Lecon 5 Demande effective, consommation, épargne, investissement Keynes PDF

Title Lecon 5 Demande effective, consommation, épargne, investissement Keynes
Course Économie
Institution Institut d'Études Politiques de Paris
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Catherine Quinet...


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Economie

Leçon 5 : Demande effective, consommation, épargne, investissement Dans la Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie L’analyse que présente Keynes dans la Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, qui parait pour la première fois en 1936 revêt un certain nombre de caractéristiques originales. Keynes déplace l’objet de l’analyse économique par rapport aux néoclassiques qui étudient la formation des prix. Les objets de son analyse sont les déterminants du revenu national et de l’emploi (en termes contemporains, de la croissance). Son analyse va de surcroit introduire une considération assez nouvelle : celle de l’incertitude. Le système économique qu’il étudie est un système dont le futur est marqué par l’incertitude. Les firmes vont devoir effectuer des prévisions, qui seront nécessairement imparfaites. Les erreurs d’anticipation sont inévitables car l’ensemble des anticipations que font les firmes sont basées sur une information imparfaite. Les entrepreneurs ne disposent pas de toute l’information nécessaire. On distingue le risque de l’incertitude. Le risque est probabilisable mais pas l’incertitude. Keynes introduit une autre forme d’incertitude qui résulte du comportement des acteurs sur les marchés financiers. Il va prendre en compte une spécificité de la monnaie, qui est demandée pour elle-même sous un motif : la spéculation. Les comportements spéculatifs sur les marchés financiers vont être une cause d’incertitude. Chez Keynes, le système économique est « par nature » instable. Cette représentation de l’économie se démarque radicalement de la représentation néoclassique pour qui l’économie forme un système qui s’autorégule. Dans le cadre néoclassique, la flexibilité des prix assure la cohérence des actions des agents. Le système peut connaitre un équilibre général pourvu que nul n’intervienne dans son fonctionnement. A l’opposé, chez Keynes, on a une représentation de l’économie où celle-ci forme un système, dont le développement est initié par les décisions prises par les firmes. Il y a des mécanismes d’autorégulation mais qui se relèvent ne pas être suffisants pour mener à l’équilibre de plein emploi.

Le principe de la demande effective : Ce sont les entreprises qui impulsent l’économie. Keynes met la focale sur une décision particulière prise par les firmes : l’investissement. La demande globale de biens a deux composantes : -

La consommation finale L’investissement : la formation brute de capital fixe

Les variations de la demande globale sont avant tout des conséquences de la variation de l’investissement global. La demande qui émane des ménages est moins sujette à court terme à des variations. La décision d’investir est centrale chez Keynes. La décision d’investir prise par les firmes va dépendre de leurs prévisions quant à la demande future. C’est là que se joue l’impact essentiel de l’incertitude. Ce sont des anticipations quant à la demande qui vont déterminer les décisions de production prises par les firmes. Ces prévisions sont imparfaites et soumises à révision. Les prévisions des firmes sont appelées la demande effective : c’est une demande anticipée globale de biens de consommation et de biens d’investissement. C’est une demande prévue, pas réelle. Elle est effective au sens où c’est elle qui va déterminer le niveau de la production globale et par conséquence le niveau d’emploi. Là est son effectivité. Cette prévision 1

comporte une part d’irrationnel au sens où elle repose sur une confiance dans le futur qui ne peut être fondée entièrement sur des indicateurs objectifs.

