Merlin - Figure d\'auteur PDF

Title Merlin - Figure d\'auteur
Course Lettres modernes ou LLCER
Institution Université de Caen-Normandie
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Summary

Cours optionnel sur la figure de Merlin....


Description

Merlin - Figure d'auteur Comment se constitue le mythe fictionnel ? Un des problèmes qui se pose depuis longtemps dans cette légende arthurienne est de savoir qui est l'auteur. L'auteur pourrait être les troubadours. L'étymologie du troubadour est le trouver, c'est l'idée de trouver. Ce sont des gens qui trouvent. Ce n'est pas la même chose d'être un auteur et un trouveur. Ce qu'ils trouvent, ils se l'approprient. Il y a une appropriation de la matière mais la matière préexiste, c'est-à-dire qu'en principe les personnes qui écrivent, qui chantent, etc, ne font que reprendre des éléments déjà connus. Une chose qui est bannie est l'invention au sens contemporain, c'est-à-dire qu'ils n'inventent rien (mais ce n'est pas vrai). Ils revendiquent qu'ils n'inventent rien et ils vont autant que possible faire référence à quelqu'un d'autre qui les a précédés. Une expression récurrente est "le conte dit que.." / "le récit dit que...". Ce n'est pas forcément une personne mais ils ne font que transcrire ce qui a déjà été raconté. On peut donc se demander qui est à l'origine de l'histoire. Il y a des auteurs historiques. Le problème est de savoir qui a raconté les aventures. Il ne s'agit pas pour eux de dire quelqu'un qui écrirait un roman et qui mettrait la bibliographie à la fin. Ce n'est pas la même démarche au Moyen-Age. Les auteurs dont nous parlons n'ont pas une démarche documentaire. Ils ne remontent pas à une source historique sauf pour les historiens. Les personnes qui créent la fiction (= fabriquer) conçoivent la fabrication comme l'organisation d'une matière déjà existante là où nous pensons la fiction comme la production de quelque chose qui n'a pas été encore vue. Ils vont déguiser leur originalité sous la convention littéraire qui veut que ce qu'ils disent a déjà été dit avant parce que si ça n'a pas été dit avant, c'est faux et ça n'existe pas. Quand on lit un roman historique, on n'est pas absolument certain de ce qui est un fait historique avéré ou non. Il y a une part d'invention de l'appropriation mais cette part-là vient de quelque chose qui existe déjà. Il y a un jeu conventionnel. Même quand ils inventent complètement, ils revendiquent la véracité. Galaad est un autre nom de Lancelot pour une autre tradition. Quand on dédouble la figure de Lancelot-Galaad, on prend à partir de l'existant et on crée du nouveau. Une des origines de la table ronde est Merlin.

Document Jacques Roubaud, Graal fiction, 1978 : Texte d'un érudit qui est une manière de parler de la façon dont il interprète les fictions autour du Graal. C'est plutôt un essai qui suit son interprétation qu'un travail d'analyse. L'auteur avant d'être celui qui fait quelque chose c'est celui qui donne de l'autorité à ce qu'il fait. Roubaud explique que fondamentalement ce que revendiquent les créateurs c'est de n'être que d'humbles disciples. C'est une posture qui les met à l'abris de l'accusation d'orgueil et la critique de ce qu'il fait au nom de sa propre subjectivité. C'est une manière de se déresponsabiliser pour éviter toute critique. Roubaud propose sa propre chaîne de nom. Il cherche des indications qui permettraient de comprendre qui pourraient être l'auteur initial du récit. Il pense qu'il s'agit de Blayse. Roubaud fait une recherche. Il identifie un personnage dont un certain nombre de traditions le lie au récit qu'il regroupe sous un même nom. Il a identifié cette figure. Ce personnage va être témoin qui raconte. Ce qui lui donne connaissance est son lien avec son Merlin. Le point de départ de cette connaissance est moins Blayse que Merlin. La figure du prophète qui sait tout ce qu'il y a eu dans le passé va être l'autorité derrière l'écrivain. Même cette personne-là n'est placé que comme le scribe de quelqu'un d'autre. Ce quelqu'un d'autre qui est Merlin appartient à la fiction elle-même. Document Merlin en son esplumoir Merlin vient voir Blaise. Blaise va voir Perceval et il lui raconte les derniers événements. C'est d'abord un modèle de transmission orale qui présente Blaise mais plus tard, l'idée de la transcription apparaît. Blaise écrit une sorte de livre dont on ne sait pas ce qu'il devient. Blaise est le personnage pas très utile ici. Pourquoi Merlin n'est pas allé voir Perceval pour lui raconter les éléments que Blaise lui a racontés ? C'est une manière de le poser en intermédiaire obligatoire. Le récit présente la médiation. Il y a l'origine et la réception. Perceval est la réception. C'est le héros de l'histoire. Quel est l'intérêt de représenter une réception ? C'est la logique de tout le dispositif qui est de montrer une situation de

