Umberto Boccioni, Formes uniques dans la continuité de l’espace PDF

Title Umberto Boccioni, Formes uniques dans la continuité de l’espace
Author margot sentune
Course Histoire des arts
Institution Université de Lille
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commentaire sur cette oeuvre d'Umberto Boccioni...


Description

Umberto Boccioni, Formes uniques dans la continuité de l’espace, 1913, bronze, 111,44 × 88,9 × 40 cm, MoMA, New York.

Licence HAA L2-S3-BCC1-UE2- Apprentissage en HA contemporain SENTUNE Margot groupe 3, licence histoire de l’art numéro étudiant: 42002827

SOMMAIRE

I. Introduction……………………………………………………………….. II. Une continuité des formes par le mouvement …………………….. a. Une représentation non réaliste de l’homme marchant……………....……… b. Une addition de vue successive……………………………………………

III. Un homme nouveau qui marche vers l'avenir …………………… a. Une figure aérodynamiquement déformée par la vitesse……………………. b. Un Homme mécanique……………………………………………………

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IV. Conclusion ………………………………………………………….. 6 V. Bibliographie ………………………………………………………… 7 VI. Annexe …………………………………………………………….... 8-10

I.

Introduction

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Le 11 avril 1912, l'artiste italien Umberto Boccioni (1882-1916) publie son Manifeste Technique de la sculpture futuriste. Il ne s'était pas encore pleinement engagé à être sculpteur et pourtant, il sculpta une œuvre complexe considérée comme un chef d'œuvre du futurisme. Formes uniques dans la continuité de l'espace ( cf. Ann. Fig.1) est une sculpture en bronze d'Umberto Boccioni de 111,44 × 88,9 × 40 cm, qui est conservée au MoMa à New York. Cette sculpture, réalisée en plâtre dans un premier temps, fût coulée en bronze en plusieurs exemplaires après la mort de l’artiste et fût exposée au MoMa à New York. Cette sculpture représente une homme debout, un pied devant l’autre qui semble marcher. Pour les avant-gardes du début du XXe siècle, l’art se doit de représenter la société contemporaine. Pour cela, les artistes essayent alors d’inventer de nouveaux moyens artistiques qui transposent les caractéristiques de la civilisation industrielle. Comment, dans sa sculpture, Umberto Boccioni, arrive-t-il à rendre le mouvement visible avec des formes fixes? Nous verrons que l'œuvre se construit par une matérialisation du mouvement d’un corps humain, qui est porté par une addition ininterrompue de vues successives qui lui donne l’image d’un homme mécanisé.

II.

Une continuité des formes par le mouvement a. Une représentation non réaliste de l’homme marchant

Il s’agit ici d’une sculpture en bronze d’un homme qui marche (Cf. Ann. Fig.1;2;3.). Boccioni a tenté de rendre compte du mouvement de la marche en créant des formes qui dépassent la silhouette de la figure. Les formes semblent s'étirer grâce à la vitesse du personnage. Boccioni ne donne pas d’indication sur le sexe du sujet. La statue lisse est dépourvue de tout détail anatomique, comme par exemple, les mains ou le visage. Seules les formes générales du corps humain comme la tête, le buste sans bras, puis deux jambes sont gardées. La position des jambes, l’une devant l’autre, renvoie à l'idée de mouvement vers l’avant; d’un homme qui marche. La sculpture n’est cependant pas abstraite, elle est iconicité. Même si la représentation n’est pas réaliste et joue sur des formes modifiées, on peut tout de même reconnaître la silhouette d’une homme à l’exergue de sa tête qui, à son avant, prend la forme d’une croix et semble surmonté d’un casque. Les membres sont épais et peuvent rappeler une musculature importante derrière une armure de couleur métallique et brillante. On remarque que les pieds du personnage sont posés sur deux petits socles en forme de pavés

