Les Landes de Gascogne PDF

Title Les Landes de Gascogne
Course Géographie
Institution Université de Paris-Cité
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Massifs forestiers : les Landes de Gascogne La forêt est définie par la FAO (Food and Agriculture Organization) comme un territoire occupant une superficie d’au moins 50 ares (5 000 m2) avec des arbres pouvant atteindre une hauteur supérieure à 5 mètres à maturité in situ, un couvert boisé de plus de 10 % et une largeur moyenne d’au moins 20 mètres. I- Généralités sur les Landes de Gascogne A)Histoire d’une forêt façonnée par l’homme Présentée comme la plus grande forêt cultivée d'Europe occidentale, le massif forestier des Landes de Gascogne a quasiment fini par se confondre avec l’espace du même nom qui s’étend sur environ 1,5 million d’hectares et trois départements (Gironde, Landes et Lot-e t-Garonne ). Ce tte re pré sentation usue lle s’ ex pri me notamment par la schématisation cartographique du « désert » landais sous la forme d’un vaste triangle vert, parfaitement homogène et uniforme (Figure 1) Bien qu’elle paraisse très uniforme, une évolution de son paysage est constatée lorsque l’on va de l’intérieur du massif vers la côte. À une distance de 5 à 10 km de l’océan, la plaine landaise se termine par une chaine de lacs et de zones humides faisant transition ave s l es val lonnem ent s d unaire s b ord ant l e l it toral . C ett e différenciation géologique et topographique entre les dunes littorales et la plaine ou le plateau landais s’est renforcée à travers l’usage du milieu, par l’homme. Les dunes sont en majeure partie un patrimoine public (forets domaniales) résultant de l’action déterminante de l’Etat dans leur fixation au siècle dernier; alors que le reboisement de la forêt de la lande, plus tardif, est surtout une oeuvre privée.

Figure 1 : représentation cartographique des Landes de Gascogne

B)Les différents types de landes dans les Landes (Figure 2) Les landes sèches (xérophiles à mésoxérophiles) se développent sur des sols jeunes, caillouteux et peu profonds. Elles se tiennent autour d’affleurements rocheux, dans les hauts versants, sur des replats ou des fortes pentes et sur les falaises littorales. La végétation peut être dense mais elle reste basse surtout dans les secteurs exposés subissant brises et embruns. Les landes mésophiles se développent sur les secteurs à contrainte moins importante, notamment pour la ressource en eau. Le sol est de type podzolique ou brun dégradé. Les landes humides (hygrophiles) se tiennent à l’intérieur des terres dans les fonds de vallées, les dépressions et les bas de versant. Elles se développent sur des sols hygromorphes et présentent un profil bas et parfois herbeux. Les landes humides ont une évolution plus lente mais aboutissent elles aussi au boisement. Les landes tourbeuses se rencontrent dans les zones très humides voire inondées. La couche supérieure du sol est de la tourbe.

Figure 2 : représentation schématique de l’organisation des principaux pédopaysages des Landes de Gascogne D’après Jolivet, 2000, adapté de GEREA, 1995

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C)Un espace forestier à faible densité de population À la fin des années 1970, la problématique de la « désertification » reste ainsi une préoccupation majeure pour certains territoires situés au cœur des Landes de Gascogne. Même au milieu des années 1990, la pinède Landaise demeure encore qualifiée d’espace de déprise humaine. Renversant cette tendance depuis quelques années, un processus d’accroissement démographique touche le massif forestier des Landes de Gascogne. Malgré ces dynamiques démographiques et une densité de population moyenne de 82,3 habitants/km2 en 2013, le massif forestier des Landes de Gascogne reste marqué par la faible densité. Sur les 320 communes appartenant au massif forestier, 169 possédaient à cette date une densité inférieure à 30 habitants/km2, seuil au-dessous duquel l’INSEE attribue la dénomination d’espace à faible densité. Près de 20 % des communes relèvent même de la dénomination d’espace désertifié avec une densité inférieure à 10 habitants/km2.

