Euro, par ici la sortie de (P) Arthus PDF

Title Euro, par ici la sortie de (P) Arthus
Course Histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques
Institution Lycée Général
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Fiche de géopolitique...


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Fiche de lecture : EURO par ici la sortie ?

Année d’édition : 2017 Edition fayard Auteurs : Patrick Artus, professeur de sciences économiques à polytechnique) et à l’université Paris-IPanthéon-Sorbonne, chef économiste de Natixis (banque) ; Marie-Paule Virard, journaliste économique et ancienne rédactrice en chef du magazine Enjeux-Les Échos de 2003 à 2008.

Introduction Désenchantement : à l’égard de la construction européenne qui s’accélère par : -

Une cure d’austérité depuis environ 8 ans, et un chômage fort au sud de l’Europe ; Une immigration croissance, suite à la déstabilisation au Sud et à l’Est de la Méditerranée ; Un rejet croissant de la bureaucratie Bruxelloise, et le sentiment généralisé qu’a la population d’être dépossédé de sa souveraineté et d’être méprisé par les élites.

Conséquences en France en juin 2016 : (Source : « Après le Brexit, quelles perspectives pour l’UE et la France ? », CSA research pour La Croix) -

48% de la population se déclare en faveur d’une sortie de l’UE. Près de 6 personnes sur 10 en faveur d’un référendum.

5 faiblesses majeures : 1) Absence de coordination pertinente des politiques économiques 2) Refus de tout fédéralisme comme réponse nécessaire à l’hétérogénéité et la divergence des niveaux de revenu entre tous les pays 3) Disparition de la mobilité du capital entre les pays de la zone euro (cf plus loin) 4) Les ravages produits par le dogmatisme et la bureaucratie 5) La défaillance du grand marché unique commercial et financier Autre déf (différent de la construction monétaire) : bipolarisation nouvelle du marché du travail qui compromet les emplois intermédiaires et appauvrit irrésistiblement les classes moyennes.

I.

Le manque de coordination et la mauvaise application du principe de subsidiaritéi

Le principe de subsidiarité (apparait dans l’acte unique en 1986, puis dans Maastricht) se veut principe d’efficacité. (Par exemple les décisions qui peuvent être prises dans un cadre national ne doivent pas nécessiter l’intervention d’un cadre plus global (Bruxelles)). Il est cependant aujourd’hui mal appliqué. Il provoque une dérive bureaucratique, ou l’absence de coordination pour des décisions qui devraient être prises au niveau supranational et qui sont prises au niveau national (ex : modification de l’attractivité d’un pays, qui baisse celle les autres pays).

En effet, les politiques des Etats provoquent des externalités ii , des conséquences qui compromettent les politiques et le fonctionnement des économies des autres Etats. Dans un contexte de mauvaise application du principe de subsidiarité, il faut donc : -

Que les institutions européennes fassent preuve de davantage de retenue dans l’exercice de leur pouvoir en vertu du principe de subsidiarité. Approfondir la coordination des Etats, en se demandant systématiquement à quel niveau une politique est la plus efficace, et si elle génère des externalités.

« La faiblesse de la croissance, le niveau élevé du chômage (en moyenne), le cas échéant la perte de compétitivité, s’expliquent en partie par l’inefficacité qui résulte de la non-coordination des politiques économiques entre les pays de la zone euro et d’une mise en œuvre pour le moins inappropriée du principe de subsidiarité. »

II.

Divergence entre les pays en périphérie sud/est et le reste de l’UE

« 484 euros. C’est le montant de retraite qu’Aliki touche désormais chaque mois. Pas un euro de plus pour cette septuagénaire athénienne, retraitée du secteur privé, qui a vu sa pension amputée, petit bout par petit bout, de 42 % au cours des 6 dernières années. » En Grèce, « 100000 chômeurs sur les 1,35 millions recensés sont indemnisés. » Divergence croissante depuis longtemps de spécialisation entre les pays (risque de choc asymétrique plus important si les spécialisations sont trop différentes). Elle s’opère par la simple application de la théorie des avantages comparatifs (main d’œuvre qualifiée, absence de coûts de transport). 2 types de pays : -

ceux avec une spécialisation industrielle et une capacité à exporter, donc une capacité à fabriquer des excédents extérieurs ; ceux structurellement défcitaires.

Désormais, depuis la crise, il n’y a plus de transfert d’épargne depuis les pays en excédent d’épargne. Or, il s’agit d’un atout principal d’une union monétaire. Ils permettent de corriger les écarts dus à la spécialisation et à terme d’éviter des politiques d’austérité des pays en périphérie, faisant baisser le niveau de vie et laissant planer la menace d’une sortie de l’euro de ces pays qui voient leur situation s’empirer.

III.

Une « union de transfert » est la meilleure alternative possible face au déséquilibre des épargnes.

Les pays du Nord ont un capital par tête élevé (chaque individu a globalement un capital de départ élevé), de sorte que la productivité marginale du capital iiiest faible (augmenter d’une unité le capital par tête dans les pays du Nord augmentera faiblement la production) ; en revanche, c’est

l’inverse pour les pays du sud (de l’euro). Or, depuis 2008-2009 le capital ne circule plus dans l’union monétaire (sous forme d’investissement) : la Chine ou même l’Allemagne sont les destinations privilégiées des investisseurs (allemands notamment). « Quantitative easing » de la BCE : rachat des dettes publiques des Etats par la BCE ; « l’encours détenu par la BCE est passé de moins de 200 milliards d’euros en 2014 à plus de 1 100 milliards en 2016 ». Recommandation de l’auteur : l’on pourrait instaurer « un fédéralisme à base de transfert de revenu des pays les plus riche vers les moins riches afin de corriger les écarts de revenu par tête ».