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qui font partie de l'œuvre. La sculpture prend la forme d’un corps humain en mouvement qui est l’un des sujets principaux du travail de Boccioni. L’artiste, ainsi que la plupart des artistes futuristes, ont un désir de capturer les qualités dynamiques de la vie moderne. Ici, Boccioni arrive tout à fait à représenter le mouvement d’un marcheur avec l'utilisation de formes géométriques et abstraites. On reconnaît que le sujet en lui-même est le mouvement et que l’artiste nous le fait comprendre en utilisant une figure humaine comme support. D'autres artistes, avant lui, ont également travaillé sur ce sujet, notamment Auguste Rodin avec Homme qui marche de 1907 (Cf. Ann. Fig. 4.). Ici, Rodin veut traduire le mouvement à travers une figure humaine, mais, il le fait d’une façon différente, avec un nouveau regard sur la sculpture antique. On parvient à voir cette idée de mouvement par le grand réalisme des muscles qui se tendent pendant qu’il marche. Les deux œuvres abordent la même thématique tout en ayant réalisé leur figure humaine debout, avec un pied en avant, tous les deux sans bras. Cependant, l’idée de mouvement se lit d’une façon complètement différente. Boccioni utilise des formes géométriques et abstraites qui dépassent le volume du corps alors que Rodin exécute son œuvre avec un grand réalisme et un souci du détail dans les muscles pour faire comprendre que son homme marche. b. Une addition de vue successive

La figure est tellement déformée et cassée qu’elle disparaît dans un flou de son propre mouvement. Les futuristes cherchent en particulier à exprimer le dynamisme de la vie moderne : ils considèrent que le mouvement et la vitesse sont les phénomènes les plus significatifs du XXe siècle. Le thème traité dans cette œuvre est le pur dynamisme du corps humain, ainsi que la continuité indivisible d'un mouvement. Et c'est avec la chronophotographie, qu’Umberto Boccioni puise ses idées. La chronophotographie est une nouvelle technique scientifique inventée par Étienne Jules-Marey et Eadweard Muybridge en 1882. C’est une technique photographique qui consiste à prendre une succession de photographies à intervalles de temps réguliers, et, qui permet alors de décomposer le mouvement. Dans Course d'un homme, une chronophotographie de 1883 d’Etienne Jules Marey, le corps est complètement décomposé et les mouvements du corps de l’homme sont bien distincts à chaque moment (Cf. Ann. Fig 5.). L'œuvre de Boccioni se caractérise en effet par une fragmentation dramatiquement tendue des surfaces. Il essaye de capturer cette idée de succession d’image afin de transmettre 3

le mouvement du corps. Ici, toutes ces images se chevauchent comme si elles étaient doublement exposées. La sculpture devient un flou de son propre mouvement. Quand nous regardons la sculpture plus précisément, nous pouvons réellement commencer à décomposer certaines parties du corps en fonction des lignes. Nous avons l’impression de voir un succession de muscles qui se chevauchent et qui se déploient, comme la musculation des ischios jambiers, les mollets ou les muscles fessiers. Les hanches se déplacent d’avant en arrière ainsi que les muscles et membres se répètent. Tous les muscles se tendent et poussent vers l’avant. Il essaye également de capturer une sensation de mouvement dans le visage. Il le simplifie et utilise une forme de croix pour nous rappeler le visage des yeux jusqu'au menton.

III.

