Chapitre 4 - “Le suicide”, E. Durkheim PDF

Title Chapitre 4 - “Le suicide”, E. Durkheim
Course Sociologie - Introduction à la sociologie
Institution Institut d'Études Politiques de Paris
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Chapitre 4 - “Le suicide”, E. Durkheim: première enquête sociologique Règles de la méthode sociologique puis enquête de 1897. C’est une application empirique de la méthode qu’il a inventé. Le suicide n’est pas qu’un objet individuel, psychologique mais également un fait social. C’est par les règles de la méthode sociologique que Durkheim tente de démontrer la dimension sociale du suicide. Des déterminants sociaux doivent être mis en lumière afin d’expliquer le suicide. La première partie de l’ouvrage tente ainsi de démonter le fait que le suicide est intime. L’ouvrage a été reçu de manière mitigée mais a rapidement connu un succès fulgurant.

Section 1 - Définir l’objet de la méthode Pourquoi l’auteur s’intéresse t-il au suicide comme premier objet sociologique ? Durkheim est lui même blasé mais surtout, le suicide est très quantifié. Depuis le début du XIXè il en existe des statistiques. L’auteur n’a pas eu à les produire mais à les recueillir en les intégrants dans un objet. En effet, Durkheim cherche à se distinguer des travaux des cliniciens et des psychiatres (auparavant aliénistes) car le débat sur le suicide était monopolisé par le corps médical. Il en rejette les analyse existante que pour en conserver les statistiques et aussi les critiquer. A) Définition du suicide L’auteur consacre 15 pages pour définir le suicide. Il nous met en garde contre les définitions usuelles du langage courant (des “prénotions” comme il dirait), cela est un impératif constant dans les sciences. “Comme le mot de suicide revient sans cesse dans le cours de la conversation, on pourrait croire mais en réalité les u sont toujours ambigu et le savant qui les employerait te “... Il faut se détacher des prénotions avant de s’engager dans une démarche de recherche ; c’est la “base de toute méthode scientifique”. Une prénotion est un produit de l’expérience, formé “par la pratique et pour la pratique”. Les prénotions sont indispensables à la vie en société mais d’un point de vu théorique, elles peuvent être fausses/faussées voire dangereuses. Il faut faire une science de la réalité et non un discours idéologique. Les prénotions sont en effet “trompeuses”, elles sont comme un “voil qui s’interposent” entre nous et l’objet. Le suicide c’est lorsqu'une personne se donne la mort volontairement, explicitement en pleine conscience de son acte. C’est “sans doute vulgairement l’acte de désespérer d’un homme qui

ne tient plus à vivre” (le sens usuel) ; “en général on se représente le suicide comme une action positive et violente”. Or, une abstention, un acte négatif peut avoir une conséquence car “le rapport de causalité peut être indirect entre l’acte et la mort” , et le phénomène ne change pas de nature. Durkheim par également du cas du martyre. “On appelle suicide toute mort qui résulte médiatement ou immédiatement d’un acte positif ou négatif accompli par la victime elle-même.” Selon l’auteur lui-même, il faut l’affuter car il y a ici la confusion de deux morts bien distinctes: l’accidentel et le volontaire. L’intention est le critère de distinction. Cela se complique, “un acte ne peut se définir par la fin que poursuit l’agent car s’il y avait suicide que là ou il y avait intention de se tuer il faudrait refuser cette dénomination à des faits… “Le soldat qui court au devant d’une mort certaine pour sauver son régiment ne veut pas mourir et est pourtant n’est-il pas l’auteur de sa propre mort au même titre que l’industriel couvert de honte qui fait faillite ?” ; “on peut en dire autant du martyre qui meurt pour sa foi que la mère qui se sacrifie pour son enfant.” Toute ces morts sont des suicide ! Durkheim considère le suicide des cas dans lesquels les individus se mettent eux mêmes dans une situation de mourir: “Quand le dévouement va jusqu’au sacrifice certain de la vie, c’est scientifiquement un suicide”. “Ce n’est pas un problème insoluble si les individus savaient les conséquences naturelles de leur action”. “On appelle suicide tout cas de mort qui résulte directement ou indirectement d’un acte positif ou négatif, accompli par la victime elle-même et qu’elle savait de voir produire ce résultat.” ex: - suicide altruiste: la personne se donne la mort car elle en a le devoir, fréquent dans les sociétés primitives, degré d’intégration excessif prouvant que cela peut permettre la préservation du groupe. - Il y a une différence de degré lorsque que le sujet s’expose sciemment à un danger et que le dénouement mortel est incertain, c’est alors un suicide embryonnaire

