Cours 2 - Un Balcon en Forêt de Julien Gracq PDF

Title Cours 2 - Un Balcon en Forêt de Julien Gracq
Author Marine Orriols
Course Roman du XXème siècle
Institution Université Catholique de Lyon
Pages 3
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Summary

Synthèse personnelle sur le balcon en forêt pour le cours de roman du 20ème ...


Description

Cours 2

Roman du 20ème siècle Un Balcon en forêt Julien GRACQ









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On peut se demander si on est par-delà le bien et le mal. Il y a dans ce livre tout un vocabulaire religieux et sacramental, utilisé de façon métaphorique : question de l’absolution et du pardon. C’est là une des constantes du roman : il traite de la part obscure qui est en nous et dans le monde, ce qu’on appelle en latin les « sordidisima », les choses les plus sordides. Pour cela que le roman n’est pas considéré comme un genre noble. A charge pour le roman d’avoir une langue prosaïque et de se coltiner avec des sujets peu réjouissants. Dans ce roman, les personnages n’ont pas un lien politique avec le monde mais un lien affectif et sensible, souvent construit avec leur propre passé. On a donc une convergence de l’histoire et du roman. L’œuvre commence à l’octobre 1939 et termine en juin 1940. Elle se déroule pendant la Drôle de Guerre, cette période où personne ne se battait en France. Cette situation est paradoxale, et d’autant plus car il s’agit d’une guerre mondiale, un affrontement majeur dont il n’est jamais question. Ce livre a une dimension mythique majeure. Caractéristique : vacuité du temps, sorte de suspend : en guerre et en paix sans l’être : « les raisons d’être avaient perdu leurs dents, il ne restait qu’une attente pure», comme si tout d’un coup le sens de l’existence était effacé, non pas pour tomber dans le désespoir, mais car les choses sont suspendues, il n’y a plus de prise sur le réel. Les images maritimes sont très présentes : la forêt est comparée à une « énorme vague nocturne ». Il y a donc dans cette œuvre d’abord et avant tout cette dimension de suspend et de détachement. Le personnage principal est lui-même détaché. Le traitement littéraire de cette Drôle de Guerre a l’ambition d’atteindre quelque chose de mythique, de l’ordre de l’absolu. C’est donc tout le paradoxe de cette œuvre : roman de guerre ou il n’y a pas de politique, pas de considération externe, où il y a une unité de temps, de lieu et d’action (voir d’inaction) ce qui rapproche le texte d’une tragédie : donc véritablement quelque chose qui est hors norme. C’est au sein de cette situation hors norme que se pressentent quelque chose de l’ordre de l’absolu, qui dépasse l’histoire et la contingence historique. Ici, la forêt est le lieu révélateur de la splendeur du monde. P.15 : l’accord du ciel et de la terre est révélateur d’un absolu  enchantement par la nature, mais aussi dilatation du temps : « demain était très loin ». Le propre du sommeil, c’est que nous sommes seuls. Liberté des liens habituels : la guerre nous défait des lois. C’est une guerre quasiment sans violence. Il y a un niveau de malaise de même qu’il y a un niveau de bonheur et de liberté. Recours à une terminologie religieuse mais celle-ci n’est pas opératoire. Une description apocalyptique est à la fois évoquée et refusée.

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Métaphore de la maladie : la France est malade mais ne se soigne pas P.85 Forêt : endroit de refuge par rapport aux menaces de la civilisation : peut constituer un nouveau monde, une sorte de société idéale.

