Bilan ONU PDF

Title Bilan ONU
Author Mathieu Le guern
Course Droit des relations économiques internationales
Institution Université de Montpellier
Pages 6
File Size 96.7 KB
File Type PDF
Total Downloads 89
Total Views 154

Summary

Bilan ONU...


Description

BILAN SUR L’ONU Ce bilan s’articule autour de 5 points. 1) LES CRITIQUES FAITES HIER A LA SDN SONT-ELLES APPLICABLES A L’ONU AUJOURD’HUI ? La SDN est évidemment marquée par l’échec de la sécurité collective puisqu’elle a failli à son devoir en laissant éclater la Seconde guerre mondiale. L’ONU en sa digne héritière a dissout la SDN et les services, les mandats et les propriétés de la SDN furent transférés à l’ONU. S’il est vrai que certaines critiques reviennent à l’égard de l’ONU, il est tout de même important de souligner les avancées de l’ONU par rapport à la SDN. Tout d’abord on peut remarquer la qualité indéniable de l’ONU, la différenciant de la SDN, c’est son universalité. L’ONU actuelle ne peut être critiquée comme l’a été la SDN sur sa composition. L’ONU peut prétendre à la représentativité du monde actuel. Autre point qui est une avancée, l’ONU a mis en place et utilisé le mécanisme de l’unanimité. Celle-ci a été relativisée par la mise en place d’un système majoritaire et si dans la charte de l’ONU le vote positif des cinq membres permanents est nécessaire, en réalité une abstention de l’un d’entre eux ne bloque pas le processus. Malgré ces avancées, certaines critiques sont toujours d’actualité : Première critique, l’absence de forces armées propres à l’ONU. Pourtant, en 1919, la France avait proposé de créer une force de police internationale chargée de faire appliquer les sanctions de la SDN, ce projet a échoué. Il est vrai qu’aujourd’hui un bras armé propre à l’ONU pourrait être utile. Le seul « bras armé » de l’ONU sont les « Casques bleus » qui reposent sur le volontariat des Etats. Le problème d’une force armée de l’ONU est qu’elle implique un Etat-major, du coup la souveraineté sur l’armée appartiendrait à l’ONU. Autre critique, la domination de l’ONU par les grandes puissances. A l’époque, la SDN était dominée par la France et la Grande-Bretagne, et aujourd’hui l’ONU est dominée par les privilèges de ce qu’on appelle le « club des 5 ». Ce problème rejoint la question de la représentativité. 2) L’ONU EST-ELLE CAPABLE DE DEPASSER LES ETATS ? On peut se demander si les Nations unies, seule organisation universelle à ce jour, sont capables de dépasser les Etats. A l’heure actuelle, la réponse semble être négative. L’ONU n’a pas acquise une capacité d’action propre et reste encore dépendante des Etats qui la composent. L’ONU ne peut pas agir indépendamment des Etats puisque ce sont eux qui l’animent, en fait c’est un simple outil entre les mains des Etats membres. L’ONU fait ce que les Etats veulent qu’elle fasse. Pour que l’ONU agisse, encore faudrait-il que les Etats s’accordent entre eux. Historiquement, la Guerre froide a été une bonne illustration de la paralysie du Conseil de sécurité. Aujourd’hui nous ne sommes plus dans le même contexte, mais il arrive que l’ONU ne remplisse pas son