B) Méthode comparative Le soucis premier de de Durkheim est de réunir les conditions d’explication par le social. Par quels moyens peut-on prouver que le suicide est social et pas individuel ? Il n’existe qu’un moyen pour démontrer qu’un phénomène est la cause d’un autre phénomène c’est la méthode comparative qui présuppose le principe de causalité à savoir qu’à un même effet correspond une même cause: les variations concomitantes. Il va construire des séries (taux de suicide - niveau d’instruction) pour voir si il y a une corrélation entre les deux c’est-à-dire une évolution similaire ; “la mise au jour d’une relation statistique n’est pas suffisante”, en effet cela peut être une simple coïncidence, ainsi “elle doit faire l’objet d’une interprétation sociologique.” Il faut établir des corrélations entre le taux de suicide et d’autres variables.

Variations concomitantes. Les faits, définis au préalable, sont intégrés dans des séries quantitatives (taux de suicide) et qualitatives (qui se suicide). Il va infirmer ou confirmer l’existence de corrélation entre ces deux séries statistiques. Il ajoute donc toujours une 3ème variable (niveau d’instruction). Au final, l’auteur en retire une explication sociologique (corrélation ou causalité) du suicide. Taux de suicide: rapporte le nombre de suicide commis par une population donnée (selon l'âge, le sexe, la situation conjugale, la religion) à la grandeur de la population concernée (l’ensemble de ces populations). Une mesure statistique permet ainsi d'apprécier l’effet de telle ou telle variable sur le suicide. Par ailleurs, Durkheim s’intéresse à des aires géographiques particulières (différents pays d’Europe et régions de ses pays). Le premier constat est la constance du taux de suicide dans les pays d’Europe sur de longue période. Les taux de suicide varient également selon les régions. Cela le met sur la voie de l’analyse du suicide comme phénomène sociale ; en d’autres termes, c’est parce que c’est un phénomène régulier dans les sociétés que c’est un phénomène collectif donc sociale. “Chaque sociétés est prédisposée à fournir un contingent déterminée de morts volontaires.”

C) Le rejet des explications individuelles 1. Quelles sont déjà ces explications individualistes ? Durkheim parle de facteurs extra-sociaux (psychologiques, géographiques, climatiques) dans son premier libre. Il procède par élimination des théories antérieures à sa démarche. Facteurs psychologiques: voire pathologique si on considère le suicide comme issu de troubles de l’esprit. S’attaquer aux thèses psychiatriques n’est pas anodin, en effet ce sont les aliénistes qui monopolisent la question du suicide (cf débat psychologie - sociologie). Les psychiatres notent des états de délire. C’est l'état psychologique du sujet qui détermine le suicide. En revanche, on ne peut pas établir des généralités en l’absence de statistiques globales et cela manque à l’analyse classique des psychiatres qui font du cas par cas. Durkheim se demande alors s’il existe une folie-suicidaire. Tous les suicidés sont-ils fous ? Ils considèrent que tous les cas de suicide ne sont pas des aliénations. La folie est ponctuelle dans les phases suicidaires ; les suicidés ne sont pas fous en toutes circonstances (monomanie, personne saine sauf sur un point qui l’amène au suicide). Durkheim reprend la typologie des médecins: maniac, obsessif, désespéré (qui est plus ambigu et quelque peu repris par le sociologue), impulsif. Selon lui, les suicides qu’il a répertorié ne rentrent pas dans ces catégories. Les suicidés aliénés ne sont donc qu’une catégorie parmis d’autre. Il va comparer les statistiques des fous suicidés avec les statistiques générales des suicidés. Est-ce que ces deux groupes se ressemblent-ils ?

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Chez les fous, légère surreprésentation des femmes. Dans la population plus large, ce sont les hommes qui sont surreprésentés. - Les juifs sont plus fous qu’ils ne se suicident. - Pas de corrélation avec l'âge et les pays chez les aliénistes. => Ce ne sont pas les mêmes populations qui ont des pathologies mentales et qui se suicident. Les deux populations n’ont en effet pas les mêmes caractéristiques. “Il n’est aucuns états psychopathiques qui soutiennent avec le suicide une relation constante et régulière”. “Le suicide n’a aucune relation de corrélation ou de causalité avec des facteurs extra-sociaux”. Ainsi, la sociologie se fonde sur une même rigueur que les sciences “dures”.

