LA Souffrance N\'EST PAS LA Douleur PDF

Title LA Souffrance N\'EST PAS LA Douleur
Course Philosophie : éducation, santé et travail  
Institution Université Catholique de Louvain
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« LA SSO OUF FR AN CE N ’E ST P AS LA DO ULE UR » ((Pa Pa ul RI CO EU R) UFFR FRAN ANC N’E ’EST PAS DOU LEUR Paul RICO COEU EUR Ce texte est à la base une communication/conférence. C’est un philosophe qui s’adresse à des psychologues dans le cadre d’un coloc organisé par l’association française des psychiatries en 1982. Sa question majeure est « pourquoi la souffrance ? ».

➢ Introduction Le philosophe qui s’intéresse à la question de la souffrance va essayer de décrire la structure/de fond/interne de base de la souffrance c’est-à-dire dire dans quelle mesure du sens et du non-sens apparait/émerge/se manifeste dans l’expérience humaine du souffrir dans sa dimension universelle. En quoi cela se distingue de la démarche psychiatrique ? La philosophie a une dimension générale tandis que le psychiatre est face à un cas particulier. De plus, là ou le philosophe s’inscrit dans une démarche conceptuelle du souffrir en général, le psychiatre va s’intéresser aux troubles mentaux particuliers qu’il faudra décrire et simplifier (nosographie ; décrire et classifier les maladies/pathologies). Les courants philosophiques dans lesquels s’inscrit Ricoeur sont la phé phénom nom nomén én énolog olog ologie ie (courant philosophique du 20ème siècle. C’est une démarche/courant qui essaie de décrire (elle ne cherche pas à convaincre ou à argumenter !) différents domaines de l’expérience humaine telle qu’elle se montre d’où le mot phénomène → philosophie très concrète qui renvoie au monde de la vie, donc le monde de toutes les expériences qui sont les nôtres) qui va souvent de pair avec l’her her hermén mén méneu eu eutiq tiq tique ue (elle va rajouter un élément important, elle va renvoyer à hermès qui devait transmettre les messages (qu’il fallait interpréter) des dieux → philosophie de l’interprétation et de la compréhension des signes et des productions culturelles (livres, art, …) de chaque culture). Ricoeur agit dans ce texte en tant que phén phénom om omé énolo nologue gue et essaie de décrire la structure interne du souffrir humain tel qu’il se montre/apparait, comment l’homme s’éprouve lui-même en tant qu’être soufrant. Il s’agit alors de décrire toutes les manifestations de la souffrance en essayant de ressortir sa structure interne. Il essaie aussi de nous livrer une meilleure compréhension de la souffrance en interprétant les signes/expressions de la souffrance telle qu’elle se montre (herm herm herméne éne éneu utique tique) Le philosophe va donc essayer d’éclairer et d’approfondir notre compréhension de l’être humain qui souffre et donc élargir notre horizon de compréhension. L’herm herm herméne éne éneut ut utique ique va nous aider à mieux nous comprendre notre condition d’être souffrant mais aussi en tant qu’êtres qui doivent encore passer par des expériences de souffrance et qui sont capable d’endurer la souffrance Ricoeur s’adresse à des psychiatres, il faut donc, une fois qu’on a distingué les deux démarches, dresser un seuil/terrain commun, dégager/expliciter en quoi ces deux démarches peuvent coïncider et Ricoeur trouve ce terrain commun dans la sémiologie (démarche consistant à décrire/comprendre les signes). Quand on est face à une

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personne qui souffre, il faut distinguer la douleur corporelle et la souffrance → LA SOUFFRANCE N’EST PAS LA DOULEUR.