mandat tel qu’elle le devrait car sa marge de manoeuvre est limitée par les Etats-membres. Que ce soit pour des questions d’intérêts nationaux ou pour des questions d’alliance, le droit de veto ou sa simple menace restent encore utilisés bloquants ou retardant l’action du conseil (Cas du Darfour et actuellement pour la Syrie). En fait, le problème de l’ONU est que dans certaines situations les Etats se retrouvent à la fois juges et partis. L’ONU se retrouve soumise à la volonté des Etats et ne peut pas les dépasser. Finalement, l’échec des grandes tentatives de réformes le prouvent, chaque Etat cherche encore à défendre ses intérêts propres et il n’existe pas encore de visions globales qui rassembleraient tous les Etats dans une sorte de consensus mondial pour aller vers un intérêt commun. Chaque Etat s’accroche à ses privilèges acquis ou alors essaye d’en acquérir. Par exemple, les cinq Etats membres ne veulent pas abandonner leur privilège de droit de veto, et donc les Etats africains ont fait également échouer un projet de réforme car ils réclamaient un siège non-permanent supplémentaire. Il y a une ambivalence entre ceux qui ont les privilèges et ceux qui essaient d’acquérir des privilèges. Quelques éléments de réforme ont cependant abouti, mais il manque encore ce consensus mondial qui permettrait de faire une réforme cohérente et optimale de l’ONU. Finalement, le secrétaire général est également dépendant de la volonté politique des Etats. Il n’a pas de pouvoir coercitif. Sans les Etats, l’ONU reste une coquille vide. Ce sont eux qui la dirigent, et l’ONU en tant que tel ne peut imposer de décision à aucun Etat dans le sens où les décisions que l’ONU prend sont des décisions prises par les Etats. L’ONU est plutôt un forum d’échange mondial entre Etats. L’élément clé qui pourrait opérer un changement est l’opinion publique. Si les opinions publiques arrivent à pousser les Etats à vouloir s’investir davantage à l’ONU, et bien celle-ci serait alors plus opérationnelle, et répondrait plus efficacement aux problèmes du monde. 3) LA REFORME DU CONSEIL DE SECURITE Avec pour responsabilité le maintien de la paix et de la sécurité internationale, le Conseil de sécurité est au centre du système onusien. Sa réforme cristallise tous les débats à l’ONU. On parle beaucoup de sa représentativité et le droit de veto. Depuis plus de 60 ans, le visage du monde a évolué. Lors de sa création, l’ONU comptait 51 Etats, et aujourd’hui elle en compte 192. Pourtant, la composition du Conseil de sécurité est restée la même depuis 1963. En 1963, quatre nouveaux sièges de membres non-permanents ont été ajoutés, portant le nombre total à 15 sièges. Actuellement, la répartition géographique se fait selon le schéma suivant : � Trois Etats pour l’Afrique ;

� Deux pour l’Amérique latine ; � Deux pour l’Asie ; � Deux pour l’Europe de l’Est ; � Trois pour l’Europe occidentale. Il y a deux problèmes majeurs qui se posent : Celui de la représentativité du conseil, puisqu’en 1945 le Conseil de sécurité représentait 21,6% du nombre d’Etats membres, contre seulement 7,8% aujourd’hui ; Celui du droit de veto. Il est en effet paradoxal que seulement cinq Etats définis il y a plus de 60 ans aient le pouvoir de bloquer toute résolution du Conseil. La représentativité est la base de la légitimité : c’est en cela que réside le problème. Plusieurs propositions ont été faites pour réformer ceci : � En 1997, Ismaël Rhazali, représentant de la Malaisie à l’ONU présente une première proposition de réforme : o Création de 5 nouveaux sièges permanents, dont 2 pour les pays industrialisés, 1 pour l’Asie, l’Afrique, et pour l’Amérique latine et les Caraïbes ; o Chacune de ces trois dernières régions obtiendraient également un siège non-permanent de même que les groupes des Etats de l’Europe de l’Est. Au total, cela ferait 24 membres au Conseil de sécurité. Mais ce plan n’a pas été soumis au vote car les Etats-Unis s’y sont fermement opposé. La raison invoquée était l’efficacité du processus décisionnel onusien qui ne pouvait être optimal avec un nombre de membres supérieur à 22. � En 2005, Kofi Annan l’ex-secrétaire général de l’ONU, présente des plans de réforme où il reprend les propositions du rapport du groupe de personnalités de haut niveau publié en décembre 2004 sous le titre « Un monde plus sûr : notre affaire à tous ». Il préconisait la création de 9 sièges, et pour ce faire il a proposé deux modèles : o La création de 6 sièges permanents et de 3 sièges non-permanents ; o La création de 8 sièges d’un nouveau genre qui serait élu pour 4 ans renouvelables, et 1 siège non-permanent classique nouveau. � Le 6 juillet 2005 est présenté un nouveau projet, c’est le projet du G4 soutenu par l’Allemagne, le Brésil, l’Inde et le Japon. Une trentaine d’Etats y ont adhéré. Ce projet propose la création de plusieurs sièges divisés en 2 groupes : o Création de 6 sièges permanents (2 pour l’Asie, 2 pour l’Afrique, 1 pour l’Europe occidentale) ; o Création de 4 sièges non-permanents (1 pour l’Asie, l’Europe de l’Est, l’Afrique, et l’Amérique latine). La question du droit de veto des nouveaux membres serait tranchée lors d’une conférence qui aurait lieu 15 ans après l’entrée en vigueur de l’amendement de la charte. Ce projet avait des chances d’aboutir, mais il a échoué car l’Afrique a proposé sa propre version où elle exigeait le droit de veto immédiatement, et un second siège non-permanent. Le Japon et l’Allemagne mettent en avant leur poids dans l’économie mondiale et surtout le niveau de leur contribution au fonctionnement de l’ONU pour réclamer un siège permanent. Dans l’hypothèse d’un élargissement à 10 membres permanents, se rajoutent trois autres candidats bien

