 à Paris, où se révèle le romantisme pictural. C’est aussi là que le public français va découvrir les paysagistes anglais et leur approche différente de celle des peintres français. Des jeunes peintres dont Delacroix vont en être très inspirés et vont contribuer à faire émerger l’art du paysage....


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