➢ Pourquoi la souffrance n’est pas la douleur ? La d doul oul ouleu eu eurr = aaffe ffe ffects cts cts/se /se /sentim ntim ntimen en ents ts llocali ocali ocalisés sés dan danss de dess or organe gane ganess p part art articu icu iculiers liers du cor corps ps aalor lor lorss q que ue la ssouff ouff ouffran ran rance/ ce/ ce/la la ssitua itua ituatio tio tion n de so souffr uffr uffran an ance ce n nous ous re renv nv nvoie oie à une eexpér xpér xpérien ien ience ce tota totale le ((hum hum humain ain aine) e) qui imp impliq liq lique ue la to total tal talité ité d de en notre otre ex existen isten istence, ce, elle m mob ob obilise ilise la tota totalité lité de dess sit situat uat uation ion ionss et cir circon con constan stan stances ces qui son sontt lles es m mien ien ienne ne ness. Ricoeur appelle ça une expérience totale. La souffrance est donc une expérience totale, une emprise/pouvoir sur l’intégralité de notre existence, elle a un impact sur l’intégralité de notre existence. La souffrance doit être intégrer à l’intégralité de notre histoire personnelle (la perte d’un être cher → je dois intégrer dans l’expérience de deuil qui vient bouleverser l’ensemble de mon existence). La souffrance est donc liée à des affects aussi (tout ce qui, dans la vie, peut m’affecter/me blesser → maladie, chômage…) mais ceux-ci sont liés à la réflexivité (la vision ou la conception que j’ai de moi-même), au langage (je dois exprimer ma souffrance comme par le cri), au rapport à l’autre notamment à celui à qui j’exprime ma souffrance et au sens même de l’existence/de la vie (Ricoeur va alors évoquer les questions comment : pourquoi moi ? Jusque quand ? Je suis coupable ? Qu’est-ce que j’ai fait ? ou pas ?)

➢ La souffrance à partir de trois axes : l’axe « soi-autrui », l’axe « pâtir-agir » et l’axe des questions du sens (pourquoi moi et pas les autres ?) 1. L’axe « soi-autrui » Pourquoi aborder la souffrance dans cet axe ? Parce que le rapport à l’autre et le rapport à soi sont affectés par la souffrance et parce que l’autre peut être aussi à la source de ma souffrance. L’autre peut aussi bien être celui qui vient à mon aide ou tout simplement celui qui me fait souffrir. On peut aussi s’infliger sois même sa souffrance, donc je deviens aussi « l’autre » qui me fait souffrir. Nous sommes aussi à la source de l’aide que nous pouvons nous apporter nous même (on peut être son pire ennemi comme son meilleur ami). ➔ Dans la souffrance il y a donc une altération du rapport à soi et du rapport à l’autre. Quand on essaie de décrire et donc de mieux comprendre les effets de la souffrance, on est toujours face à un paradoxe : les preuves d’un soi séparé et en même temps d’un soi intensifié. Il est séparé/dissocié de ses pouvoirs (il y a une diminution de mes pouvoirs) et il est souvent séparé des autres (physiquement → il est dans sa chambre, à l’hôpital). Dans la séparation on est plutôt du côté du pâtir (point 2), car il s’agit d’une diminution de ma puissance d’agir. On appelle ça l’épreuve de la séparation. MAIS le pâtir et l’agir vont

