Le devoir PDF

Title Le devoir
Course Philosophie
Institution Lycée Général
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le devoir philosophie ...


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PHILOSOPHIE GENERALE Cours Terminale ES

2ème PARTIE : LA MORALE CHAPITRE 1

LE DEVOIR La soif du mal, O.Wells Moyen/Fin : en visant le bien il faut faire le bien, mais il faut parfois faire le mal pour l’atteindre.

MOTS CLEFS -

Morale : ety. mores (ethos), demeure stable, gagner en stabilité d’esprit. Obliger : ety. obligare, attacher ensemble par un lien ou s’engager (droit). Amoral : être dépourvu de morale. Immoral : contraire à la morale. Obligation : je m’impose moi-même à le faire (liberté). Contrainte : cela s’impose à moi (extérieur). Ethique : art de bien faire. Tenants et aboutissants : origines et finalités. Acte par devoir (autonome) : la volonté obéit à la raison. Acte conforme au devoir (hétéronomie) : qqn qui se soumet à une loi reçue de l’extérieur. Déontologie : ety. deonta, devoir. Impératif catégorique Impératif hypothétique Intériorisation

INTRODUCTION L’homme est humain parce qu’il nie le naturel en lui. Cette violence contre soi est à l’origine de la culture, elle rend possible la vie en société en permettant aux individus de rationaliser leur conduite. Ainsi le “Tu dois” s’oppose-t-il à nos tendances spontanées et demande effort et renoncement. Néanmoins qui dit devoir ne dit pas assujettissement car s’obliger n’est pas une nécessité (ce qui ne peut pas ne pas être). En effet faire son devoir, s’obliger implique que l’individu opère un choix car l’obligation est toujours une contrainte que l’on s’impose à soi seul. Ainsi si le devoir suggère que la conscience est libre d’opter pour le bien ou le mal pour autant ce n’est pas librement que celle-ci établi ses valeurs, et l’on pourrait s’interroger sur leur origine : Dieu, la société, la raison ? Quelque soit cette origine, le problème est de comprendre dans quelle mesure il est possible de faire son devoir alors que vouloir le bien (l’intention) ne garantit pas que nous parvenions à le réaliser d’une part et qu’inversement réaliser le bien ne prouve pas que nous soyons bon. De même faire le mal peut être avantageux voir moral (conforme à un idéal), ce qui signifie que le bien en théorie (idée) n’est pas forcément le bien en pratique.

