Chapitre 4- Monnaie (Déf et formes) PDF

Title Chapitre 4- Monnaie (Déf et formes)
Course Macroéconomie
Institution Université Paris Dauphine
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I- MONNAIE, MASSE MONETAIRE, CREATION MONETAIRE ET DEVISES 1. Différentes approches de la monnaie. 1.1. Définition de la monnaie La monnaie est un signe de valeur. Elle exprime la mesure sur la base de laquelle les biens peuvent s’échanger, c’est-à-dire leur valeur d’échange. Ramenant les biens qui sont par nature différents à une grandeur commune, la monnaie peut donc s’échanger contre tous ces biens et servir ainsi d’équivalent général. En tant que signe, la monnaie est constituée de trois éléments : un support, un signe numérique et une unité de compte. - Le support. Il peut être matériel avec une valeur intrinsèque: biens d’usage, la plupart du temps précieux et divisibles (troupeaux, sel, métaux, notamment). Ou bien il est sans valeur intrinsèque et tend à perdre tout rapport avec celle-ci (papier, mémoire électronique). C’est sur le support que s’inscrivent le signe numérique et l’unité de compte, les deux autres éléments du signe monétaire. - Le signe numérique. Il s’agit de la notation d’un nombre, toujours entier : 1, 10, 20, 50, etc… Ce nombre indique la quantité d’unités de compte représentées par le signe monétaire. - L’unité de compte. Elle est désignée par le nom de la monnaie : franc, dollar, euro. Ce nom est associé à la communauté de paiement où la monnaie qui le porte est acceptée. Comme toute unité de mesure, l’unité de compte renvoie à une grandeur de référence Dans le cas de la monnaie, la grandeur de référence, a été traditionnellement un certain poids de métal précieux (cas de l’étalon de change-or, avec convertibilité de la monnaie en or). Aujourd’hui, cette grandeur de référence n’existe plus ; elle est remplacée par la pluralité des taux de change d’une monnaie avec les autres monnaies : euro contre dollar, yen, livre sterling, etc., par exemple. 1.2. Fonctions de la monnaie Lorsque l'échange dépasse le troc pour devenir monétaire, l’argent A permet la séparation dans le temps de l’échange de deux marchandises dotées de valeur d’usage distinctes, M contre M’ dans le cycle marchand simple M-A-M’ ; il permet même que celui qui vend M n’ait pas à déterminer à l’avance quelle marchandise M’ il achètera avec A, et à qui. Mais cette « facilité » exige que la monnaie soit dotée de plusieurs fonctions : A ne peut pas jouer  le rôle d'intermédiaire accepté (dans une société, un espace donnés) pour les échanges sans être simultanément aussi :  équivalent général ou étalon des valeurs dans lequel s’exprime la valeur d’échange commune de M et M’ ; et cet équivalent n'est accepté... que parce qu'il est aussi :  réserve de valeur permettant, on l'a dit, de différer dans le temps le pouvoir d'acheter qu'il représente. Il a donc fallu historiquement qu’émergent des conditions de commodité (divisibilité…) et surtout de confiance dans cet intermédiaire pour qu’il soit accepté, comme « lien social » dans des espaces plus larges. Les pratiques et la confiance sociale n’imposent pas les mêmes exigences à l’échelle locale, ou à celle d’un pays unifié par un pouvoir politique, ou encore entre différents pays. Et c’est pourquoi l’histoire économique a connu différents types de monnaies sur des espaces territoriaux différents - les plus « précieuses » (argent et surtout or) étant réservées à l’échelle où la confiance est la plus difficile à établir : celle des relations internationales. Ce qui fait la spécificité de la monnaie, sa capacité à servir comme telle, c'est de remplir simultanément les trois fonctions qui, ensembles, permettent de comprendre l’usage propre de la monnaie - intermédiaire aux échanges, étalon des valeurs, et réserve de valeur. Mais la façon dont ces fonctions se réalisent (sont validées) recouvre des relations sociales et spatiales et politique (quel pouvoir d'émission et de contrôle ?) évolutives.

