Le sanctuaire d\'Appollon a Delphes PDF

Title Le sanctuaire d\'Appollon a Delphes
Course UE 10 Histoire Ancienne
Institution Université de Bourgogne
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INTRODUCTION Nous allons travailler sur le texte p.26 et le plan p.27 au sujet du sanctuaire de Delphes. C’est un texte de Pausanias dit « le Périégète », né vers 115 ap. J-C en Phrygie (Grèce d’Asie) et mort à Rome vers 180. Il a donc vécu sous l’époque romaine, a beaucoup voyagé, et à la fin de sa vie en 174, a entrepris d’écrire un ouvrage, intitulé Description de la Grèce (ou Périégèse, d’où son nom) dans lequel il décrit de nombreux sites et monuments de la Grèce antique (c’est un peu comme le guide du routard de l’époque). C’est une œuvre particulièrement dense, composée de 10 volumes, et il peut s’agir d’un premier outil très précieux pour mieux connaître la topographie, la géographie et l’histoire de la Grèce à cette époque. A l’apogée du sanctuaire, autour du VIII e-VIe siècle av. J-C, même les barbares (les nongrecs) affluaient à Delphes pour y consulter l’oracle, par exemple le roi de Lydie Crésus ou le pharaon égyptien Amasis, qui a même participé au financement de la reconstruction du temple d’Apollon… Au moment où écrit Pausanias, si la réputation de Delphes n’est plus à faire, son âge d’or est révolu. Malgré tout, Delphes reste encore aujourd’hui un des sanctuaires les plus réputés, alors qu’il était loin d’être le seul sanctuaire oraculaire de la Grèce antique. La question que je vous propose d’étudier aujourd’hui est donc la suivante : quels sont les différents facteurs qui ont contribué à un tel rayonnement et qui nous permettent d’affirmer aujourd’hui que Delphes était véritablement un sanctuaire « panhellénique » ? Pour y répondre, je vais commencer par une lapalissade, mais nous nous intéresserons dans un premier temps à la dimension spirituelle et religieuse de Delphes (ce qui semble assez évident pour un sanctuaire). Nous verrons par la suite en quoi il s’agissait aussi d’un haut-lieu politique et diplomatique (on expliquera ce qu’est l’Amphictionie pyléodelphique). Et finalement, bien plus que tout cela, nous constaterons que Delphes est en fait un véritable témoignage de l’histoire et de l’unité du monde grec. I/ Que ou qui vénérait-on à Delphes ?

1) Apollon ou l’origine du sanctuaire Un peu de géographie pour commencer… Delphes se situe près du golfe de Corinthe, à 600m d’altitude sur le versant méridional du Mont Parnasse, dans la chaîne des Hellénides dont le plus haut sommet n’est autre que le Mont Olympe qui culmine à 2920m. Elle est à la croisée de deux voies très empruntées : l’une, d’Est en Ouest, passe par le golfe de Corinthe et relie la Grande Grèce (Gaule, Espagne…) à l’Ionie, l’autre, du Nord au Sud, relie le Péloponnèse à la Grèce continentale. La terre y est pauvre mais les paysages grandioses, avec d’immenses falaises, une lumière incroyable, ce qui constitue pour les Grecs une manifestation indéniable du divin. Comme tout ce qui remonte à des temps reculés, les mythes foisonnent en ce qui concerne la fondation du sanctuaire de Delphes. Le plus répandu est qu’avant l’arrivée d’Apollon, le sanctuaire était dédié à Gè (ou Gaïa), la Terre Mère, et à son époux Poséidon, dieu des sources qui fécondent la terre. C’est pour cette raison qu’on peut lire dans le texte (dernier paragraphe) « Dans le temple … ce lieu lui appartenait ». C’est aussi le dieu des tremblements de terre, et la région de Delphes étant particulièrement sismique, on comprend facilement que Poséidon ait gardé un autel au sein du sanctuaire. Bref, Apollon arrive et veut s’emparer du sanctuaire. Problème : un serpent femelle du nom de Delphiné en garde l’accès. Il tue le serpent, en lui disant « Pourris sur cette terre » (pytheu), ce qui fait que le serpent prend le nom de Pythô ou Python, et le voilà maître des lieux : il est l’Apollon Pythien.