Un homme nouveau qui marche vers l’avenir

a. Une figure aérodynamiquement déformée par la vitesse

Dans Formes uniques de continuité dans l’espace (Cf. Ann. Fig 1;2;3.), la figure est aérodynamiquement déformée par la vitesse. Boccioni a exagéré le dynamisme du corps pour qu’il incarne l’envie de progresser. La figure est modélisée à partir de l'air, ce qui crée ainsi un corps aérodynamique. Boccioni met en évidence les effets formels et spatiaux du mouvement plutôt que leur source. Si on reprend l’exemple des sculptures de Rodin ou des grands maîtres du classicisme antique, les sources du mouvement sont rendues visibles par les muscles tendus, la contorsion des corps et une grande expressivité. Ici, Boccioni nous montre réellement l’effet spatial du mouvement; ce qui se passe dans l’espace plutôt que d'où vient le mouvement. Il va donc décomposer des blocs de mouvement et les convertir en courbes qui dépassent la forme d’un corps humain, avant de les rassembler comme une figure en marche vers l’avant. Comme l’artiste lui-même l’a déclaré, les formes uniques de continuité dans l’espace étaient une «continuité synthétique» du mouvement; une image de l'homme marchant continuellement vers un nouveau monde, vers le futur. Ce mouvement compose un espace essentiellement dynamique, continuellement transformé par l’action humaine. Cette œuvre témoigne d’une continuité des formes, dans et par le mouvement. Elle exprime l’immédiateté sensible du présent en montrant l’impossibilité de le saisir pleinement par une découpe en instants. Bien plus encore, cette sculpture exprime la vitesse, la lumière, le temps et l’espace qui préfigure l’être. La sculpture de Boccioni n’est pas la représentation d’un corps humain

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en mouvement. Elle est un mouvement, qui détermine l’organisme vivant à chaque instant. Boccioni essaye de capturer ce mouvement dans un support dans lequel le mouvement n’a jamais été capturé avant. Alors, il utilise ces idées cubistes pour décomposer le mouvement au lieu de décomposer l’analyse de la forme. On peut le voir chez Marcel duchamps par exemple avec Nu descendant l'escalier II réalisé en 1912 (Cf. Ann. Fig. 6.) qui s’inspire de ces idées cubistes en reprenant également le principe de la chronophotographie en décomposant le modèle nu dans les escaliers. C’est une véritable peinture cinétique, caractérisée par la représentation simultanée des différents mouvements d’une figure mécanisée. b. Un homme mécanique

Ce marcheur traduit le déplacement dans l'espace par des lignes qui brisent l'unité de la masse. Il reste seulement comme référence à la tradition, l'emploi du bronze. Le bronze est un matériau noble, toujours utilisé dans la statuaire depuis l’antiquité. Ici, il nous renvoie à une sorte de matière mécanique et très industrielle qui joue sur les reflets de la lumière. Le travail du bronze se développe à travers l'alternance des reliefs, des solides et des vides qui génèrent un clair-obscur fragmenté et discontinu. La sculpture peut refléter les idées du corps mécanisé qui sont apparues dans les écrits futuristes, ainsi que le « surhomme » envisagé par le philosophe Friedrich Nietzsche. Ici, Umberto Boccioni évoque clairement l'aspect d’un corps technologique, mécanique. En effet, le Futurisme apparaît à une époque de bouleversements idéologiques dans la culture européenne. Le culte du progrès et de la science débouche donc sur l'apparition d’un corps artificiel, identifié à la machine. Ce corps est métamorphosé en une machine métallique, une fusion entre la chair et le métal qui nous permet d’imaginer un corps dur, immunisé contre les menaces, un être à la psychologie inhumaine et au corps impénétrable. L'artiste représente une multitude de formes censées figurer un homme mais cette déshumanisation correspond à une mise à l'écart de l’homme qui sera remplacé par un corps artificiel: c’est une sorte de surhomme avec un corps dystopique. Lorsque l'on se place en face de la sculpture, c'est-à- dire devant son visage, on ne reconnait plus la figure humaine. Nous avons juste l’impression de nous trouver devant un amas de formes désorganisées métalliques qui semble en effet être une machine. Les deux blocs de bronze sur lesquels ses deux pieds se posent semblent vouloir le mettre en valeur en nous faisant penser que l'homme

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est né de ce bloc de matière métallique qui se rapporte au progrès, à la science ou encore la technologie.

IV.