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toujours de pair, donc il y a aussi une épreuve intensifiée du sentiment d’exister, il y a une intensification comme épreuve de soi. Quand on souffre, on se sent d’avantage soimême, on est une plaie vive, une blessure ouverte vive, on est souffrant et on s’identifie pleinement à la souffrance qu’on est. On est cette souffrance. Dans l’expérience de la souffrance il y a comme une intensité du sentiment d’exister à vif, comme une plaie. Je suis alors renvoyer à moi-même, d’où le besoin de l’« agir » et de réagir. Ricoe Ricoeur ur di ditt alo alors rs qu’à la p place lace d du u « je p pen en ense se ccom om omme me jj’ex ’ex ’existe iste », il di ditt « je so souff uff uffre re d donc onc je suis » ce qui veut dire que la souffrance me renvoie à mon être le plus profond. On peut appeler ça aussi l’intensité de s’éprouver soi-même et une présence à soi. ➔ Il y a donc une intensité douloureuse mais une intensité du ressentir, tous mes sens sont bien réveillés, face à moi-même dans cette situation qui vient m’atteindre et c’est comme si mon existence devenait plus claire/évidente et même insupportable comme un poids qui est le mien. Je suis rivé à moi-même dans l’expérience de la souffrance, il n’y a rien dehors. Dans la souffrance, l’être humain qui souffre se sent replié sur soi, en raison aussi avec la diminution de ses pouvoirs. Il y a dans la souffrance une crise de l’altérité, donc une mise à mal du rapport à l’autre. Il dira aussi que le sujet est indisponible vis-à-vis des autres, des propositions, des activités, du langage, des conversations, … Sa vie semble se fermer sur elle-même, c’est une expérience violente de déliaison. Dans le domaine de l’acte thérapeutique, ça s’exprime par un refus de l’acte soignant, on refuse l’acte aidant. Ricoeur dit : « Le soi séparé se manifeste de 4 façons : l’expérience de l’in l’insub sub subsstitua tituable ble (contraire de ce qui peut se substituer, la personne qui souffre est séparée des autres car sa souffrance n’est jamais substituable, elle ne peut jamais être transférée, sa souffrance est unique), de l’inc l’incom om omm munica unicable ble (l’autre ne peut ni comprendre ni m’aider dans ma souffrance et donc il y a dans la souffrance une expérience de solitude), l’autre peut être aussi l’ennemi/la source de ma souffrance et il y a aussi la malédiction (pourquoi moi et pas l’autre ? J’ai été élu pour la souffrance, moi et pas l’autre) Passage illustrant ce sentiment de soi dans la souffrance (livre de M. Duras, elle fait pour la première fois l’expérience du désir) : « Nous sommes tristes. Mais je lui dis que ce n’est pas seulement parce que c’était pendant le jour, je lui dis que je suis dans une tristesse que j’attendais et qui ne vient que de moi (la souf souffran fran france ce qu quand and elle me ble blesse sse ne pe peut ut v ven en enir ir q que ue de m moi). oi). J’ai toujours été triste et je le vois aussi dans les photos lorsque j’étais petite. Aujourd’hui, cette tristesse, tout en la reconnaissant comme celle que j’ai toujours eu, je pourrais presque lui donner mon nom tellement elle me ressemble. (Iden Iden Identité tité en entre tre mo moii et ma so souffra uffra uffrance, nce, je sui suiss telle tellemen men mentt ccette ette so souffr uffr uffran an ance ce q que ue jje ep pour our ourrai rai raiss lu luii do donne nne nnerr m mon on n nom om om) » → La souffrance n’est pas liée à des circonstances extérieures, à une circonstance dans le monde mais elle est liée à quelque chose d’intérieur. La souffrance est toujours d’abord la mienne.

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Deuxième passage (Zweig, il propose à une fille d’aller danser) : « Elle s’appuie, s’accroche des deux mains à la table avec une telle force que la coupe cliquette est vide et en même temps quelque chose tombe avec fracas de son fauteuil sur le plancher. 20,30 secondes, elle reste ainsi s’agrippant de ses deux mains à la table, c’est pendant que les secousses viennent ébranler son corps faible mais elle ne s’enfouit pas, on ne peut pas se distancier de cette souffrance qui est la nôtre (il il n’ n’y yap pas as d de em mise ise à dis distance tance p poss oss ossible ible po pour ur ccelu elu eluii qu quii so souffr uffr uffre e) donc elle s’accroche seulement de plus en plus désespérée au long plateau de la table. Et soudain, des sanglots éclatent, farouches, élémentaires, (touj touj toujour our ourss élém élémen en entaire taire d dan an anss la souf souffran fran france ce ce), un cri qu’on cherche à étouffer (qu’ qu’ qu’on on n ne ep peut eut pa pass ét étouffe ouffe oufferr) » → La fille est handicapée et en chaise roulante (souffrance physique qui mobilise l’ensemble de l’existence de cette fille, elle ne va pas sans une intensification de l’épreuve de soi intensifiée) donc elle ne peut pas accepter la proposition du garçon qui l’invite à danser ➔ Je vais essayer de continuer à vivre et donc il y a dans la souffrance une exacerbation du sentiment d’être en vie te du désir d’être encore en vie. Il y a au sein même de la souffrance un rappel de la force de vie. Cette articulation entre pâtir et agir est très importante aussi dans cet axe. Conclusion : La souffrance d’un côté vient ébranler mon sentiment d’être en vie, je voudrais être invulnérable et je me découvre faible, il y a un sentiment de destruction (qqch que je n’ai pas choisi et qui vient me blesser) MAIS EN MEME TEMPS la souffrance exacerbe le désir d’être en vie/vivant, mon appétit de vivre. Le désir d’être encore en vie émerge du fond même de la souffrance, même sous une expression minimale (OUI IL L’A DÉJÀ DIT DANS LE PARAGRAPHE AU DESSUS LAISSE TOMBER ESSAIE PAS DE COMPRENDRE) La souffrance est muette et révèle la souffrance. La souffrance ne dit pas quelque chose de différent, je pourrais lui donner mon nom tellement elle me ressemble. La souffrance vient introduire une cassure de ce rythme habituel normal de la vie et cette cassure qui me rappelle à moi-même. Il n’y a pas d’objet dans la souffrance, je souffre tout court. La passion est aussi source de souffrance car on désire quelqu’un passionnément et intensément mais alors puisque l’autre est érigé en absolu (inatteignable), la perte de cet objet (jamais possédé) implique une perte totale. Donc le passionné souffre deux fois, d’abord à cause de l’illusion (de viser celui ou celle qui est hors de son atteinte) et aussi à cause de la désillusion (on manque son but, le désiré/la désirée car dès le départ il était inatteignable) qui vont de pair dans la passion. Cette expérience est source de l’art, c’est dans l’absence de l’autre désiré qu’on écrit. Ricoeur dit qu’il a peur de se refroidir et que c’est pour ça qu’il écrit, il est anéanti par cette absence de réponse maos c’est ça qui le pousse à écrire davantage pour se sentir encore en vie. Toutes les autres activités lui semblent insensée et fade.

