Cours 3 - Journal d\'un curé de campagne de Bernanos PDF

Title Cours 3 - Journal d\'un curé de campagne de Bernanos
Author Marine Orriols
Course Roman du XXème siècle
Institution Université Catholique de Lyon
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Summary

Synthèse personnelle sur Journal d'un curé de campagne pour le cours de roman du 20ème ...


Description

Cours 3

Roman du 20ème siècle Journal d’un curé de Campagne Georges BERNANOS  











Georges Bernanos est un écrivain singulier : contrairement aux écrivains de cette période, ce n’est pas un homme de lettres, il a très peu évolué dans le monde littéraire. Instabilité qui l’a poussé à déménager souvent toute sa vie. Il est vendeur d’assurances, ce n’est pas un métier littéraire. Autre singularité : engagement politique : camelots du roi, monarchiste, action française, extrême droite. Suite à la condamnation du pape de ce parti, il le quitte. Il va tellement se désolidariser de sa famille politique qu’il va publier un pamphlet contre l’extrême droite dans le contexte de guerre civile en Espagne. Il n’est pas qu’un romancier, il est polémiste (il a écrit peu de romans ; il y a des nouvelles, pièces de théâtre, textes d’engagement politique, critique du monde moderne ». Ses œuvres sont au service d’une idée de l’homme et conception de la liberté, en faisant un visionnaire. Il est engagé politiquement au nom de sa foi religieuse, écrivain catholique résolu, tous ses romans abordent la question de la foi ou de l’athéisme, d’où le grand nombre de figures de prêtres dans les personnages de ses romans. Il n’écrit pas pour convertir et faire de la propagande : sa foi est une fois tragique, dramatique, à la fois sur le plan personnel et collectif (rapport à la mort, à la souffrance, Résistance à ce que devrait impliquer la foi chrétienne. Il est obsédé par la question du mal (social, moral et physique). Ce roman a plusieurs particularités : La première, stylistique : il s’agit d’un journal, CAD récit à la première personne raconté par le perso principal, sauf à la toute fin : lettre d’un ami qui l’héberge. Nous sommes de plein pied sans distance avec le narrateur. Possibilité d’empathie facilitée avec le personnage, bien qu’elle ne soit pas évidente : Raison historique  le monde du curé de campagne n’est plus le nôtre : ce qui apparaissait comme évident aux contemporains de Bernanos ne l’est plus aujourd’hui (structure sociale, place de l’Eglise qui a radicalement changé). Sorte d’éloignement sociologique qui peut faire barrage à l’empathie entre lecteur et narrateur. Deuxième raison : Ce roman nous montre à la fois la capacité à entrer dans la conscience d’un être, à nous faire partager ce qui est impossible de partager dans la vie, le roman donne à découvrir ce qui se passe dans la tête, le cœur, le fort intime de quelqu’un. Mystère impénétrable que nous sommes à nous-mêmes et aux autres. Le roman de Bernanos est réaliste. Il s’intéresse à la situation du curé, à ses relations sociales, avec le monde et l’espace qui l’entoure. Soucis du réel extraordinaire de la part du métaphysicien qu’est Bernanos









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Capacité humaine à être vrai avec nous-même. Paradoxal : à priori, la conception que nous avons du roman, c’est d’être un moyen de nous charmer par sa puissance d’illusion même quand il se veut roman réaliste. Le roman est ce qui nous entraîne dans la fiction. Pour Bernanos, le roman n’a pas d’autres raisons que d’atteindre la vérité sur nous-même et sur le monde, autrement dit, le roman serait une puissance de désillusion. Or, chaque fois que nous sommes engagés dans une démarche de désillusion, cette dernière est difficile, douloureuse. Aphorisme de René Char : « la lucidité est la blessure la plus rapprochée du Soleil » : perdre ses illusions est une mise à nu. Chez Bernanos, il ne s’agit pas seulement de voir un être perdre ses illusions, mais aussi d’atteindre la vérité sur le monde. Ce travail est d’autant plus douloureux qu’il s’heurte à des résistances intimes, internes : nous ne voulons pas perdre nos illusions, mais aussi il se heurte à la puissance du mal, qui se confond avec la puissance du mensonge social ou personnel, par moment inconscients. On ne peut pas faire un travail de vérité sans rencontrer le mensonge, et ce dernier est une marque du mal. Même si le roman explore la relation d‘un homme avec Dieu, elle explore ses possibilités et limites. Le noyau du roman est la confrontation du curé avec ces deux femmes : la fille et la mère. C’est le noyau car dans ces confrontations, ce qui émerge avec douleur et violence c’est la dimension même de la vérité d’un être mais aussi de la capacité humaine à être vrai avec nous-même. Celui qui amène à la vérité est un jeune prêtre de milieu modeste, alcoolique et souffrant d’un cancer de l’estomac qui va le tuer rapidement.