La fonction de consommation : Les acteurs économiques sont traités de manière symétrique car leurs fonctions économiques sont symétriques. Les firmes donnent l’impulsion au circuit économique avec les décisions de produire et d’investir. Les ménages ont une implication mécanique ou passive. Ils sont supposés dépenser une fraction stable de leur revenu. Il y a une propension à consommer (moyenne ou marginale) : Consommation = (propension marginale à consommer x revenu) + consommation incompressible La fonction consommation globale, dans l’analyse keynésienne, est fonction du revenu global. Dans un cadre interprétatif néoclassique, la fonction de demande est fonction de l’ensemble des prix. La fonction de Keynes repose sur ce qu’il appelle une « loi psychologique fondamentale », en fait une intuition. « La loi psychologique fondamentale sur laquelle nous pouvons nous appuyer en toute sécurité, à la fois a priori en raison de notre connaissance de la nature humaine et a posteriori en raison des renseignements détaillés de l'expérience, c'est qu'en moyenne et la plupart du temps, les hommes ont tendance à accroître leur consommation à mesure que le revenu croit, mais non d'une quantité aussi grande que l'accroissement du revenu. » Keynes se situe sur la courte période. Il considère que la consommation globale est uniquement fonction du revenu global car, sur la courte période, on peut négliger d’autres facteurs qui ont une influence comme les facteurs démographiques, sociologiques... La fonction de consommation keynésienne est une fonction agrégée. Il faut passer par une opération d’homogénéisation. On prend pour cela leur valeur monétaire. L’analyse keynésienne va supposer que la structure des prix reste stable à court terme. C’est essentiel pour pouvoir postuler qu’il y a une relation univoque entre la consommation globale et le revenu global. Quelle est la viabilité de cette hypothèse de la stabilité de la structure des prix ? Il néglige le progrès technique. L’hypothèse de stabilité de la structure des prix suppose une absence de progrès technique à court terme et repose aussi sur une interprétation quant à la manière dont s’ajustent les offres et demandes sur les marchés. On opère un renversement dans le cadre keynésien en considérant que l’ajustement des prix se fait d’abord par les quantités.

Le chômage involontaire : Dans la pensée néoclassique, le chômage résulte du comportement des demandeurs d’emploi qui ne souhaitent pas être embauchés au salaire réel. Le marché du travail peut être à l’équilibre. Keynes va introduire une conception très nouvelle : le chômage va être dit involontaire dès lors que les chômeurs demeurent prêts à travailler pour un même salaire nominal alors même que les prix ont augmenté. Keynes va nommer chômage involontaire toute situation de sous-emploi dans laquelle les demandeurs d’emploi sont prêts à offrir leur travail pour un salaire réel inférieur à celui qui est en vigueur sur le marché du travail. Les remèdes à apporter au chômage sont au cœur de l’opposition entre Keynes et ces successeurs néoclassiques. L’entreprise rationnelle fixe son niveau d’emploi optimal en égalisant la valeur de la productivité marginale du facteur travail au cours de la dernière unité de facteur travail sous l’hypothèse que la productivité marginale du travail est décroissante. Keynes va d’abord invoquer l’argument de la sous consommation en réponse à la prescription néoclassique qui consiste à souligner que la baisse des salaires nominaux s’accompagnera de la baisse de la demande biens de consommation. Le contre argument des néoclassiques est que certes chaque travailleur aura 2

une demande individuelle en baisse mais que globalement, la baisse des salaires nominaux se traduisant par une augmentation du volume d’emploi, elle s’accompagnera par une augmentation de la demande globale. Les économistes néoclassiques ont aussi avancé un autre argument qui consiste à souligner qu’il ne faut pas négliger que la baisse des salaires va se traduire par une augmentation des profits et donc du revenu de détenteurs des capitaux. A cela, Keynes répond que ce transfert de revenus des travailleurs aux détenteurs des capitaux se transmet par une baisse de la demande globale car ils n’ont pas la même propension marginale à consommer. Donc l’augmentation des revenus ne se traduit pas par une incitation pour les entreprises à produire plus donc à embaucher. Pour Keynes, la baisse du salaire minimal aura pour effet d’augmenter le chômage car pour lui il n’est pas possible de généraliser à l’économie entière des processus observables à un niveau microéconomique. Il reconnait avec les néoclassiques que la baisse des salaires nominaux dans une entreprise isolée pourra se traduire par plus d’emploi dans l’entreprise car la baisse des couts de production répercutée dans son prix de vente produira une amélioration de la compétitivité des prix et une demande en hausse, ce qui incite à recruter mais il refuse de généraliser. Il s’oppose aux néoclassiques en refusant de considérer qu’au niveau macroéconomique, la généralisation de cette mesure s’accompagnera d’une augmentation de la demande globale anticipée par eux. Ils n’auront pas le motif d’investir et d’embaucher. C’est une proposition mise en avant déjà 1909 par Webb, reprise par Beveridge et Pigou. Ils se prononçaient déjà en faveur de travaux publics pour créer des emplois. Mais il ne se prononçait pas en faveur d’un financement par la dette. Il existait un consensus chez les hommes politiques et les économistes pour dire que le budget de l’Etat devait être nécessairement équilibré. L’apport de Keynes va consister à défendre au sein du parti libéral l’engagement de dépenses publiques financées par la dette. D’autres économiques vont chercher à lever ce tabou et publient avec Keynes un manifeste contre le dogme du budget équilibré.

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