I. QU’EST-CE QUE FAIRE SON DEVOIR a ) Faire le bien : une contrainte ou une obligation

La morale de mores (demeure stable, ce qui est conforme aux usages) aurait de fait une origine sociale. “Toutes les fois que nous délibérons pour savoir comment nous devons agir, il y a une voix en nous qui nous dit : voila ton devoir, cette voix c’est la voix de la société” DURKHEIM. Cependant si on concède que beaucoup de nos devoirs sont des contraintes collectives (devoirs civiques…) qui trouvent dans la société leurs tenants et aboutissants (cf. le Surmoi freudien), on admet également que le devoir est une contrainte que l’on s’impose à soi-même librement c'est-àdire une obligation à l’égard de ceux qui est louable ou non de faire. Cela suppose à la fois la reconnaissance de la valeur du bien et également de la règle à laquelle notre liberté s’ordonne (la raison). Dans ce cas le devoir serait d’ordre moral car il ne tire pas simplement son origine de l’intériorisation des interdits sociaux (plus ou moins consciente) mais d’une décision personnelle. Ainsi être moral ce serait faire ce que notre conscience pense être le bien et faire son devoir, s’obliger dans ce cas se conçoit comme une contrainte librement consentie. Mais la morale n’induitelle pas à la fois obligation (contrainte intérieure) et contrainte (pression extérieure) dans la mesure où les obligations ne sont que le résultat d’un processus de transformation (intériorisation) des contraintes sociales ? Et dans ce cas faire son devoir est-ce moral (adhésion libre au bien) ? De fait, si le devoir est une contrainte (obéir) le bien réside dans ses assujettissements, mais si le devoir est une obligation il requiert un consentement éclairé (la raison) et donc examen. Cela suggère que ce n’est plus la règle de l’action qui prévaut ici mais le bien visé. Nous faisons bien, c'est-à-dire pour le mieux en vu du Bien. Le bien serait à la fois le moyen et la fin de l’action. Pour autant, du point de vue pratique il nous arrive d’accomplir de bonnes actions par simple attirance pour le bien, et donc sans effort. Suffit-il dès lors d’aimer le bien et d’être porté naturellement à la réaliser pour agir par devoir ? b ) L’autonomie de la volonté et la pureté des intentions Obéir à des règles par conformité, par intérêt ou par appétence est-ce moral ? Pour le commun des mortels notre double nature (raison & désir) entraîne une résistance ou le bien en général ; choisir le bien ne va pas de soi mais est en général le résultat d’un effort. Inversement faire le bien spontanément et donc sans effort pose problème. Pour KANT, le moralité d’une action est évaluable si l’on s’en tient en premier lieu à la prise en compte de l’intention présidant à l’acte, et ensuite de sa finalité. TEXTE BAC : KANT (1724-1804) Fondements de la métaphysique des moeurs Q : Qu’est-ce qui compte pour agir moralement ? R : Pour juger de la moralité d’une action il convient d’examiner l’intention. Ainsi agir par devoir (autonome) c’est agir indépendamment de toutes inclinations, désirs, intérêts… Ce n’est donc pas être bienfaisant ou obéir à des règles. Par exemple : faire l’aumône, ne pas tuer… n’est pas un acte moral car beaucoup font le bien par peur de la sanction, par vanité, par plaisir… Leur action est dite conforme au devoir (elle a une apparence de moralité). Mais nous ne sommes pas toujours sûr que nos actions sont pures, comment les juger ? Q : A quoi obéit-on lorsqu’on agit par devoir ? R : Agir par devoir, c’est agir de façon désintéressée. - Impératif catégorique → agir par devoir (autonome) → exprime la moralité → accomplir une action, indépendamment de ses propres intérêts. - Impératif hypothétique → conforme au devoir (hétéronome) → faire le bien par intérêts, obéir au plaisir qui est en moi et non à la raison. Sauver quelqu’un par amour n’est pas moral car non rationnel et agir par devoir dans cette situation serait de sauver son pire ennemi ou bien l’aimer par purs principes, un principe non-extérieur à la raison, donc une principe rationnel. C’est pourquoi la volonté pourra être qualifié soit d’autonome (obéit à la seule loi de la raison) soit d’hétéronome (règle extérieure à la raison). Ici, “Ce n’est pas alors la volonté qui se donne à elle-même sa loi mais l’objet qui la lui donne par son rapport à elle” précise KANT dans Fondements de la métaphysique des moeurs. Par conséquent est moral

une action obéissant aux seules règles de la raison d’où la distinction kantienne entre l’impératif hypothétique (faire le bien par intérêts) et l’impératif catégorique (purement rationnel et sans conditions) ce dernier se présente comme un commandement c'est-à-dire que cet impératif commande car nous ne nous le sommes pas donnés à nous-même. Il reste qu’en partant de l’impératif catégorique qui demande de ne jamais mentir (sous peine de ruiner toute vie sociale) ne devrait-on pas penser que les principes moraux (la théorie) ne peuvent à eux seuls rendre nos actions justes tant les circonstances sont variables et complexes (ce n’est pas parce qu’on obéit au bien qu’on fait le bien). Agir par devoir continument est-ce possible concrètement ?