2) Le nombril du monde Une autre croyance faisait par ailleurs de Delphes le centre du monde grec, car ce serait le lieu où deux aigles lâchés par Zeus de chaque extrémité de la terre se seraient rencontrés. On trouvait ainsi dans le sanctuaire à cet endroit précis une pierre de marbre conique, surmontée de deux aigles d’or et entourée de bandelettes de laine, appelée omphalos, qui était censée être le nombril du monde. Pausanias y fait d’ailleurs référence dans son texte (5 ème paragraphe) « Dans le temple … centre de la terre ».

3) L’oracle Par ailleurs, il faut savoir qu’en Grèce, les maladies, défaites militaires, catastrophes naturelles, mauvaises récoltes… étaient expliquées par une incompréhension de la volonté des dieux. Par conséquent il était nécessaire de consulter les signes avant d’entreprendre toute action. De là est née la mantique ou lecture des signes. Il en existait de plusieurs types, comme par exemple la cléromancie (lecture dans les osselets et les fèves), mais le mieux était d’aller consulter une prophétesse à travers laquelle s’exprimait le chresmos, ie la réponse du dieu parlant lui-même directement à travers elle. Au départ, la consultation se faisait le 7 du mois de Byzios (février-mars) qui était le jour anniversaire d’Apollon. Puis comme le sanctuaire était de plus en plus réputé, on venait le 7 de chaque mois. Ce jour-là la cité offrait le sacrifice préliminaire ( prothysis) pour tous les citoyens qui pouvaient ensuite consulter librement l’oracle. Pour une consultation extraordinaire (les autres jours, hors jours néfastes), il fallait payer soi-même le sacrifice. Il s’agissait en général d’une chèvre, qui devait donner son assentiment en tremblant lorsqu’on répandait l’eau lustrale sur elle, et que l’on brûlait entièrement sur l’autel après l’avoir égorgée… L’ordre de passage était le suivant : les Grecs en premier, avec d’abord les Delphiens, puis les membres de l’Amphictionie et les autres Grecs, les barbares après, mais ils pouvaient eux aussi consulter l’oracle. Delphes pouvait aussi accorder à certains le droit de promantie, ie la possibilité de passer dans les 1ers de sa catégorie. En cas de conflit on procédait à un tirage ie on laissait au dieu la liberté de choisir. La consultation était payante donc le consultant devait aussi s’acquitter du pélanos, dont le montant était variable selon qu’il s’agissait d’affaire publiques ou privées, et qui servait à l’entretien du sanctuaire. Enfin, il pouvait se rendre dans l’adyton, au fond du temple, où se trouvait la Pythie. Il lui posait en général une question de type binaire, et le dieu choisissait un des deux termes de l’alternative. Les sujets pouvaient être d’ordre religieux (quel dieu implorer pour obtenir le succès dans telle ou telle entreprise ?) ou concerner la vie quotidienne (dois-je me marier ? partir à la pêche aujourd’hui ? faire la guerre à cette cité ?) etc. Attention malgré tout à la réponse et à l’interprétation que vous en faites ! ex. Crésus, chute d’un grand empire, battu par le Perse Cyrus ! Pendant la consultation, la Pythie restait cachée à l’abri des regards et siégeait près du laurier d’Apollon, sur son trépied, au-dessus de la fameuse crevasse ( chasma ou stomion). De cette anfractuosité s’échappe le pneuma (souffle divin), qui donne à la Pythie ses pouvoirs de divination. Là encore, l’origine de la Pythie est sujette à controverse. Dans le texte, Pausanias parle de la Sibylle Hérophile, qui était une célèbre prophétesse et qui au cours de ses voyages serait passée par Delphes où elle aurait rendu quelques oracles (cf. paragraphe 3) « audessus de ce portique … fut surnommée la Sibylle » (montrer le rocher sur le plan).

Toutefois Hérophile n’était pas la Pythie. La 1ère à avoir été appelée ainsi serait apparemment une Sibylle plus ancienne « cette Hérophile … don de prophétie ».