II-Un territoire à risque A)Santé des forêts Les forêts mono-spécifiques sont plus fragiles face aux aléas climatiques et aux risques de pullulation d'espèces invasives ou déprédatrices (champignons, insectes…). La forêt fait l'objet d'expertises biotiques régulièrement mises à jour, sous l'égide du DSF (Département de la santé des forêts) et d'expérimentation visant à complexifier le boisement pour en augmenter la résilience écologique ( = différents processus d’adaptation et de reconstruction pour atteindre un nouvel équilibre grâce aux ressources) B)Incendies La forêt landaise est particulièrement sensible aux incendies. En effet, celle-ci est très inflammable (= facilité du matériel végétal à s'enflammer sous l'action d'un apport de chaleur) en raison d’une couverture importante à la fois en molinie et en fougère aigle. Ces deux espèces confèrent à ces zones leur inflammabilité au printemps et en fin d’été. En effet, la molinie de l’année précédente et la fougère de l’année étant mortes et encore sur pied, ces végétaux ont une très forte réactivité à l’évolution de l’humidité ambiante. De plus, la forêt est très combustible ( = aptitude d'une formation végétale à propager l'incendie en traduisant l’intensité du feu qu’elle peut alimenter, de p ar se s c arac t é ris t i q ue s) à c aus e d’ une s urfac e b oi sé e essentiellement occupée par le pin maritime sous forme de futaie pure ou de futaie mélangée à du taillis. (Figure 3) Le vent d'ouest provenant de l'océan, l'essence des arbres (résineux), la chaleur et la sécheresse du sous-bois sont également des facteurs aggravants. Le nombre d'incendies et leur gravité a considérablement décru depuis les dernières catastrophes des années 1950 et 1960, notamment grâce à la mise en place de pare-feux. Les pare-feux sont des trouées censées créer des barrières naturelles contre la propagation des flammes. Leur largeur doit être supérieure à la longueur de deux pins couchés, de façon à ne pas transmettre les flammes en cas d'incendie. Un vaste réseau de pare-feux a été mis en place dans le massif forestier à la suite des grands incendies des Figure 3 : Carte des années 1950 au cours desquels plus de 300 000 hectares de forêt ont inflammabilité du sous-bois été ravagés. On trouve aussi d’autres équipements spécifiques de aquitain lutte : tours d'observation, bassins de stockage d'eau, chemins.

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C)Climat Le climat des Landes de Gascogne est de type océanique, marqué par des hivers doux (5 à 10°C pour les moyennes de janvier) et des températures estivales plutôt chaudes (17 à 21°C pour celles de juillet et août). Un fort contraste existe entre la frange littorale qui jouit d'une influence océanique très douce, l'arrière-pays tempéré et les zones forestières aux amplitudes thermiques quotidiennes très marquées. Ce dernier paramètre, remarquable, est propre aux Landes de Gascogne. La tempête Klaus traverse le sud-ouest de la France le samedi 24 janvier 2009, entraînant de gros dégâts matériels. Tout juste remise de la tempête Martin (décembre 1999), les sylviculteurs voient à nouveau leurs pins maritimes et autres essences déracinés ou sectionnés. Ainsi, selon les estimations de l'Inventaire Forestier National (IFN), 26 % de la forêt landaise connaît plus de 40 % de dégâts en superficie. Un inventaire cartographique sur le massif landais est réalisé par l'IFN (Figure 4). Figure 4 :Carte d’estimation des dégâts forestiers réalisée par l’Inventaire forestier national © IGN BRGM