transmission logique à l'intérieur de la fiction mais il invente l'intermédiaire de Blaise de manière à montrer que cette transmission a un sens qu'elle a une origine et une destination. Quel intérêt de prendre Perceval ? La logique est une logique plus générale d'autorité, c'està-dire que cela donne du poids à ce qui est montré. Perceval étant un personnage digne et important, est montré en tant que récepteur de ce récit ce qui valorise ce récit. Comment est utilisée la référence à la foi chrétienne pour renforcer cette autorité ? Le fait que cette personne à qui est racontée l'histoire est liée au Saint- Esprit, c'est-à-dire que d'une certaine façon on va tout raconter au confident du Saint-Esprit. Indirectement ce qui vient de Merlin vient à Dieu et ça reviet à Dieu. Il y a un cercle d'émission-réception qui correspond à une omniscience. Réaction de piété extrême de Merlin. Ce qui fait sous le regard de Dieu est ce qu'il y a de plus vrai puisque le regard de Dieu ne tolère pas le mensonge. "Notre Seigneur" dit que Merlin ne peut plus se montrer aux autres mais ne doit pas mourir. Merlin est présenté comme immortel parce qu'on a beaucoup de mal à savoir ce qu'il peut lui arriver s'il meurt car ils se demanderaient où serait son âme (c'est un demi-démon et il ne peut pas aller au paradis). La constante est l'idée d'isolement, d'invisibilité et une présence par la parole. Si Blaise est présenté comme un auteur, il est présenté comme l'auteur des confidences de Merlin. L'esplumoir fait penser à l'idée d'écritoire. Si c'était simplement l'endroit où il prendrait la plume, tout serait réglé. Merlin est un témoin de l'action donc retranscrire les histoires de Merlin c'est retranscrire un document. Une des manières de l'interpréter est de le rattacher à une sorte d'oiseau car Melin est une sorte d'oiseau qui niche. Les oiseaux sont rattachés à la magie. Quand il est question du don de voir l'avenir, ce n'est pas un super- pouvoir. Il attend et de temps en temps une prophétie lui arrive. Ici, il est dans son esplumoir et si un jour une prophétie lui arrive, il la communiquera. L'auteur pour la fin de son texte prend la posture d'un prêtre qui aurait fait une sorte de sermon car c'est une histoire pieuse. Être du côté de Perceval et de la Chrétienté et le transmettre pour obtenir la bonne parole, c'est faire un acte pieux. Si on copie ce livre, on

répandra la sainteté. Cela donne une autorité supplémentaire car ce texte est approuvé par Dieu. Dans la transcription ne vient plus seulement la question de qui a raconté l'histoire mais devient un enjeu de civilisation et de culture car elle fait partie de la culture chrétienne. Merlin retrouve cette dimension de qualité de "prophète" à la fin. Documents Mary Stewart, La Grotte de Cristal / Michel Rio, Merlin, faiseur de roi La Grotte de Cristal a un début où Merlin dit qu'il va raconter sa vie. Mary Stewart ne se débarrasse pas tout à fait du merveilleux. On retrouve le vieux sage. On est à la fin de sa vie. C'est une perspective récapitulative comme chez Michel Rio. L'expression de la subjectivité et une forme du lyrisme sont reliées à une forme de romantisme. C'est une manière de dessiner le personnage de Merlin qui est hérité du XIXème siècle avec l'inscription d'une subjectivité par la focalisation interne. C'est à la fois la figure de Merlin et du vieux sage mais en même temps c'est le témoin qui se souvient très bien de son propre passé. Or ce jeune temps, c'est justement la zone dans laquelle Mary Stewart est l'élément qui a été le moins détaillé par les auteurs médiévaux. C'est remplir les choses qui n'ont pas été abondamment détaillées. Merlin est privé de ce qui lui donne son caractère miraculeux. Ici il n'est pas question d'un Merlin immortel. C'est un vieillard susceptible de mourir. Blaise et Perceval ont disparu. Merlin nous parle à nous directement. Il est même pas question d'une écriture, c'est un monologue intérieur. Toute la question de l'écrit a disparu. Nous avons un accès direct à la pensée de Merlin. Tout l'édifice médiéval qui consiste à dire "je ne suis que le prédécesseur tel que ..l'avait appris...qui l'avait appris de...etc". Ici on n'a plus du tout cette manière de constituer une autorité mais on retourne à une autorité plus solide avec Merlin qui fait sa propre autobiographie. Mais c'est un mode de conception de la fiction qui aurait été incompatible avec l'esthétique d'avant....


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