1.3. Les formes de la monnaie. Elles ont évolué, dans l’espace et le temps en fonction des besoins des grands acteurs de l’économie marchande – Etats, commerçants, entreprises – en fonction aussi des crises et des régulations introduites… La monnaie marchandise a constitué le premier type de système monétaire parce qu’elle fournissait une réponse à la question de la confiance en un intermédiaire, équivalent général, et réserve de valeur. Le fait qu’il s’agissait d’une marchandise elle-même appréciée pour ses qualités et sa valeur intrinsèques, en tant que marchandise, a permis qu’elle acquière une nouvelle valeur d’usage, associée à ses fonctions monétaires. Ce qu'on appelle la monnaie fiduciaire (du latin fiducia la confiance) utilise comme support monétaire A non plus une marchandise-or acceptée en fonction de sa valeur intrinsèque (proportionnée à son poids), mais simplement du papier sur lequel est écrite la valeur faciale correspondante – les billets. Même quand les banques centrales ont acquis le monopole d’émission des « billets de banque » devenus monnaie nationale, la confiance dépendait encore de la convertibilité en or de cette monnaie – et ceci était, on l’a dit, essentiel pour que la monnaie-papier soit acceptée dans les échanges internationaux Les billets de banque sont donc au départ de simples certificats de dépôts d'or dans le coffre-fort d'une banque. Ces billets sont imprimés en série et pour un montant uniforme. Si un marchand A dépose une certaine quantité d'or (sous forme de pièces ou non), la banque X lui remet en échange un ticket de consigne, un certificat de dépôt, c'est-à-dire une reconnaissance de dette à travers les billets qu'elle lui remet. Au bilan de la banque, on trouve donc : Banque Actif Or 100

Passif Billets émis 100

La banque X reconnaît devoir cette somme, c'est une dette pour elle, et une créance pour celui qui détient ce certificat. Mais cette reconnaissance de dette est anonyme, elle est "au porteur", c'est-à-dire que celui qui la détient peut en demander la conversion en or à la banque X. Cet anonymat du billet de banque permet de le faire librement circuler, le marchand peut s'en servir pour payer ses achats. La condition indispensable pour cela, c'est que celui qui reçoit le billet l'accepte en paiement. Il faut donc qu'il ait une grande confiance pour accepter du papier. Les banques doivent donc avoir une certaine notoriété et être connues de bonne réputation pour que ce système fonctionne.

Le rôle des banques se modifie, avec la pratique du crédit.

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Certes, la surémission était courante en tant de guerre et de financement des politiques des Etats par la « planche à billets ». Mais, en dehors de ces cas-là, la gestion monétaire par les banques se confrontait en permanence à un dilemme : assurer à « l’économie » (entreprises en premier lieu…) les financements dont elle avait besoin, de façon dynamique (c'est-à-dire en anticipant des résultats permettant le remboursement des avances…) ; préserver le pouvoir d’achat de la monnaie – c’est-à-dire certains équilibres macroéconomiques complexes entre production (réalisée) et monnaie en circulation…

Lorsque les billets étaient convertibles en or (ce fut le cas jusqu'à l'entre deux guerres mondiales... en dehors des phases de crise), les billets en circulation, qu’ils soient certificats de dépôts d'or ou associés à un crédit, ne se distinguent pas les uns des autres dans leurs formes et fonctions. La monnaie de crédit a une « réalité » tangible : elle est utilisable tout autant que la monnaie contrepartie du dépôt, pour l'achat de n'importe quel bien ou l'apuration d'une dette... Elle n'est pas fictive, de ce point de vue. L’ensemble est convertible en or et représente donc la monnaie en circulation.

