La GD en France - Cours de macro économie avancée sur les crises PDF

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Cours de macro économie avancée sur les crises...

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La Grande Dépression en France Introduction Entre 1873 et 1896 on a observé dans les PDEM une période de fort ralentissement de la croissance et un retour violent au protectionniste : c'est la « Grande Dépression ».Dans un article célèbre, « La décélération de l'économie française dans la seconde moitié du XIX » Lévy-Boyer a montré que la dépression française a présenté des spécificités marquées. Quelles ont été les spécificités de la France durant la dépression ?

I.

Les manifestations de la crise en France : un déclin par rapport aux autres pays

a) Dans un 1er temps, la France semble mieux résister que les autres pays. Alors que les USA, l'Allemagne et surtout le Royaume-Uni sont sévèrement touchés par la crise dès 1873 (Krach de 1873 à Vienne et faillites de banques aussi bien en Autriche qu'en Allemagne, Krach de 1873 à New-York ...), la France résiste bien dans un premier temps notamment grâce à un plan de grands travaux, dit « plan Freycinet » voté en 1878. Concrètement ce plan consiste en la construction de voies ferrées d'intérêt local, de canaux et en l'amélioration des installations portuaires.5000km supplémentaire de chemins de fer sont ainsi construit de 1879 à 1882 provoquant des effets d'entraînement sur les industries métallurgiques et minières. Cela a permis le maintien de l'activité industrielle.

b) À partir de la seconde crise en 1882, la situation de la France se détériore violemment. On a pu observer en France une série de krach. Ainsi en 1882 survient le krach de l'Union générale suivi rapidement par le krach de la bourse de Lyon et de Paris ce qui entraînera l'apparition de problèmes habituels liés à cela (difficultés de trouver un mode de financement pour les entreprises, thésaurisation de la part des ménages...). En 1889 se produit en outre le krach de la compagnie du canal de Panama avec à sa tête le français Ferdinand de Lesseps. Cela va rapidement tourner au scandale (du fait de corruption avérée de journalistes et hommes politiques afin d'obtenir leur soutien pour financer la Compagnie Universelle de Panama alors en proie à des difficultés financières) qui éclabousse plusieurs hommes politiques et industriels français durant la Troisième République et ruine des centaines de milliers d'épargnants. Enfin on observe également une crise politique avec le renversement du gouvernement de Léon Gambetta à la suite du refus d'un projet constitutionnel proposant notamment de limiter les pouvoirs financiers du Sénat.

c) Finalement, la grande dépression a marqué le déclin de la France par rapport aux autres pays. Certes il n'y a pas eu de recul dans la croissance économique (mais seulement un ralentissement), mais par rapport aux autres pays on observe un recul de la France. C'est ainsi la thèse de Jean-Charles Asselain qui dans son étude a montré le déclin relatif de la France en la comparant notamment à l'Allemagne. Reprenant les cinq indicateurs partiels de Bairoch (productivité par actif agricole, consommation industrielle de coton brute, la production de fonte, la consommation de houille et la force motrice mécanique utilisé dans l'industrie (indicateur synthétique représentatif du degré d’industrialisation) il montre que la France qui dominé l'Allemagne sur tous ces indicateurs en 1860 est dépassée selon tous ces indicateurs par l'Allemagne lors de la période 1880-1890. Il montre par exemple que le rapport de la productivité agricole France/Allemagne qui était de1,4 en 1860 n'est plus que de 0,7 En 1890.Asselain ajoute que la France perd du terrain même par rapport à l'Angleterre pourtant très touchée par la crise. Alors qu'en 1860 la France était encore la seconde puissance financière et commerciale du monde, elle est ainsi déclassée lors de la Grande Dépression.

II.

Les explications de la crise en France

a) Les conséquences de la guerre de 1870 Le contrecoup de la guerre franco-prussienne a été souvent mis en avant pour expliquer l'ampleur de la crise en France. Néanmoins ce n'est pas pour les raisons que l'on croit : le versement de 5 millions francs or à l'Allemagne s'est en réalité effectué avec facilité et a même été en avance sur le calendrier. De plus elle a entraîné indirectement la crise de 1873 en Allemagne (thèse développé notamment par Kindleberger. En effet, une fois les indemnités payées, les banques allemandes ont cessé d'être alimenté artificiellement ce qui a engendré une crise bancaire. C'est dans ce contexte que Bismarck a dit : « La prochaine fois que nous gagnerons une guerre contre la France nous exigerons de lui payer une indemnité ». Le paiement des indemnités à l’Allemagne a donc joué un rôle limité. Il en est de même également pour les pertes humaine qui ont en réalité étaient très limité (139 000 morts) et en rien comparable avec les pertes des guerres de Napoléon premier (370 000 morts pour la seule retraite de Russie) ou de la première guerre mondiale. En réalité ce qui a surtout joué c'est la perte de l'Alsace-lorraine, grandes (et belle) régions industrielles françaises notamment la région de Mulhouse (puissance dans l'industrie du textile avec de grandes familles comme les Dollfus) ou encore mais dans une moindre mesure le minerai de Lorraine.