IV.

Le danger du dogmatisme

Le « multiplicateur budgétaire » est un concept déterminé par des économistes keynésiens au cœur de la crise économique de 1930. En cas de sous-emploi ou de crise économique, l’Etat peut organiser une relance budgétaire par l’investissement public qui, à terme, permettrait des bénéfices proportionnellement plus grands (multiplicateur supérieur à 1). Or, la critique de cette approche s’est imposée comme discours dominant à partir des années 90, et la convergence budgétaire dans l’union européenne est la conséquence de ce contexte idéologique. Le dogmatisme s’est ainsi incarné par les mauvaises politiques budgétaires, un quantitative easing trop tardif et une réglementation bancaire renforcée à l’issue de la crise qui a nui aux entreprises (passage du bail out, « sauvetage des banques en difficulté par les Etats », au bail in, « sauvetage par les actionnaires, porteurs d’obligations et les détenteurs de dépôts non assurés supérieurs à 100 000 euros ») => moins d’offres de crédit car plus de risques.

V.

Le marché unique fonctionne mal

Comme dans le cas d’autres unions monétaires, l’on voyait dans la zone euro un moyen de doper les échanges entre les pays membres. Or les bénéfices espérés n’ont pas vu réellement le jour, faute de pouvoir lever de nombreux freins au bon fonctionnement de la zone euro : « Il faut un diplôme spécial pour devenir fabricant de corset en Autriche ! ». Les ajustements en cas de difficultés sont de plus asymétriques : l’Allemagne, qui dégage un excédent budgétaire, ne prête pas son épargne aux pays du Sud, qui eux sont tout de même contraints de réduire leur déficit public. Les mécanismes d’ajustements ne permettent que de baisser la demande, baisser les salaires, baisser le déficit : ils sont tous restrictifs.

VI.

Euro, par ici la sortie ?

3 risques de sortie principaux :

Le premier : les pays de l’OCDE ont vu la taille de leurs actifs extérieurs (les investissements à l’étranger) et leur dette s’accroître singulièrement. « Une dévaluation de 30% de la monnaie nationale associée à un Frexit représenterait un renchérissement de la dette de 19% (30% de 64%), soit l’équivalent de 400 milliards d’euros, soit près de 4,5 fois le budget de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche dans la loi de finance 2017, ou encore 7 fois les aides et allocations distribuées chaque année par l’Etat » (64% correspond au pourcentage de la dette française détenue par les non-résidents). Le deuxième : les pays de l’euro importent depuis l’étranger des biens non substituables. L’élasticité-prixiv de ces biens est faible, puisqu’ils sont nécessaires et que la demande reste stable même en cas d’augmentation des prix. En augmentant le protectionnisme, les prix de ces biens augmenteront sans pour autant modifier le volume des importations, entrainant l’appauvrissement. Enfin le dernier : les industries tendraient à se localiser dans des pays en libre-échange et ne représentant pas de risque de change, pour maintenir un niveau de rentabilité élevé du capital.

Bilan : Les recommandations de l’auteur

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Mieux coordonner, sans tout harmoniser : faire correctement usage du principe de subsidiarité et davantage prendre en compte les externalités. Un fédéralisme pour réduire la divergence, sous peine d’explosion de la zone euro (budget important, mise en commun de certains aspects de la protection sociale, « fonds de stabilisation » => alloué, par exemple, en fonction de la différence entre le niveau de chômage et le chômage structurel). Restaurer la mobilité du capital, atout principal d’une union monétaire. Développer une « Europe à la carte » avec des projets plus concrets dans des groupes dans le cadre de « coopération renforcées ». Investir intelligemment : dans les nouvelles technologies, la modernisation du capital et l’instruction pour renforcer les compétences de la population active.

Note : Le livre est écrit juste avant les élections présidentielles françaises. Le front national donnerait la possibilité d’une sortie de l’euro, et l’on assiste globalement à un rejet de l’oligarchie bruxelloise.

i

Principe de subsidiarité : (Notion aux racines antiques (Aristote, Homère), et reprise au début du XVIIe siècle par Johannes Althusius, l’un des pères du fédéralisme moderne). Principe philosophique selon lequel « pour être solidaire, il faut d’abord être libre et autonome », et aux résonnances politiques : « l’idée d’une société constituée non d’individus, mais de communautés s’articulant autour d’un principe d’harmonie », associée à « la nécessité d’une autonomie de ces communautés vis-à-vis des pouvoirs centraux ». (Citations de Patrick Artus). Exemple d’application de ce principe : l’Allemagne fédérale. ii Externalités : terme économique qui désigne les effets externes du fonctionnement de chaque économie (les conséquences externes) (ex : l’augmentation de l’attractivité d’un pays entraine une baisse de l’attractivité des autres) iii Productivité marginale du capital : Production potentielle supplémentaire pour une unité de capital supplémentaire. iv Elasticité-prix : Le rapport entre la variation relative de la demande d'un bien et la variation relative du prix de ce bien. Ce rapport est généralement négatif car lorsque le prix augmente, la quantité demandée diminue et réciproquement....


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