Mémoire : Système d\'attachement et relations amicales PDF

Title Mémoire : Système d\'attachement et relations amicales
Author Marine Gravière
Course Evaluation et bilan psy. de l'enfant
Institution Université de Nantes
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Summary

Mémoire de fin d'étude détaillant l'effet des différents systèmes d'attachement sur l'établissement des relations amicales à l'âge adulte...


Description

UFR de psychologie Chemin de la Censive du Tertre B.P. 81227 44312 Nantes Cedex 3 FRANCE

TER présenté dans le cadre du Master 2 professionnel de psychologie du développement « Psychologie de l’Enfant et de l’Adolescent : Développement, Interractions, Dysfonctionnements »

Système d’attachement et relations amicales : Une étude auprès de l’adulte

1ère session Année universitaire 2018 – 2019

Document présenté par : GRAVIERE Marine TER réalisé sous la direction de : BACRO Fabien, professeur des Universités et membre du Centre de Recherche en Education de Nantes (CREN)

Remerciements La réalisation de ce travail d’étude a été possible grâce au concours de plusieurs personnes à qui je voudrais témoigner toute ma reconnaissance.

Je tiens à adresser toute ma gratitude au directeur de mémoire Monsieur BACRO Fabien pour sa patience et sa disponibilité, ainsi que pour m’avoir encadrée, orientée et conseillée dans le but d’améliorer ma recherche.

J’adresse également mes sincères remerciements à tous les professeurs, intervenants et toutes les personnes qui, par leurs paroles, leurs écrits, leurs conseils et leurs critiques ont guidé mes réflexions. En particulier, je souhaiterai exprimer ma reconnaissance à Madame CHAKROUN-BAGGIONI Nadia pour m’avoir proposé un objet d’étude passionnant et pour avoir suivi mon travail depuis sa conception.

Enfin, je remercie également tous les participants bénévoles qui ont accepté gracieusement de participer à l’étude et, par conséquent, qui m’ont permis d’avoir les données nécessaires à l’aboutissement de mon projet.

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Table des matières

Résumé………………………………………………………………………..

p. 3 – p. 4

Introduction...........................................................................................

p. 5 – p. 14

Méthode................................................................................................

p. 15 – p. 18

Participants..........................................................................................

p. 15

Matériel................................................................................................

p. 16 – p. 17

Procédure.............................................................................................

p. 17

Statistiques...........................................................................................

p. 18

Résultats..............................................................................................

p. 19 – p. 22

Hypothèses..........................................................................................

p. 19

Satistiques descriptives.......................................................................

p. 19 – p. 20

Satistiques inférentielles.....................................................................

p. 20 – p. 22

Discussion............................................................................................

p. 23 – p. 27

Bibliographie.......................................................................................

p. 28 – p. 37

Annexes...............................................................................................

p. 38 – p. 48

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Résumé De nombreuses études ont montré l’existence d’un lien entre le style d’attachement de l’enfant et le développement des amitiés. Le but de la présente recherche était de vérifier si ce lien entre attachement, qualité des relations amicales et perception de soutien social se retrouvait dans un échantillon de jeunes adultes. Pour cela, une échelle d’attachement ainsi que deux questionnaires mesurant la qualité des amitiés et le soutien social ont été complétés par 70 étudiants. Un modèle en deux dimensions, évitement et anxiété, a été utilisé pour déterminer les profils d’attachement des participants. Les résultats n’ont pas permis de montrer un effet de l’induction de stress sur les scores d’attachement. De plus, aucun lien de corrélation n’a été trouvé entre l’évitement, l’anxiété, la perception de soutien social et la qualité des amitiés. Pour finir, plusieurs limites de l’étude ont été exposées et une perspective de recherche concernant un effet de genre sur l’attachement et les amitiés a été proposée.

Mots-clés : Théorie de l’attachement, Relations amicales, Modèles Internes Opérants, Perception de soutien social, Induction de stress, Adultes.

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Abstract Many studies have shown a link between the child's attachment style and the development of friendships. The purpose of the present research was to verify if this link between attachment, quality of the friendly relations and perception of social support was found in a sample of young adults. For this purpose, an attachment scale and two questionnaires measuring the quality of friendships and social support were completed by 70 students. A two-dimensional model, avoidance and anxiety, was used to determine participants' attachment status. The results didn't show an effect of stress induction on attachment scores. In addition, neither correlation was found between avoidance, anxiety, perception of social support and quality of friendships. Finally, several limitations of the study were presented and a research perspective on a gender effect on attachment and friendships was proposed.

Key words : Attachment Theory, Frienships, Internal Working Models, Perceived social support, Stress induction, Adulthood.