Conclusion Formes uniques dans la continuité de l’espace résulte de la superposition des

mouvements et de la compénétration des formes. La figure humaine représentée peut être vue comme une idéalisation de l’homme futuriste, un pied dans un présent qu’il fuit, et l’autre dans un avenir qu’il conquit. Le futurisme va influencer d’autres mouvements qui reprendront l’idée du dynamisme et de la machine. En France par exemple, Raymond Duchamps-Villon met en relation la machine et l’espèce vivante (ici, le cheval). Dans Le cheval majeur en 1914 (Cf. Ann. Fig. 7.), il décompose la modèle à la manière cubiste mais en transforme les parties en éléments mécaniques. Formes uniques dans la continuité de l’espace est une des plus célèbres sculptures italiennes. Si célèbre qu’elle est reproduite au verso de la pièce italienne de 20 centimes de 2002 à 2007(Cf. Ann. Fig. 8).

Bibliographie

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Ouvrages: LISTA Giovanni, Le futurisme, Paris, Fernand Hazan, 1985. LISTA Giovanni, Le Futurisme, textes et manifestes 1909-1944, s.l, Champ Vallon, 2015.

Catalogues d’expositions: CLIMENT-DELTEIL Pascal, « Ecriture et création artistique chez Umberto Boccioni », Ligeia, Paris, vol. 19, n° 69-72, Jul-Dec 2006, p. 27-34, 256. https://www-proquest-com.ressources-electroniques.univ-lille.fr/citedreferences/MSTAR_11 51317619/F30DC8DB3B31480CPQ/1?accountid=14563 (consulté le 30 Sep. 2021)

DELACROIX Bertrand, « La perspective dynamique », Ligeia, Paris, 2008 vol. 21, n° 81-84, 2008, p. 8-20,239. http://proxy.scd.univ-lille3.fr/login?url=https://www-proquest-com.ressources-electroniques. univ-lille.fr/scholarly-journals/la-perspective-dynamique/docview/1237172836/se-2?accounti d=14563. (consulté le 3 oct 2021)

LISTA Giovanni, « Vitesse, technologie, photographie dans le futurisme », Ligeia, Paris, vol. 30, n° 153-156, Jan-Jun 2017, p. 46-72. https://www-proquest-com.ressources-electroniques.univ-lille.fr/docview/1869320385/fulltex t/8A156B2C336A4AB9PQ/1?accountid=14563 (consulté le 29 sept 2021)

TOURNAY Virginie. « Introduction. - L’institution. Formes uniques de continuité dans l’espace », Penser le changement institutionnel. Essai sur la logique évolutionnaire, Presses Universitaires de France, Paris, Hors collection, 2014, p. 3-38. https://www.cairn.info/penser-le-changement-institutionnel--9782130594499-page-3.htm ( consulté le 3 oct 2021)

Annexe

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Figure 1: Umberto Boccioni, Formes uniques dans la continuité de l’espace, 1913, bronze, 111,44 × 88,9 × 40 cm, MoMA, New York. © Archives Larbor, Arborio Mella

Figure 2: Umberto Boccioni, Formes uniques dans la continuité de l’espace, 1913, bronze, 111,44 × 88,9 × 40 cm, MoMA, New York. © Archives Larbor, Arborio Mella

Figure 3: Umberto Boccioni, Formes uniques dans la continuité de l’espace, 1913, bronze, 111,44 × 88,9 × 40 cm, MoMA, New York. © Archives Larbor, Arborio Mella

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Figure 4: Auguste Rodin, Homme qui marche, 1907, bronze, 213,5 x 71,7 x 156,5 cm, musée Rodin, Paris © Agence photographique du musée Rodin - Jérome Manoukian

Figure 5: Étienne-Jules Marey, Walking, 1883. Chronophotographie © Zeno.org

Figure 6: Marcel Duchamp, Nu descendant l’escalier n°2, 1912, Huile sur toile, 146X89 cm, Philadephia Museum of Art © Khan Academy.

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Figure 7: Raymond Duchamp-Villon, Le Cheval majeur, 1914 / 1976, bronze, 150 x 97 x 153 cm, centre Pompidou © Philippe Migeat

Figure 8: Pièce de vingt centimes d’euro, Or nordique, Italie, 2002-2007 © Ma collection de monnaies

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