Analyse Alcools Apollinaire PDF

Title Analyse Alcools Apollinaire
Course Littératures Plurielles
Institution Université de Toulon
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Summary

Sujet de type CAPES lettres modernes...


Description

Grammaire du français moderne et stylistique

Texte Salomé 1 2 3 4

Pour que sourie encore une fois Jean-Baptiste Sire je danserais mieux que les séraphins Ma mère dites-moi pourquoi vous êtes triste En robe de comtesse à côté du Dauphin

5 6 7 8

Mon cœur battait battait très fort à sa parole Quand je dansais dans le fenouil en écoutant Et je brodais des lys sur une banderole Destinée à flotter au bout de son bâton

9 10 11 12

Et pour qui voulez-vous qu’à présent je la brode Son bâton refleurit sur les bords du Jourdain Et tous les lys quand vos soldats ô roi Hérode L’emmenèrent se sont flétris dans mon jardin

13 14 15 16

Venez tous avec moi là-bas sous les quinconces Ne pleure pas ô joli fou du roi Prends cette tête au lieu de ta marotte et danse N’y touchez pas son front ma mère est déjà froid

17 18

Sire marchez devant trabants marchez derrière Nous creuserons un trou et l’y enterrerons

19 20 21 22 23

Nous planterons des fleurs et danserons en rond Jusqu’à l’heure où j’aurai perdu ma jarretière Le roi sa tabatière L’infante son rosaire Le curé son bréviaire Guillaume Apollinaire, Alcools (1913). Questions : Orthographe et lexicologie : refleurit (v. 10) Syntaxe : les constructions verbales (des v. 1 à 8 et 13 à 16) Stylistique : Formes et enjeux de la subjectivité énonciative Notes : - marotte : sceptre du fou, surmonté d’une tête et garni de grelots. - quinconce : esplanade plantée d’arbres disposés par groupes de cinq. - trabant : hallebardier suisse ou scandinave. Jean-Baptiste, prophète juif du temps du roi Hérode, eut la tête coupée après que la femme d’Hérode eut poussé sa fille Salomé à danser devant le roi. Comme le roi, charmé, lui promit de lui offrir en récompense ce qu’elle voulait, celle-ci demanda la tête de Jean-Baptiste à la demande de sa mère, à qui Jean-Baptiste avait reproché d’avoir quitté son mari (frère d’Hérode) pour épouser son beau-frère qui était aussi son oncle. Jean-Baptiste prêchait au bord du fleuve Jourdain où il baptisait et annonçait la venue du Messie.

« Refleurit » : Ce mot a été formé par dérivation proprement dite : procédé qui consiste en un ajout d'affixes à un radical. Le radical est le substantif féminin « fleur ». A cela a été ajoutée la terminaison verbale à la P3 « -it » issue des verbes du 2ème groupe en -ir. Cela permet de créer l’occurrence verbale « fleurit » à la P3. Ajout ensuite du préfixe re-, correspondant à l’idée de marquer une action qui se répète. Le sens du mot sera celui de « fleurir à nouveau ». v.1 à 8 : Conditionnel : je danserais v.2 Présent de l’indicatif : « dites-moi », « vous êtes » v.3 Imparfait de l’indicatif : « battait » v.5, « dansais » v.6, « brodais » v.7 -> effet de nostalgie v.13 à 16 : Présent de l’indicatif REPRISE COMMUNE : 1. a) Phonogrammes simples : Transcription API de « refleurir » : [rəfløri] On peut distinguer consonnes et voyelles. On a deux occurrences de /r/. Le graphème transcrit le phonème consonantique /f/ et le phonème /l/. Graphème qui transcrit le phonème vocalique /e/. Ce peut être caduc et se prononce ici. On l’appelle aussi généralement atone car l’accent ne tombe jamais sur ce phonème. Il a une fonction phonogramique. On a un cas de phonogramme composé qui est le digramme [ø] b) Morphogrammes : Ce sont des graphèmes qui transcrivent des morphèmes. C’est souvent ce que l’on appelle des grammèmes. Ce sont des unités de morphèmes grammaticales flexionnels qui servent à fléchir les mots existants et dérivationnels qui servent à créer des mots nouveaux. On peut mettre en évidence deux morphogrammes. Le premier est le /t/ qui transcrit uniquement un morphème de flexion verbale (conjugaison), plus spécifiquement une personne. Le t final est un morphème de personne (P3) pour les verbes de classe 2. Le second est le /i/ qui a une valeur phonogramique et une valeur morphogrammique. C’est un morphème flexionnel qui permet de créer des verbes. Ce sont des verbes à deux bases, une longue et une courte. La base longue est celle qui accompagne le /isse/. Il transcrit un morphème de dérivation et permet de créer un verbe à partir d’un nom. II. Morphologie C’est un mot construit. On peut identifier plusieurs morphèmes lexicaux. Ce verbe a été dérivé à partir d’une base lexicale donnée à partir d’ajouts d’autres morphèmes. On part du radical qui est le nom commun fleur. On lui ajoute le suffixe -i qui sert à créer des verbes à partir d’une base nominale, on obtient le verbe fleurir. On ajoute à cette base verbale le préfixe -re qui est intra-catégoriel. Il ne cherche pas à changer la catégorie grammaticale. Re-((fleur)NC-i)V)V III. Sémantique A) Le sens en langue Le préfixe -re évoque le renouvellement avec un verbe dérivé qui désigne « se couvrir à nouveau de fleurs ». Le verbe fleurir connait deux emplois. On a un emploi où le sujet est humain et où fleurir signifie couvrir quelque chose de fleurs ou garnir quelque chose de fleurs. Son deuxième emploi est intransitif, son sujet n’est pas humain. Il se développe et fait à nouveau des fleurs. Ex : Un arbre fleurit. B) Le sens en contexte Le bâton présenté dans le texte ne peut refleurir. Ces fleurs peuvent avoir une valeur symbolique qui semble paradoxale au vue de la nature du sujet. Cela s’oppose au lys qui se fane au vers suivant. On a une sorte d’antonymie entre « refleurir » et « se flétrir ». On constate l’isotopie des fleurs, du végétal. Elle est liée à l’isotopie du renouveau, de la vie qui renait. II. Syntaxe Chapitre 8 de la GMF : Le verbe et ses fonctions Les compléments essentiels du verbe et valentiels. Les constructions verbales sont les compléments que construit le verbe. Il faut différencier les constructions du verbe et les compléments qui ne sont pas construits et programmés par le verbe et qui pourraient être utilisés par un autre verbe. Il faut indiquer 3 types de constructions. Les constructions dites transitives, intransitives et attributives. Verbe en construction transitive : le verbe transcrit un ou plusieurs compléments Verbe en construction intransitives : Manière autonome sans compléments Verbe en construction attributives : Le verbe sert à relier entre eux un groupe de compléments, et le sujet.