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2. L’axe « pâtir-agir » On souffre mais on cherche de l’aide, donc dans la souffrance il y a toujours de la construction et de la destruction, il y a toujours de la contamination, de la désorganisation (elle vient mettre à mal ma vie, mes pouvoirs sont mis à mal) ➔ Du côté du pâtir, il y a une diminution de mes pouvoirs d’agir/de ma puissance d’agir mais dans l’expérience même du souffrir, il y a toujours des possibilités d’action, il y a un agir minimal, un fil m min in inime ime de ré résis sis sistan tan tance. ce. La vie nous blesse, nous détruit, mais la vie nous soutient. L’homme est un être souffrant et agissant et c’est souvent dans des situations de souffrance qu’il réalise qu’il est encore et toujours agissant. La vie elle-même est un mélange d’agir et pâtir. Pour Ricoeur, il y a 4 niveaux d’actions efficientes : l’homme est marqué par « la pa paro ro role le » mais l’homme ne se contente pas de parler mais il peut aussi « faire »», il peut aussi se raconter soi-même, donc un « pou pouvoi voi voirr de na narra rra rration tion » et finalement il y aussi le « pouv ouvoir oir d’ê d’être tre rresp esp espon on onsabl sabl sable e »», de s’estimer soi-même comme quelqu’un qui agit moralement. Du côté du pâtir, la souffrance vient mettre à mal ces 4 pouvoirs, elle vient les diminuer. Elle vient introduire des blessures qui affectent tous ces pouvoirs. Là où l’homme était capable de parler, la souffrance veut introduire l’impuissance à dire (incommunicable) donc l’homme va éprouver une sensation entre le vouloir dire sa souffrance et l’impuissance à dire. Mais dans cette difficulté, il trouve le moyen d’exprimer sa souffrance mais cette expression ne relève pas d’une phrase ou d’une représentation de la souffrance mais elle passe par une expression immédiate de la souffrance dans le cri (pas de mots). Dans le cri, dans la plainte et dans les larmes, il y a toujours un appel à l’aide (et il faut y répondre). C’est dans ces expressions de la souffrance que le soignant vient introduire son aide. Ce même raisonnement va s’appliquer aux autres niveaux de pouvoirs. Par rapport au pouvoir faire, lorsque la personne souffre, il y a un écart entre le vouloir et le pouvoir (on voudrait marcher mais on ne peut pas, on est affaiblit physiquement) MAIS il y a tjs un degré minime d’agir dans la passivité du souffrir (le souffrir introduit une passivité mais il y a de l’activité au sein même de la passivité du souffrir). L’identité relève du pouvoir de se raconter soi-même. Dans la souffrance, il y a une mise à mal de ce pouvoir car dans la souffrance je vis au présent, je suis dans l’instant présent OR les histoires consistent à enchainer des actions et des évènements du passé, du présent et vers l’avenir. La souffrance met à mal ce fil narratif et tout histoire perso est reliée aux histoires des autres, or dans la souffrance je suis séparée des autres donc c’est mis à mal également.

ALLELUIA

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