III- un territoire riche en activités A)Les activités sylvicoles Chambrelent (1817-1893), ingénieur polytechnicien et agronome, a initié dès 1857 la transformation de l’intérieur des Landes de Gascogne en une immense pinède de 900 000 hectares. Cette opération majeure d’aménagement du territoire ne visait pas simplement à endiguer l’avancée de la dune mais à répondre également aux besoins économiques d’une France en pleine révolution industrielle. Ce nouveau massif forestier répondait aux besoins du moment, fournissant des poteaux télégraphiques, des étais de mine, des bois de trituration et surtout de la résine. L’exploitation du pin maritime dans le massif forestier des Landes de Gascogne a connu un âge d’or au cours des années 1900-1920, qui prit fin avec la crise de 1929 et un premier coup d’arrêt de la commercialisation de produits forestiers issus de la pinède landaise. Le développement de la pétrochimie dans l’entre-deuxguerres et les grands incendies entre 1937 et 1949 ont accéléré l’entrée en crise du massif forestier et ont sonné le glas du modèle sylvicole traditionnel landais. La modernisation de ce modèle traditionnel s’est traduite au cours des années 1960-1970 par la généralisation de la ligniculture ainsi que par la réintroduction de la céréaliculture au sein du massif forestier. Le processus d’afforestation des Landes de Gascogne du milieu du XIXe siècle a bien permis le développement d’une activité sylvicole au détriment d’un système agro-sylvopastoral traditionnel. Il n’en reste pas moins que, malgré la faible densité population évoquée précédemment, la pinède landaise est soumise à une pression foncière croissante se traduisant par une réduction non négligeable des parcelles sylvicoles. B)Les activités énergétique : le photovoltaïsme Au 31 décembre 2016, avec ses 853 mégawatt-crête (MWc), le massif forestier des Landes de Gascogne concentrait 32 % des capacités photovoltaïques au sol en métropole installées et réparties entre 35 centrales photovoltaïques au sol et 9 parcs photovoltaïques au sol. Accueillant plus de 80 % des capacités photovoltaïques au sol, ce nouveau type d’aménagement a consommé plus de 1 233 ha de parcelles sylvicoles dans la pinède landaise. L’ampleur des surfaces sylvicoles concernées fait donc du déploiement spatial des parcs photovoltaïques au sol un phénomène spatial croissant que devront prendre en compte les acteurs territoriaux dans la problématique de maintien de la ressource forestière issue des Landes de Gascogne (Figure 5) Figure 5 :Les centrales photovoltaïques au sol et les parcs photovoltaïques au sol en activité dans le massif forestier des Landes de Gascogne au 31 décembre 2016 Page 3 sur 6

C)Les activités pastorales Afin de pouvoir exploiter les terres incultes et désertiques de la lande, l'économie locale de l'époque repose sur une méthode de fertilisation des terres par un système agricole traditionnel mêlant cultures et élevage. Les moutons et brebis se nourrissent d'herbes basses, tandis que les bergers surveillent le troupeau du haut de leurs échasses. Ce moyen de locomotion est particulièrement adapté à la topographie, permettant de surveiller le troupeau sur de longues distances, mais aussi de se déplacer rapidement tout en évitant les piqûres d'ajoncs et l'humidité du sol. Le rôle du troupeau est avant tout de produire du fumier afin de fertiliser le sol. En effet, les rendements naturels sont trop faibles pour permettre à quelque culture que ce soit de fournir une récolte acceptable pour nourrir le foyer, composé d'une dizaine de personnes. Les cultures de seigle et de millet permettent ainsi de produire la farine nécessaire à la fabrication du pain, constituant la base de l'alimentation.De cette façon, les sols pauvres sont mis en valeur de façon intensive, ce qui permet une culture sans jachère. Aux cultures proprement alimentaires, viennent s'ajouter quelques autres productions orientées vers l'autoconsommation. C’est, par exemple, le cas du chanvre. Cette culture commence à régresser dès le milieu du XIXe siècle. Elle permet jusque-là, après filage et tissage, la confection de textiles caractéristiques de la région. Les Landais de l'époque cultivent également la vigne de façon localisée, pratiquent l'apiculture, possèdent quelques cochons et parfois des vaches pour le lait et la viande. Les produits obtenus servent essentiellement à la consommation de la famille mais sont parfois destinés à la vente. L'entretien de la lande rase est essentiel pour permettre aux troupeaux de se nourrir. Chaque année au printemps, les bergers mettent le feu sur de grandes étendues pour débroussailler et régénérer la végétation. D)Les activités touristiques Les zones littorales forestières sont quant à elles soumises à une forte pression touristique où la dimension patrimoniale traditionnelle de la forêt comme espace de production et de protection tend à s’effacer au profit d’un espace de récréation et de loisirs. Enfin, si le cœur du massif incarne l’archétype de la forêt de production, des structures comme le parc naturel régional des Landes de Gascogne (PNRLG) (L’activité touristique est une composante importante des activités humaines sur le territoire du Parc ; elle concerne près de 300 prestataires et 7000 lits marchands. Elle s’est développée dès la création du Parc, sous forme « d'itinéraires intérieurs » pour valoriser l’arrière-pays littoral. Aujourd’hui, le Parc anime, avec les collectivités et les professionnels de son territoire, une action fédératrice autour des valeurs de l’écotourisme.) proposent une vision nettement plus environnementaliste, en mettant en exergue les espaces non forestiers (lagunes, ripisylves, tourbières…). Loin d’être uniquement un « triangle vert » exclusivement réservé à la sylviculture, les Landes de Gascogne apparaissent donc de plus en plus comme un espace polycentré et multifonctionnel où se superposent plusieurs identités patrimoniales collectives. Plus récemment, l’urbanisation de la région et le développement du tourisme ont contribué à développer fortement la fréquentation récréative du massif, notamment dans sa partie littorale. Au plan paysager comme en terme de biodiversité, l’absence d’intérêt du massif est également discutable. Cette forêt, a priori peu intéressante, fait en réalit é l’obj et de nombreuses mesures de p rot e ct i on au t i tre d e s e s p ac e s nat ure l s remarquables. Ces dispositifs, qui vont des sites inscrits à Natura 2000 en passant par les réserves naturelles, concernent au final une proportion non négligeable du massif. C’est notamment le cas du parc naturel régional des Landes de Gascogne créé en 1970 qui, avec un peu plus de 315 000 hectares répartis sur 41 communes, couvre une bonne part du plateau Figure 6 : paysage du parc landais, au cœur de la forêt de production. naturel régional des Landes de Gascogne