Ce qui est sûr, c’est que le sanctuaire et la Pythie étaient « internationalement » réputés si on peut dire, et que l’accumulation d’offrandes et de richesses en tout genre faisaient beaucoup d’envieux. C’est la raison pour laquelle très rapidement une ligue religieuse a été fondée afin de protéger le sanctuaire et le trésor d’Apollon : c’est l’Amphictionie pyléo-delphique. II/ L’Amphictionie pyléo-delphique

1) La fondation de l’Amphictionie : entre mythe et réalité Et une fois de plus, nous allons surfer sur la vague mythologique, avec deux origines possibles à la fondation de cette amphictionie. D’un côté, comme le dit Pausanias dans le 1er paragraphe, les Grecs l’attribuent à Amphictyon, fils de Deucalion et roi des Thermopyles où se trouvait également un sanctuaire dédié à Déméter (cf. 1er paragraphe) « C’est un sentiment … se sont appelés Amphictyons ». D’un autre côté, le terme d’amphiction pourrait être purement étymologique, et signifierait littéralement « habitant à l’entour » (amphi/ktiones), d’où le 2ème phrase du texte « Androtion … ne semble le demander ». Ainsi vous remarquerez que j’ai écrit amphictionie avec un i et non un y comme Pausanias, et finalement selon l’étymologie que vous choisissez les deux s’écrivent. Ce qui est sûr, c’est que cette fondation remonte à loin, car on parle de « peuples voisins » et non de cités.

2) Ses acteurs Et justement, nous allons maintenant regarder de plus près les acteurs de l’Amphictionie. Douze peuples et une cité (Delphes) y participent : - Les Thessaliens - Les Phocéens (comme dit Pausanias dans le 2ème paragraphe) ou Phocidiens - Les Delphiens (que Pausanias oublie de citer dans le texte) - Les Doriens - Les Béotiens (qui là aussi ne sont pas cités) - Les Locriens - Les Maléens ou Maliens - Les Enianes - Les Magnésiens ou Magnètes - Les Perrhèbes-Dolopes - Les Pthiotes ou Achéens de Phtiotide - Les Ioniens de l’Attique - Les Ioniens de l’Eubée On voit bien ici qu’il s’agit d’une assemblée à caractère régional (amphi/ktiones). Chacun d’entre eux dispose de 2 représentants, sauf les Ioniens qui n’en disposent que d’un pour l’Attique et un pour l’Eubée. Ces 24 hiéromnémons forment le conseil amphictionique ou Synédrion avec un grand S, le terme avec un petit s désignant le bâtiment dans lequel ils se réunissent. Un hiéromnémon est littéralement « celui qui a en mémoire les choses sacrées » donc là encore on voit que l’Amphictionie remonte à une époque où il n’y avait pas encore de tradition écrite.

Ces hiéromnémons sont assistés des pylagores, qui plaident les affaires lors des réunions et effectuent les enquêtes concernant tel ou tel sujet, mais seuls les hiéromnémons disposent réellement du vote amphictionique. Ils se réunissent lors de deux sessions ordinaires, les pylées : une en automne, durant le mois de Boucatios (septembre-octobre), et une au printemps au mois de Byzios (févriermars), avec à chaque fois une réunion aux Thermopyles (dans le sanctuaire de Déméter fondée par Amphictyon) et une à Delphes. Il arrivait qu’il y ait des sessions extraordinaires, voire, dans des circonstances exceptionnelles réunion de l’assemblée plénière des Amphictions (ecclésia des Amphictions), qui comprenait les hiéromnémons, les pylagores ainsi que tous les citoyens des peuples membres présents sur le lieu de la session. Enfin, l’Amphictionie avait également un secrétaire, un sous-secrétaire, un héraut sacré chargé de proclamer les décrets amphictioniques, une commission de naopes, chargés de la reconstruction du temple, des trésoriers, etc. mais on ne rentrera pas plus dans le détail car le texte n’en parle pas du tout.

