Monnaie forte, monnaie faible PDF

Title Monnaie forte, monnaie faible
Author tching manihi
Course Science économique et sociale
Institution Lycée Général
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Summary

Divers...


Description

Monnaie forte, monnaie faible W. Duisenberg, premier président de la BCE, considérait qu’ « un euro fort est dans l’intérêt d’une Europe forte », ce que n’ont démenti ni J-C Trichet ni M. Draghi, même si l’inflexion récente de sa politique monétaire nuance quelque peu cette affirmation. La force ou la faiblesse d’une monnaie se lit dans le niveau et l’évolution de son taux de change. Une monnaie est forte quand son taux de change est supérieur aux taux de PPA ; elle procure un pouvoir d’achat supplémentaire aux agents nationaux. A l’inverse, une monnaie faible réduit le pouvoir d’achat en produits étrangers, mais rend les produits domestiques plus compétitifs. Une monnaie forte tend à attirer les capitaux étrangers, tandis qu’une monnaie faible fait courir un risque de change aux capitaux étrangers, risque qui ne peut être compensé que par une hausse du taux d’intérêt.

les 1960s. De plus, une monnaie forte inspire confiance et attire les capitaux, ce qui conduit à un excédent des flux financiers permettant le financement des déficits.

B) Inconvénient des monnaies faibles et fortes :

monnaies

-Une monnaie faible est un avantage sous des conditions strictes : le théorème de Marshall-Lerner , la capacité de l’offre à réagir favorablement à une hausse de la demande, la nonsubstitution aux importations. Les effets pervers sont nombreux ; on parle de « cercle vicieux des monnaies faibles ». Celles-ci favorisent l’inflation importée ce qui renchérit les prix coûts de production et dégrade la compétitivité ; à terme, cela affecte la balance commerciale et des paiements courants, justifiant ce faisant une nouvelle dépréciation de la monnaie. -Une monnaie forte doit affronter le paradoxe de Triffin : soit elle lubrifie la croissance mondiale, au risque d’un déficit et d’une perte de confiance, soit elle assure la confiance que l’on a envers elle au risque d’un « assèchement » de la liquidité mondiale.

A) Avantages des monnaies fortes et des monnaies faibles :

II- La globalisation depuis les 1980s a modifié la donne, en augmentant les contraintes qui pèsent sur les monnaies :

I- Avantages et fortes et faibles :

inconvénients

des

-Un taux de change sous-évalué soutient l’activité économique en rendant les produits nationaux plus compétitifs, et en contenant les importations. Une monnaie faible n’est toutefois un atout que si la valeur absolue des élasticités-prix des importations et des exportations est supérieure à 1, conformément au théorème des élasticités-croisées de Marshall-Lerner ; l’effet-volume l’emporte alors sur l’effet-prix. -Un taux de change surévalué donne un pouvoir d’achat élevé à la monnaie nationale, ce qui permet de financer les investissements à l’étranger. C’est ainsi que la Grande-Bretagne a pu devenir « prêteur évolué » (J-E Cairnes) au 19e siècle, et que les FMN américaines ont pu massivement investir en Europe dans

-La contrainte financière devient majeure, comme en témoigne l’échec des politiques françaises du début des 1980s. La relance Mauroy (1981) et les 3 dévaluations successives approfondissent la courbe en J (creusement de la balance commerciale) et accroissent l’inflation, tandis que la spéculation contre le franc s’accentue. La hausse du taux d’intérêt ne peut alors que ralentir la croissance. -Pour lever la contrainte financière qui pèse sur les monnaies faibles, les PED optent pour l’ancrage dans les 1990s, afin d’accroitre la confiance des investisseurs et prêteurs étrangers pour obtenir une réduction des primes de risque sur le taux de change et attirer les capitaux nécessaires au financement des investissements. Ce faisant, le taux de change devient une