II. LE “TU DOIS” (IMPERATIF A PRIORI) A L’EPREUVE DU RÉEL a ) L’impuissance d’une morale à priori Agir par devoir consiste à agir librement en choisissant de déterminer sa conduite par rien d’autre hormis notre raison, mais est-il raisonnable de vouloir par exemple tenir ses promesses (principes) si comme le remarque CICÉRON (44 av. JC) dans son Traité des devoirs “Quelqu’un était dans le bon sens quand il a déposé chez vous une épée, et s’il a l’esprit égaré quand il la réclame, c’est une faute de la lui rendre et un devoir de ne pas la rendre” car ajoute-t-il “bien des actes essentiellement honnêtes deviennent malhonnêtes avec les circonstances”. Cela mène à penser que pour être moral il ne suffit pas de faire le bien de façon désintéressée mais encore faut-il tenir compte des effets. Ainsi l’éthique dite conséquentialiste juge que seul est morale une action dont les conséquences seraient positives. Opposé en cela à l’éthique dite déontologique (ety. deonta : devoir) pour laquelle les obligations sont des principes purement théoriques indépendants des circonstances. En effet entre concevoir le bien dans l’absolu (non-relativement aux faits et effets) et le pratiquer il y a un hiatus (fossé). “Funeste maxime” remarque KANT que “ce qui est bon en théorie ne l’est plus en pratique”. L’expression “en théorie” a ici une connotation péjorative (déni de la réalité) or pour le philosophe la théorie comme ensemble de principes organisants la connaissance d’un domaine concret n’est pas sans utilité si elle peut trouver dans la réalité des raisons de sa légitimité. Ainsi KANT nous enjoint-il de suivre sa formule du devoir (règle d’universalité) pour juger de la moralité d’une action ou d’une intention : “agit de telle sorte que la maxime de ta volonté puisse valoir en même temps comme législation universelle”. Par exemple si le fait de ne pas tenir ses promesses était universalisé il n’y aurait plus de vie sociale car plus de confiance. Néanmoins parfois une bonne action requiert de nous que nous en fassions une mauvaise, comme mentir pour sauver quelqu’un. Dans ces conditions l’universalisation n’est pas opérante. Ne convient-il dès lors sans renier le caractère universel de la loi morale (valable pour tous sans exception) immanente à ma conscience d’être attentif à la singularité des situations ? D’autres parts, est-on vraiment libre lorsqu’on est affranchi des déterministes sociaux, affectifs… et donc obéissant aux seules lois de la raison : par exemple si qqn appel à l’aide n’est-on pas amené irrésistiblement à lui porter secours (est-ce qu’on à le choix) ? Ainsi faire le bien aurait-il un caractère irrésistible parfois sans pour autant être aisé à accomplir. Enfin l’action accomplie par “devoir” n’est-elle pas source de satisfaction (la bonne conscience, on est heureux de ce qu’on fait) ce qui nierait l’idée que puisse exister un devoir accompli de façon totalement désintéressée. Ainsi si nous devons tenir compte des circonstances, des conséquences de nos bonnes actions, de l’universalisation de nos actes comme critère de leur valeur, de la bonne conscience qui accompagne l’esprit de celui qui pense avoir bien agit, on en infère que très concrètement être moral est essentiellement complexe. De même comment choisir entre deux principes inspirant deux actions également bonnes ? Ne sommes-nous pas là dans cette situation évoquée par DESCARTES au sujet de la liberté d’indifférence (égalité de valeur entre deux motifs rationnels) ? b ) Le conflit des devoirs Sartre dans un passage de sa célèbre conférence L’existentialisme est un humanisme rencontre cette difficulté qui met en balance deux devoirs. Il relate le cas d’un des ses élèves qui durant la 2GM ne

sait si il doit s’occuper de sa mère (morale individuelle, dite de sympathie) ou bien défendre son pays (morale collective, sociétale). Le jeune homme est ainsi pris dans un conflit des devoirs même si il n’y a pas d’opposition dans les faits. Comment choisir quant-il s’agit d’être moral ici et là et que nous souhaitons dans tous les cas faire pour le bien (être parfaitement moral). D’aucun penseront qu’il s’agit de s’exempter de douloureux remords par la suite… Le morale chrétienne aussi bien que kantienne ne peuvent nous éclairer ici car d’un côté si il faut être charitable : mon prochain est ici et là. D’un autre côté si comme pour KANT il ne faut jamais instrumentaliser autrui (une personne est une fin) en renonçant à servir l’un au bénéfice de l’autre, ne crée-t-on nous pas celui de moyen. On le comprend en voulant être moral, on ne peux pas ne pas être immoral dans le même temps. Par temps, ici, lorsque les intentions sont bonnes et que les conséquences prévisibles de nos actes sont partiellement heureuses, nous ne pouvons pas concrètement faire tout le bien possible pour tous, dans tous les cas (nous n’avons qu’une vie, limité dans le temps). Ce qui signifie que si on fonde la morale sur la raison (KANT) nous ne sommes jamais sûr d’être parfaitement moraux dans nos actes (la raison ne nous éclairant pas toujours) c’est donc “à l’aveugle” que parfois nous sommes contraints d’agir pour le meilleur ou pour le pire.

CONCLUSION Etre moral, faire son devoir revient à écouter sa raison puis obéir à ses impératifs toujours distincte des mobiles de la sensibilité (l’impératif catégorique). Cependant on ne peut séparer l’intention authentiquement moral du monde concret qui actualise ses effets. Une prise en compte des conséquences de celle-ci s’impose de façon à ce que viser le bien soit faire le bien réellement. D’autre part, au niveau de l’obéissance aux principes indépendamment de leurs effets, entre deux impératifs jugés également bons comment agir pour le mieux si on sait que le mieux est toujours l’ennemi du bien ? En clair être moral est immoral dans ce cas. Aussi à la question de savoir comment ne pas être tenté de renoncer à toute moralité (au vu des difficultés) on répondra qu’être parfaitement moral est impossible mais tenté de l’être est nécessaire (principe régulateur de la conduite). On voit que la moralité est impraticable → essayé d’être parfait c’est espérer l’impossible, mais essayer de l’être est tout de même essentiel....


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