b) Les accords internationaux La seconde explication mise en avant pour expliquer l'importance de la crise en France est la concurrence internationale induite par un certain nombre de traité libreéchangiste. Ainsi le traité franco-britannique de 1860 premier d'une longue lignée de traité

libre-échangiste (traité similaire avec l'Allemagne en 1862) a entraîné l'effondrement de certaines branches de l'industrie française moins compétitif que les produits anglais qui était déjà libre-échangiste (et donc mieux habitué à la concurrence internationale) ainsi que de l'agriculture. Or très rapidement beaucoup de pays vont retourner au protectionnisme comme l'Allemagne en 1870 alors que la France ne mène que des politiques partielles dans le même sens. Le retour du protectionniste de la part des pays neufs largement importateurs de produits agricole française va avoir des conséquences graves pour les agriculteurs français.

c) La crise de l'agriculture Mais c'est surtout les problèmes dans l'agriculture qui expliquent le déclin relatif de l'économie française. Alors que la croissance industrielle n'a ait que ralentir, on a observé une véritable stagnation de l'agriculture française. Elle se manifeste d'abord dans le vignoble où l'on observe une véritable crise de sous-production imputable à un facteur accidentel, la crise du phylloxéra qui touche 100% du vignoble français. Dès 1880 la France est importatrice de vin ! On observe également une crise céréalière, mais dans ce cas il s'agit d'une crise due à la baisse des prix induite par la concurrence des Etats-Unis et de la Russie permit par le développement des moyens de transport. Entre 1860 et 1895 le cours du blé a ainsi baissé de 45% et la France a exporté 20% de sa production de blé entre 1888 et1892 De plus l'agriculture française témoigne d'une faible capacité d'adaptation. Il n'y a pas eu de reconversion vers l'élevage comme en Angleterre : selon Asselain la part des produits d'élevage dans la valeur total du agricole français a cessé d'augmenter au cours des années 1880. De plus cette agriculture tarde à se moderniser. On ne comptait ainsi en France en 1887 que 35000 moissonneuses.

III.

Les politiques pour faire face à cette crise et leurs conséquences

a) L'accroissement des dépenses publiques et les aides de l'Etat. Après avoir représenté une proportion relativement stable du produit national pendant la première moitié du XIXe, les dépenses publiques s'accroissent rapidement au cours des années 1870 pour atteindre un maximum au début des années 80. Des travaux efficaces à court terme comme le plan Freycinet voté en 1878 qui a certes permis la construction de 5000 km supplémentaires de chemins de fer stimulant l'industrie métallurgique et minières. Mais cela a également engendré un afflux des capitaux vers l'industrie, les dividendes versés ont augmenté et la spéculation boursière s'est développée. Ainsi le surcoût des travaux publics a causé une hausse des prix des matières premières, des biens de production, des salaires et du taux d'intérêt. De plus ces soutiens temporaires n'ont pas permis de véritable relance et certains programmes ont même été contre-productifs comme le vaste programme d'aide à la construction de voiliers lancé en 1892, époque à laquelle la navigation à vapeur l'avais déjà surpassé.

b) La mise en place de politiques protectionnistes Le gouvernement va mettre fin aux accords de libre-échange voulus par Napoléon III comme par exemple le traité franco-britannique. Dès 1881 mais surtout en 1892 avec les tarifs Méline on met en place des politiques protectionnistes. Néanmoins cette réaction apparaît tardive par rapport aux autres États européens (dès 1870 l'Allemagne revient au protectionnisme). Dans l'agriculture, réaction tardive : il faut attendre 1885 pour que le gouvernement fixe le droit sur le blé à trois francs par quintal (soit environ 15 %). Mais ce premier relèvement des droits protecteurs est insuffisant, de sorte que de nouvelles mesures protectionnistes vont être prises coup sur coup. Mais cette politique ne réussit finalement qu'à freiner la baisse des prix, en maintenant un grand nombre de petites exploitations au voisinage du seuil de survie, sans leur donner le moyen de se moderniser.

Conclusion La France a donc connu une situation particulière durant la Grande Dépression où la crise a été particulièrement intense et marquée principalement par les difficultés dans l'agriculture. La Grande Dépression a porté un rude coup à la puissance de la France et est apparu comme une étape décisive dans le déclin de la France qui va se poursuivre au XXe siècle avec les deux guerres mondiales et l'avènement d'une nouvelle puissance : les USA....