variable financière en proie aux anticipations, dont le simple renversement engendre des comportements mimétiques de fuite devant la monnaie (« autoréférentialité », A. Orléan, De l’euphorie à la panique, 2009) ; cela a débouché sur de nombreuses « crises de change » à la fin du 20e siècle (en particulier la crise asiatique de 1997, avec le bath thaïlandais nominalement ancré sur le dollar). De plus, dans le contexte de globalisation, les variations du taux de change sont amplifiées à court terme par la spéculation et les anticipations qui peuvent entrainer un phénomène de « surréaction » (R. Dornbusch). -Dans les 1990s, l’Allemagne, confrontée au choc de la réunification, doit relever ses taux pour limiter les tensions inflationnistes, entrainant dans ce mouvement ses propres voisins. En marche vers l’euro, qui imposait le respect des critères de convergence nominale, la France est contrainte d’amender sa politique monétaire conformément au triangle des incompatibilités (R. Mundell) et de maintenir un taux d’intérêt supérieur à celui de l’Allemagne, ce qui se paye d’une faiblesse de l’investissement, d’un niveau élevé de « chômage wicksellien » (J-P Fitoussi) et d’une « croissance molle » (J-P Fitoussi). -Après avoir vaguement essayé de mettre en place la théorie des zones-cibles de Williamson lors des accords du Plazza (1985), les formes de coordination entre Banques centrales prennent fin, chacune intervenant sur les marchés des changes de manière isolée et ponctuelle. Une véritable « guerre des monnaies » (G. Mantega) se met ainsi en place. Elle met aux prises plusieurs grands pays, développés et émergents, qui cherchent dans la monnaie nationale l’instrument de la conquête commerciale. Les dirigeants chinois ont ainsi bien compris que maintenir le yuan renminbi faible constitue un avantage significatif, ce que déplorent les Etats-Unis. On a vu également les autorités monétaires suisses intervenir sur le marché des changes entre 2011 et 2014 pour enrayer l’appréciation jugée excessive du franc suisse, avant d’abandonner brusquement début 2015

leur politique d’arrimage à l’euro, créant alors une brusque déstabilisation des marchés, habitués à un certain guidage des anticipations (« forward guidance »).

III- Le débat euro faible/euro fort en Europe : A) Avantage et inconvénients de l’euro fort : L’euro est actuellement fort, car la zone euro est jugée attractive et solide par les investisseurs internationaux. Cela a des conséquences positives et négatives : Positives :  Permet d’importer moins cher les matières premières, en particulier le pétrole qui est libellé en dollar. Cela crée donc de la désinflation importée  Cela permet aux consommateurs d’importer moins cher, ce qui induit des gains en pouvoir d’achat  Cela pousse les entreprises à faire des efforts pour baisser leurs coûts et donc à rester compétitives Négatives :  Les produits européens coûtent plus cher, donc les exportations européennes diminuent, et les importations augmentent (car il devient plus intéressant d’acheter étranger)  Cela pousse à la délocalisation

B) A qui profite le crime ? -Le déficit commercial français en 2013 est de 61 milliards d’euros, tandis que l’Allemagne connait un excédent de 199 milliards d’euros. L’explication est la suivante. L’Allemagne est spécialisée dans le haut de gamme (un réseau de Mittelstand très développé), ses entreprises sont compétitives, donc elles profitent de l’euro fort pour importer moins cher les matières premières. Mais la France est spécialisée dans le milieu de gamme, sa compétitivité est plus faible ; elle subit l’euro fort. C’est la raison pour laquelle les économistes appellent de leurs

vœux des réformes structurelles en France pour améliorer la compétitivité, cad développer une offre productive en phase avec la demande mondiale (et notamment dans les nouvelles technologies). -Mais depuis le début 2015, le quantitative easing mené par la BCE, simultanément à la politique moins accommodante de la FED, a provoqué l’affaiblissement de l’euro.

Conclusion : La « doxa économique », faisant de la monnaie forte un atout et de la monnaie faible un handicap, est trop binaire, pour ne pas dire primaire, surtout avec la globalisation. L’expérience des 1920s-1930s a montré les effets dévastateurs de la guerre des monnaies, mais le monde actuel ne semble pas en avoir retenu les leçons : vouloir la jouer cavalier seul est un pari particulièrement risqué au regard de l’interdépendance des économies. Il est donc urgent de définir de nouvelles règles de ce bien commun qu’est le SMI, comme le préconisent M. Aglietta et V. Coudert dans Le dollar et le SMI (2014)...


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