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Introduction Au moment où un enfant chute ou lorsqu’il est en détresse, il n’est pas rare qu’il interpelle sa mère afin d’avoir du réconfort ou de se sentir à nouveau en sécurité. Cette situation est également observable à l’âge adulte. Combien de fois avons-nous appelé nos parents ou nos proches lors d’évènements difficiles ? Cette relation mère-enfant a été décrite pour la première fois par John Bowlby après la Seconde Guerre Mondiale, relation qui a subséquemment été définie comme un lien d’attachement. A la suite d’observations auprès d’enfants hospitalisés et séparés de leurs parents, Bowlby (1944, 1969) a conclu que les interactions maternelles étaient primordiales pour le développement général de l’enfant, ce dernier étant vu comme un « être de relation » nécessitant une base de sécurité pour grandir et devenir autonome. Spitz (1947) en a tiré les mêmes conclusions et a introduit la notion d’hospitalisme, concept qui fait référence à la dépression grave observée chez les bébés de plus de 6 mois après une séparation avec leur mère supérieure à 5 mois. Cependant, suite à quelques critiques, Bowlby a ajouté une précision à sa théorie : la figure d’attachement n’est pas forcément la mère mais plutôt la personne qui participe de manière privilégiée à l’éducation et aux soins de l’enfant dans ses premiers mois de vie (Bowlby, 1949, cité dans Guedeney & Le Meur, 2005). Il existe plusieurs systèmes motivationnels auxquels l’individu peut avoir recours (Bowlby, 1944, 1949) : le système exploratoire, le système affiliatif, le système peur-angoisse et le système d’attachement. Selon Bowlby (1969), un système motivationnel est un système comportemental inné, primaire, essentiel à la survie de l’espèce et qui a besoin de l’environnement pour se développer. Cependant, c’est le système d’attachement qui permettrait à l’enfant d’avoir une proximité physique avec sa figure d’attachement ainsi que du réconfort. Ce système serait permanent, stable, et persistant tout au long de la vie (Dugravier, Guedeney & Mintz, 2006). Selon Miljkovitch (2004), ce système permettrait de modifier les schèmes comportementaux innés de l’enfant dans l’optique d’adapter ses réponses aux soins provenant de la figure d’attachement. Lorsque les liens d’attachement ont été établis précocémment et dans un environnement stable, ils subsisteraient alors au cours du temps tout en subissant des modifications liées à la maturation. Lorsque l’enfant perçoit un danger, son système d’attachement intériorisé s’active dans le but d’assurer une certaine proximité avec la figure d’attachement, et par conséquent, de lui procurer un sentiment de sécurité pour continuer ses explorations. Néanmoins, cette situation est uniquement valable pour un enfant ayant développé des relations de bonne qualité avec la figure d’attachement. De ce fait, en cas de détresse, différents comportements 5

peuvent être observés chez l’enfant. En effet, Ainsworth, Blehar, Waters et Wall (1978) ont décrit trois formes principales d’attachement à partir de leurs observations : l’attachement « sécure », l’attachement « insécure-évitant » et l’attachement « insécure-ambivalent ». La première forme d’attachement fait référence à des enfants qui présentent de nombreux comportements exploratoires, une sociabilité convenable, ainsi qu’une estime de soi élevée. Au contraire, les enfants avec un attachement insécurisé-évitant désactivent leur système d’attachement, et adoptent une attitude défensive en contrôlant l’expression de leurs émotions négatives et en restant indépendants de la figure d’attachement. Pour finir, l’attachement insécurisé-ambivalent est caractérisé par une suractivation du système d’attachement de l’enfant, c’est-à-dire par une amplification des signaux de détresse adressés à la figure d’attachement (Main & Weston, 1982). Main et Solomon (1986) ont ajouté à ces trois profils l’attachement désorganisé-désorienté qui correspond à des enfants présentant des comportements d’appréhension non cohérents. De plus, il est important de retenir que plus l’enfant est sécurisé et plus il va pouvoir explorer son environnement (Guedeney, 2010). Un lien d’attachement sécurisé précoce est donc nécessaire pour la régulation des émotions de l’enfant, pour favoriser ses comportements exploratoires, sa socialisation, sa confiance en lui et en autrui, et pour qu’il ait une bonne estime de lui.