placés (l’Inde pour représenter l’Asie, l’Afrique du Sud pour l’Afrique et le Brésil pour l’Amérique latine). Concernant le Japon, son problème principal est le révisionnisme historique encore présent. Par exemple, les premiers ministres japonais rendent encore hommage aux japonais de la Seconde guerre mondiale, dont des condamnés à mort par le Tribunal international de Tokyo. Le Japon doit encore réaliser un travail d’introspection historique et de mémoire, similaire à celui fait par l’Allemagne suite au procès de Nuremberg. Concernant l’Allemagne ; si elle obtient gain de cause l’Europe occidentale serait de fait surreprésentée avec trois sièges permanents. La solution serait à trouver en l’avènement hypothétique d’une Europe unie en matière de politique extérieure qui laisserait la possibilité d’un siège unique pour l’UE. Concernant l’Afrique. La compétition est en terme de chiffres. Avec 53 Etats membres représentés à l’ONU, ce continent ne possède pas de siège permanent à l’ONU. Le problème est : quel Etat pourrait représenter le mieux l’ensemble du continent ? Il y a une trop grande diversité en Afrique, mais une solution est évoquée : l’Afrique du Sud se présente comme un modèle de représentativité, mais l’Egypte est également bien placée ainsi que le Sénégal puisqu’il représente l’Afrique francophone. En Amérique latine, la compétition est aussi présente. Le Brésil dont la candidature est sérieusement considérée est pourtant l’unique Etat lusophone de la région ce qui engendre de vives protestations des Etats hispanophones comme l’Argentine et le Mexique. En Asie, la candidature de l’Inde ne va pas sans l’opposition du Pakistan. On est loin d’arriver à un consensus tant les alliances diplomatiques sont diverses. Quelles sont les alternatives ? Aucune réforme de la charte ne peut se faire sans l’accord des détenteurs du droit de veto. La question repose sur le droit de veto. Certains le considèrent comme un privilège archaïque et prônent sa suppression pure et simple. Cependant, cette hypothèse est peu réaliste car les 5 membres permanents n’acceptent pas de s’en déposséder. D’autre part, le droit de veto joue un rôle essentiel de garde-fou : en cas d’opposition frontale entre membres permanents, mieux vaut qu’un Etat puisse mettre son droit de veto, et que cela désamorce la crise plutôt qu’ils se retirent de l’ONU, et entreprennent une action unilatérale. D’autres suggèrent la limitation du droit de veto, ce qui est plus réaliste. Par exemple, Hubert Védrine propose que les membres permanents nouveaux comme anciens renoncent solennellement à faire usage de leur droit de veto pour empêcher le Conseil de sécurité de se saisir le sort d’une population en péril, et de prendre toutes mesures pour lui venir en aide. D’autres propositions ont été avancées telle que la limitation du droit de veto aux décisions relevant du chapitre 7 c’est-à-dire le maintien de la paix.