Section 2 - Les types de suicide et le degré d’intégration sociale Après avoir éliminé par la statistique les causes extra-sociales du suicide, il va justement se demander quelles sont ces causes sociales (livre II). Encore une fois, Durkheim va procéder par élimination en consultant les rapports de police. Chagrin d’amour, faillite, honte etc.. Il remet en cause ces motifs du suicide car ils sont mentionnés de manière non-rigoureuse. Bref, les témoignages ne sont pas fiables et il faut être un savant pour déterminer précisément ce rapport de causalité entre x variable et le suicide. “Il faut laisser de côté l'individu en tant qu’individu” pour s’intéresser aux effets des différents milieux sociaux dans lesquels vit l’individu (religion, famille, politique). Ensuite il montre en quoi les causes sociales s’individualisent dans les morts volontaires. En d’autres termes, il relève la manifestation individuelle des causes sociales. A) Suicide égoïste Obéissance qu’à soi-même et non à la société. -

Grâce à l’établissement d’un constat empirique (fondé sur la statistique) ; il y a plus de suicides respectivement chez les protestants que chez les catholiques que chez les juifs. Comment expliquer cela ? La première question va donc porter sur l’intégration sociale et la religion. Déjà, il va lire les textes religieux: y’a t-il une interdiction ou une tolérance vis-à-vis du suicide ? Toute les religions condamnent avec la même sévérité l’acte de suicide (surtout chez les chrétiens). Parce qu’il y a une différence

entre les taux suicide entre les groupes religieux et parce qu’il y a néanmoins une similarité du dogme par rapport au suicide, il ne peut pas y avoir de corrélation entre le texte religieux et le suicide. En outre, ce n’est pas le caractère cultuel c’est-à-dire les prescriptions religieuses qui est la cause du suicide. Donc, en quoi les religions se distinguent-elles ? Sur leur rapport à l’individu. En effet, le protestantisme, au contraire du catholicisme, admet le libre-examen de la conscience individuelle - ce qui intuitivement n’a pas de rapport direct avec le suicide. Cela entraîne une faiblesse de l’intégration sociale au profit d’une individuation. Chez les catholiques, il y a une système hiérarchique qui rend la tradition invariable. Les catholiques sont insérées dans un groupe dans lequel la conscience individuelle a moins de place. Le penchant au suicide du protestantisme résulte du libre-examen issu lui-même de l'effondrement des traditions. Et pour cause, l’Eglise protestante est moins fortement intégratrice donc il y a moins de cohésion. Les détails quotidiens de la vie catholique sont constamment surveillés, encadrés par le personnel religieux. Plus la religion est intégratrice moins il y a de suicide. L’intégration sociale est donc fonction décroissante du suicide. Les juifs ont dû lutter contre une animosité générale de la population ce qui les a poussé à se lier étroitement les uns aux autres. En d’autres termes, le rejet des juifs par la majorité catholique les à forcer à une forte solidarité et endogamie sociale où le Moi est très faible. Par conséquent, “c’est à cette même cause que doit s’attribuer le faible penchant des juifs pour le suicide” ; “c’est à l’hostilité qui les entoure qui leurs doit ce privilège”. De plus, la religion juive est encore plus ritualisé que le catholicisme. Chez les juifs, le lien entre l’éducation et le suicide est complètement invalidé. Car en effet, ce n’est pas l’instruction en tant que tel qui est la cause du suicide mais plutôt le fait que l’instruction est le résultats de l’affaissement des croyances collectives. Or, chez les juifs, l’instruction n’est pas issu de cette cause: “Si le juif trouve le moyen d'être instruit … (Durkheim a une certaine perspective relationnelle). L’hostilité générale les pousse à s’instruire afin de se maintenir. Le juif ne s’instruit pas pour remplacer ses croyances, au contraire des protestants, mais pour “simplement pour être mieux armé dans la lutte”. La religion, lorsqu’elle est intégratrice, rassemble les individus, préserve du suicide puisque dans ce cas “l’individu pense moins à lui qu’à la chose commune”. Ce n’est pas le contenu de son dogme mais la forme sociale religieuse, c’est-à-dire l’existence de pratiques et de croyances communes à tous les fidèles, qui détermine le suicid. Les sociétés actuelles sont caractérisées par de l’anomisme et de l’individualisme. -