La discussion violente avec Chantal  Celui-ci s’exprime dans les paroles, mais aussi dans le corps (p.152-156) : « je les hais tous »  Cette haine n’est pas seulement verbale mais aussi physiquement, par une déformation du corps,  Un des pouvoirs prodigieux du roman est de nous éclairer sur ce qui est opaque : l’inconscient d’une personne.  Le curé d’Andricourt est une sorte de médecin qui décrit des symptômes.  Au cœur de ce roman, deux dialogues, deux conversations difficiles et violentes. Avec deux êtres qui se haïssent : la mère et la fille, Chantal et la Comtesse. Et dans les deux cas, le roman va engendrer une sorte d’aveu : le dialogue est là en symbole platonicien pour arriver à la vérité. Les dialogues sont les accouchements des âmes : Maïeutique de Socrate.  La première discussion : celle avec Chantal (p.160) 









Première sous-partie : le visage de la haine  Il s’exprime dans les paroles et le corps « Je la tuerais » (p.156), « Je les hais tous » (p.162), il y a des cris, des interjections… Exprimée physiquement par une déformation du corps « Les mots sifflaient dans sa bouche » (p.162), « J’avais devant moi un visage étrange déformé… » (p.160). Chantal est d’une certaine façon à l’agonie, déformée par une panique. Bernanos essaie de nous faire comprendre que ce qui se cache sous la haine, c’est souvent une peur, une panique. La haine c’est la défiguration de l’humain : de sa parole et de son visage. Le visage est ce qui est propre à l’homme et ce qui est nu. Le mal a plusieurs profondeurs : ce qui est manifeste (la haine) et ce qui est sous-jacent (la peur). Deuxième sous-partie : Au-delà de la haine individuelle, l’immersion de l’individu dans plus vaste que lui  Caractéristique de Bernanos. Dimension théologique. Responsabilité individuelle pour Bernanos : on est responsable de nos paroles et de nos actes. Il y a une appartenance collective à un péché : celui de la condition humaine, le Péché Originel. Expérience assez simple : nous ne sommes pas maîtres de nos actes. Saint Paul « Je fais le mal que je ne veux pas, je ne fais pas le bien que je veux. ». Il n’a rien de singularisant dans le péché, c’est ce qui est commun à tous. Chantal est comme un enfant capricieux. Malgré sa noblesse, son péché la rapproche du peuple. Aussi limité que semble être un roman, un grand roman a toujours affaire avec le monde entier. Et la centration sur une forme, un journal, et un rédacteur singulier est en fait un prélude à l’universel  Ce roman d’un personnage est ainsi pourtant tourné vers l’universel, qu’il soit historique, sociologique ou métaphysique. Un grand roman est toujours une réalité extraordinairement ambitieuse, qui prend en charge le monde et pas un aspect de celui-ci. Ainsi même si c’est apparent, le roman est la suite de l’épopée et du mythe, c’est une des fonctions même de la littérature. La littérature qui compte, se refuse à la fragmentation et donne toujours aspect au monde et pas seulement à un aspect de celui-ci. La deuxième chose à considérer  Le roman prend en charge le négatif, et spécifiquement ici la question du mal/péché. Le roman a abordé la complexité du monde. Illusion chez le pécheur : celle de sa singularité. Quand nous sommes gouvernés par la haine, nous nous croyons uniques, alors que c’est le moment où nous sommes le moins unique « Il y a un peu plus de boue sur le tas de boue ». Communion des pécheurs dans un même mal. Cette solidarité dans le mal effraie (p.172). Ainsi plus elle tente de se singulariser, plus elle ressemble à ceux qu’elle dit détester. Dans l’exercice de la violence, on ressemble à celui que l’on combat. Quel est le rôle du curé ? De ne pas rentrer dans la querelle. Première règle, même position que le romancier, ne pas tenir compte des nécessités familiale et des compromis (p.171) : Il ne fonctionne pas comme le monde fonctionne, selon des normes, catégories à priori respectable. (P.173) un romancier n’est ni historien, philosophes ou moraliste, tout comme le prêtre  tous les deux sont des marginaux, ils voient l’universel, la vérité et non la multiplicité des détails.