Comment l’attachement est-il conceptualisé et évalué chez l’adulte ? L’attachement des adultes suscite de plus en plus d’intérêt, tant au point de vue théorique qu’empirique. De nombreuses études apportent la preuve de l’existence

d’une continuité dans les

comportements d’attachement (George, Kaplan & Main, 1987 ; Main & Goldwyn, 1988). Cependant, la relation adulte-adulte diffère de l’attachement parent-enfant par sa réciprocité : les partenaires adultes ne sont pas obligatoirement assignés à un rôle de « figure d’attachement » (Welch & Houser, 2010). De plus, les relations d’attachement entre adultes remplissent souvent d’autres fonctions comme les relations sexuelles, la camaraderie et l’expérience partagée (Ainsworth, 1985 ; Weiss, 1974). Hazan et Shaver (1987) ont mis au point une procédure d’auto-évaluation permettant de classer les adultes selon les trois styles d’attachement de l’enfant déterminés par Ainsworth et al. (1978) : sécurisé, évitant et ambivalent. Plus précisément, ils se sont appuyés sur les déclarations des participants plutôt que sur des déductions tirées d’entretiens semi-structurés. Cependant, un modèle d’attachement est majoritairement utilisé dans les recherches portant sur le système d’attachement de l’adulte. Ce modèle s’appuie sur les deux dimensions conceptualisées par Bowlby (1973) : le modèle de soi (positif ou négatif) et le modèle des autres (positif ou 6

négatif). Ainsi, Bartholomew et Horowitz (1991) proposent quatre prototypes d’attachement dérivés de la combinaison de ces deux dimensions. L’attachement sécurisé se caractérise par la valorisation des amitiés intimes, la capacité à entretenir des relations sans perdre son autonomie, et une perception positive de sa propre image et d’autrui. L’attachement préoccupé fait référence à une sur-implication dans les relations, une dépendance vis-à-vis de l’acceptation des autres pour son propre bien-être, une tendance à l’idéalisation d’autrui et une émotivité exagérée dans les relations. L’attachement craintif correspond à l’évitement des relations intimes par peur du rejet, à un sentiment d’insécurité personnelle et de la méfiance à l’égard des autres. Pour finir, l’attachement détaché fait référence à des individus qui se protègent de la déception en évitant les relations étroites et en maintenant un sentiment d’indépendance. Deux études menées par Bartholomew et Horowitz (1991) ont permis de valider le modèle proposé en montrant que les configurations des évaluations de l’attachement étaient conformes à ce modèle et que chaque style d’attachement était associé à un profil distinct de problèmes interpersonnels (Inventaire des Problèmes Interpersonnels ; Horowitz, Rosenberg, Baer, Ureno & Villasenor, 1988). Les résultats de leur recherche permettent de confirmer que la valence des modèles de soi et des autres constitue des dimensions distinctes qui peuvent varier de manière indépendante. Dans le cadre de notre étude, les deux dimensions sont distinguées selon deux appellations différentes : L’anxiété d’abandon et l’évitement de l’intimité (Mikulincer & Shaver, 2007 ; Simpson, Rholes & Nelligan, 1992). La première fait référence à la crainte d’être rejeté, abandonné ou non aimé, et se rapporte au modèle de soi. La seconde dimension reflète le degré d’évitement de l’intimité et de l’interdépendance avec autrui, et correspond au modèle des autres. Ainsi, les individus avec un attachement sécurisé témoignent d’une anxiété d’abandon et d’un évitement de l’intimité peu élevés (Kane et al., 2007) (Figure 1).

Figure 1. Modèle à deux dimensions des différences individuelles dans l’attachement de l’adulte (Mikulincer & Shaver, 2007 ; Simpson, Rholes & Nelligan, 1992)

