La paresse sociale - Licence générale de psychologie. PDF

Title La paresse sociale - Licence générale de psychologie.
Author Elodie Froute
Course HLPY10Y - Psychologie Sociale
Institution Université Côte d'Azur
Pages 3
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Summary

Licence générale de psychologie....


Description

La paresse sociale La plupart des tâches que nous réalisons dans la vie quotidienne se font en groupe (exemple : les décisions juridiques). Une intuition spontanée nous fait penser que travailler avec les autres permettrait aux individus de maximiser leurs potentiels. On a tendance à penser que l'union fait la force. Cependant avec les travaux en psychologie sociale, on voit fréquemment que les individus fournissent moins d'effort dans les tâches collectives qu'individuelles. C’est la paresse sociale. La présence d’autrui freine la performance. Le premier à le mettre en évidence est Ringelmann (1882), en tant qu'agronome il a mené des recherches sur la force de traction des bovins. Par la suite il s'est lancé dans une étude sur la force de traction des hommes. Il a pris des étudiants et leur a demandé de tirer sur une corde soit seuls soit en groupe. Dans chaque condition, il mesurait le pourcentage de force fourni par chaque individu. Nombre de personnes

Pourcentage de force par personne

1

100 %

2

93 %

3

83 %

4

77 %

5

70 %

6

63 %

7

56 %

8

49 %

→ On observe une diminution constante de l'effort au fur et à mesure que la taille du groupe augmente. « Pour l'emploi de l'homme, comme d'ailleurs les animaux de trait, la meilleure utilisation est réalisée par le moteur c'est à dire le sujet travaillant seul. Dès qu'on accouple 2 ou plusieurs moteurs sur la même résistance, le travail de chacun d'eux diminue par manque de simultanéité de leurs efforts ». Le terme de paresse sociale est apparu en 1979 par Latane. Quatre théories ont été présentées : •

La première est celle de l'impact social proposée par Latane en 1981. La pression à l'effort exercée par un expérimentateur sur le sujet est une fonction inverse de la taille du groupe. Les gens sont soit des sources, soit des cibles de l'impact social. Le degré d'impact social dépend entre autre du nombre de sources et de cibles présentes. Dans des conditions collectives typiques de la paresse sociale, l'expérimentateur est la source unique de l'impact social, tandis que les membres du groupe sont les cibles multiples. En conséquence, selon la théorie de l'impact social, la demande faite au sujet de réaliser une tâche le mieux possible est divisée entre les membres du groupe.



La théorie du potentiel d'évaluation : proposée en 1981 par Williams (+ Harkins et Latane). On va considérer que la paresse sociale vient de notre impossibilité d'évaluer notre production personnelle. Dans une situation collective, la performance d'un individu va se trouver combinée à la performance du groupe. Chaque sujet peut se cacher dans la foule puisqu'il n'est pas évalué personnellement. A l’inverse si dans une situation de groupe (tâche collective) la performance de chaque individu est évaluée personnellement, alors la paresse sociale n'apparaît pas.



La théorie de dispense d'effort : proposée en 1983 par Kerr. La paresse sociale s'explique par les attentes que chacun a sur ses chances de réussites ou d'échecs. Selon cette théorie, les individus déploieraient moins d'efforts lorsqu'ils travaillent collectivement parce qu'ils considéreraient que leur performance n'est pas essentielle ou indispensable pour que la production du groupe soit de qualité. Dans une tache collective, chaque individu du groupe peut penser que son effort n’est pas essentiel donc il n’en fait pas trop, mais si tous les sujets ont ce raisonnement, on a de la paresse sociale. Si on fait croire au sujet que dans le groupe il y a quelqu’un qui est très fort (grande force motrice) on aura davantage de paresse sociale.



La théorie de l'assortiment de l'effort : proposée en 1985 par Jackson et Harkins. Selon cette théorie, les gens organisent leurs actions en fonction de la focalisation d'autrui sur eux ou non. Les gens auraient tendance à égaler les efforts de leurs partenaires quand ils travaillent collectivement. Ainsi la paresse sociale apparaîtrait lorsque les sujets s'attendent à ce que les autres se relâchent en groupe et donc chaque membre réduirait son effort pour maintenir une certaine équité.