Une quelconque modification du droit de veto nécessite une modification de la Charte et donc l’accord des 5 membres permanents, ce qui laisse à présager que la réforme n’est pas imminente. 4) LA RELATION DE L’ONU AVEC LES ETATS-UNIS L’ONU est issue de la pensée visionnaire du président américain de l’époque de sa création c'est-à-dire Roosevelt, et évidemment la relation entre l’organisation et l’hyperpuissance a été des plus mouvementée. Lors des premières années de sa création, l’ONU entretient de bonnes relations avec les Etats-Unis qui sont premier contributeur financier. Les premières dissensions commencent à voir le jour à partir des années 1960 qui est une période d’adhésion massive des pays nouvellement décolonisés enlevant aux Etats-Unis leur possibilité de tiers bloquant à l’Assemblée générale et surtout se faisant le vecteur de l’anti-américanisme. L’inimitié grandira avec le début des années 1990 marquées par l’arrivée de Ronald Reagan et surtout par l’échec somalien. Face à la perte de leurs soldats, les Américains reprocheront à l’ONU son impartialité, et l’impossibilité qu’ils ont eu de mener leurs opérations militaires à leur guise. En suivra le désintérêt des Américains pour les opérations de maintien de la paix de l’ONU, et leur préférence pour les interventions sous l’égide de l’OTAN où ils sont les véritables maîtres à bord. D’une manière générale, les Etats-Unis veulent écarter toute crainte sur leurs décisions comme sur leurs actions. Les Américains font la pratique du Forum shopping, ils préfèrent agir au sein d’organisations dans lesquelles ils exercent le mieux leur influence et imposent leur poids. Finalement, le gouvernement américain s’investit temporairement dans les structures susceptibles de servir sa politique. Parfois, les Etats-Unis ont eu recours au chantage en menaçant de suspendre leur contribution financière. Le 11 septembre 2001 représente un nouveau tournant dans cette relation entre l’ONU et les Etats-Unis, et les Etats-Unis ont payé sans conditions à partir de cette date leur contribution au budget de l’ONU, ce qui n’était pas arrivé depuis de nombreuses années. Ils vont investir dans l’ONU dans l’intention d’obtenir leur soutien dans leur guerre contre le terrorisme. Puis, les relations se refroidissent rapidement notamment avec l’épisode de la guerre d’Irak en 2003. Face au refus du Conseil de sécurité de leur accorder son aval, les Etats-Unis ont prouvé que pour eux une action internationale peut être légitime sans l’ONU, et qu’ils peuvent s’en passer. 5) L’AVENIR DE L’ONU Mise ne difficulté par une réforme fastidieuse, des lourdeurs de fonctionnement, ainsi que de nombreuses critiques, le futur de l’ONU est incertain. La mission initiale de l’ONU est de préserver la paix et la sécurité internationale en prévenant les guerres

entre Etats. Aujourd’hui, le contexte a beaucoup évolué, et la nature des conflits s’est transformée. De moins en moins interétatiques, les conflits s’internalisent, ce qui rend d’autant plus difficile leur gestion, d’où l’apparition de concepts tel que le droit d’ingérence ou la responsabilité de protéger. Finalement, les missions de l’ONU sont vouées à évoluer, et au prix de l’ampleur. Simplement parce que l’ONU est aujourd’hui impliquée dans le développement économique et social, ainsi que dans la lutte contre les menaces transfrontalières comme les pandémies. Dans le large tableau des activités de l’ONU, une se fait remarquer par son manque d’importance, il s’agit de l’environnement. L’environnement constitue une réelle menace à la sécurité internationale. L’ONU n’agit pas sur le terrain de l’environnement. Les moyens dont il dispose ne sont pas de taille à faire face à l’étendue de la menace environnementale. Par exemple, l’ONU pour l’environnement emploie environ 800 personnes et son budget est de 59 millions de dollars, ce qui représente pas même 0.005% du budget employé aux dépenses militaires. L’ONU est critiqué pour son inefficacité et l’immobilisme de son Conseil de sécurité. Finalement, prendre en main de manière efficace la lutte contre la dégradation de l’environnement est l’occasion unique pour l’ONU de se réhabiliter aux yeux du monde parce qu’aucune organisation n’est mieux placée qu’elle puisque la dégradation de l’environnement ne connaît pas de frontières, et le problème ne peut pas être traité localement....


Similar Free PDFs