3) Ses rôles L’Amphictionie n’était pas une symmachie, ie que l’objectif n’était pas de combattre l’ennemi ensemble. Au contraire, elle se posait en juge pour régler les différends qui pouvaient opposer les peuples ou cités entre eux. Mais sa vocation première était principalement religieuse, comme le montre le serment que prêtaient les Amphictions. Ainsi ses rôles étaient les suivants : - Protéger les pèlerins - Faire respecter la hiéroménie ou trêve sacrée durant laquelle les pèlerins, athlètes, poètes etc. pouvaient voyager à travers le monde grec sans risque de représailles pour assister aux Pythia, - Protéger la terre sacrée et gérer les sanctuaires (Thermopyles et Delphes) avec tout ce que cela comporte : entretien des bâtiments, organisation des concours, remise en état des routes, gestion des squatters, des forains, opérations de police… C’est en effet entre autres avec la collaboration des différents peuples de l’Amphictionie que le temple d’Apollon a pu être reconstruit 2 fois après son incendie en 548 et le séisme de 373. III/ Une leçon d’histoire grecque… 1) L’Amphictionie et les guerres sacrées Je viens tout juste de dire que l’Amphictionie se posait en juge lors des conflits entre cités, il faut aussi avouer qu’elle a été l’origine de plusieurs de ces conflits, en particulier des guerres sacrées qui ont opposé les membres de l’Amphictionie eux-mêmes lorsque certains décidaient de violer le serment qu’ils avaient prêté. Il y en a eu quatre en tout, la 1ère en 590 a conduit à la disparition de la ville de Kirhha accusée de rançonner les pèlerins qui y débarquaient. Mais la plus célèbre reste la 3ème guerre sacrée, la guerre phocique dont parle Pausanias dans le 2ème paragraphe. Elle démarra en 357-356 suite à la mise en culture par les Phocidiens de la terre sacrée d’Apollon malgré l’interdit. Comme je l’ai dit au tout début la région était plutôt pauvre et les peuples frontaliers du domaine sacré étaient plus que tentés d’utiliser ces terres fertiles dont personne ne profitait. Mais la situation empira au cours de la guerre puisque les Phocidiens, qui commençaient à manquer d’argent pour payer leurs mercenaires, décidèrent de piller le sanctuaire et de fondre les ex-voto. Pausanias le mentionne aux paragraphes 2 et 4 concernant le trépied de Platée « le dragon … de l’armée des Phocéens ». La guerre a duré une dizaine d’années, et en 346, comme le dit l’auteur paragraphe 1 « les Macédoniens … durant la guerre ».

2) Trésors et anathèmata : propagande et alliances des cités Je viens de parler du trépied de Platée, il faut savoir que les Grecs avaient l’habitude, après une victoire de faire une offrande au dieu qui la lui avait selon eux accordée. Qu’ils aient agi par piété (pour honorer les dieux) ou plutôt dans un souci de commémoration et de prestige (pour conserver les hauts faits des hommes), le résultat est que le sanctuaire de Delphes abondait réellement de toutes sortes d’ex-voto, tous plus beaux les uns que les autres. En voici un exemple : il s’agit du trésor des Athéniens, édifié en souvenir des exploits d’Héraclès et de Thésée (cf. plan). Attention au sens de trésor (thésauros en grec), ce sont ici de petits édifices plus ou moins fermés dans lesquels on déposait ou non des offrandes (anathèmata). Il faut imaginer des couleurs vives (rouge, bleu, vert, jaune), des métaux et des pierres précieuses incrustés, des sculptures fines et toutes sortes de matériaux (marbre, bois, calcaire, ivoire pour les statues chryséléphantines…). Il y a une trentaine de trésors à Delphes, le plus ancien est celui de Corinthe à la fin du VIIème siècle, le plus récent étant celui de Cyrène à la fin du IVème. Il y a le trépied de Platée avec la liste des 31 peuples vainqueurs de 479 lors de la seconde guerre médique, avec ses 3 serpents entrelacés (pour rappeler Python et le trépied de la Pythie). Chaque peuple ou cité y allait de son petit trésor pour montrer sa puissance économique, mais aussi ses alliances : l’exemple type de ces deux facettes sont les trésors argiens puisque les Epigones célèbrent une victoire d’Argos contre Thèbes en 456 environ, alors que les Rois commémorent au contraire leur collaboration pour l’indépendance des Messéniens. Voilà une reconstitution de ce que devait donner la vue depuis le parvis du temple, avec le trépied de Platée, la statue de l’empereur Paul Emile, ou encore la colossale statue d’Apollon, de 6m de haut, édifiée pour la victoire de Salamine, etc. On remarque que beaucoup de statues sont érigées sur colonne pour être vues de loin ; en tout cas cela semblait être un spectacle assez impressionnant pour les pèlerins, et donc il ne faut pas perdre de vue le rôle éminemment politique et propagandiste de toutes ces offrandes. Enfin on ne peut pas parler de Delphes sans parler du temple d’Apollon, que l’on voit ici en vue aérienne et qui fut plusieurs fois détruit comme je l’ai dit tout à l’heure. Il fallut la participation de tous les peuples grecs et même de certains barbares (comme le pharaon Amasis) pour permettre sa reconstruction, mais le sanctuaire était tellement réputé qu’une fois de plus et malgré leurs querelles chacun y alla de sa contribution. Pausanias parle entre autres du fronton Est du temple (cf. paragraphe 6) où on y voit Latone (ou Léto en grec), la mère d’Apollon ; Déméter, qui y était vénérée aux Thermopyles, le 2ème sanctuaire de l’Amphictionie ; les Muses, on qualifie souvent Apollon de Muségète, celui qui conduit les Muses ; le Soleil, Apollon étant aussi le dieu du Soleil, Phoebus ; Bacchus (ou Dionysos, je rappelle que Pausanias vécut sous l’époque romaine) et ses bacchantes, les Thyades, qui seraient les descendantes de Thya, elle-même fille ou arrière-petite-fille de Deucalion, l’ancêtre d’Amphictyon… On voit donc bien ici que si Apollon était le dieu principal à Delphes, il n’était pas le seul. On voit aussi dans le dernier paragraphe « les statues des Parques » accompagnées de Zeus et Apollon Moeragètes, littéralement qui conduisent les Moires, nom romain des Parques, qui détiennent entre leurs mains le fil de la vie des hommes… Ainsi, Delphes étant le lieu de rencontre de tous les Grecs, c’était véritablement l’endroit idéal pour diffuser le légendes et les cultes propres à chaque cité, d’où la diversité des dieux cités ici. 3) Un exemple de fête panhellénique : les Pythia Les fêtes « panhelléniques » étaient l’occasion pour tous les Grecs de se réunir et de partager des valeurs communes. Celles de Delphes, les Pythia, étaient presque aussi