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Il met au jour l’aspiration au néant et cela constitue un péché. Le péché c’est l’aspiration au néant de l’ordre de la décréation. Ce qui est désiré c’est que plus rien n’existe. Cette haine de la vie constitue le véritable péché ? Le péché c’est le désespoir, on ne peut guérir le péché que si on a l’espérance. Le curé fait l’épreuve du mal. Le premier sentiment qui est celui du curé c’est l’impuissance (p.176). Il n’est pas un magicien face au mal  il ne se berce pas d’illusions. Cela fait de lui un personnage notable. La puissance du curé est une puissance de salut. Paradoxe : dans le roman c’est apparemment le personnage le plus fragile qui va incarner cette puissance de vie.

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Une des caractéristiques de ce roman : extraordinairement précis sur un certain nombre de points : théologique, mais abstraits certains points essentiels : pas l’âge de la mort, pas l’âge de Chantal et le nom du curé. Ce n’est donc pas un roman strictement réaliste.  c’est un journal et le journal est quelque chose de strictement lacunaire.



Cette situation familiale est doublée par une situation conjugale : la comtesse n’a cessé toute sa vie d’être trompée. Le comte est un être fondamentalement infidèle, A la mort de sa femme, sa fille va occuper une grande place.  relation œdipienne entre Chantal et le père. Elle déteste l’institutrice, car elle est la maîtresse de son père, non pas parce que son père commet une faute morale mais car elle vient s’entremettre entre la relation incestueuse entre la fille et le père.  relation de haine réciproque mère-fille. C’est elle qui commande à son père : inversion des pôles.  triangle œdipien compliqué par un triangle, de vaudeville : le mari, la maîtresse, l’épouse puis le mari, la maîtresse la fille. Situation à la fois lugubre et en même temps misérable, malheureuse  Perversion fondamentale et originelle des rapports humains. Perversion de la vérité à laquelle tout le monde participe.  Un romancier est quelqu’un qui donne des informations sur le cœur humain et ce qui nous éclaire dessus. Le latin se rapporte aux sordidissima. Il éclaire la face cachée de l’être aussi bien et même souvent beaucoup mieux qu’un psychologue car ne sert pas à conceptualiser cela. En créant des fictions il éclaire la réalité à partir de la chair même des êtres sans pourtant élaborer de théories.  La vérité ici n’est pas apportée de façon surplombante par le curé : il n’a pas de théorie ou de savoir sur l’être humain. Il accouche les femmes : fonction socratique. Il ne dit pas aux gens quoi penser, sa présence fait seulement sortir la vérité chez les autres personnages, rôle proche d’un psychanalyste ou thérapeute, il permet de dire à soi-même ce qui se passe en nous : la qualité d’écoute permet que le mensonge