Il y a également une corrélation positive entre le taux d’instruction et le suicide. Comme les croyances collectives s’effondrent, les individus vont “chercher des réponses” dans l’instruction. “L’instruction correspond à un affaiblissement des traditions”. Il y a un phénomène qui s’auto-entretien. D’une part, c’est parce qu’il y a une effondrement des croyances collectives que les individus se tournent vers l’instruction. D’autre part, c’est également par l’instruction que les individus remettent en cause les croyances collectives. “L’homme cherche à s'instruire et il se

tue car” il y a un affaiblissement des pratiques religieuses, de la cohésion sociale tournée autour de la vie religieuse. “Le suicide augmente chez les personnes qui vivent dans des groupes qui ont perdu leur cohésion”. L'intérêt pour la science vient pallier ce manque. -

La corrélation entre intégration et suicide se retrouve également au niveau de la famille. Plus une famille est dense moins il y a de chance de suicide. Car, une grande vitalité entre les membres est issue d’une forte intégration de la famille.

Le suicide est fonction décroissante de l’intégration sociale. Plus on est intégré, moins on se suicide. L’intégration sociale donne un sens à l’existence des individus et on pense plus aux autres et au groupe qu’à soi. L’esprit collectif nous détourne de nos contrariétés privées. Lorsqu’une société se désintègre, on pense plus à soi et on survalorise les problèmes. Le suicide égoïste se manifeste alors lorsque le Moi individuel s’affirme plus et au dépend du Moi social.

B) Le suicide altruiste Dans l’altruisme, le moi ne s’appartient pas. Lorsque la conscience individuelle est complètement absorbée par la conscience collective, du fait d’une trop forte intégration, les individus tendent également à se suicider au nom de la préservation du groupe. - Danois et goth, la mort naturelle est une honte, l’attente de la mort est un déshonneur -> plutôt se suicider ; le suicide est obligatoire du fait d’une croyance en une vie après la mort. - Les femmes qui se suicident à la mort de leur mari (notamment en Inde) car la mariée n’a pas d’existence sociale en dehors du lien avec le mari. - Les serviteurs qui se suicident à la mort de leur maître. La relation est si étroite que la mort du maître ote toute existence sociale aux serviteurs. - Les individus ne se sacrifient pas parce qu’ils sont désespérés mais en vu d’une prime sociale, d’une récompense post-mortem. La vie personnelle a bien peu de valeur comparé à la fin supérieure visée. ex: Les martyres chrétiens. Dans ces cas là “la personnalité individuelle compte pour peu” ; l’individu est absorbé par le groupe. Les simples soldats, les sous-officiers et les officiers se suicident plus que les civils. La société militaire laisse en effet peu de place à la conscience individuelle et accorde extrêmement d’importance au sens de l’honneur et du sacrifice. C’est une survivance de la morale primitive ; “le soldat se tue pour la moindre contrariété, pour les raisons les plus futiles” , la carrière militaire “incline puissamment l’homme à se défaire de l’existence”. C’est un suicide sous-estimé dans la littérature par son caractère prétendument honorable.

C) Le suicide anomique L’intégration c’est lorsque la société attire l’individu plus ou moins fortement à elle. Ici, nous avons affaire à la régulation c’est-à-dire la façon dont les relations sociales sont ordonnées, régulées. => En effet, la société régule les relations sociales de manières formelles et informelles (tacits). Le suicide anomique se trouve dans les cas où la société de joue plus son rôle de régulation. Les individus ne retrouvent plus leurs repères habituels ; leur vie est déréglée et ils en souffrent. On observe un affaiblissement de l’ordre social et l’individu ne sait plus comment borner ses désires (+ frustration relative). C’est donc un état de dérèglement causé par un fort bouleversement des modes et des conditions de vie heureux ou malheureux. ex: le veuf qui perd sa femme, les autochtones qui se suicident à l’arrivé des colons espagnols, krach de 1873, la conquête de l’Italie par Victor-Emmanuel II formant l’unité de l’Italie, l’avènement du capitalisme, les riches se suicident plus que les pauvres (“fièvre des affaires” “les individus n’arrivent plus à se contenir” “les imaginations sont avides de nouveautés”.) “L’anomie est un état où les individus arrivent moins à accepter leur sort”. La pauvreté est un frein qui limite l’horizon “moins on possède moins on étend son désir à l’infini.” Le suicide égoïste vient de ce que les hommes n’ont plus de raison d'être Le suicide altruiste vient du fait que les raisons de vivres sont extérieures. Le suicide anomique vient d’une souffrance permis par la dérégulation sociale des modes de vie. Le suicide fataliste vient du fait d’une trop forte coercition sociale (ex: suicide en prison, esclave, société totalitaire). désespoir ≠ absence d’espoir...


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