réputées que celle d’Olympie. Il semblerait qu’elles aient été instaurées dans un premier temps par Apollon en tant que cérémonies funéraires en l’honneur de Python. A partir de 586 (juste après la 1ère guerre sacrée), les Pythia sont devenues un concours de la période, ie ayant lieu tous les 4 ans, 3 ans après celui d’Olympie pour permettre à ceux qui le souhaitent de participer aux deux manifestations. Elles sont organisées par l’Amphictionie et comportent des épreuves gymniques, des courses de chars, des courses en armes, des épreuves de lutte, de boxe, etc. mais aussi des concours musicaux ou poétiques. Dès 578 elles deviennent un agôn stéphanite, ie que le prix en était une couronne de laurier (le laurier étant l’attribut d’Apollon). Aujourd’hui cela peut nous sembler complètement dérisoire, en fait il faut voir ces concours comme une lutte à titre honorifique mais extrêmement prestigieuse, si bien que les vainqueurs pouvaient faire élever des statues dédiées à Apollon ou commander des odes aux poètes les plus prisés de ce temps pour pérenniser leur gloire. Ainsi, Pindare, dont il est question paragraphe 5 fut justement célèbre pour ses fameuses épinikia, ou odes pythiques à la gloire de ces vainqueurs. Une chose est sûre, c’est que ces panégyries, ces rassemblements, plus que de simples concours, avaient une dimension sociale voire « supranationale » car ils permettaient la communication et les échanges entre les différentes parties du monde grec. De plus, toutes les activités, tous les statuts, toutes les classes sociales y étaient représentées, et les différentes épreuves n’étaient que l’expression même des valeurs et de la culture grecques. Participer à ces concours, c’était montrer son appartenance au peuple grec dans toute sa splendeur. CONCLUSION En conclusion, nous nous sommes intéressés à la dimension religieuse du sanctuaire, à son origine mythique, à la Pythie célèbre par delà la Grèce, et à la géographie du lieu elle-même sacrée. Nous avons compris l’importance diplomatique du sanctuaire, avec très tôt la mise en place de l’Amphictionie. Enfin nous avons constaté que l’architecture et les monuments de Delphes pouvaient retracer les plus grandes luttes comme les plus grandes victoires des Grecs, et que les Pythia, bien plus que de simples jeux étaient avant tout un lieu de rassemblement privilégié de l’ensemble du peuple. C’est grâce à la combinaison de ces différents facteurs, religieux, politiques et sociaux, que Delphes est resté dans les mémoires et est parvenu jusqu’à nous comme l’exemple même de l’unité du monde grec. Et je finirai sur ...


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