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La forêt participe à la qualité des eaux des milieux récepteurs, cette fonction est particulièrement importante sur le littoral (qualité des eaux de baignade), avec des enjeux économiques (tourisme) considérables. Conclusion : Les Landes de Gascogne sont donc un massif forestier façonné par l’homme où l’on trouve des enjeux aux ramifications multiples tels que l’énergie, le cadre de vie, le carbone, la biodiversité. Chacun d’eux engage la forêt sous un angle différent, sous un point de vue spécifique : la biomasse forestière s’affirme en regard de l’énergie, la relation esthétique a des paysages forestiers en regard de la qualité du cadre de vie, la relation de l’arbre et la forêt au sol et à l’atmosphère pour le stockage du carbone, la biodiversité de l’écosystème forestier en regard des préoccupations pour la nature des résidents et des politiques publiques. A l’heure actuelle les dégâts consécutifs à la tempête Klaus marquent encore fortement les paysages. La crise qu’elle a généré remet en cause un certain nombre de certitudes et pose de nombreuses questions sur l’avenir du massif. La première, porte sur la capacité et l'envie des propriétaires de reconstituer les paysages forestiers dans un contexte économique incertain. D'autant que de nombreux opérateurs profitent de la désorganisation de la filière bois pour accroître la pression foncière et leur faire miroiter de substantiels profits. Se pose ensuite la question du modèle d'exploitation forestière à privilégier, avec deux options envisageables: celle d'une intensification plus grande encore et d'une artificialisation accrue avec, par exemple, des taillis à très courte révolution visant à exploiter les arbres le plus rapidement possible; ou au contraire, l'évolution vers un modèle plus extensif, nécessitant des investissements initiaux moindres, faisant davantage de place à la diversité forestière.

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Bibliographie : MONTANÉ, Jean [et alii], La foret landaise : une aventure de l’homme et de son milieu, Toulouse, Privat, 1994. Sitographie : journals-openedition-org cairn-info journals-openedition-org journals-openedition-org nouvelle-aquitaine.developpement-durable.gouv.fr halshs.archives-ouvertes.fr

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