La question du sacré   











De nombreuses marques dans toute l’œuvre : à la fois des horizons liés à un fond occidental pré chrétien, païen. Sacré qui se faufile dans notre rapport au monde (ex : superstition). Quelque chose très valorisé par les surréalistes. Quand on parle de sacré on donne à ce terme une dimension morale et éthique, or il ne faut pas voir les choses ainsi : le sacré ce n’est pas la sainteté. Par bien des côtés on peut dire que le sacré est une dimension ; on par-delà du bien et du mal, comme le dirait Nietzsche. C’est d’autant plus important qu’il est évident que le contexte historique de guerre mondiale idéologique dans lequel se déploie le roman se prête à priori à une vision morale sur des évènements historiques. La disparition de la dimension idéologique de cette œuvre est aussi la disparition de la dimension éthique mais elle ouvre sur un regard sur l’histoire particulier, comme si on voyait l’histoire d’un point de vue mythique. Le sacré est ce qui est hors des échanges habituels et usuels. C’est pour cela que le sacré n’est pas achetable : il n’a pas de valeur monétaire. Il n’a pas une valeur d’usage mais une valeur symbolique : on ne le touche pas. De cette façon, le sacré est une sorte de transcendance, car il n’est pas affecté par le temps et l’histoire, car il échappe à l’échange. Le sacré est éternel. Dans ce roman, il y a une ouverture à ce qui est au-delà des évènements (ce qui change l’histoire). La forêt : monde non humain, sauvage, monde d’avant l’homme. D’innombrables contes de fées se déroulent en forêt. On la retrouve dès le titre, un curieux oxymore : le balcon est un élément d’architecture urbain : comme si la culture, l’urbanité, était transplantée dans un monde qui lui est totalement antérieur. Cette forêt est immense, c’est une forêt qui n’est pas entretenue. La forêt n’a pas d’interruption. Elle est de l’ordre de l’immense, c’est-à-dire est sans mesure. Elle estompe les frontières. est vécue comme une réalité mystérieuse et vivante. Elle a quelque chose de l’éternel et de l’infini : elle mange et elle digère le monde. Elle est à la fois en dessous et au-dessus de l’histoire : elle est un toit, suspendu au-dessus du monde : « ce haut plateau de forêt suspendu au-dessus de la vallée ». Cette forêt est vide : quelques rares habitants. Pour l’habiter un faut une certaine science, un certain savoir. Ceux qui l’habitent : des braconniers, des contrebandiers : des gens en marge de la légalité. Entrer dans la forêt c’est entrer dans un monde qui n’obéît pas aux règles usuelles du monde : décentrement par rapport au règles. C’est donc un espace sacré. Esprit d’un lieu : les lois habituelles n’ont plus cour : « la forêt absolvait le monde » : entrer dans la forêt c’est entrer dans un espace où il n’y a plus de fautes. Cette forêt est un espace qui est finalement à peine troublé par l’histoire. L’arbre c’est ce qui relie la terre et le ciel. Les racines sont plongées dans les profondeurs de la terre, et sa ramure touche les étoiles : tous les grands mythes évoque l’arbre. Ils sont verticaux et horizontaux : combinaisons des deux dimensions de l’espace. L’arbre parle : il est loquace : le bruissement des feuilles de l’arbre est interprété. L’arbre est une réalité qui parle

un langage qu’il faut interpréter. La forêt transmet des alertes : elle vibre. Sous son apparence tranquille, elle est traversée de signaux. Dimension mythique fondamentale : le monde est une parole qu’il nous faut savoir décrypter. La forêt est donc le lieu d’un décryptage, d’une interprétation. Relation entre les dimensions de sacré et de secret. 





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Le sacré reçoit un éclairage par différents mythes ou différentes références : certaines références chrétiennes (par ex : il est fait allusion au jardin des Olivier, ici orthographié en jardin des olives ; à des images d’apocalypse comme la trompette du jugement dans l’apocalypse de St Jean ; à l’Arche de Noé et au déluge, etc. Là où on s’attendrait à une dimension sacrificielle il n’y en a pas. Le roman reprend des éléments mythiques et sacrés mais les laïcise, reste un espace profane. Le roman introduit une complexité, de la nuance, de l’ambiguïté. Mise en parenthèse du temps : pas totale car le temps qui semble figé, ou que le temps cyclique des saisons, qui n’est pas bouleversé par l’histoire, est en fait traversé par des signes qui montrent que les choses vont bouger, que le temps va revenir. « on sentait que des messages obscurs, lourd de sens, s’entrecroisaient au plus profond de la terre remuée » p.96 « une peur un peu merveilleuse presque attirante qui remontait à grange du fond de l’enfance et des contes » p.113 La violence est une régénération : « baptême du feu » ; le déluge : ce qui détruit mais qui nettoie et purifie (p.113-114)...


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