Banque Actif Or 100 Crédits 100

Passif Billets émis 200

Pourtant, la monnaie de crédit, gagée sur l'or, ou s'émancipant plus tard de lui (sous contrainte de régulations publiques plus ou moins strictes...), introduit une différence majeure qui peut ensuite se décliner dans des scénarios très divers : elle est une création monétaire associée à une créance, donc remboursable. Il s'agissait de ce point de vue d'une monnaie provisoire. Le remboursement, s’il a lieu normalement, mettra fin à son existence. Or, dans le cadre d'un système de monnaie convertible en or, le crédit, impliquait qu'il n'y avait plus stricte équivalence entre stock de billets et stock d'or : si tous les détenteurs de tous les billets en circulation venaient convertir leurs billets (quelle qu’ait été leur origine) en or, il y avait « crise de liquidité » (impossibilité des banques d'assurer le remboursement des dépôts d'or de leurs clients). La faillite en chaîne des banques impliquait l'obligation pour les autorités de décréter « cours forcé », qui a « habitué » de fait les sociétés à l’utilisation d’une monnaie « fiduciaire » en laquelle il fallait avoir confiance indépendamment de sa valeur intrinsèque. Les crises monétaires (de liquidité) exprimaient une surémission potentielle par rapport au stock d'or. Surémission « potentielle » parce que n’apparaissant qu’en temps de crise. La question s’étendra évidemment logiquement aux formes ultérieures que prendra l’émission de monnaie de crédit par les banques : la monnaie scripturale… Sur le plan historique, on peut simplement ajouter ici que ce risque de surémission s’est généralisé au début du XXème siècle, notamment avec la première guerre mondiale, qui va faire décoller de façon colossale (et inégalement répartie selon les pays) l’émission de monnaie par rapport aux réserves d’or. Le système de monnaie fiduciaire va alors connaître un nouveau stade dans son évolution. En 1914, on en vient à l’instauration d’un cours forcé durable des billets, ce qui signifie que les billets deviennent inconvertibles en or, malgré plusieurs tentatives de sauver le système de l’étalon or par un « pool de l’or ». La deuxième guerre mondiale parachèvera la fin du système, en même temps qu’avec la montée en force des Etats-Unis aux dépends du Royaume-Uni, ancienne grande puissance industrielle, le dollar (seul convertible en or dans le système de Bretton Woods) tend à supplanter le rôle de la livre-sterling dans les échanges mondiaux.

- La monnaie scripturale Après la monnaie marchandise et la monnaie fiduciaire, la monnaie scripturale correspond au troisième stade de l’élaboration d’un système monétaire et bancaire. Cette forme de monnaie vient en complément des précédentes – et, à nouveau, en réponse à des besoins émanant de l’économie. Elle a des répercussions majeures sur l’organisation du système bancaire. La monnaie scripturale n’est pas tangible, elle n’a pas de support matériel et elle correspond donc à une dématérialisation accrue de la monnaie. Elle consiste en l’ouverture d’un compte par une banque pour un client. Ce compte bancaire permet l’écriture comptable des différentes opérations effectuées par le client, d’où le qualificatif de "scripturale". Ces écritures peuvent être des dépôts d'autres formes monétaires (billets) et leurs retraits ; mais elles peuvent aussi correspondre à des virements entre comptes, comme lorsqu'une personne veut en payer une autre en virant d'un compte à l'autre la somme correspondante. On voit dans ce dernier cas que le financement de l'activité et des échanges peut se faire sans circulation physique, donc sans passage par la forme monnaie-papier (billets de banque). Sur le plan historique, c'est bien le fait que la monnaie scripturale a l’intérêt d'éviter l'utilisation de la monnaie de papier qui explique son développement. Elle a permis en effet aux banques qui ont perdu le droit d'émission monétaire en billets, de pouvoir travailler en répondant aux besoins de leurs clients avec cet autre type de monnaie. Au plan global, ceci a donc permis de financer le développement économique malgré la rareté relative des billets lorsque ceux-ci étaient soumis à des politiques restrictives. En effet, cette autre monnaie qu'est la monnaie scripturale peut, comme autrefois les billets face à l’or, représenter des dépôts de billets (ou d’or) ; mais elle peut aussi et surtout être créée en contrepartie d'un crédit bancaire, c'est-à-dire ex nihilo. Mais à la différence de la monnaie de papier (les billets de banque), la monnaie scripturale n'a pas de cours légal. Elle peut fonctionner par simple jeu d’écriture : Banque Actif Créances 100

Passif Dépôt à vue (DAV) 100

Sa circulation peut aussi être facilitée par des supports qui ne sont pas en tant que tels de la monnaie virements, chéquiers, cartes bancaires....


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