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originel, auquel tout le monde participe, y compris la comtesse, remonte.  au commencement était la jalousie, et au commencement était le mensonge. Cas extraordinaire dans la libération de la parole et du corps, alors que le corps est tenu en bride chez Bernanos  proximité des personnages dans une communion dans le mal P.184 : « allons finissons-en », « il ne fallait pas venir [...] vous êtes un rusé petit prêtre » « Que vous a dit Chantal ? Tachez de répondre franchement » « elle frappait du pied comme sa fille »  geste capricieux d’une fille tyrannique Freud et les pervers polymorphes : il faut distinguer l’enfantin et l’infantile. L’infantile est le désir de prendre toute la place de l’autre et l’enfantin est quelque chose de peu ragoutants en nous. Libération du mal : écueil  prétention de détenir la clef. Humilité extrême du curé, mais pour autant cette empathie n’exclue pas la lucidité, bien qu’elle soit très discrète. Immédiateté de la parole et distance du narrateur qui est en même temps la distance du prêtre et du romancier. Notion de l’affreux ressenti, impact : pas de jugement moral, souligne d’abord l’impact intime, la distance permettant de ne pas rentrer dans la complaisance. Dimension théologie est là dans la mesure où elle éclaire l’humain, non en tant que vérité extérieure mais elle est la plus profonde et permet d’éclairer de l’intérieur la noirceur du cœur humain et d’en défaire les nœuds. Notion de péché originelle structurante pour tout le christianisme occidentale. Pascal, dans les pensées : le pêcheur originel est un mystère, mais sans celui-ci, on ne comprend pas que l’être humain ait choisi le mal plutôt que le bien Communion dans le mal qui existe quel que soit le milieu social, l’époque ou le lieu L’homme ne sort pas du mal par lui-même et par ses mérites Un des grands conflits auquel participe St Augustin : concerne l’attitude que nous devons avoir face au mal. Il s’oppose à un évêque de l’époque (Pélage) qui dit que l’on peut le vaincre par les efforts que l’on fait et la mesure de soi, il compare ces personnes à des légionnaires d’élites qui peuvent s’extirper du mal grâce à nos propres forces. St Augustin pense que c’est la grâce de Dieu et du Christ qui nous sort du mal et non ses mérites Or, le roman de Bernanos se termine quand le curé meurt et dit « tout est grâce » Repose sur une pensée théologique, appelée « christocentrisme » : le Christ est celui qui s’abaisse et descend dans le mal, ce n’est pas un dieu qui reste dans son ciel, mais un dieu qui se fait homme, et descend non seulement dans la matière, mais au contact du mal et va l’éprouver dans sa chair car il est un innocent crucifié, torturé, et c’est à ce prix-là que le salut peut opérer. Cette question a structuré l’occident. Les idéologies totalitaire qui ont commencé à éclore à la fin du XIXème sont des substituts de religion (communautaire, rituel, hommage au chef)

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Comme dit St Paul, là où le pêché abonde, la grâce surabonde. Ce faisant, le curé de campagne rencontre la question de l’enfer. Il y a une sorte d’eucharistie dans le livre, cet eucharistie c’est le pain rassit que le curé trempe dans son mauvais vin  eucharistie dérisoire, cachée et inapparente, qui n’est pas liée à la célébration d’une messe. C’est sa seule nourriture. Il y a une sorte d’abaissement chez ce prêtre. La faute n’est pas contre la morale mais contre l’amour. Le curé n’accuse pas la comtesse de quoi que ce soit mais lui reproche de ne plus aimer et de ne plus s’aimer soi-même. Elle ne peut plus aimer après avoir perdu son enfant, si elle vit dans la haine et l’indifférence, voir dans la haine de Dieu, c’est parce qu’elle pense que Dieu lui a volé son fils. Le curé rouvre la blessure, et en faisant cela, il rouvre le dialogue avec Dieu et rouvre le temps, figé dans l’inacceptable de la mort de l’enfant. L’enfer n’est ici pas un lieu, mais un état : l’état de celui qui n’aime plus. Qu’est-ce qui permet de rouvrir l’échange : dialogue entre les êtres humains. La haine, c’est l’enfermement. En la délivrant de l’enfer il la délivre de la haine (enfer = enfermement) Le don est l’ouverture à l’autre, alors que l’orgueil est la fermeture à l’autre et le central sur soi La libération de la parole, y compris haineuse, a permis un retour à la vie.