A) Les verbes en emploi intransitif Le verbe « danser » v.2, 6 et 15 « Mieux que les Séraphins » v.2 : complément accessoire Aux vers 2 et 6, on a des circonstants. V.5 : « battre » c’est un verbe habituellement en emploi intransitif. Cela désigne généralement quelque chose d’animé. On a ensuite deux compléments qui sont des compléments circonstanciels de manière. V.8 : « flotter » : Il n’implique pas d’autres actants que le sujet. V.14 : « pleurer » : Pas de complément essentiel du verbe. V.1 : « sourire » : C’est un emploi intransitif (Jean-Baptiste) V.6 : « écouter, en écoutant » : Le contexte permet de ne pas réaliser ce deuxième actant programmé par le verbe. Ce qu’écoute Salomé est la parole de Jean-Baptiste. C’est un emploi intransitif interprétable comme l’effacement qui permet le cotexte d’emploi du verbe. B) Les verbes en emploi transitif a) Les verbes à un seul complément essentiel v.13 « venez tous là-bas sous les quinconces ». Venir est un verbe de mouvement avec lequel on attend l’aboutissement du mouvement. v.15 « prends cette tête » : Cette tête est le complément du verbe prendre. v.16 « n’y touchez pas » : Le pronom adverbial « y » est le substitut d’un GN introduit par la proposition « à » dans « à cette tête ». C’est une construction transitive indirecte. v.7 « Je brodais des lys » : « sur une banderole » est un complément essentiel. b) Les verbes à deux compléments essentiels v.3 « ma mère dites-moi… » : On a deux compléments : « quelque chose » est le premier complément d’objet direct et « moi » qui pronominalise en construction indirecte. c) Cas particuliers v.8 « Destinée à flotter » : A l’actif le verbe destiner est un verbe construit de manière transitive avec deux compléments. Au passif, le complément direct est « au bout de son bâton ». C) Les verbes en emploi attributif v.3 et 16 « est » : « Triste » est l’attribut du sujet « vous ». « Déjà froid » est l’attribut du sujet « son front ». C’est un verbe qui copule et qui sert à attribuer une propriété au sujet. III. Stylistique Comment par un recours aux formes de la poésie populaire associée à des références savantes, le poème réécrit la légende de manière singulière à travers la figure et la voix ambivalentes de Salomé ? On associe cette problématique du rapport entre collectif et singulier avec la notion de voix. Le locuteur est celui qui prend en charge tous les éléments de subjectivité énonciative dans le texte. On est à travers ce poème Alcools dans la modernité du début du XXème siècle avec Apollinaire qui se revendiquait de l’héritage de Ronsard, et dans la poésie symboliste. A. Un poème d’apparence simple -On part de ce qui semble le plus évident, la plus descriptive possible. La versification est globalement régulière. -Lexique et syntaxe simples. -Les éléments qui évoquent le côté populaire. La notion peut faire référence au style simple et au style bas. B. Une énonciation originale On revient à la singularité. On va s’intéresser à l’instance énonciative principale avec la voix de Salomé, le locuteur premier du texte, ainsi qu’aux phénomènes de temporalités qui font apparaitre une hétérogénéité particulière, avec un système de référence antique et moyenâgeux. C. Une représentation sémantique complexe On va approfondir la question de la voix de Salomé et des émotions suscitées par le poème à travers ce que dit Salomé. On parlera du fonctionnement allusif qui va permettre de mettre en lumière cette dimension symboliste....


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