Ces 4 théories sont des propositions pour tenter de comprendre la paresse sociale. On peut également réaliser une méta-analyse = mettre dans une revue unique toutes les publications sur un phénomène précis pour pouvoir additionner tous les résultats obtenus, ce qui va permettre de dégager les facteurs d’apparition de la paresse sociale. Cette méthodologie permet de mesurer des effets sur des grands échantillons. Elle aide à repérer les facteurs qui augmentent ou diminuent l’effet. La dernière publication a été réalisée en 1993 par Karau et Williams. Ils ont recueilli 80 publications sur la paresse sociale et ont listé un certain nombre de facteurs qui augmentent ou diminuent la paresse sociale : 1. Dans une situation collective, la paresse sociale disparaît si la performance individuelle des membres du groupe est évaluée (théorie du potentiel d’évaluation). 2. Plus la valence est élevée (tâche stimulante pour le sujet), plus la paresse sociale diminue. La signification ou l'implication personnelle vis à vis de la tâche peut éliminer la paresse sociale. 3. Lorsque les groupes sont composés d'amis ou de coéquipiers, ou bien lorsqu'on manipule la cohésion du groupe, la paresse sociale est nettement réduite, voire disparaît (théorie de l’impact social). S’il y a cohésion, il n’y a pas de paresse sociale. 4. La paresse sociale apparaît lorsque les sujets s'attendent à ce que les autres soient performants ou bien quand aucune info n’est donnée à ce sujet (théorie de la dispense de l’effort). Cette théorie est totalement incompatible avec celle de l’assortiment de l’effort, néanmoins le fait que les sujets ne soient pas paresseux n'apparaît que lorsque la valence de la tâche est élevée. La théorie de l'assortiment de l'effort ne semble donc fonctionner que lorsque 2 conditions sont réunies : § Les sujets s'attendent à ce que les sujets soient peu performants. § La valence est peu élevée. 5. Les individus sont paresseux en groupe lorsqu'ils pensent que leurs performances seront potentiellement redondantes avec celle des autres (théorie de dispense d’effort). Il s'agit d'une étude où on manipule le groupe avant l'expérimentation de la tâche. 6. La paresse sociale augmente avec la taille du groupe (théorie de l’impact social). 7. La paresse sociale est plus élevée chez les hommes que chez les femmes. Selon les auteurs, ça proviendrait du fait que les hommes attachent plus d'importance que les femmes à leurs performances personnelles, donc ils diminueraient leurs efforts lorsque leurs performances individuelles ne sont pas évaluées au sein du groupe.

Pour les femmes c’est moins important, donc elles vont produire les mêmes efforts. 8. La paresse sociale est importante dans les pays de l'ouest (USA, Canada) comparativement à des pays de l'est (Chine, Japon, Taïwan). En fonction des cultures la paresse sociale peut être plus ou moins forte. Dans les cultures individuelles (USA, France) ce qui prime est l’épanouissement personnel, alors que dans les cultures collectives (Chine, Japon) on fait plus attention à l'épanouissement du groupe. 9. Plus la tâche est complexe, moins la paresse sociale apparaît. C'est quand la tâche est simple que la paresse sociale apparaît. 10. Plus les enfants grandissent plus la paresse sociale apparaît. La paresse sociale apparaît moins chez les enfants de 8-9 ans que ceux de 10-12 ans, elle-même moins élevée que chez les étudiants à l’université. Il est possible que ce soit dû au fait que les enfants sont moins attentifs aux stratégies concernant les performances à la tâche car leur dév sociocognitif n’est pas totalement terminé. Ces stratégies ne se mettent en place qu’à partir d’un certain âge. 11. La paresse sociale est plus importante dans les études menées en laboratoire que dans celles réalisées en situation naturelle (variables parasites). 12. La paresse sociale ne semble pas être dépendante du type de tâche à réaliser. On peut aussi bien l’observer dans une tâche physique, cognitive ou évaluative. Cas particulier de la paresse sociale : l’effet spectateur. Cette notion est née d’un fait divers dans les années 60 : une femme a été violée à trois reprises et tuée en pleine rue. La police a pu relever 38 témoins, aucun d’entre eux n’a réagi sur le moment et ils ont eu beaucoup de mal à le justifier par la suite. D’un point de vue psychosocial, on peut faire l’hypothèse que si les gens ne sont pas intervenus c’est justement parce qu’il y avait beaucoup de témoins (effet de groupe et de paresse sociale). Quand on ne sait pas comment se comporter on regarde ce que font les autres, donc si les autres ne font rien, on arrive à une situation d’inactivité collective. Si chaque personne se dit que quelqu’un a peut-être déjà appelé la police, au final personne ne l’appelle. Darley et Latane ont tenté de mettre cette hypothèse à l’épreuve en situation expérimentale. Un étudiant devait mimer une crise d’épilepsie devant un seul sujet puis devant un groupe. Devant le sujet seul, une aide est apportée dans 85% des cas. En situation de groupe, ils n’interviennent que dans 31% des cas. Autre étude des mêmes auteurs : un sujet seul attend dans une pièce, on envoie de la fumée sur la porte. On constate qu’il donne l’alarme dans 75% des cas. Quand il y a trois sujets naïfs dans la pièce, l’alarme est donnée dans 38% des cas. Enfin, quand le groupe est composé de deux compères inactifs et d’un sujet naïf, ce dernier ne donne l’alarme que dans 10% des cas. Cependant dans certaines conditions, le travail en groupe peut générer de la facilitation sociale (cours suivant)....


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