La traversée du tragique : 



Dans l’épisode avec la comtesse il y a une structure tragique : unité de temps, de lieu et d’action. On a aussi ce qui appartient à la tragédie, le rapport au divin. Le rythme de ce passage est celui d’une tragédie, qui ne se fait pas sur une fermeture mais sur une ouverture, ce que l’on appelle en grec une épiphanie, une guérison sur une ouverture du temps, sur un futur infini. Cela s’opère sur un dépassement, une métamorphose de deux affects : celui d’abord de la résignation (de la comtesse) La résignation est la fin de l’espérance, la fermeture de temps, l’acceptation d’un malheur éternel et que les choses ne changeront pas. Deuxième affect : le ressentiment  la haine de l’autre, la jalousie. Incapacité d’accepter ce qui nous arrive, à terme : la haine. Ces deux mots à priori sont contraire car la résignation est associée à l’indifférence, cependant le roman montre qu’ils semblent antithétiques mais sont proches l’un de l’autre : il y a des haines froides. Le point commun entre les deux affects est le désamour de la vie et la fermeture sur soi. Si la comtesse revient à la vie, le curé lui aussi y revient. Il revient à la prière dont il était devenu distant. L’éclairage réciproque de ces deux êtres les amène à se dévoiler l’un à l’autre et à se découvrir eux-mêmes dans le dialogue.













Si on n’est pas chrétien, peut-on comprendre ce livre ? Question de recevabilité. Une œuvre, pour être comprise et aimée (la compréhension et l’amour vont ensemble). Cette réception dépend de critères objectifs dont l’absence empêche la réception. Mauvaise réception : pas l’habitude, ou contenu qui choque. Le curé de campagne se déploie à la fois dans un milieu social et spirituel qui peut être profondément étranger. La recevabilité dépend à la fois de la nature de l’œuvre mais aussi de ce qui se passe en nous : disponibilité ou indisponibilité mentale. L’école nous apprend à nous confronter à des réalités qui ne sont pas les nôtres. Recevabilité d’un roman : le roman, comme le théâtre, nous met en relation avec des personnages extraordinairement précis, c’est le cas du roman moderne (à partir du XVIIème siècle, comme avec la Princesse de Clèves). Le roman est une question d’empathie ou antipathie : ces relations se rapprochent avec nos relations réelles. Les personnages peuvent tantôt fascinés, être détestables ou laisser indifférent. La relation affective commande la compréhension, de même, en comprenant un personnage avec des éléments de compréhension on peut entretenir avec lui une relation affective. Le roman ne met pas seulement en relation avec des personnages, mais aussi avec un monde : pluralité des personnages, il met en rapport avec une totalité. Il y a des mondes qui nous sont étrangers, et nous sommes comme devant une porte fermée. La recevabilité dépend de la possibilité de la capacité que le roman suscite de nous figurer un monde qui n’est pas le nôtre. Un des pouvoirs fondamentaux du roman : il ouvre à des mondes que nous ne connaissons pas et que nous n’aurons jamais connu sans lui (fantastique, science-fiction...). Le roman nous permet d’habiter une pluralité et une diversité de monde que nous ignorerons totalement sans lui. Il y a presque une dimension éthique dedans : lire un roman est éprouver le plaisir que tant de monde existe. Le roman nous fait pénétrer là où nous ne pouvons pas pénétrer autrement, non pas par une connaissance extérieure mais par l’empathie, une connaissance affective. C’est par les personnages que nous pouvons entrer dans ce monde. Nous entrons dans une sorte de porosité, nous nous emplissons d’une réalité qui n’est pas la nôtre et devenons familier de cette réalité. Le roman nous permet d’entrer dans ce qui est interdit et impossible, dans l’âme de quelqu’un, dans les motifs les plus intimes et les plus secrets qui commandent les sentiments et le comportement d’un être. Le lecteur est semblable à Dieu. Quelque chose de l’ordre de la mise en abyme dans le Curé de campagne. Le narrateur est un diariste. Le journal est intime, nous entr...


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