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Les différents aspects de la théorie de l’attachement et des relations entre les adultes ont permis de mettre au point diverses méthodes d’évaluation de l’attachement chez l’adulte. Ces outils d’évaluation tentent de classer les types d’attachement et d’en identifier leurs caractéristiques. En général, les mesures existantes sont de trois formes : les entretiens, les évaluations de type Q-sort et les questionnaires. Parmi les entretiens, l’Adult Attachment Interview (AAI, George, Kaplan & Main, 1985) est extrêment utilisé dans les recherches empiriques. Cet entretien semi-structuré permet d’avoir une appréciation des relations d’attachement durant l’enfance et des expériences actuelles vécues par l’individu. Sa stabilité et sa validité discriminante ont été démontrées dans plusieurs études (Bakermans-Kranenburg & Van Ijzendoorn, 1993 ; Sagi et al., 1994). Les éléments retenus durant l’entretien permettent de montrer que les personnes sécurisées maintiennent une vision équilibrée des relations initiales, valorisent les relations d’attachement et considèrent que les expériences d’attachement ont une influence sur le développement. D’autres interviews peuvent être également utilisées comme l’entretien d’attachement de Bartholomew et Horowtiz (1991) qui évalue les quatre prototypes décrits ci-dessus, et l’entretien sur les relations actuelles (CRI ; Crowell, 1990) qui a un format similaire à celui de l’AAI. Concernant les évaluations de type Q-sort, nous pouvons citer le Q-sort de l’attachement adulte de Kobak (1989) qui est corrélé avec trois prototypes d’attachement : sécurisé, détaché et préoccupé. Il met l’accent sur la relation entre la régulation des affects et le style d’attachement. Une variante, le Q-sort matrimonial (Kobak & Hazan, 1991), permet d’évaluer deux dimensions de l’attachement dans la relation actuelle : dépendance au partenaire et disponibilité psychologique. Pour finir, parmi les échelles de mesure qui sont souvent retrouvées dans les recherches portant sur l’attachement adulte, le questionnaire des styles d’attachement de Hazan & Shaver (1987) s’appuie sur les sentiments des adultes concernant leurs relations pour déterminer leur attachement : sécurisé, évitant ou ambivalent. Le questionnaire d’attachement réciproque (West, Sheldon & Reiffer, 1987 ; West & Sheldon-Keller, 1992) s’intéresse davantage à la qualité de la relation qui est significative pour l’individu et a une visée thérapeutique. Dans la présente recherche, le Relationship Scales Questionnaire (RSQ) de Griffin et Bartholomew (1994) a été préféré car il fait référence aux partenaires et aux relations en général, et permet d’évaluer les deux dimensions d’évitement et d’anxiété (Figure 1). La majorité des études permet de catégoriser les adultes selon leur style d’attachement. Cependant, plusieurs limites concernant les mesures catégorielles utilisées dans la recherche ont été soulignées (Hazan & Shaver, 1994 ; Bartholomew, 1994). Aujourd’hui les chercheurs se baseraient davantage sur 8

une conception dimensionnelle car les stratégies d’attachement utilisées par les individus peuvent varier d’une situation à une autre. Feeney, Noller et Hanrahan (1994) suggèrent que catégoriser les personnes selon leur attachement aboutirait à des résultats moins clairs et à une distinction plus globale de leur sécurité d’attachement. De plus, l’utilisation d’un profil multidimensionnel serait plus sensible aux caractéristiques qui permettent de différencier les sous-groupes de personnes insécurisées (Priel & Shamai, 1995). Mais, existe-t-il un lien entre attachement et relations amicales ? En clair, est-ce que l’élaboration d’un lien d’attachement sécure durant la petite enfance permet d’avoir des amitiés de qualité ? Est-ce que cet effet se maintient à l’âge adulte ? Bowlby (1973) explique dans sa théorie de l’attachement que deux mécanismes jouent un rôle médiateur entre l’attachement et les relations avec les pairs : les Modèles Internes Opérants (MIO) et la régulation émotionnelle. Les MIO correspondent aux modèles mentaux construits par l’enfant suite à l’intériorisation des interactions avec les figures d’attachement (Miljkovitch, 2002). Ces MIO accompagneront alors l’enfant tout au long de sa vie et serviront de grille de lecture pour les relations interpersonnelles futures. En effet, lorsqu’il échange avec la figure d’attachement, l’enfant va développer des modèles de relations qui lui permettront, par la suite, de comprendre et d’interpréter les réactions de ses proches. Plus précisément, il existe deux formes de MIO, les représentations de soi et les représentations d’autrui. Les premiers font référence au modèle de soi comme quelqu’un étant plus ou moins digne de soins et d’attention, tandis que les seconds se rapportent aux représentations que l’enfant à d’autrui, c’est-à-dire la manière dont les autres sont ou ne sont pas disponibles et sensibles à ses besoins. Une figure d’attachement attentionnée et réactive aux besoins de l’enfant lui permettra d’acquérir une réciprocité dans les interactions sociales ainsi qu’un ensemble de compétences sociales. A l’adolescence, les MIO seront conservés mais ce sera le contenu des représentations qui sera modifié avec la mise en jeu de deux processus : l’assimilation et l’accommodation. L’assimilation, à savoir la construction et l’enrichissement des MIO, aura lieu lorsque l’expérience relationnelle vécue par l’adolescent sera congruente avec ses représentations. Dans le cas contraire, soit les informations inhérentes à l’expérience seront rejetées et les représentations resteront stables, soit ces informations seront incorporées et les MIO seront flexibles (Bowlby, 1969 ; Piaget & Inhelder, 1966). Concernant la régulation émotionnelle, Guedeney et Guedeney (2002) stipulent qu’il s’agit d’une fonction du système d’attachement des enfants sécurisés grâce à laquelle ils pourront utiliser les parents de façon

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effective pour les aider à réguler leurs émotions. Par conséquent, ces enfants auront un esprit plus libre pour explorer l’environnement, pour résoudre les problèmes… De nombreuses études longitudinales ont porté sur l’existence d’un lien entre les relations d’attachement précoces parent-enfant et les relations avec les pairs à différentes périodes de vie. Plus précisément, l...


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